Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Monday, August 22, 2016

Naomy Grand’Pierre, la première femme à représenter Haïti aux Jeux Olympique 2016 en natation

Naomy Grand'Pierre
Depuis la première édition des Jeux olympiques modernes en 1896, la natation est incluse au programme des J.O. d’été. Pour Rio 2016, notre porte-étendard masculin sera Frantz Mike Itelord Dorsainvil. Cependant, c’est pour la première fois qu’une femme représentera Haïti au niveau de cette catégorie. Au bout du fil résonne la voix super excitée de Naomy. Cela se sent : elle est contente. « C’est un grand honneur et un privilège de représenter Haïti, mon pays, celui de ma famille à cette compétition », confie la jeune fille avec une émotion à peine contenue.
C’est à Montréal que prend naissance notre nageuse olympique le 16 avril 1997. Elevée aux Etats-Unis, ses parents, Clio et Réginald, originaires respectivement de Pestel et de Saint-Marc maintiennent chez elle et ses frères et sœurs l’amour de la patrie. « Notre maison était comme une petite partie d’Haïti : on parlait français ou créole, on mangeait des plats haïtiens », explique-t-elle, enthousiaste, dans un français correct.


Naomy Grand'Pierre durant ses séances d'entrainement
Après qu’une de leur nièce ne soit morte noyée dans une piscine, les Grand’Pierre décident d’inscrire leur cinq enfants aux cours de natation dispensés dans un centre YMCA local. Naomy a environ neuf ans quand elle commence donc avec ce sport aquatique pour lequel très vite, elle démontre beaucoup d’habileté. Elle se distingue avec l’équipe de natation de la ville d’Atlanta Dolphin au sein de laquelle elle a nagé avant d’avoir pu intégrer actuellement celle de l’université de Chicago. Pour plus d’un, la fille de Clio Grand’Pierre, actuelle directrice des Relations Publiques de la Fédération Haïtienne des Sports Aquatiques (FHSA), est une belle promesse pour la natation haïtienne. En mai 2016, en Roumanie, notre nageuse s’est distinguée en se hissant en finale pour le 100-mètres brasse et 50 mètres nage libre.
Lors du tournoi préolympique de Rio qui s’est tenu du 29 juin au 3 juillet 2016 à Nassau aux Bahamas, Naomy a pu atteindre la finale pour le 50-mètres papillon et au 50-mètres libre ensuite. Elle a été en 7e place pour le 50 m libre, en 8e pour le 50 m papillon sur cette compétition à laquelle participaient 39 pays. Cependant pour se qualifier, elle aurait dû effectuer le 50 m libre en moins de 26 secondes et 17 centièmes de secondes (26.17), temps requis par la sélection olympique, mais qu’elle avait dépassé d’1 seconde 18 centièmes au cours de sa performance. Mais en vertu de la règle d’universalité évoquée par la Fédération Haïtienne des Sports Aquatiques (FHSA), la Fédération Internationale de Natation (FINA) a confirmé qu’exceptionnellement, la nageuse haïtienne Naomy Grand’Pierre ferait partie de nos athlètes pour Rio 2016.
Naomy en pleine action
D’un autre côté, certaines personnes estiment que l’athlète, qui est un pur produit du sport américain, n’a pas la légitimité nécessaire pour concourir aux J.O. au nom d’Haïti. Naomy pense visiblement tout le contraire. « Je suis américaine et haïtienne. J’ai été élevée comme une Haïtienne. Mes deux parents sont haïtiens. Je les comprends, mais moi, j’ai le droit de revendiquer ma nationalité haïtienne et de représenter Haïti. Et de plus, je ne suis pas comme certains sportifs qui se sont résignés à représenter Haïti après avoir essayé et échoué à représenter les Etats-Unis ou un autre pays. Moi, j’ai choisi directement de porter les couleurs d’Haïti. J’ai choisi de représenter Haïti et ce ne sera pas seulement pour cette compétition. Je le ferai dans toutes les compétitions internationales », répond Naomy calmement mais avec conviction. « C’est certes un rêve d’enfance et c’est aussi celui de mes parents qui ont toujours voulu voir émerger une vraie équipe de natation pour Haïti », explique Naomy qui se rappelle avec joie sa première visite en Haïti en 2013.


