Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Friday, April 12, 2019

Donald Trump - Les shit hole et l’Intelligence Artificielle (IA)


Par Max Dorismond




À la vue de ce titre, et l’état dans lequel végète notre île, le lecteur aura à s’interroger sur le rapport étonnant entre l’intelligence artificielle et Haïti, un pays ankylosé dans le brouillard de l’évolution naturelle des choses, une nation qui a raté toutes les révolutions modernes, agricoles, industrielles, informatiques, et que sais-je! Je comprendrai assez bien son scepticisme. Mais le jeu en vaut la chandelle. Je l’invite à me suivre dans mon analyse.

Aujourd’hui, nous nous trouvons à la croisée de deux révolutions : la technologie de l’information (l’Infotech) et celle de la biotechnologie (la Biothec), dont le jumelage, à force de prouesses algorithmiques1, vient de placer l’humanité entière devant un dilemme inattendu : l’Intelligence Artificielle (IA). C’est un domaine dans lequel nous sommes totalement dépassés, et de très loin, par des robots, capables d’apprendre plus vite que nous, d’agir plus rapidement que nous, avec, à la clé, la possibilité de fabriquer leur propre modèle à l’infini, sans rechigner, sans se fatiguer.

Soulignons entre autres, que les raisons de ces réflexions et recherches avaient, pour origine, une troublante interrogation qui n’a jamais cessé de hanter mon esprit depuis l‘insolent coup de gueule de Donald Trump, lors de l’épisode des « shit hole » contre certains pays du Sud, (de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes), qu’il a outrageusement humiliés, lors d’une saute d’humeur incontrôlable, sa marque de fabrique.

Je ne pouvais, jusqu’ici, m’expliquer cette insultante rebuffade publique d’un chef d’État, d’un pays hyper puissant par rapport à d’autres, les plus négligeables parmi les négligés, qu’il ne porte pas dans son cœur. De pareilles expressions peuvent se retrouver, par accident, sur les lèvres de n’importe quel officiel, en circuit fermé. Je n’en disconviens pas. Mais, de là à crier sa rage, face aux caméras, il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour ce, depuis lors, je me suis attelé à la tâche de trouver la raison de cette déraison, quitte à perdre la notion du temps.

Les robots sont prêts à nous remplacer dans nos usines.
D’entrée de jeu, parlant de l’IA, je dois vous annoncer, cher lecteur, que le travail que vous effectuez, aujourd’hui, n’existera peut-être pas sous sa forme actuelle dans vingt ou vingt-cinq ans. D’ailleurs, le penseur Jean-Jacques Servan Schreiber, dans ses brillantes analyses et synthèses dans son bestseller, « Le Défi Mondial », publié en 1981, avait traité de la notion de la disparition des emplois bien rémunérés avec l’exemple des robots qui fabriquaient déjà de A à Z, depuis le début des années 70, les automobiles Toyota, au Japon. Il prétendait depuis cette époque, que nous nous dirigions tout droit vers une société de loisirs, où les robots étaient prêts à nous remplacer dans nos usines. C’était l’ancêtre de l’IA. Sans omission, tout au long de cet ouvrage, il prenait en compte, d’une façon obsessionnelle, le devenir du Tiers Monde avec l’arrivée de cette nouvelle méthode.

Partant du régime de l’intelligence artificielle, (IA), ce futur appréhendé par J.J. Servan Schreiber est bien palpable dans notre quotidien.  Tout, et absolument tout, sera effectué par une machine intelligente, en un mot, un ordinateur, un robot, ou mieux, par d’autres appareils hyper sophistiqués qui dépassent l’entendement. Plusieurs exemples assez édifiants nous apportent cette surprenante preuve. La triste histoire de la disparition, dans les années 80, de la compagnie Kodak est assez éloquente.

Le système libéral dans lequel nous évoluons est arrivé au bout de son rouleau. Anesthésié par des décennies de succès, il ne voyait pas venir cette transformation radicale. L’adversaire est de taille. Il n’est pas idéologique, mais bien scientifique. Pour nos leaders internationaux, l’apocalypse est pour bientôt. Ils doivent penser à la refondation du Monde. D’autres paramètres devraient être réinventés de toutes pièces pour faire face à la musique. Certains penseurs ont même évoqué la révision de la théorie économique de Karl Max pour éviter le chaos à venir. D’autres vont jusqu’à déclarer que Marx avait amplement raison. Sauf qu’il fût en avance d’un siècle sur son temps.

