Autres causes de la défaite française
en Haiti
Par :Jacques Casimir (Pasteur D'Amoulio) majac14@hotmail.com
Avant-propos
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St Domingue |
Depuis 210 ans on nous a fait
comprendre que la fièvre jaune était la cause principale qui a
exterminé une grande partie de la population blanche dans la colonie de St
Domingue. Ce fut considérée comme parole d'évangile. Nous allons
démontrer dans une série de plusieurs chroniques que d'autres
pandémies jamais révélées par les historiens ont fait beaucoup plus de ravage
que cette fièvre.
Nous avons répondu aux questions de
nos lecteurs malgré leur nombre croissant. Cependant ils devraient considérer
notre travail comme une tâche d'historien désireux d'apporter la lumière sur la
vraie histoire de nos ancêtres qui avaient vaincu royalement les fières armées
envoyées par Napoléon.
Quand tout tombe, il ne reste que la
connaissance de l'histoire pour se relever. Celle de la colonisation
française en Haïti est devenue la propriété des colonisateurs et non
celle des colonisés ou des vainqueurs. Nous apportons un nouvel éclairage
avec des preuves et des archives vérifiables sur certains faits non dévoilés
par leurs historiens, pour qu'enfin notre mémoire soit rétablie. Nous avons
effectué une démarche exhaustive, en consultant des notes, des archives et
plusieurs documents écrits par des médecins et d'autres acteurs qui ont servi
dans la marine et sur le terrain des opérations à St Domingue. Cette approche a pour objectif de:1- lever le voile sur une
partie de nos origines, 2- prouver que la fièvre jaune
n'était pas le seul fléau qui s'est abattu sur les militaires et les colons
français dans l'ile.
« La santé est indispensable à la guerre et ne peut être remplacée par
rien.» Citation de Napoléon
Bonaparte, 1800. Il
sait de quoi il parle ! En effet, les maladies ont anéanti son rêve
Moyen-oriental, (Égypte, Syrie, Liban), plus que les cavaliers mamelouks et la
marine anglaise. De 1798 à 1801, peste, tétanos,
dysenterie, lèpre, paludisme, variole, fièvre jaune décimèrent les
militaires comme les civils. Après la campagne d'Égypte, beaucoup de
soldats contaminés par ces maladies ont pris le chemin de St-Domingue. REF
Auteur Jean François Hutin Titre La Campagne d'Egypte:une
affaire de santé (société
d'histoire et de Médecine) Voir Ma
Chronique (L'Histoire d'Haïti falsifiée),
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Louis Nicolas Dubois |
État de la situation- En France, une ordonnance de 1718 prescrivant l’arrestation, le
recensement des vagabonds (hommes, femmes) précisa que les sujets en bon
état physique seraient envoyés aux colonies. En 1775, à St-Domingue, pour 6000
femmes blanches, dont un tiers était des prostituées et le reste
vivant en concubinage, il y avait aussi un millier
d'aventuriers, des joueurs, des gens sans aveux, dont beaucoup d'entre
nous, Haïtiens, sommes les descendants. Le nombre de prostituées, de
profiteurs, des criminels a augmenté dans la colonie. Ce n'est pas la
première fois que l'ordonnance de 1718 a été modifiée, retouchée
et remaniée pour débarrasser la France de ses malades, de ses gueux, de
ses voyous, de ses vagabonds, de ses prostitués des deux sexes. En effet, une
nouvelle fois, le préfet de police de Paris Louis Nicolas Dubois
bois amenda ce décret en 1800 (ordonnance
de 1718) pour inclure les repris de justice et les criminels. Sources
: Collection historique de la
préfecture de police Collection
historique de la préfecture de police 5ième arrondissement Paris- Après
l'arrêté du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) effectif à partir 5 ventôse
an VIII ( 8 mars 1800)
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Jean François Hutin |
Constatation : Au départ nous avons déjà une preuve
historique apportée par l'auteur, Jean François Hutin que les
maladies énumérées ci-haut existaient déjà chez une grande partie des soldats
français.
Pour bien saisir la situation de
l'époque, il faut d'abord analyser et comprendre la collectivité de
St-Domingue et ses particularités. Une des caractéristiques de cette société
est l’hyper masculinité de la population. Le peuplement des Antilles est
lui aussi essentiellement masculin et connaît par conséquent une carence
de femmes pour assurer le renouvellement des générations. Pour St Domingue et
les autres colonies françaises des Antilles, on a eu recourt essentiellement
à des filles venant des sanatoriums, des prisons et beaucoup de prostituées.