A noter que Naomy Grand’Pierre rentre en compétition aujourd’hui en 50 m nage libre femmes à 12:02 pm
Source/Le Nouvelliste

Tuesday, August 16, 2016

Les conséquences de la gloutonnerie de nos Parlementaires

Par Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca
Max Dorismond
Quand on a le contrôle de l’assiette au beurre, c’est très difficile de ne pas se graisser les doigts, à moins qu’on soit doté d’une moralité en béton armé.

En effet, quant à promulguer ou à ratifier des lois au service de la nation, pourquoi ne pas se servir en premier lieu? Servons-nous d’abord ! semblent se dire les parlementaires haïtiens. Dans leur optique, SERVIR, qu’on le veuille ou non, est un verbe qui se conjugue seulement et simplement  à l’impératif. A la publication des émoluments de nos élus,  des chiffres faramineux à donner le vertige, les médias s’en étonnent et sur les réseaux sociaux, on balance de l’épithète avec un enthousiasme malsain. Vu la situation infâmante du pays, la misère répugnante, le laxisme ambiant, etc…, les montants totalisant « 2 160 000,00 Gdes, annuellement » par sénateur, à titre de salaire, selon le Nouvelliste 1, « sont ahurissants ». Selon d’autres sources, le budget de fonction par Sénateur est en fait de 144 000,00$ US, l’équivalent de 1 440 000,00 dollars haïtiens ou 7 200 000,00 Gdes. C’est une cascade de chiffres à confondre les sceptiques. En 2011, le Sénateur Edo Zenny maintenait que leur salaire mensuel était de 10 000, 00$ US 2. Comment un pays qui ne produit rien, ne perçoit presque pas d’impôt, peut se payer ce luxe? Ces élus sont-ils en train de souffler sur les braises de l’impatience.

Segment d'une séance au Parlement haitien en 2016


En pataugeant dans cette richesse insolente et inopinée, en métamorphosant leur statut de pauvres en millionnaires, l’espace d’un claquement de doigts, ces « chevaliers de l’ombre » sont automatiquement immunisés et demeureront insensibles à la misère de la collectivité. Étant riches, ils n’ont point besoin de compter sur l’État pour l’éducation de leurs enfants, les soins médicaux, etc… Ils peuvent se les procurer sans aucun souci. Ce faisant, ils s’éloignent de la masse de la population et perdent l’empathie qu’ils ont pu ressentir pour elle en d’autres temps. D’où l’absence d’idées novatrices, de débats constructifs et la dérive de la nation vers l’abîme. D’ailleurs plusieurs clichés sur le net illustrent le comportement fossilisé de ces élus oisifs et irresponsables, tantôt en bataille rangée, tantôt roupillant dans leur fauteuil, en pleine séance officielle au Parlement, où il ne leur manque que l’oreiller.

Des parlementaires pèlerins
Des parlementaires haïtiens roupillant dans leur fauteuil
en pleine séance officielle.(Cliquer pour agrandir)          
Outre ce magot, les parlementaires ont attaché d’autres cordes à leur arc et font flèche de tout bois pour augmenter la dîme. Prétextant soumettre d’autres projets d’intérêts publiques, en pèlerins avertis, ils sonnent le tocsin et passent la sébile pour arrondir la bourse. Toujours, selon Le Nouvelliste, « Chercher des fonds dans les administrations, au Palais national, à la Primature, dans les entreprises publiques et auprès des particuliers sont des « du plus » qui s’ajoutent aux largesses du budget officiel 3 ». Cette invitation directe à la corruption, au point de vue éthique, porte un joli nom: la collusion.  Souffrant déjà d’un grave déficit de sympathie dans la population, ce comportement hors norme ne les met point à l’abri de critiques féroces amplement méritées. Il leur faut beaucoup d’intelligence collective pour comprendre que leur avenir est lié à la façon dont évolue le reste de la nation. Au fil de l’histoire, c’est une vérité que les prédateurs ont toujours  fini par apprendre, trop tard.