En effet, selon l’écrivain futuriste, Yuval Noah Harari, dans son récent bouquin : 21 leçons pour le XXIème siècle, ce fut le branlebas général sur terre, le 7 décembre 2017. Un ordinateur de Google, connu sous le nom de Alpha Zéro, est parvenu à dominer et battre en 100 parties d’échec, (28 gains, contre 72 nuls, 0 défaite), un autre ordinateur (Stocfish 8) qui avait accès à des siècles d’expériences humaines accumulées aux échecs, ainsi qu’à des décennies d’expérience informatique et de pratiques compilées dans ses entrailles. Stocfish avait déjà battu les meilleurs joueurs d’échec au monde.  « Il était capable de calculer 70 millions de positions par seconde, contre 80 000 pour Alpha Zéro, auquel ses créateurs n’ont jamais enseigné la moindre stratégie. Alpha Zéro utilisait plutôt les tout derniers principes de l’apprentissage automatique pour s’entraîner aux échecs en jouant contre lui-même ». Son succès repose sur un algorithme légèrement différent. « C’est une version plus générique » (Voir la note 2, ci-dessous pour plus de détails)

En combien de temps Alpha Zéro a étudié ses stratégies pour vaincre Stockfish : 4 heures! 4 petites heures! Donc, face à ce stupéfiant exploit d’un  logiciel imaginatif, d’un ordinateur capable d’apprendre, de gérer de par lui-même une masse astronomique d’informations, de les synthétiser pour pondre la meilleure des décisions et emporter la mise, l’homme s’interroge! Ahuri, il vient de découvrir qu’il n’est plus maître de l’Univers. Son unique atout, demeure, pour le moment, l’absence de conscience, d’émotion et de sentiment d’une machine capable de se reproduire. Souhaitons qu’elle ne puisse en avoir dans le futur pour que nous soyons toujours en contrôle. Autrement, notre chien est mort3.

Donc, en ce fatidique 7 décembre, tout a été remis en question. Bienvenue aux imprimantes 3D qui confectionnent presque tout, sur mesure. De ta chaussure à ta maison, il n’y a qu’un contacteur à presser, et le tour est joué. Des robots qui fabriquent d’autres robots pour fabriquer encore plus de robots intelligents, c’est comme un jeu de Lego. Des machines ou logiciels qui fabriquent ce qu’on veut sans se fatiguer. Des robots qui labourent nos champs et convertissent l’agriculteur en gestionnaire de production. Les voitures autonomes ne sont plus de la fiction. Elles décorent déjà nos autoroutes. Plus tard, l’école sera entièrement virtuelle. Les grands centres universitaires, avec des salles de classe à l’infini, n’auront plus leur raison d’être. Le centre d’enseignement sera réduit à la grandeur d’un téléphone cellulaire. L’interaction entre l’étudiant et son professeur virtuel carbure aux clics d’une souris. Et ce, 24hr/24.

Ces machines intelligentes sont les réels bénéficiaires des algorithmes, ce processus logique permettant la résolution de tout problème en programmation. Ces derniers, sont en mesure d'optimiser leurs calculs au fur et à mesure qu'ils effectuent des traitements.

Voir cette vidéo, « Projet NEOM – 5G : Notre mort programmée » pour voir exactement où nous en sommes : https://youtu.be/1gKY628VCeY

Plus près de nous, dans les restaurants Mc-Donald, par exemple, les serveurs sont en voie de disparition. Leur nombre a été radicalement réduit. Le client prépare lui-même son menu sur un clavier ou sur un panneau robotisé. Et il est servi sans avoir le temps de dire merci. Dans les grandes chaînes de distribution, telles que Walmart ou Cotsco, certaines caisses automatiques, sans caissier, s’occupent du client et lui remettent sa marchandise, moyennant une preuve de paiement.  

