Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Tuesday, May 28, 2013

Jérémie a-t-elle une dette envers Baron Samedi ?

Par Max Dorismond mx20005@yahoo.ca
En réalité, je ne suis ni le premier, ni non plus le dernier jérémien à s'interroger d'une façon aussi drastique sur l'avenir, le devenir et le présent de cette cité. Hier,  ses poètes la chantaient avec des fleurs. Sa jeunesse éprouvait de la fierté à l'incantation de son nom et déclamait ses poèmes avec délectation à l'appel de la muse. Les effluves de la brise marine qui balayaient son amphithéâtre, l'aspergeaient de son parfum salin à la tombée du jour et de la scène montait l'écho d'un piano nostalgique égrenant les dernières mélodies d'un amour « tout neuf ». Ah! Jérémie d'antan. Où est ta victoire?
Jérémie , c'est l'abandon, la disgrâce ...etc
 Aujourd'hui, la cité ne paie pas de mine. Ses enfants sont éparpillés aux quatre vents. Elle n'a plus de voix. Personne n'intercède en sa faveur. Et Pourtant! Mystère et boule de gomme! Pour la première fois de son histoire, quatre, cinq, six des ministres du pays sont originaires de ce coin de terre, cette portion d'éternité  qui avait bercé leur enfance ou la jeunesse de leur géniteur. Sont-ils des hauts fonctionnaires en papier ou en courant d'air? Dîtes-nous, forment-ils une association de parvenus bureaucratiques ou jouent-ils au copain-coquin? C'est à perdre son latin. Réveillez-moi quelqu'un; c'est un cauchemar. Pas un p'tit doigt n'a été brandi pour ce p'tit bout du monde au flanc du rocher là-bas. Même les avions ne fréquentent plus son aéroport de brousse. C'est l'abandon, la disgrâce…etc. Y-a-t-il  quelqu'un aux commandes en ville? Oyez-Jérémiens! Êtes-vous endormis? Secouez-vous. Faîtes-vous entendre. N'avez-vous besoin de rien? Un hôpital par exemple, une bonne bibliothèque. Vos rues déchaussées, au goudron délavé, mal empierrées ont perdu leur vocation originale et sont converties en sentiers herbeux. Votre célèbre pont croule au vu de tous. Il est troué comme un passoir et son état recèle tous les plans d'une catastrophe appréhendée. Fouettez-vous jérémiens!
Début de l'érosion à L'Anse du Clerc
Martelly, le président du pays vient de présenter son bilan. Sur le web, les photos de ses réalisations ont fait le tour du globe et font la fierté des bénéficiaires  par un spectacle qui éveille les intérêts régionaux. Chacun de nous s'y précipite pour découvrir le renouveau, la métamorphose de son morceau de campagne, qui d'une ville, d'un village, d'une rue inoubliable, d'une partie de soi-même laissée avec regret et peut-être pour toujours. Plusieurs ont pu découvrir avec satisfaction la transformation d'un fragment de leur paradis qu'ils avaient portée au talon de leurs chaussures, sauf les jérémiens. Pauvre cité! Elle a été oubliée. Oubliée comme un morceau de monde éparpillé pêle-mêle sur la lune, sans importance, sans envergure, négligeable. Et le piano pleure. «Où sont les neiges d'antan?»

Ecole Frère Paulin qui a formé deux des
actuels ministres toujours en ruine...
 A ce que je sache, cette ville avait bien voté Martelly. C'est de l'ingratitude pure et simple. D'accord, je sais bien que c'est de la pure démagogie tout cela. Au moins, soyez bon prince, Micky, ne vous laissez pas guider par les trompettes de Jéricho. Offrez-nous une part du gâteau. Offrez-leur l'occasion de conjuguer le temps présent, même à l'imparfait. Un gouvernement responsable devrait penser à deux fois avant toute distribution. Si on parle de capital congestionnée, arrangez-vous avec vos ministres pour confiner chaque population dans leur région respective, en procédant à une distribution rationnelle de la richesse, en desservant toutes les régions sans discrimination aucune et éviter une nouvelle géométrie de la haine. Gérer, c'est prévoir. C'est savoir à l'avance, où va chaque dollar avant d'être dépensé aux fins de satisfaire tout un chacun. Les autres régions reçoivent tout : Zone industrielle, carnaval, aéroport…s'il faut citer que cela. Pourquoi cette quantité négligeable. Ne nourrissez pas de sentiments d'exclusion, c'est jouer avec le feu. La non-assistance d'une région dans le besoin peut menacer l'équilibre social.
Qu'a fait Jérémie de mal? Je sais à quoi vous pensez, bande de p'tits superstitieux de congénères! Loin de là toute spéculation. Il n'est question d'aucun Baron Samedi. Jérémie n'a rien fait qui vaille. Voilà! C'est simple comme bonjour. Nous avons affaire à une gouvernance crétinisée, tétanisée, incapable d'assurer leur réélection par l'assentiment populaire. Fort de la magouille, le pouvoir est déjà dans leur poche. Hum! Parfois, c'est bien contrôlé, mais mal calculé. En s'aliénant la Grand'Anse et ses 2 500 000 votants, Martelly, se tire purement et simplement  dans les pattes. Où sont ses six crétins de ministre susmentionnés.
              Papa Baron, je t'avais promis un seul, en voici 5 de plus. Ayibobo Baron.