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Hôpital de la Salpêtrière |
Exemple, de la Prison-Hôpital Général de la
Salpêtrière, 128 filles sont envoyées sur l'île pour la
satisfaction sexuelle des colons dont certains finissent par les épouser
à cause de la rareté de la gente féminine. Ce sont des prostituées, des
mendiantes, des vagabondes à qui on croit donner une situation... (Une nouvelle
vie). Déjà le tableau des maladies contagieuses commencent à trouver un terrain
fertile. Avec l'arrivée des tuberculeux, St Domingue a connu de 1787 à 1789 une grande pandémie de
tuberculose qui a fait beaucoup de morts. REF: Auteur Jérôme Loiseau Titre: Les colonies françaises sous
l'ancien Régime (l'hôpital de la Salpêtrière) était à l’époque un centre de
détention pour indigents dévots et vagabonds)
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Duguay Trouin |
Les nombreux
cabarets de l'île sollicitent sans cesse de nouveaux clients qui
tombent dans les bras des femmes qui font commerce de leur charme. Les colons
courent imprudemment de la blanche, à la négresse et de la négresse à la
mulâtresse. Ces femmes ne déclarent pas les maux dont elles sont infectées. Ces
pratiques libertines ont causé une hécatombe dans la colonie. REF
Auteur S.J Ducoeurjoly Titre Manuel des Habitants de
Saint-Domingue 2 tomes (Paris 1802) Sources Lettres et rapports du père Antoine Prévost à l'archevêché de Paris
document consulté, microfilm colonie de St Domingue de 1738 à 1802.
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J. J .Dessalines |
Beaucoup de documents qui relatent ces faits sont cachés volontairement par
l'église et par ceux qui veulent discréditer Dessalines et nous démontrer que la
fièvre jaune a décimé les colons sans autres formes de procès. Nous avons trouvé
une autre source qui confirme le fait de la prostitution endémique dans l'île.
Selon J.B. Leblond qui
voyage dans les colonies françaises de 1767 à 1802 «Les noires et les mulâtresses sont
des coquines lascives et intéressées qui attirent les blancs par toutes sortes
de séduction et qui ruinent leur santé et leur bourse» REF: Auteur J.B. Leblond Titre Voyage aux Antilles Françaises
et en Amérique méridionale 1767-1802.
Face à cette description douteuse,
posons-nous la question: "Et les prostituées blanches : Qui
attiraient-elles?" Cette question non évoquée par Leblond démontre comment
il voulait colorer ce métier universel au détriment de la mulâtresse et de la
noire. Il n'est pas le premier et non le moindre. Le recensement de 1788 comptabilise une grande quantité de
femmes blanches célibataires comme travailleuses de cabaret, en un mot des
femmes de petites vertus pour l'époque. Mais, nous avons comme impression, que
ce fameux J.B Leblond n'avait pas remarqué ces sirènes.
Les indésirables - Beaucoup d'aventuriers
attirés par le gain facile et obligés de quitter la France arrivent à St
Domingue et entretiennent dans l'ile une débauche constante en ouvrant des
bordels, des maisons closes. Citons un exemple parmi ces hommes : Antoine
Dubois, un indésirable exilé de force à St Domingue. Le 20 pluviôse an II (9 février
1803), le ministère de la justice a ordonné
de mettre ce citoyen sous surveillance au-delà des mers. Le 6 ventôse an II( 25 février
1803) Rochambeau reçoit la consigne de
surveiller de près l'individu et de prévenir de son retour sur le territoire
continental . Cet exemple nous démontre les types de forbans, de bandits, de
contrebandiers européens qui sont venus s'installer à St Domingue avec des
mœurs les plus viles, les plus dégoutantes pour former la société future
de l'Ile. De là à comprendre aujourd'hui les comportements délinquants de
certains de nos contemporains, il n’y a qu’un tout petit pas.
Les épidémies dans les
colonies principalement St Domingue en l'an X, XI, XII et XIII 1801, 1802, 1803, 1804).
Présenté conformément à l'article XI de la loi du 19 ventôse an XI et à
la décision du ministre de l'intérieur, du 26 brumaire AN XIII et soutenu
à l'école de Médecine de Paris le 10 nivôse an XIII. Après l'échec de la campagne
d'Égypte, beaucoup de soldats français ont fait route vers St-Domingue, pour
aller soumettre la rébellion des esclaves. Ils ont emmené avec eux une maladie
que leurs historiens n'ont jamais répertoriée. Elle a fait des ravages
considérables dans la colonie : Ce sont les poux du Pharaon. En latin (Pulex penetrans probocide corporis longitudine). C'est un petit pou venu d'Égypte.