Les penseurs devraient se presser. Il est minuit moins cinq. La vision d’un chômage systémique effraie. L’homme n’était pas né pour l’oisiveté seulement. Ni pour quémander non plus. Son ADN n’a pas été modifié en ce sens. Les préceptes sociaux devraient être revus et corrigés. La civilisation risque de payer un prix fort. Quoi faire?

Pour le moment, les leaders du monde occidental jouent avec la notion d’un salaire de base universel pour tous. En réalité, dans les pays développés, cela existe déjà sous toutes formes d’appellation : allocation familiale, social welfare aux USA, bien-être social, assurances salaires, assurance maladie, assurance chômage, divers services sociaux gratuits, etc... Ils ont été plus loin encore dans leur vision du futur. Vu que c’est une petite élite qui, demain, va posséder  tout l’argent du monde, en produisant exclusivement à coût nul, sera-t-elle prête à partager ce butin entre tous pour ce salaire providentiel?

Hormis les grandes économies qui redistribuent, déjà, une partie du gâteau à une fraction de leur population, il faut revoir de fond en comble le système libéral, le libre échange, le libre commerce, l’exploitation à outrance de l’Afrique, etc... Tout sera remis en question. Or, l’horizon d’un monde entièrement robotisé, selon les prévisionnistes, c’est pour l’année 2050!

En définitive, que deviendra le Tiers-Monde avec ses milliards d’affamés et de chômeurs, qui seront vite classés comme des entités inutiles? À la mention de ces arguments, vous commencez à saisir, assez bien, la raison du renforcement de l’Espace Shengen4 en Europe. Vous comprenez maintenant pourquoi Trump tient coûte que coûte à son mur. Voyez-vous aussi la résurgence du Klu-Klux-Klan, des groupes Néo-Nazi et le thème non équivoque de sa campagne : Make America great again. (MAGA).

Devinez aussi dans quel contexte, après avoir assisté à un briefing5 officiel sur l’état du monde, au lendemain de son investiture, notre surprenant Donald, exaspéré, s’est laissé emporter par la déception. Lui, qui voit en chaque chômeur, un paresseux, un parasite à écrabouiller. Comment envisager qu’il pourrait récompenser « des crétins » avec ses propres sous ou avec les profits générés par les affaires florissantes des riches de ce monde? De là à prononcer son verdict malodorant, le fameux « trou de merde », il n’y a qu’un pas.

Le futurologue Noah Harari en a fait mention dans son bouquin, en se demandant, si les contribuables des pays développés étaient prêts à payer un salaire aux  « chômeurs des pays de merde » (page 58). Or du train où vont les choses en Haïti, au Venezuela, en Amérique du Sud, en Afrique, au Moyen-Orient, etc…, Trump, ne caresse-t-il pas le rêve d’emmurer les États-Unis, une fois pour toutes, en prévision des invasions barbares?

Toutefois, le moment est venu de déshabiller les hypocrites qui nous martèlent, à longueur de discours soporifiques, leurs valeurs libérales et démocratiques, tels que: l’égalité, les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, sans y croire, sans une once d’humanité. Nous sommes acculés à faire preuve de clairvoyance, de prévoyance et d’intelligence pour éviter le chaos annoncé, à l‘ère du Big Data, à l’approche du 5G. Étant tous, partie intégrante du village global, citoyens de « pays de merde » ou non, serrons-nous les dents pour faire face à l’opéra.

Max Dorismond

           
Note -1 : Algorithme : C’est une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d'instructions permettant de résoudre une classe de problèmes. (Src. : Wikipédia)
Note – 2 : Apprendre à partir de rien

News sur les échecs | Jouer aux échecs en ligne: Intelligence ...