Veuillez cliquer sur les liens  ci-dessous pour découvrir le bilan sans Jérémie, malgré ses six ministres.
             


Les 6 Ministres originaires de Jérémie  dans le gouvernement  Martelly - Lamothe : 


Ralph Théano, Le ministre du gouvernement chargé des relations avec le parlement



Rose-Anne Auguste, La ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Droits humains et de la Lutte contre la pauvreté extreme
Ronsard Saint-Cyr
Ministre de l'Intérieur
et des
Collectivités territoriales



Jean Rénel Sanon,
Ministre de la Justice















Mr Paul Altidor, l'ambassadeur d'Haiti aux Etats-Unis d'Amérique


Lire dans la même rubrique:


Friday, May 17, 2013

L’homosexualité, parlons en...

leurs droits.                                              
Sujet dérangeant, sujet surprenant, les écrits sur l’homosexualité révèlent un indice trompeur de la connaissance réelle. Ils ne font que masquer des zones déjà nébuleuses, tout en nous plongeant dans des rayons d’incertitudes, à n’en plus finir. Ils ne nous ont pas fournis jusqu’a présent des données exactes ou une définition uniforme de ce phénomène. Souvent on a l’impression que les auteurs avant-gardistes comme les psychanalistes nous embrouillent l’esprit avec leurs théories qui, en apparence, marchent la tête en bas. Quant aux observations scientifiques sur ce sujet elles échappent souvent à la réalité dynamique de ce processus qui a rapport avec la partie la plus intime de l’être humain sur la planète. Ainsi de par son caractère atypique, l’homosexualité a l’aspect d’un élément qui, tout en étant tout –à-fait social tend à déranger le meilleur des mondes. Serait-ce parce qu’il menace le destin même de la société qui est la procréation?

Cependant l’Ethnologie nous renseigne que l’homosexualité ne fonctionne pas au détriment de l’hétérosexualité. D’après Ford et Beach-1951, beaucoup de sociétés ont plutôt montré une attitude permissive face à l’homosexualité. Certaines sont arrivées à même prétendre que l’homosexualité peut servir de tremplin à l’héterosexualité. C’est ce qui est constaté en Sambie, société guerrière de Nouvelle –Guinée où les garçons doivent obligatoirement passer par des pratiques homosexuels jusqu’à l’adolescence, avant de parvenir au niveau de l’hétérosexualité (Herdt 1981-1985). Le résultat a démontré que l’homosexualité adulte est presqu’inexistant dans cette communauté. Dans la civilisation judéo-chrétienne, toute pratique sexuelle qui ne concorde pas avec la procréation, comme la masturbation et l’homosexualité sont systématiquement prohibés et condamnés. Ces interdits sont à jamais gravés dans notre inconscient collectif. Les tenants de cette culture ont même réussi à en faire un péché, une aberration, et même un dérangement mental à proprement parler. Cependant en tant qu’hétérosexuel, notre regard sur le monde de l’homosexualité ne saurait s’enkyster dans l’univers de la  neutralité.


Elton John, chanteur,pianiste et
compositeur britannique de Rock

Ainsi devons-nous poser la question systématiquement: Qu’est-ce que l’homosexualité? Est-ce un état d’esprit, une préférence, une attirance? Serait-elle alors l’échange corporel et le fait d’être érotisé par une personne du même sexe? Il faut alors distinguer l’homosexualité manifeste ou agie de l’homosexualité fantasmique. Dans la première il y a un comportement visible tandis que dans la dernière l’investissement est plutôt intrapsychique. D’où le concept d’homosexualité latente qui désignent les tendances homosexelles qui ne prennent pas corps dans la réalité. Plus frappante encore est l’homosexualité manifeste et fantasmique par opposition à l’homosexualité inconsciente pouvant être décodé dans les activités oniriques, symboliques de l’agir hétérosexuel.