La tenue vestimentaire du député Gracia Delva durant
l'une de ses campagnes électorales pour devenir sénateur.
Le dirigeant d’entreprise qui voit arriver le parlementaire en ses bureaux se frotte déjà les mains d’aise tout en se tordant de rire. Ce dernier vient lui offrir sur un plateau d’argent la baguette du maestro. À sa convenance, il peut choisir la partition de son opéra et faire danser ces chasseurs de prime au rythme de ses sambas, tels que « ne pas payer un centime d’impôt, ne pas augmenter ses pauvres salariés, ne pas respecter le salaire minimum national ». Nous pourrions énumérer une kyrielle d’avantages que ces entrepreneurs opportunistes seraient « en droit » de bénéficier de la légèreté de ces «parlementeurs », tant les lois laxistes votées en retour d’ascenseur s’étireraient à la mesure des rêves de ces payeurs de prébendes, de ces oiseaux de proie, « ces  petits bourgeois qui produisent leurs propres fossoyeurs 4»

Le député Arnel Bélizaire circulant dans une
manifestation populaire avec un arme de guerre
Prenons, entre mille, l’exemple des banques. Quand les lois sont en leur faveur ou quand il n’y aura aucune autorité pour les rappeler à l’ordre, ces dernières pourraient à leur guise jouer autant que possible avec leurs taux d’intérêts sur leurs prêts prédateurs, les cartes de crédit et la ristourne en pourcentage payée par les marchands sur les cartes de paiement. Qu’il soit-dit en passant, cette ristourne représente une taxe privée destinée à siphonner les clients et à être déposée en douce sur le compte des rentiers. Le fisc, paralysé, n’y verra que du feu. Pourquoi enrichir ceux qui le sont déjà ? Si nos parlementaires  et nos chefs d’entreprise avaient un minimum de lumière, ils devraient connaître cet abécédaire de l’économie 101 : « Faire passer de l’argent du bas de l’échelle au sommet réduit la consommation, car ceux qui gagnent gros consomment une moindre proportion de leur revenu que les plus modestes. Plus l’argent se concentre au sommet, plus la demande globale décline 5 ». En un mot, plus il y a de pauvres, moins vos produits seront consommés. C’est aussi simple que ça !
         
Au delà de l’arithmétique politique
Face à cette déliquescence, les cloches de l’envie ne tardent pas à faire entendre leur écho et, ceci, avec raison. Les édiles réclament le même traitement que les parlementaires. Et, ils ne sont pas les seuls. Tous les autres fonctionnaires de l’État, les professeurs, les médecins, les policiers, etc…, en rêvent également. Et si on ne remédie pas à cet appel des sirènes, ce traitement inéquitable dénoncé va ensuite créer de nouvelles distorsions qui mineront davantage l’efficacité des institutions toujours en déficit de résultat. Ce qui revient à dire que les employés pourraient, par simple calcul, utiliser  cet humour populaire de l’ère Soviétique pour maintenir une grève anonyme, à savoir « Ils font semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler 6 ».
         
