Par
Max Dorismond
DGI - Direction Générale des Impôts (Port-au-Prince) |
Humour noir et mépris
C’est
ainsi que, sous Papa Doc, selon une anecdote
bien connue, un certain Général de l’armée, s’était avisé de conseiller au chef
de l’État de déclarer la guerre aux États-Unis, conscient de la
défaite inéluctable, mais convaincu de pouvoir engranger l’argent de la
réparation que ne manquerait pas de fournir le vainqueur. Vrai ou faux, la malice
populaire, de temps à autre, nous gratifie de ces perles pour souligner soit la
vénalité coriace de certains insignifiants, soit la voracité effrénée de
certains prédateurs.
La douce tentation
Durant
la dernière semaine du mois d’août 2017, un semblable stratagème a failli réussir, n’eut-été
la vigilance des exilés, qui se sont insurgés contre ces experts dans l’art
d’exploiter les plus mal pris de la terre. Sans tambour ni trompette, Haïti a laissé courir la
vague rumeur d’un impôt de 10000,00 Gdes que les membres de la diaspora devraient débourser
chaque année. Pour qui, pour quoi! Quelle diaspora? Le résident en terre
étrangère, ou celui qui a emprunté la citoyenneté du pays d’accueil. Mystère et
boule de gomme!
Ruade dans les brancards
La DGI du Cap-Haïtien |
Il
n’en fallait pas plus. Le poisson
ciblé n’a laissé aucune chance aux
détrousseurs machiavéliques qui confondent intelligence et arrogance, tant sa
réaction fut virulente. Les réseaux sociaux s’emballèrent, et
tout le gouvernement de Jovenel Moïse est passé dans le tordeur
pour cette vicieuse machination. Le
Ministre de l’économie et des Finances, M. Jean Alix Salomon, a été obligé de venir à la rescousse des écorcheurs professionnels
pour calmer le jeu, car leurs mains dégoulinaient de la merde lancée par cette
diaspora exaspérée. Malgré les pirouettes du fonctionnaire
contrit, rien ne put laver cette tentative d’extorsion aux yeux de tous les
expatriés malgré eux.
Stratégie d’un mégalo
Où est passé l'argent des impôts dans cette commune de Jérémie ? |
Ce
que les gouvernants hypocrites d’Haïti font semblant d’ignorer,
ce n’est pas l’attrait de l’étranger qui attire l’Haïtien miséreux à
l’extérieur. Bien au contraire! Conscient de ses rêves d’arnaqueur de pouvoir à
vie, de pilleur de pays, Duvalier, avec toute sa
clique, avait construit des infrastructures aéroportuaires pour faciliter le
départ des affamés qui, autrement, n’auraient eu d’autres choix que de se révolter.
De cette façon, il a eu les mains libres pour gouverner comme un monarque. Pari
réussi!
Un peuple piégé
De 1957 à aujourd’hui, le mal a empiré,
le Duvaliérisme
a fait école. La révolution n’a jamais été au rendez-vous. D’ailleurs, à quoi
bon se révolter quand ce sont les plus pauvres qui auraient écopé. Les
nantis munis
de leur bon passeport, à la première détonation, seraient exfiltrés par le
consulat de leur pays d’adoption, l’espace d’un appel téléphonique. Fort de ce
calcul, résultant de la misère contraignante, il ne
reste aux souffreteux qu’un seul choix : partir pour ne plus revenir.
L’exil et l’étonnement
Les réalisations d'envergure de l'ère Martelly s'avérant plus couteuses que bénéfiques selon le Nouvelliste. |
L’intelligence
récompensée
Et pourtant, si les « apaches » du pouvoir n’avaient pas confondu vitesse et
précipitation, si le lien de confiance n’était pas fracturé, les concernés n’auraient
simplement qu’à imiter les technicités légales et fiscales qui ont déjà fait leurs
preuves dans plusieurs pays de par le monde. Citons entre autres celles d’Israël. Tous les Juifs
du monde s’y précipitent et contribuent généreusement à son émancipation. Les
millions s’accumulent en Israël, la diaspora juive est enchantée et sa terre, bénie
des dieux, se porte merveilleusement bien. Tout le monde y trouve son beurre.
Simple
remarque
En effet, mesdames et messieurs les
gouvernants, vous vous êtes vraiment trompés d’histoire. Si la diaspora maintient Haïti sous perfusion, ce n’est ni par
imbécillité, ni par ignorance, mais plutôt par sensibilité pour ses proches,
car son expérience de la faim ne saurait la laisser indifférente. Condamnée à
fertiliser l’espoir, ne la poussez pas à fermer son cœur à double tour. C’est
Haïti qui en pâtirait.
« Qui fait l’âne ne doit pas s’étonner si les
autres lui montent sur le dos 1 ».
Max Dorismond
Note – 1 : un
proverbe chinois.
NB : La vidéo suivante est extrêmement
pertinente, elle nous peint un peu le drame haïtien, une triste réalité mise en
scène par des acteurs sur place. Mais cette trame théâtrale ne doit pas être
visionnée par des personnes sensibles ou ayant des problèmes émotionnels, car
elle est très dure. Toutefois, elle vous arrachera le coeur même si c’est du
théâtre, parce que c’est le quotidien de chez-nous. Après l'avoir vue,
vous comprendrez pourquoi nos frères et soeurs se font humilier entre les
frontières du monde. Prière au coeur
sensible de s’abstenir.