L’homosexuel en général est considéré comme quelqu’un qui a une attirance érotique préférentielle pour les individus de même sexe. C’est là toute la spécificité. Par contre l’individu qui aurait une préférence érotique pour les personnes de sexe opposé, tout en ayant des incidences d’homosexualité devrait être classé comme un hétérosexuel non exclusif. Cependant si l’attrait érotique porte également sur les personnes des deux sexes, l’individu est passible d’être classé comme étant bisexuel. Envisager de devenir homosexuel peut provoquer un état de terreur, lorsque l’identité même de la personne est mise en question. Il s’ensuit une situation de panique avec des effets égodystoniques.
De prime abord le phénomene de l’homosexualité était considéré comme une aberration pathologique dans le concept médical. Mais au fur-et- à- mesure de l’évolution de la pensée humaine les concepts ont subi d’heureuses transformations. La position de Freud(1905) recélait de l’ambiguité à ce sujet, tout en situant l’homosexualité dans le champs des perversions, mais reconnaissant qu’elle n’était pas une maladie mentale. Parce qu’on la retrouve chez des individus “dont l’activité générale n’est pas troublée et dont le développement moral et intellectuel peut même avoir atteint un très haut degré”. Ce point de vue était partagé par d’éminents sexologues de son époque, comme Ellis-1915 et Hirschfeld- 1938. Cependant en 1952 quand apparût la première Classification des Maladies Mentales par l’Association Américaine de Psychiatrie(DSMI), l’homosexualité était classifiée sous l’enseigne générale de “Troubles de la personnalité sociopathique”et sous la rubrique particulière des déviation sexuelles(perversion sexuelle comme terme supplémentaire).


Rosie O'Donnell,actrice humoriste
animatrice de Télévision et
productrice américaine
La deuxième version(DSMII), en 1968 n’ajouta pas beaucoup: en tant que déviation sexuelle, l’homosexualité était placé sous le titre de “Troubles de la personnalité et autres troubles mentaux non psychotiques”. En Décembre 1973, après avoir éliminé l’homosexualité du champs des troubles mentaux par excellence, le Board of Trustee de l’Association Psychiatrique Américaine crée une nouvelle catégorie dénommée “Perturbation de l’orientation sexuelle”réservé aux homosexuels perturbés par leur orientation sexuelle et avec le souhait de changer ce statut. Cette modification fut insérée dans la septième impression de DSMII. En 1980 dans le DSMIII, la catégorie “homosexualité égodystonique”fit son apparition sous une section distincte des paraphilies. En 1987, le DSMIII-R élimina tout bonnement l’homosexalité égodystonique. On n’y retrouve qu’une vague allusion à l’orientation sexuelle sous le titre “Autres Désordres Sexuels”.

En 1994 le DSM-IV n’a pas apporté d’autres modifications. Il demeure certain que cette décision de ne plus considérer l’homosexualité comme un trouble mental a été influencée par des facteurs d’ordre idéologique et politique. Plusieurs recherches importantes comme celle de Bell et Weinberg(1978) montrent que certains homosexuels satisfaits de leur orientation sexuelle ne présentent pas de symptômes psychopathologiques manifestes. L’égodystonie que l’on retrouve chez environ 25% des homosexuels peut être interprétée davantage comme une conséquence de l’ostracisme et de la marginalisation dont ils ont soufferts a cause du manque de sensibilité et de compassion de la part de la population générale. Il semble que l’homosexualité, à proprement parler, loin d’être un choix préférentiel, un caprice hédonique ou un hasard de l’existence, serait plutôt le produit d’une transformation du processus d’individuation sexuelle, comme l’avait formulé Crepault en 1986.
Massissi en Haïti

Certains parlent plutôt de phénomène d’ordre biologique. Jusqu’à présent personne n’a l’explication absolue de ce phénomene. Beaucoup de recherches sont en cours en vue de faire le clair sur ce sujet en matière de sexologie. Jusqu’à présent les données d’ordre biologique ou génétique ne sont pas du tout rassurants et sont quand même biaisés. On est même arrivé à la conviction que le phénomène est plutôt multifactoriel(biologique, psychodynamique, social). En attendant d’aboutir à un vrai essai de compréhension du phénomène de l’homosexualité, l’hétérosexuel doit user de beaucoup de prudence et de compassion dans son attitude envers l’autre qui est homosexuel. Puisque la liberté de l’un finit là où commencent les droits de l’autre. Pour bien des gens la sexualité prend l’allure d’un besoin primaire, comme le boire , le manger et le dormir. Pour ma part, ce qui rend la sexualité à ce point dominante, c’est que loin d’être une source exclusive de plaisir, elle se prête encore et surtout à d’autres fonctions privilégiées de l’être humain, comme par exemple l’urgence impérative de combler des besoins psycho-affectifs fondamentaux.