Appréhensions et prédictions
(Photo le Nouvelliste)
Face à cette manne providentielle, que feront le petit salarié et le chômeur à l’heure des futures élections ? Hier, on avait, je crois, 3000 candidats à l’assaut du Parlement pour une centaine de places. En 2021, nous aurons de 3 à 5 millions de postulants, si ce n’est pas 90% de la population de l’île, à s’entredéchirer pour une place au paradis. Toutes les têtes d’affiche, journalistes et journaleux, vont tenter leur chance puisque le gâteau est alléchant. Les débats à la télé et à la radio seront interminables. Ce sera l’enfer. En pleine rue, les challengers seront assassinés, égorgés, poignardés… La contestation des résultats sera la norme… Ce sera l’éternelle discussion avec le poignard entre les dents. Pour y remédier,  les élus vont proposer de voter des lois loufoques, telles que l’élection à vie des parlementaires pour éviter ce type de chaos… Pour réagir au blocage du pays et du parlement, le chef de l’exécutif fera appel à l’ONU pour que la MINUSTHA reste dans le pays pour 50 ans de plus... Les ONG s’enracineront et de nouveaux y seront accrédités. Les rentiers, ces habituels bénéficiaires, jubileront. Au sommet de leurs affaires, ils injecteront de nouveaux capitaux pour investir dans de nouveaux hôtels, d’autres restaurants de luxe, de superbes condos, etc… Et le tour sera joué. Le pauvre peuple, de son côté, la peur au ventre, sera embarqué dans un bateau ivre pour un long voyage au bout de la nuit.   

Le parlementarisme de chez-nous
Dire qu’autrefois, le titre de parlementaire était auréolé de gloire et octroyé prioritairement à des notables, professeurs, avocats, médecins et autres intellectuels, qui s’étaient signalés à l’attention de leurs commettants par leur contribution à l’élévation de la communauté et de la Nation. C’était presqu’un sacerdoce, du bénévolat où l’option d’enrichissement était quasiment absente. Ces personnages avaient pour devoir et mission de grandir l’humanité à hauteur de rêve. Mais, nos parlementaires actuels, entretenant des rapports incestueux avec le pouvoir et l’argent, nous déçoivent énormément à hauteur de frustrations et de déceptions.

Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca

Note: 
 
2 - Haïti - Politique : Le salaire d’un Sénateur est de 10,000 US par mois !


4 – Expression de Karl Marx dans Le Capital, rapportée par Thomas Piketty dans « Le Capital au xxi em siècle. P. 27
   
5 - La Grande Fracture - Les sociétés inégalitaires et ce que nous devons faire pour les changer. (Joseph E. Stiglitz) Prix Nobel d’économie. P.127.


6 – Ibid. P.131 

L'un des combats de Boxe au parlement haïtien 

Un ministre « agresssé» par le député Arnel Bélizaire

Friday, August 5, 2016

C'EST LA FAUTE A VOLTAIRE

 
Par Rodrigue ADRIEN rodrigueadrien33@gmail.com
Nos ancêtres pensent depuis le siècle des lumières ayant vu l’éclosion d’idées rédemptrices des valeurs humaines. La révolution haïtienne est fille de la révolution française dont les idées directrices étaient en gestation chez Descartes, Voltaire, Rousseau, Kant, Montesquieu et autres. Nous ne pensons pas d’hier, la diffusion des lumières dans les abysses où l’on a confinés l’homme pendant longtemps remonte au 18e siècle, l’époque annonciatrice de toutes les révoltes menant à la liberté pleine et entière. La liberté n’est pas qu’un concept,c’est une réalité pour l’homme moderne revendiquant la vie autrement. L’homme moderne est celui dont les idées ont accouché le nouveau monde. La réalité d’aujourd’hui résulte du rêve suscité par le constat de l’absurde de la condition humaine. C’est en vue du sens et de la clarté à l’horizon que l’homme se dénoue des chaînes de la caverne pour penser le possible. La découverte du vrai est un pas vers la libération de l’esprit dont la finalité est la déconstruction de ce qui est en vue du pas-encore.