…… Rappelons que la précédente mouture, AlphaGo Zero, avait prouvé au mois d’octobre dernier sa capacité à mettre KO toutes les intelligences artificielles championnes de Go en seulement 40 jours. AlphaZero repose sur un algorithme légèrement différent. « C’est une version plus générique », indique l’équipe de DeepMind dans son article. Elle n’a donc pas été conçue spécifiquement pour gagner au Go mais à n’importe quel jeu combinatoire. Avec toujours une configuration informatique très particulière puisque la société dispose d'une énorme capacité de calcul avec seulement 4 TPUs, des processeurs conçus pour les programmes d'apprentissage automatique. Comme pour AlphaGo Zero. 
La méthode reste également la même. « Il s’agit de recourir à de l'apprentissage par renforcement non supervisé, c’est-à-dire à partir de rien », nous fait observer Tristan Cazeneuve, professeur à l'Université Paris Dauphine et expert en intelligence artificielle. Au lieu de se nourrir de millions de parties jouées par des humains pour en tirer des enseignements et imiter les coups les plus brillants, l’idée est de progresser « tabula rasa », c’est-à-dire uniquement en expérimentant et en jouant contre soi-même. Avec les règles des jeux pour seul postulat de départ. Src : Chess & Strategy _ L’actualité internationale du jeu d’échec.

Note – 3 : Expression québécoise qu’on peut traduire en créole par :  « ka nou grav » ou « chin mangéw »

Note – 4 : Espace Schengen comprend les territoires des 26 États européens — 22 États membres de l'Union européenne, et 4 États associés, membres de l'AELE — qui ont mis en œuvre l'accord de Schengen et la convention de Schengen signés à Schengen(Luxembourg), en 1985 et 1990. L'espace Schengen fonctionne comme un espace unique en matière de voyages internationaux et de contrôles frontaliers, où le franchissement des frontières intérieures s'effectue librement, sans passeport, sans contrôle. (Src. : Wikipédia)

Note – 5 : Briefing : réunion d’information, de définitions des objectifs

Saturday, April 6, 2019

Encore deux mots à Madame Mirlande Manigat


Par Charles Dupuy

Dans l’article que Madame Mirlande Manigat a consacré à l’affaire de la Consolidation, j’ai pu relever deux erreurs historiques que je me fais le devoir de signaler ici dans l’intérêt du public. Il faut comprendre que Madame Manigat est un professeur d’université dont l’autorité intellectuelle qu’elle exerce sur les catégories cultivées de chez nous ne fait aucun doute. Aussi, laisser sans réponse ces deux écarts historiques serait en quelque sorte les valider aux yeux du public, du jeune public en particulier.

Voici donc la première de ces deux erreurs qui se sont glissées sous la plume de Madame Manigat. Quand elle écrit: «La genèse de ces précarités [économiques d’Haïti] oblige à rappeler les exigences de l’Ordonnance de Charles X de 1825, aux termes desquels l’État haïtien a dû accepter, comme prix de la reconnaissance de l’indépendance, le paiement de 150 millions de francs-or», elle laisse entendre qu’Haïti a dû payer 150 millions de francs-or à la France. C’est une erreur. En réalité, la fameuse dette de l’indépendance s’élevait à 60 millions de francs-or. Voyons comment. Il faut d’abord savoir que le 4 juillet 1825 le baron de Mackau débouchait dans la rade de Port-au-Prince à la tête d’une escadre de treize navires pointant 528 canons sur la ville afin de forcer le gouvernement haïtien à ratifier les termes de l’Ordonnance de Charles X, «octroyant» (sic) l’indépendance aux Haïtiens moyennant le paiement de 150 millions de francs-or. (Comme il l’écrira plus tard, Mackau entendait qu’Haïti «devienne une province de la France rapportant beaucoup et ne coûtant rien») Malgré les objurgations du général Bonnet, son ministre de la Guerre, le président Jean-Pierre Boyer préféra ratifier l’entente. C’était, dira Boyer, dans l’intention d’épargner à la nation les malheurs de la guerre, d’assurer la stabilité de l’État et la sécurité intérieure du pays. Toutefois, cette capitulation souleva un tel tollé que les garnisons du Nord et la Garde présidentielle elles-mêmes menacèrent de se rebeller. L’impopularité de la décision fut si vive que Boyer, mesurant l’ampleur de sa fausse manœuvre diplomatique, préféra négocier avec les autorités françaises un allègement des indemnités. Arrivé sur le trône de France, Louis-Philippe annula l’Ordonnance de 1825, reconnut Haïti comme un État libre et souverain et réduisit le montant des réparations à… soixante millions. C’était le 12 février 1838. Il ne faudra pas moins de cinquante ans (un demi-siècle tout rond) à la république d’Haïti pour liquider la dette de l’indépendance. En effet, c’est en 1885, sous la présidence de Lysius Félicité Salomon, que fut éteinte cette fameuse dette dans son intégralité. Je le répète, la dette de l’indépendance fut effacée en 1885, sous Salomon, et non pas en 1947 comme le répètent trop souvent ceux qui confondent la dette de l’indépendance et celle de 1922 contractée auprès des banquiers de Wall-Street pendant l’Occupation américaine, laquelle dette fut acquittée en 1947 après une mémorable campagne menée sous le gouvernement d’Estimé.        