Article soumis par un  contributeur de Haiti Connexion Culture.

La reproduction même partielle est interdite sans autorisation.


Saturday, May 11, 2013

Bonne Fête des Mères à toutes les Mamans!

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Fernande V. Gilbert

Fernande V. Gilbert, normalienne de profession ayant milité dans l'enseignement en Haiti pendant 14 ans, a changé de cours depuis sa migration en terre étrangère en 1994, s'étant laissée absorber par la gestion d'hôtellerie.

Etant une "fan" d'Haiti Connexion Network (HCN) depuis sa création, Fernande a enfin repris sa plume dans les colonnes du réseau en écrivant un essai poétique à l’occasion de la fête des Mères célébrée aux Etats-unis le dimanche 12 mai 2013.


Comme une âme soeur en cette occasion, à travers ce poème, elle a su bien jouer avec les mots pour les offrir en dédicace à sa maman Anide Lafleur Vilfort, ses soeurs et belle-soeurs, les mères du Club littéraire “Entre-Nous d’Outre-Mer” sans oublier bien entendu les mères de Haiti Connexion Culture. 

Haiti Connexion Network est fier de partager cet essai de Fernande avec les milliers de lecteurs de HCN à travers le monde.


Bonne Fête des Mères à toutes les mamans!


Happy Mother's Day FlowersA ma mère ! Happy Mother's Day Flowers

Genou fléchi jusqu’à terre,
Je te salue et te révère.
Oh! femme élue pour la procréation
Tu suscites et commandes l’admiration,
Maman, femme choisie,
Incarnée d’un amour infini,
Dans mon coeur,
Oh! âme soeur,
je te porte avec fierté.
Aujourd’hui, on doit te fêter.

Maman, Reine du foyer
Tu es aussi l’épouse choyée,
Inspirant à tous d’être modèle,
Tu restes encore la compagne fidèle;
Oh Mère très dévouée,
Etre toujours zêlé,
Tu es ma source de tendresse,
Et aussi mon fleuve de douce caresse,
Habille-toi de ta robe de Velvet!
Aujourd’hui, c’est ta fête.

Maman, cadeau de l’humanité
Tu es comblée d’une sincère bonté;
Toi, destinée pour être gracieuse,
Tu es portrait d’une beauté merveilleuse,
Je m’en vais au jardin des fleurs,
Te cueillir des roses, choix de mon coeur,
T’offrir un bouquet pour te remercier,
Te dire des mots d’amour pour te bercer,
Te prouver que je t’adore.
Permets que je t’honore.

Bonne fête ma mère chérie!
Te regarder danser, j’en suis ravie ...
Oh ! ma consolatrice sans mesure!
M’écoutant toujours sans usure,
Tu te réjouis quand tout me sourit.
Mille mercis pour m’avoir donné la vie.
Tes cheveux blancs, signe de la sagesse,
Reflètent les galères de ta jeunesse.
Aujourd’hui, mille Ave Maria en ton honneur !
Que Dieu dans sa miséricorde te couvre de bonheur.



