À l’heure où l’Europe célèbre en comité la capitulation de
l’Allemagne et la fin de la Seconde Guerre mondiale, il convient de parler du
rôle qu’a joué une poignée d’aviateurs haïtiens dans la libération du monde
libre contre les forces de l’Axe.
Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme pour savoir que dans
les périodes difficiles, on a souvent besoin d’un plus petit que nous pour s’en
sortir, même si on les affuble de noms comme : ‘’babouins, nécro ou macaques’’.
L’important, c’est d’avoir son aide au moment venu.
L’illustration est venue au
début des années 40. Une annonce publicitaire est apparue dans un journal
haïtien de l’époque. Elle faisait état d’un recrutement de 40 pilotes pour
l’entrainement à l’Institut de Tuskegee, en Alabama. Cette campagne était l’une
des tentatives du Département de la Défense pour renforcer ses troupes décimées
par l’attaque de Pearl Harbor du 7 décembre 1941.
Ces aviateurs
de Tuskegee / tʌsˈkiːɡiː /, nom populaire d'un groupe de pilotes militaires
afro-américains qui ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale.
Officiellement, ils ont formé le 332nd Fighter Group et le 477th Bombardment
Group des United States Army Air Forces. Ils ont fait leurs études à
l'Université de Tuskegee, située près de Tuskegee, en Alabama; le groupe
comprenait cinq Haïtiens de l'armée de l'air haïtienne (Alix Pasquet, Raymond
Cassagnol, Pelissier Nicolas, Ludovic Audant et Eberle Guilbaud). Il y avait
aussi un pilote de Port of Spain, Trinidad, Eugene Theodore.
Ensuite, ils ont dû subir le racisme en montant à bord des
transports publics réservés qu’aux noirs. Cassagnol écrivit dans son
autobiographie ‘’Mémoires d’un révolutionnaire’’ qu’il évitait de sortir du
camp d’entrainement de Tuskegee, parce qu’il ne voulait pas être traité ou se
sentir inférieur, et subir l’humiliation qui venait avec. Ce fut un moment
délicat pour ces trois hommes. Le journal le plus populaire au sein de la
communauté noire et le plus répandu à l’époque L’Afro-American a même une
publication sur ces trois aviateurs le 10 avril 1943. On révéla que Pasquet et
Célestin furent gradés dans leur pays à l’École Militaire D’Haïti et étaient
déjà des officiers, alors que Cassagnol travaillait comme mécanicien pour
l’Armée de l’Air d’Haïti.
Malgré la férocité des combats dans la Méditerranée provoquant des
pertes énormes, cela n’a pas allégé pour autant les conditions de recrutements
des nouveaux aviateurs et opérateurs à la base. Célestin était un ‘’washout’’ un
terme dont l’équivalent en français serait ‘’recalé’’ au centre d’entrainement
de Tuskegee. Il avait pourtant réussi le premier stage et les tests basiques,
mais avait échoué lors des phases secondaires. Peu de temps après, la
graduation de Cassagnol, trois autres pilotes haïtiens furent recrutés : le
sergent Ludovic Audant et le sergent Nicolas Pélissier et finalement Eberle
Guilbaud.
Une vingtaine d’années plus tard, Raymond Cassagnol fut été honoré pour sa contribution à la Seconde Guerre mondiale lors des combats aériens en Italie, comme l’un des mitrailleurs issus de la base aérienne de Tuskegee, et des années plus tard, ses accomplissements furent reconnus par les États-Unis comme pour Guilbaud et Pasquet. Le fils de Pasquet recevra sa récompense à titre posthume. Le plus important sera l’invitation de Raymond Cassagnol, le seul survivant parmi les aviateurs de Tuskegee à l’investiture de Barack Obama en janvier 2009.
Comme quoi la reconnaissance n’est pas une lâcheté comme dirait un
ancien chef d’État…
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