Ø Nous devons notre progrès aux agissements des anciens pour l’obtention des droits constructeurs d’humanité, des lois édificatrices des institutions en vue du maintien de l’ordre républicain et de la propagation des lumières dans les couloirs où s’éteignent les valeurs rédemptrices, de dignité, demounité et de liberté. La révolution française est universelle, du fait même qu’elle a permis aux esclavagisés et marrons de se ressaisir pour embrasser la cause de la liberté, l’égalité et la fraternité, humainement défendue pendant les deux siècles écoulés. C’est aussi la faute à Toussaint Louverture d’avoir préparé les esprits au soulèvement créateur de liberté et de paix. Ayant pris goût au sel de la liberté, les esclavagisés c’est-à-dire ceux-là réduits en situation d’esclavage  et de révolte, ne sont pas restés sur leur faim. Ils ont marché jusque vers les hauteurs pour combiter et mijoter les recettes préparatrices de la révolution ayant accouché l’Haïti libre, laïque, et démocratique dont la gestion a conduit au carrefour devant être encore traversé afin de trouver le chemin vers nous-mêmes.

Ø  C’est la consolidation des acquis de la révolution de 1804, de la déconstruction de la structure étatique, d’une refondation de la nation, que naîtra le nouveau bureau dont la mission est de redécouper l’espace physique, redéfinir les concepts empruntés de l’occident pour construire le nouveau système. Les Haïtiens se sont égarés de la route historiquement tracée, mais ils n’ont pas encore perdu de vue le chemin vers eux-mêmes. Il suffit d’un pas vers l’entente et la réconciliation pour que l’horizon vers l’ordre, la démocratie et le progrès s’éclaircisse. Le PANORAMA rêvé se construit en se désenchantant avec le paysage désuet, chaotique et décadent. C’est en projetant un autre regard sur nous-mêmes qu’on s’implante le nouveau décor.

Ø C’est en déconstruisant qu’on construit, en redéfinissant qu’on définit, en questionnant qu’on répond. Le plus difficile à faire est la démarche visant le rassemblement des valeurs et des forces du Lakou en vue de la synergie transformatrice des idées de changement en gestation depuis le mouvement 46 et la relance de 1986. L’échec constaté dans nos actions concluantes s’explique de notre incapacité à composer avec nos amis d’outre-mer et nos frères du territoire pour donner forme au nouveau contenu haïtien. 
      
    Le manque de méthode et de vision concertée et partagée sur la réalité haïtienne, la carence de rigueur et de discipline dans l’application de la théorie et de l’exécution du projet, l’économie de l’audace et de la pertinencenous acculent à nous river au superficiel au lieu d’oser nous dépasser pour arriver à l’essentiel. L’incertitude caractérise la gouvernance démocratique et laïque, dans le cas précis d’Haïti. Dans ce climat, la stabilité politique et la pérennité économique ne peuvent être que consensuelles. La croissance est périssable, malgré les aléas programmés par la conjoncture. Si les protagonistes se résolvent à mutualiser leurs efforts et à converger leurs projets, on ne peut s’attendre qu’aux exploits. C’est la mauvaise foi, le manque de vision et le manque de respect pour les gouvernés qui provoquent l’incertitude dans le paysage politique haïtien.

Ø  C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Toussaint Louverture, plus près de nous la faute aux instigateurs du mouvement 46 et les protagonistes de la relance de 1986, notamment ceux-là dont les idées ont influencé et préparé les esprits d’aujourd’hui : « Jean-Bertrand Aristide, Leslie François Manigat, Gérard Pierre Charles,Laënnec Hurbon, Leslie Péan, Michèle Duvivier Pierre-Louis, Judy C. Roi, Camille Chalmers, Jean claude Bajeux, Micha Gaillard, Bérard Cénatus, Marc L. Bazin, Suzy Castor, Victor benoît, Serge Gilles, Pierre Buteau, Yves Dorestal, Lionel Trouillot et tous les artistes, penseurs et combitistes de la génération montante. Quels autres noms correspondants aux visages de héros ou d’avant-gardistes  calqué sur l’imaginaire conjoncturé par nos besoins pour nous inspirer et nous conduire vers l’autre chemin de l’itinéraire tracé par nos prédécesseurs, les circonstances aidant. Nos actions concorderaient à notre ascension, si nos rêves étaient à la dimension de notre parcours légendaire dans l’histoire mondiale. Les élites et nos amis et frères sans frontières, ayant l’aval des masses nécessiteuses, ont la légitimité de décision du prochain tournant historique, économique et politique en anticipant par l’application d’une nouvelle recette en vue d’un autre horizon où convergent les visions de ceux du nord et du sud pour la reconfiguration de l’état-nation arc-en-ciel. De ce brassage, naîtra indubitablement l’haïtien authentique, visionnaire, honnête, sérieux à même de cogiter, de transcender et de construire au lieu de liquider au gré des données dictées par le quotidien.