Il s'insinue dans les moindres interstices de la peau. Il prend de
l'accroissement et y fait un nid dont l'extérieur ressemble à
l'enchâssement d'une perle. Là, il dépose ses œufs qui deviennent bientôt
autant de chiques. Sa présence occasionne une démangeaison qui croit en raison
de la durée de son séjour. Lorsqu'on ne l'a pas extrait avant
qu'elle se soit multipliée, cette négligence est suivie d'un ulcère très
grave. On confia aux négresses la tâche d'extraire cet insecte dans les
premiers temps. Quand les ulcères deviennent trop grands, la solution à
l'époque, c'était l'amputation. Beaucoup de malades ont refusé cette
solution et souffrent de gangrène et de plaies souvent infectées qui propagent
d’autres maladies et entrainent la mort. Cette pandémie a fait un ravage
parmi les colons à St Domingue entre 1801 et 1803 REF :
Auteur J Marbit Titre Les épidémies dans les colonies,
principalement Saint-Domingue (imprimerie de Didot Jeune
,imprimeur de l'École de médecine No 406 rue des Maçons-Sorbonne Paris An XIII
(1804) J Marbit chirurgien des armées coloniales
Michel Joseph Leremboure premier maire de Port-au-Prince, a écrit dans ses mémoires, la brutalité
des maîtres face aux esclaves. Il dénonçait le proxénétisme des colons qui
incitaient des esclaves noires, des mulâtresses et des femmes blanches créoles
de condition précaire à la prostitution pour augmenter leurs revenus.
Leremboure fut fusillé en 1804 à l'âge de 84 ans. Napoléon le
reprochait son appui et son soutien en cachette aux esclaves et à
l'indépendance d'Haïti. C'est cette partie de l'histoire qu'ils ne nous
ont pas révélée. Sources Euskosare le réseau mondial des Basques REF: Les
Mémoires de Michel Joseph Leremboure, des documents ont été détruits en 1804,
une partie se trouve aux archives de la haute Garonne (Toulouse, France)
Face à cette promiscuité sexuelle, aux mœurs dépravées que les colons
français imposaient dans la colonie, Le général Leclerc a dérogé de sa mission militaire pour
intervenir dans le domaine social, pour essayer de rétablir la situation en
dictant plusieurs décrets dont celui-ci: Décret pour règlementer la vente d'alcool 1802. ART:1) interdiction dans toute l’étendue de
la colonie de tenir cabaret- ART:2) Dans chaque Ville ou
Bourg, il ne pourra y avoir qu'un seul homme par quartier renfermant une
population de 1000 personnes ayant le droit de vendre du vin-ART: 3- Le
vin ne pourra en outre être bu dans le domicile de celui qui l'a acheté.ART:4) La
vente d'eau de vie et de tafia est prohibée au détail. REF: Archives nationales de France. (Indice de référence, les colonies .Cote AF IV-1213). Décret sur l'interdiction de la vente d'alcool dans la colonie promulgué
par le général Leclerc 14 ventôse AN X daté du quartier général du Port
Républicain Source Archives militaires de Vincennes Cote
B7-4 correspondances et lettres de 1802 (voir ma chronique Les pourquoi de la victoire de
Dessalines 3ème partie
Après l'indépendance, pour rompre avec cet héritage malsain légué par la
colonisation française, tel la prostitution à outrance, les naissances
illégitimes, la débauche, le vagabondage, L'Empereur Jean Jacques Dessalines enchâssa
dans la première constitution d'Haïti de 1805, L'article 9 qui stipule ceci: Nul n'est digne d'être Haïtien, s'il n'est bon père, bon fils, bon époux et surtour bon soldat.
Pensons un instant au moral de ce grand Général que les historiens français ont mal présenté au monde.
En conclusion, permettons-nous d'ajouter que dans toute stratégie guerrière, l'adversaire doit profiter de la moindre faiblesse de son vis-à-vis. Ces Européens, dans leur rêve, voyaient l'esclave comme un animal, un être vivant dénué de raison et d'intelligence. Surpris dans leur croyance imbécile, il se sont réveillés un matin avec une défaite sous leurs yeux. Décus et frustrés, ils n'avaient d'autres raisons à forurnir à leurs mandataires, à leurs familles immédiates,à leurs descendants et principalement à l'histoire que la fièvre jaune et le vaudou demeuraient la cause essentielle de cet échec qui a sonné le début de la fin pour toute l'Amérique esclavagiste.
Par : Jacques Casimir (Pasteur D'Amoulio majac14@hotmail.com
Adaptation : Herve Gilbert
Publication : Haïti Connexion Network
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