Par Jacques
Casimir (Pasteur D"Amoulio)
Shango
(peint
par Camila Santo)
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Nous allons
en pays Shango pour comprendre nos traditions, pour savoir qui nous sommes
pour pouvoir nous relever et regarder vers l’avenir avec assurance et
espoir. Aucun homme ne peut avoir confiance en lui-même et se considérer
comme acteur de son histoire et du développement de son pays s’il ne se
reconnaît pas dans sa culture, s’il n’est pas fier de son identité.
L'historien
et Ancien ministre de l'instruction publique, Beaubrun Ardouin, Disait
ceci :« L'avenir des peuples dépend souvent de la manière dont on
présente leur passé » Les étrangers qui ont écrit notre histoire
diabolisent nos proverbes, et ils ont tout essayé pour nous faire rejeter
notre mémoire. Si les mots ont un sens, l'historien conséquent se
doit de remonter le temps, aller à la source de nos adages, pour
apporter une nouvelle vision des choses, pour qu'enfin le passé puisse éclairer
l'avenir.
En créole
haïtien nous répétons depuis des siècles cette citation sans vraiment
savoir l’origine de ce que nous disons :« Si ou manje lajan
shango, wap peye shango .» Traduction (si tu prends ou tu voles
l'argent de shango tu le paieras avec les conséquences). On finit toujours par
payer shango.
D’où vient le mot Shango?
Shango, est
connu en Afrique comme le dieu du tonnerre et de la
foudre, principalement chez les Yoruba du Nigeria et dans tout le
Bénin. Il est représenté avec le symbole de la double
hache qui indique que la vie est toujours à double
tranchants. Il n'y a pas un homme qui ne craint pas la
foudre, surtout quand le tonnerre gronde. Il faut
dire qu'il y a presque autant d'histoires distinctes concernant la
naissance et la filiation de Shango qu'il y a de clans de la tribu Yoruba.
Le grand
voyageur et géographe tangérois Ibn Battuta, séjourne au Mali en 1352-1353,
il visite Tombouctou, et laisse une passionnante description de son
périple. Il note les progrès et les techniques de navigation enseignés à
l'Université de Tombouctou, l'organisation sociale et juridique et l'effort mis
sur l'alphabétisation du peuple, pour pouvoir lire le livre saint, le
Coran. D'autres documents plus anciens retrouvés à Tombouctou parlent
de Shango, le percepteur de taxes de son Excellence, sa Majesté Aboubakar
Bakari Empereur du Mali, qui avait toujours le dernier mot et les moyens pour
faire payer les citoyens l'impôt dû à l'empire. Comment s'y prenait-il
? Ce document n'explique pas son modus opérande. Le prélèvement des
taxes de l'empire du Mali était une mesure sociale pour
la redistribution des richesses. Dans les périodes de bonne
récolte, une partie des taxes prélevées aux plus riche était redistribuée aux
plus pauvres. Dans les années de mauvaises
récolte,une partie des taxes prélevées était donnée
aux agriculteurs pour compenser leur manque à gagner. C'est
le premier système de couverture sociale connu plusieurs siècles
avant l'émancipation de l'occident *
L'historien
d'origine syrienne, Shihab al-Din al-Umari,1300-1349, après
Mahomet, nous apporte cette réponse dans ses écrits, il raconte ceci :« les chefs
traditionels s'assuraient que tout le monde paie au village, pour
que Shango puisse percevoir les impôts. Il inspirait la crainte
et la peur.» Est ce que c'est pour cela que son nom n’apparaît pas dans la
tradition Orale des griots du Mali ? Mais seulement dans les archives
anciennes de Tombouctou conservées encore aujourd'hui et écrits en langue
arabe. Le grand voyageur, chroniqueur, historien et géographe du Xe
siècle, Ibn Hawqal, lui aussi décrit l'organisation sociale de
l'Empire du Mali et sa brillante façon de percevoir les impôts sans faire
allusion à Shango, à une époque où l'Empire du Mali avec sa
longue frontière avec l'Algérie faisait parti du Maghreb. **
Shango, Xangô, Sango,
Sangoma: dépendant de l'endroit en Afrique où vous vous situez, ces
mots ont en apparence des significations différentes pour finalement tous
converger vers le divin. Sangoma: en Afrique du Sud, ce mot veut dire
l'autorité religieuse, le guérisseur, celui qui soigne les maladies
physiques et spirituelles, le médiateur, l'autorité dans les villages.