Fernande Gilbert fernande.gilbert@gmail.com 

Tous Droits Réservés ©

May 2013







Une chanson de Maman par Gérard Dupervil
 

Bonne fête Maman par Ansy Dérose


Friday, May 10, 2013

COMMEMORATION DE L'ESCLAVAGE DU 10 MAI 2013

Le texte que tout Haïtien devrait lire
par: Max Dorismond mx20005@yahoo.ca
                    
Personnellement, je privilégie les textes au lieu d'un livre. Le message d’un texte étant plus convivial dans un monde hyperactif où nous ne daignons prendre le temps de vivre, voire s’instruire. La souplesse d’un texte sur les interfaces électroniques permet, à nos contemporains, l'espace d'un flash, de saisir l'insaisissable et de comprendre l'incompréhensible.
Cet auteur, Claude Ribbe, dont je vous en ai déjà entretenu par le passé à propos de son combat pour la reconnaissance du génocide que fut l'esclavage, a porté l'Europe et principalement la France à prendre conscience de ce crime contre l'humanité. Pour commémorer cette date historique, 10 mai 2010, Il a trouvé le mot exact pour réunir dans une sorte de fraternité, descendants d'esclavagistes et d'esclaves.
Par contre, chez-nous, on est encore au stade de sauvages. Un pays foncièrement divisé et où la frustration a un nom: Haïti. N'importe qui, raciste ou non, imbécile ou idiot, lirait la pensée de Ribbe aujourd'hui, trouverait le sens de la bêtise humaine et déploierait un effort surhumain pour changer l'ordre des choses. il est des situations, créées de toutes pièces pour abêtir un premier au bénéfice d’un second. La subtilité de cette création peut facilement nous glisser sous le nez pour échapper à notre entendement.
Inconscient de la méprise, nous voilà en train de nous bomber le torse au nom d'une race supérieure. Attention! Certains ont utilisé notre ignorance pour parvenir à leurs fins. Dans son texte, Claude Ribbe a mis les pendules à l'heure. Ce qui peut atténuer la rage des frustrés et éclairer l'esprit des obscurantistes.
D'autres écrivains de chez-nous et ailleurs avaient essayé de nous ouvrir les yeux. Citons entre autres, Price-Mars, Anténor Firmin, Aimé Césaire, Senghor...etc. Mais, comment comprendre quand la langue dans laquelle, ces explications distillées, n'est pas accessible à tous? Je souhaite que les médias parlés d'Haïti puissent lire et expliquer en capsules le texte de Claude Ribbe pour la commémoration de l'esclavage dans la langue de chez-nous, c'est-à-dire: EN CRÉOLE.


COMMEMORATION DE L'ESCLAVAGE DU 10 MAI 2013

par: Claude RIBBE

Commémorer, cela veut dire se souvenir ensemble. Aujourd'hui, ensemble, nous nous souvenons de l'esclavage qui, du 15e au 19e siècle, a dévasté deux continents - l'Afrique et l'Amérique- pour enrichir un troisième : l'Europe.

Ce n'est pas seulement l'abolition que nous célébrons aujourd'hui mais c'est surtout la reconnaissance par la Nation d'un crime contre l'humanité perpétré au nom de l'idée de race contre le continent d'où l'humanité st issue. C'est pourquoi il importe que ce mot de race soit retiré de notre constitution où il n'a absolument pas sa place.

Le retrait du mot ne fera évidemment pas disparaître le préjugé, mais cette décision montrera que la Nation ne le partage pas. Et ce sera un grand pas en avant. Les plus racistes d'entre les Français, les plus aveuglés, soutiendront que si la constitution ne précise pas que tous les citoyens sont égaux «sans distinction de race», alors de telles distinctions auront force légale. Et beaucoup de nos concitoyens pensent que les races humaines existent mais que cette réalité ne doit pas entraîner de différence dans l'application de la loi.

Malheureusement, le préjugé n'est pas seulement dans l'affirmation que des races sont supérieures à d'autres, mais dans la simple affirmation qu'il existe différentes races d'hommes. Car l'idée de race n'a de sens que pour les animaux. C'est pour justifier la pratique de l'esclavage que cette idée, au 17e siècle, a été étendue aux hommes, en plaçant les Africains subsahariens au plus bas degré de l'échelle humaine, c'est-à-dire près des animaux. La race a été d'emblée confondue avec l'apparence. Les Européens esclavagistes se sont désignés «blancs» et ont appelé «noirs» leur victimes potentielles. Car dès lors tout «noir» était par nature un esclave. Cette monstrueuse simplification a permis quatre siècles d'esclavage et un siècle de colonialisme.
Renforcée par les élucubrations de scientifiques plus soucieux de justifier leurs préjugés que de faire avancer la connaissance, elle a été assez efficace pour qu'aujourd'hui encore, sous prétexte de lutter contre les discriminations, certains non seulement se désignent comme noirs, mais tentent de parler au nom d'une communauté qui n'existe que dans les fantasmes des racistes. Les racistes de toutes couleurs ont tort de se réclamer de la négritude, citant Césaire ou Senghor.

L'idée de négritude est une formule littéraire des années trente inventée à une époque où tout le monde était convaincu de la réalité scientifique des races humaines. Elle n'a jamais permis de faire reculer le préjugé de race. Tel n'était pas d'ailleurs son propos. On a voulu réduire Césaire à la négritude, comme s'il était le chantre de l'idée de race, ce qui est un contresens. Se servir de Césaire pour justifier le racisme est la pire manière de salir sa mémoire. Dès que l'on affirme l'existence de race humaine, le racisme est là car on affirme forcément, du même coup, la supériorité de la «race» à laquelle on prétend appartenir.