Si j’ai insisté sur la question, c’est parce que depuis quelques années, en Haïti, une certaine opinion réclame de la France le remboursement de la dette de l’Indépendance, mais encore faut-il connaître le montant exact de la somme qu’il nous faut aller revendiquer auprès des fonctionnaires parisiens. Soixante millions de francs-or, voilà la somme que, rubis sur l’ongle, nous avons payée à la France, le montant total certifié de cet étouffant carcan financier, de cette contrainte économique infamante et qui explique pour une bonne part le sous-développement d’Haïti.        

Plus loin dans son article, Madame Manigat écrit: «au début du 19ème siècle, Haïti subissait les effets de la diplomatie des canonnières dont d’ailleurs elle avait fait l’humiliante expérience avec une série d’affaires: Maunder en 1866, Batsch en 1872, et récemment, l’affaire Luders entraînant le sabordage de la Crête-à-Pierrot par l’amiral Killick.» Disons tout simplement que l’affaire Luders se déroula en 1897 à Port-au-Prince et que l’amiral Killick aura fait sauter la Crête-à-Pierrot dans la rade des Gonaïves en 1902. Donc cinq ans plus tard. Les deux affaires n’étant liées en aucune façon. Il faut savoir ici que Killick avait pris fait et cause pour Anténor Firmin lors de la guerre civile de 1902, et c’est ainsi qu’il intercepta dans le canal de Saint-Marc un navire allemand, le Markomannia, dont il confisqua la cargaison d’armes destinées à la garnison du Cap qu’il transportait dans sa cale. Déclarée pirate par Port-au-Prince, laCrête-à-Pierrot allait être arraisonnée par un cuirassé allemand, le S.M.S Panther, quand l’amiral Killick, afin d’épargner à sa canonnière le déshonneur de la capture, préféra se faire sauter avec son navire. Ce sabordement spectaculaire marquait aussi la fin des derniers espoirs de victoire pour Firmin dépourvu dès lors de tout moyen militaire efficace dans sa guerre.      

Quant à l’affaire Luders, je rappelle qu’elle s’est déroulée à Port-au-Prince en 1897 juste après la condamnation du citoyen Émile Luders par le Tribunal de Paix et la Chambre correctionnelle. Le 6 décembre 1897, deux navires-écoles de la flotte allemande, leCharlotte et le Stein, entraient dans la baie de Port-au-Prince afin de réclamer une indemnité de vingt mille dollars, des excuses à monsieur Luders et un salut de vingt et un coups de canon au drapeau impérial allemand. Signalons que c’est justement la Crête-à-Pierrot qui tira cette salve de vingt et un coups de canon à laquelle répondirent les navires allemands.        

Puisque nous parlons d’Émile Luders, disons pour finir que cet homme qui était de père allemand mais de mère haïtienne est revenu en Haïti après la fameuse affaire pour s’établir de nouveau à Port-au-Prince et prospérer dans le commerce. Un de mes vieux amis m’a raconté comment, poussé par la curiosité, il est allé lui-même dans le magasin de Luders à la Grand-Rue. Et c’est là qu’il a vu un vieil homme assis à son bureau qui, paisiblement, brassait des affaires. C’était Émile Luders. C’était dans les années 1950. C.D.coindelhistoire@gmail.com
(450) 444-7184 / (514) 862-7185            

Encore deux mots à Madame Mirlande Manigat