Voici les
preuves qui démontrent l'importance des Sangomas dans la société
sud-africaine. La compagnie publique d'électricité Eskom, offre depuis 1997 à
ses quelque 40 000 employés la possibilité de choisir entre les deux systèmes
de santé et rembourse les soins chez le Sangoma. Dans les années 1970,
le Sangoma Khotso Sekhuntsha, avait accumulé une fortune en vendant
un médicament qui, bien avant le Viagra, prétendait renforcer le potentiel
sexuel des hommes âgés. Les autorités avaient saisi la potion magique pour
l'analyser, mais aucun scientifique n'avait été en mesure de déterminer la
composition exacte du remède miracle. Pour beaucoup de sud-africain, il est
reconnu comme le père et l'inventeur du Viagra moderne.
Le 25
mars 2017, le ministre de l'enseignement supérieur de
l'Afrique du Sud, Blade Nzimande, a annoncé l'ouverture
d'une école de Sangoma pour encadrer la profession. Dans ce pays, une
grande majorité de la population de toutes origines
ethniques consulte régulièrement les Sangomas, pour des conseils, des
traitements ou pour la divination, des fois à crédit. Selon la tradtiion,
nul n'oserait avoir une dette impayé auprès d'un ou d'une Sangoma. ***
Au Congo et
en langue Lingala, le mot Sango veut dire nouvelle et a toute
son importance dans notre démarche. Sango nini=Quelle nouvelle
sango malamo = Bonne nouvelle Sango mabé=mauvaise
nouvelle. Dans le cas qui nous intéresse, le mot sango veut dire aussi prêtre.
En Haiti, sango se prononce Chango..
Quand Shango est-il arrivé en
Haiti ?
Dès le début
de la traite des noirs, les esclaves étaient mal nourris et volaient énormément
leurs maîtres. Comme les banques n'étaient pas choses courantes à
l'époque, il fallait trouver une solution pour se prémunir du vol. Une
grande partie des biens des colons étaient gardés par l'église. Déjà en
Afrique, le Sango (prêtre) faisait parti de la haute hiérarchie
sociale et il était aussi très respecté. Personne n'osait voler
le Sango sans s'attirer les foudres de Shango, le dieu du tonnerre
et la malédiction des sangos (prêtres) et depuis la nuit
des temps, on répète cette phrase en langue.
Lingala :« Koyiba mbongo ya Sango te ezali bilakeli mabe.» Traduction (IL ne
faut pas voler l'argent du prêtre cela porte Malheur.) C'est cette
croyance qui a longtemps gardé les esclaves loin du pillage des églises pour
récupérer et participer équitablement aux biens acquis par les colons par la
force de leur travail.
Tout homme
déraciné de force de sa terre, de sa famille, de ses repères et de ses dieux
arrive dans le nouveau pays où il est soumis avec un vide, et cela, les colons
l'ont très vite compris. Ils comblent cet égarement en faisant la guerre à
la culture et aux croyances des esclaves, en le forçant à adopter le dieu
blanc. Mais très rarement, ils incitent les déportés à conserver certaines
croyances quand cela sert leurs intérêts. Pour se prémunir du vol,
ils ont encouragé la croyance de Shango et plus-tard, pour
piller les mines d'Haïti, ils ont encouragé la croyance dans le maître des
eaux. ****
Au Brésil,
il est représenté par la couleur rouge et blanche, il est associé dans la
religion catholique à Saint Jean-Baptiste ou Saint-Jérôme. C'était
une façon camouflée de continuer d'honorer cette divinité sous
le couvert de la religion des blancs. Le chiffre
sacré de Shango est 6, son symbole est le OSHE (ou hache à double
tranchant), représente aussi une justice rapide et équilibrée. Sa
domination est de la sexualité masculine et la vitalité de l'homme, en général.
Il est propriétaire de la Bata (3 tambours à deux têtes), ainsi que les arts de
la musique, la danse et des divertissement. Shango peut également être déduite,
à certains égards, comme la personnification de l'essence de la « stratégie »
(à la fois logique et la passion étirée et façonnée précisément à atteindre un
certain but).Shango est vénéré comme un dieu du tonnerre et des conditions
météorologiques ; au brésil et dans le Candomblé Ketu (sous
le nom de Xangô); comme la très puissante loa Nago Shango; à Cuba,
Porto Rico et le Venezuela. Dans la Santeria de Cuba, il est
l'équivalent catholique de Saint-Barbe, il est représenté
par un déguisement traditionnel et la divinité connue sous
le nom Changó. *****
L'Orisha de
Trinidad et Tobago, également connue sous le nom de Shango, est une
religion syncrétique antillaise originaire d'Afrique Noire et très influencée
par le catholicisme romain. Ses racines se trouvent dans la religion Yoruba, tout
comme le Vaudou et le Quimbois. L'Orisha de Trinidad incorpore des éléments
du baptême spirituel et cette proximité entre l'Orisha et le Baptême spirituel
a conduit à l'utilisation du terme « Baptiste Shango » pour
désigner les membres de l'une ou de l'autre des deux religions. L'anthropologue
James Houk décrit L'Orisha de Trinidad comme un « complexe religieux
afro-américain », incorporant des éléments des religions ancestrales
d'Afrique de l'Ouest, du christianisme (catholicisme romain et
protestantisme), de l'hindouisme, et de la Kabbale de la Trinité (une
pratique ésotérique dérivant de la mystique Kabbale
européenne).