Dès que l'idée de race humaine apparaît, on a beau affirmer que les races sont égales, l'affirmation implicite que certaines races sont plus égales que d'autres est sous-jacente. C'est pourquoi affirmer l'égalité de tous devant la loi sans distinction de race est une manière insidieuse de sous-entendre que l'égalité devant la loi peut coexister avec l'inégalité dans les faits. Cette situation, nous la connaissons bien, et, pour ma part, je la combats.

L'égalité de tous devant la loi sera suffisamment garantie en affirmant que tous les citoyens sont égaux sans distinction d'origine, réelle ou supposée. C'est pour ces raisons que le retrait du mot race de la constitution française sera une avancée historique à laquelle devront contribuer les élus de toutes opinions qui partagent les valeurs de la République française.
Le combat contre le racisme, dont le retrait du mot race de la constitution est un épisode majeur, est l'un des moyens pour la Nation - l'un des moyens mais pas le seul - de réparer le préjudice subi par les victimes du crime dont nous honorons aujourd'hui la mémoire. La question de la réparation pour l'esclavage, au lieu de servir de faire-valoir à des associations fondée justement sur l'idée de race, devrait pouvoir trouver sa place dans le cadre des institutions consacrées à l'histoire et à la mémoire de l'esclavage auxquelles la loi a confié le soin de faire toutes propositions au gouvernement.


 Ce n'est pas en intentant des procès perdus d'avance à l'État, ce n'est pas en multipliant les happenings que l'on avancera. La commémoration de l'esclavage n'est pas une journée de carnaval. Elle ne doit pas non plus se confondre avec d'autres combats pour l'égalité qui n'ont rien à voir.

La commémoration de l'esclavage n'est pas une journée de haine. C'est un moment de fraternité républicaine pour rappeler à tous les Français qu'ils ont en commun une même vision du monde qui va bien au-delà de l'apparence et de la couleur de la peau.
 

Monday, May 6, 2013

UN CINQUANTENAIRE COMMÉMORÉ DANS LE DEUIL À MONTRÉAL

26 avril 1963 - 26 avril 2013
Par Eddy Cavé, eddycave@hotmail.com 


Eddy Cavé 
Il y a environ une semaine, les paroisses catholiques de toutes les grandes villes du monde hébergeant une communauté d’origine haïtienne chantaient des messes de requiem en mémoire des victimes du vendredi noir haïtien de 1963. Les associations haïtiennes éparpillées d’un bout à l’autre de la planète se mobilisaient dans un même élan de solidarité avec les victimes, les survivants et leurs descendants. Elles ont contribué ainsi à entretenir un souvenir qui, même à l’intérieur du pays, risque de s’estomper si l’on n’y prend garde.

En Haïti, la société civile, mobilisée depuis plus d’une semaine, organisait partout des manifestations de sympathie et de solidarité. En donnant la parole aux survivants et à leurs proches, les médias sont parvenus à recréer la prise de conscience qui s’imposait. Devoir de mémoire face aux risques d’amnésie collective qui guettent à chaque pas une population constituée en majorité de citoyens de moins de 30 ans! Une semaine complète consacrée à expliquer ce qui s’est passé, à rappeler les faits, à pointer du doigt les tortionnaires, à faire la lumière dans l’espoir que cela ne se répètera pas.  
Après les nombreuses activités organisées en Haïti par la société civile, c’était au tour de la diaspora d’exprimer sa douleur, ses sentiments de révolte. Et aussi de prier pour le repos des centaines de victimes fauchées en plein jour par une meute de criminels répondant aux ordres d’un dictateur assoiffé de sang. Dans les diverses villes où la diaspora haïtienne a élu domicile, le glas a sonné dans le cœur de centaines de compatriotes réunis pour se souvenir d’une des journées les plus sanglantes de l’histoire récente de ce pays.

L'équipe de tirs d'Haiti recevant le deuxième prix
 au concours de tirs à Panama en 1963.
De G à D : Monod Philippe,Claude Edeline, François
Benoit, Guy Marcel, Sgt Pompée, Sgt Géralus Mondé

 
Jamais depuis les massacres commandés par Vilbrun Guillaume Sam en 1915 et la pacification du pays par les forces de l’occupation américaine, l’Haïtien n’avait autant fait couler le sang de ses semblables. L’impulsion une fois donnée, la machine à tuer refusera de s’arrêter, forçant à l’exil des centaines de milliers de citoyens incapables de respirer dans cette prison à ciel ouvert qu’était devenu le pays. Ce sont précisément les générations de l’exil qui se recueillent cette semaine dans le deuil.  De New-York à Los Angeles, de Chicago à Miami, de Paris à Dakar, de Montréal à Vancouver, de la Havane à Buenos Aires, c’est la même tristesse qui se lit sur les visages. Le même sentiment d’impuissance qui s’exprime dans les homélies des officiants et dans les prières des fidèles. À Montréal, la fin de semaine a été marquée par plusieurs manifestations, dont une messe chantée à la demande de Marie-Alice Marcel, sœur du sous-lieutenant Guy Marcel, exécuté ce jour-là. J’ai eu le privilège de converser ce jour-là avec elle et avec Liliane Coupet Dominique, la veuve de l’officier, venue spécialement d’Haïti assister à la messe de requiem.
  