Ce texte m’a été inspiré par des amis européens


A l’institut Français d’Haïti en Décembre 2014

Par Rodrigue ADRIEN rodrigueadrien33@gmail.com

Illustrations: HCC

Ne nous appelez plus jamais Mulâtres...



Voici un article qui me tient particulièrement à coeur dans la mesure il me touche personnellement à travers ce que j’ai de plus cher au monde : mes enfants.


Depuis qu’elles sont au monde, il nous a paru très important, à leur père et moi, de leur parler de leur double culture, française et sénégalaise et par là-même de leur identité de métisses que nous voyons comme une richesse, une force.

Cependant, en arrivant au Québec, outre le fait que je suis tout à coup, aux yeux d’une majorité de Québécois, devenue la digne représentante de la Nation Française (avec tous ses stéréotypes) et que mon mari s’est transformé en Haïtien (la communauté noire la plus représentée à Montréal), mes enfants sont devenues des Mulâtresses…

Petit rappel historique : le terme « Mulâtre » date du temps de l’esclavage et désignait les enfants issus de l’union d’un maître blanc avec une esclave noire. « Mulâtre », « quarteron » ou « octavon », le statut social de ces « métis » était conditionné par le degré de parenté avec leur ancêtre noir, une classification basée sur le sang et la notion de pureté/impureté.

Les esclavagistes  considéraient  les « mulâtres »
 comme les mulets… Des êtres issus de l’union de 
deux « races » voisines.                                    
Pire encore, « mulâtre » vient du portugais et de l’espagnol (« mulato » et « mulo ») et signifiait « mulet ». En effet, les esclavagistes comparaient les enfants nés de leurs ébats avec des femmes noires, à ces animaux hybrides et stériles, croisement d’un âne et d’une jument :

Dans l’esprit des Maîtres, les enfants « mulâtres » étaient un peu comme les mulets, des êtres issus de l’union de deux « races » voisines.

J’espère ne pas vous avoir ennuyé avec ce petit retour en arrière, que je juge indispensable à la bonne compréhension de mon indignation.

Mes enfants ne sont pas des « Mulâtresses » et leur seul point commun avec l’animal ci-dessus est leur entêtement (Têtues comme des mules!).

« Mulâtre » est un mot qui me hérisse le poil et j’apprends à mes enfants à corriger les personnes ignorantes qui l’utilisent encore (C’est un peu plus difficile lorsque ce sont des enseignants).

Encore un mot : l’esclavage a été aboli en 1834 au Canada, en 1848 en France et en 1865 aux États-Unis. Voilà 182 ans que le pays où j’ai choisi de vivre a décidé qu’aucun homme n’était le Maître d’un autre. Et pourtant, on continue d’utiliser ce terme d’une époque indigne où les noms des personnes noires ne s’inscrivaient que sur la liste d’inventaire patrimonial, au même titre que les animaux et les meubles.

Il y a quelques temps, nous nous sommes amusés à réaliser ce petit film : « Métisse ». minute et trente-deux secondes d’explication (attention, la fin est inattendue!)

Voilà, je vais encore passer pour une râleuse (ce qui va conforter mes compatriotes québécois dans l’idée qu’ils se font des Français en général), mais comme disait quelqu’un de très sensé (je crois que c’est Talleyrand) :

« Ça va mieux en le disant! »

Source : Themetis