En 1989, le président de Trinidad et Tobago: Arthur Napoleon Raymond Robinson, plus connu sous le Nom de A.N.R. Robinson, a invité le chef spirituel de la religion yorouba du Nigeria, fondement de la religion Orisha, à visiter Trinidad-et-Tobago, la religion Shango a gagné en reconnaissance et on assiste à une augmentation constante du nombre de ses pratiquants.
Selon la
tradition, au Nigeria, au Bénin, au Brésil, à Cuba et
au Vénézuela, on invoque Shango pour demander justice, pour terrasser
ses ennemis, surtout quand on n'est pas coupable, en échange des demandes de
faveur à Shango, il faut faire un promesse une fois le voeu se realize il
faut tenir sa promesse, payer. Est-ce que c'estpour cela qu'en Haiti,
il est la divinité vaudou le moins invoqué ? ******
Nous venons
de vous présenter une partie du parcours historique de Shango,
nous n'avons pas de mise en garde- à-vous faire. On ne peut pas s'en
sortir on finit toujours par le payer. SIW dwé shango wap péyé
Shango .Il est impératif si tu dois à Shango, tu paies. A bon
entendeur Salut !
À chaque
fois que vous lancez cet avertissement vous perpétuez la tradition
plusieurs fois millénaires de vos ancêtres et vous vous ancrez solidement
dans votre culture, par ce que maintenant vous savez l'origine
de ce que vous dites.
Si tu
ne sais pas qui tu es n'importe qui peut te citer et
tu obéiras à n'importe quoi. Désormais, nous savons qui nous
sommes n'importe qui ne pourra plus nous citer et nous n'obéirons plus à
n'importe quoi.( Parole et citation de Jacques Casimir (Pasteur D'Amoulio) Amen
Recherche No JCAS-111-310
Jacques
Casimir (Pasteur D'Amoulio)
Bibliographie
* 1) Sources: ces
informations se basent sur le témoignage de l'empereur Kangou
Moussa. successeur de l'empereur Aboubakar Bakari en l'an 1312,
recueilli par Ibn Amir Hajib au 14e Siècle, lors
du célèbre pèlerinage de l'empereur Kangou Moussa en Egypte.2) RÉF:
Auteur : Ibn Battuta Titre :Le Pays des Noirs (1357), Anthropos,
réédité en 1969 Paris )
** 1) RÉF:
Auteur Shihab al-Din al-Umari Titre: l'encyclopédie
Masalik AL-Absar ( Shihab al-Din al-Umari, historien d'origine
syrienne années 1300-1349 après Mahomet (les manuscrits Arabe de la
collection Scheffer dont quelques exemplaires se trouvent à
l'institut de monde arabe à Paris) 2)RÉF: Auteur : Ibn
Hawqal Titre :l'orient et le Maghreb
médieval (Le témoignage d'Ibn Hawqal sur le Maghreb et
une partie de l'Afrique médiévale.
***1)Sources
:Auteure Maria Malgaradis Titre :les « sorciers » sortent
de l'ombre en Afrique du Sud, les guérisseurs auront le même statut que
les médecins.( publication du journal Libération du 2 septembre 1998 France) 2) Sources: Recherche
pharmacologique de l’hôpital Groote Shuur, afin d'étudier et de
populariser les médicaments confectionnés par les Sangomas. 3) Notes (Groote
Shuur, est le célèbre hôpital du Cap où a eu lieu la première greffe
cardiaque réussie sur un être humain par le professeur Christian Barnard le 3
décembre 1967.
**** 1)RÉF:
Auteur Pompée Valentin de Vastey (le Baron de Vastey Titre : Le
système colonial dévoilé 2)Voir ,notre cours en deux parties Titre Le maître
des eaux.
*****1) RÉF:Auteur :Roger
Bastide, Titre :Les Amérique noires : les
civilisations africaines dans le nouveau monde. 2) Sources Ibadan
University of Nigeria (The universe of gods of Nigeria a sociological study of
beliefs 1951) L'université d'Ibadan est la plus ancienne du Nigeria.
****** 1)
RÉF: Auteur: James T. Houk Titre ; Spirits, Blood and Drums
: The Orisha Religion in Trinidad 2) Sources Rapport du colloque
de l"Unesco. Les survivances des traditions
religieuses africaines dans les Caraïbes et en Amérique latine
du 20 novembre 1985 3) Sources Visite du chef spiritual des
Yoruba à Trinidad et Tobago rapportée par les journaux, Trinidad Guardian
et le Tobago Pillar, avril, mai 1989.
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