Parmi les fidèles réunis à l’église Notre Dame des Neiges se trouvait Marie-Claude Argant, dont le fiancé Lionel Bance a été assassiné le même jour. C’était la première fois que je la revoyais depuis l’entrevue que j’ai relatée dans l’article publié dans Le Nouvelliste du 24 mai 2012 sous le titre : « Un
certain 18 mai, Marie-Claude Argant… » Que d’anniversaires douloureux! Dans la nef et sur le parvis de l’église, la plupart des conversations semblent commencer par les mots : « Il y a 50 ans… », par « Ce 26 avril… » ou par un sanglot discrètement étouffé. À mon avis, c’est à cette date que remonte la plus grande vague d’émigration de toute l’histoire d’Haïti. 
Soprano du Chœur de l’Orchestre métropolitain de Montréal, Marie-Alice Marcel a interprété durant la messe des chants grégoriens qui ont ému jusqu’aux larmes : l’Ave Maria de Schubert, le Panis Angelicus de César Franck et Bist du bei mir de Bach… Le témoignage qu’elle a prononcé à la fin de la cérémonie a également secoué jusqu’à l’officiant, Monseigneur Blanchard. :

En voici quelques extraits : 
« En octobre 1957, la Perle des Antilles changeait brusquement de visage avec l’arrivée au pouvoir des sanguinaires du régime Duvalier. L’une des premières victimes du nouveau régime fut Antoine Marcel, Tonton Tatane, cousin germain de mon père et père de Raymond Marcel. Sa disparition plongea la famille dans une profonde douleur. L’année d’après, Guy passe son baccalauréat et entre à l’Académie militaire où il se signale déjà par ses qualités de franc-tireur. Une fois commissionné officier, il participe à Panama aux concours militaires panaméricains de tir à titre de membre de l’Équipe nationale haïtienne, Le mercredi 24 avril 1963, il vient à la maison pour annoncer à ma mère qu’on vient de le révoquer des Forces armées avec plusieurs officiers du Grand Quartier général. Maman et les autres étant absents, je suis la dernière personne de la maison à qui il a parlé. 
Informée de la nouvelle de sa révocation, je lui pose la question tout spontanément : " Est-ce que tu vas gagner une ambassade?"
Il me répond : " Non, si mwen pran anbasad yap touye nou tout"
(Si je gagne une ambassade, ils vont tous vous assassiner!). Cette phrase résonne dans ma tête depuis 50 ans…
Mon frère venait de se marier. À peine 4 mois. Aussi est-il reparti chez lui à la Boule où il venait de s’installer. 

Guy Marcel en 1963
Ce 26 avril 1963, des centaines d’innocents ont péri à Port-au-Prince dans une folie meurtrière dont on n’arrive toujours pas à expliquer la violence. Comme bien d’autres militaires démobilisés, mon frère aurait pu gagner une ambassade et avoir la vie sauve... Guy, tu resteras toujours dans mes pensées, ne serait-ce que pour cet acte de courage et d’abnégation digne d’un héros cornélien […].
Le 26 avril 1963, on lui a enlevé jusqu’à la joie de fonder une famille.
Et dire que hier encore, un des petits-fils du dictateur publiait dans un quotidien de la capitale haïtienne un article commémorant l’anniversaire de la mort du criminel et soulignant ses grandes qualités de cœur[…] Aucun respect pour la mémoire des victimes et la douleur des survivants!  
Les forces de la répression ont alors exécuté sans pitié des centaines d’innocents qui vaquaient paisiblement à leurs occupations. Par le fer, par le feu et par leurs balles assassines, ils ont enlevé la vie à une multitude d’honnêtes citoyens dont le seul crime était de n’être pas des amis du régime. 
Au renversement de la dictature en 1986, le peuple haïtien avait de bonnes raisons de croire qu’il était pour toujours à l’abri des fusillades gratuites et des assassinats collectifs. Mais ne voilà-t-il pas qu’un autre vendredi 26 avril les mitrailleuses d’une dictature en gestation semaient de nouveau la mort à l’entrée de la même prison. C’était le 26 avril 1986. Vingt-trois ans plus tard, François Benoît et des milliers de citoyens se dirigeaient paisiblement vers le Fort Dimanche pour aller fleurir les fosses communes des martyrs de ce 26 avril 1963. À l’entrée du tristement célèbre Fort, une fusillade éclata, tuant un nombre indéterminé de manifestants […] »  
La messe de requiem a produit un véritable effet d’apaisement sur la sœur et la veuve de Guy Marcel. Durant la réception offerte à l’issue de la célébration, elles racontent avec une sérénité retrouvée les événements qui ont bouleversé leur existence et coupé leur vie en deux tranches : l’avant et l’après 26 avril. 
Marie-Alice était alors étudiante en pharmacie, n’ayant pu entrer en médecine à cause du système de patronage mis en place par le régime. Par la suite, elle devra abandonner ses études, la faculté étant devenue un enfer pour elle. De son côté, Liliane avait seulement 20 ans quand sa vie a basculé dans l’horreur. Elle raconte : 
« J’avais â peine quatre mois de mariage quand Guy a été révoqué des Forces Armées. Cela faisait à peine 10 jours qu’il revenait d’un concours de tir à Panama où l’équipe s’était signalée en se classant deuxième, après les États-Unis. Nous habitions alors
à Laboule, et Guy prenait ses dispositions pour s’orienter vers une nouvelle carrière. Ce vendredi-là, nous avons déjeuné tranquillement et nous nous apprêtions à descendre en ville.
Il était 10 heures environ quand nous avons entendu des vrombissements de moteur. En un clin d’œil, la maison a été encerclée d’hommes en tenue de combat armés jusqu’aux dents : pistolets, fusils mitrailleurs, grenades, etc.        


Papa Doc le 26 Avril 1963, un fusil entre les
jambes pour entretenir la peur et la terreur
Des macoutes en bleu et des militaires en treillis vert olive débarquent des camions de l’Armée par dizaines, grimpent sur le toit de la maison, tirant dans toutes les directions. On eût dit une guerre civile. Se rendant compte de la gravité de la situation, Guy décide de sortir de la maison. Il le fait, les deux mains en l’air criant à tue-tête : « Pa tire, pa tire, pa tire, mwen pa ame (De grâce, ne tirez pas je ne suis pas armé.)  
Guy parti, j’essaie de retrouver mes esprits et je décide de me rendre en ville prévenir sa mère. Les rues sont complètement désertes… Le vendredi noir avait commencé…» 

Sa voix s’est éteinte dans un sanglot. Par respect pour sa douleur, nous essayons de parler de banalités qui manifestement n’intéressent personne. Puis, la conversation dérive vers l’inévitable sujet du bilan des cinquante dernières années de notre vie de peuple, des désillusions de l’après 1986, du 10 janvier 2010, de l’après-séisme, de la reconstruction, etc. Des illusions perdues, des espoirs déçus, des rendez-vous manqués

Initiation au tir et à la dictature
La salle de réception ayant été retenue pour quelques heures seulement, il faut bientôt mettre fin aux conversations qui s’animent au rythme des retrouvailles, des témoignages et des confidences des soixante ans et plus. On se sépare dans la tristesse, évitant de prendre rendez-vous pour la ronde des cinquantenaires qui vient de commencer : l’affaire Hector Ryobé au début de l’été de la même année; les invasions avortées de l’ex-général Léon Cantave à Fort Liberté et à Ouanaminthe, ainsi que celles de Fred Baptiste dans le Sud-Est; l’épopée de Jeune Haïti qui déclenchera les massacres de Jérémie en 1964; la tentative de déstabilisation du régime par Gérald Brisson et les camarades du Parti unifié des communistes haïtiens (PUCH) à partir de 1967; la mutinerie du corps de Gardes-côtes avec le colonel Octave Cayard en 1970. 
Le dictateur étant décédé dans son lit en 1971 après avoir désigné son successeur, Haïti semblait entrer dans une ère de dynasties. Comme celle des César à Rome, des Ptolémée en Égypte, des Bourbons en France. Quelle aberration! Le peuple haïtien méritait mieux que cela.
Une question absurde, défaitiste sans doute, revient d’elle-même chaque fois qu’on essaie de scruter le proche avenir à la lumière d’un passé récent peu reluisant et d’un présent peu prometteur : Tout ce sang a-t-il été versé pour rien?

Par Eddy Cavé, eddycave@hotmail.com