Les manifestants protestent contre le coût de la vie et la violence en Haïti |
Par :Me Maurice CELESTIN-NOEL
LE CHAPEAUTEUR
Pour expliquer ce qui se passe actuellement en Haïti, il y a lieu de chercher à comprendre le sens de plusieurs proverbes qui rendent à merveille ce qui s'applique à la situation à laquelle nous assistons, ces jours-ci, dans notre pays. Nous pouvons, par exemple, faire l'expérience de ce mot qui dit: " qui sème le vent récolte la tempête." de même que : on récolte ce qu'on a semé." Et, dans un contexte beaucoup plus approprié, on pourrait s'appuyer sur ce dicton qui veut que: " qui compte aller bien loin ménage sa monture." Mais, toujours est-il que ces trois citations suffisent bien amplement à expliquer la cause, l'origine de la commotion sociale qui secoue Haïti dans tous ses compartiments. Du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. Une levée de boucliers qui s'apparente à une guerre civile en gestation. Le mot d'ordre de 1804 est repris. Il est entendu partout. Sur toutes les colonnes. Dans tous les coins on entend allègrement : COUPÉ TÈT BOULÉ KAY. Non seulement le bruit du slogan effraie mais sa mise à exécution fait peur. Brise les cœurs. La mise à sac des petits commerces ne représente absolument rien devant les pertes en vie humaine que l'on compte déjà et celles qui s'annoncent pour les prochaines heures.
Dr Ariel Henry Premier ministre de facto |
Le pays debout, les principales villes en effervescence tiennent le même langage : le Premier ministre de facto doit partir. Pourtant ce dernier s'accroche au pouvoir comme une puce à la peau. "Pas question de faire même une ronde derrière la porte." L'aboiement des chiens, croit-il, ne pourra pas bloquer le passage de la caravane. Pour preuve, le docteur Ariel HENRY, au fort de la crise, comme pour ironiser les manifestants s'est envolé vers l'étranger pour revenir tranquillement chez lui et s'enfermer dans son silence de glace. Non, il a, pour une rare fois pris la parole aux fins de délivrer un discours provocateur de nature à embraser les nerfs de la foule sortie de ses gonds. Des gens qui enragent. Qui se sentent traités en dadais par un Premier ministre qui veut faire comprendre qu'il a été rencontrer des investisseurs. Quels investisseurs ? Sans doute ceux qui sont attirés par la violence. Qui aiment travailler dans un climat chaotique... Malheureusement, en réaction, les énervés ont déversé leur lot de frustrations sur les petits détaillants qui sont pour rien dans le malheur du pays. Loin d'être l'objet de la destruction du corps social haïtien. La situation peut être décrite comme étant celle "des dents cariées qui exhibent leur force sur la faiblesse et la molesse de la banane mâture." Toujours ainsi. "Nihil novi" dit le latin. Rien de nouveau. Les membres de l'oligarchie, les vrais responsables de la misère des pauvres, les corrompus-corrupteurs qui pillent les ressources nationales, qui appauvrissent le peuple en prenant tout pour eux sans rien laisser aux autres, les maîtres de la contrebande, au dessus de la loi, qui refusent de payer les taxes se la coulent douce, sont protégés et ne sont jamais victimes. La police est payée pour empêcher l'accès à leurs domaines et garantir leur intégrité physique. Ils ne meurent jamais. Même quand les événements sont des plus meurtriers. On dirait que la mort n'est pas faite pour eux. La grande faucheuse semble recevoir l'ordre d'aller frapper uniquement à la porte de la populace, des hors pays que François DUVALIER dénommait, sans se gêner, les gens de l'arrière pays. Les gens du "shit hole" que Michel MARTELLY se plaît à traiter de laids, de noirs, de sales à odeur sui generis proche de celle des latrines sinon des porcs.
Les gangs devenus plus puissants sèment la terreur |
Voilà... voilà ce qui de
tout temps est réservé à nos frères et sœurs dont les pères et mères sont en
Afrique. Dont les pères et mères avaient rudement combattu pour nous léguer
cette nation devenue la terre des nantis et l'enfer des anéantis que sont leurs
petits enfants. Des néo-esclaves subissant les pires humiliations de la part de
ces soi-disants haïtiens sans cœur, sans état d'âme qui se croient les seuls
maîtres du pays qu'ils partagent au centième: 99% pour eux et 1% pour les
dénaturés de la classe moyenne inconditionnellement à leur service. Ces
"dangereux" rêvant sans cesse d'un transfert de classe ont un
comportement pire que celui du commandeur d'au temps de l'esclavage. Ils
caressent tous le même rêve, à peu près celui du Black american : une femme
claire, une belle voiture. C'est tout. Non, ce n'est pas tout. En plus, les
nôtres, nos "tardvenus" ont une autre marotte : fréquenter des hommes
et surtout des femmes à la peau claire.
Ces deux catégories, les
hommes et les femmes de la classe des affaires et leurs laquais de la classe
moyenne en association avec certains étrangers règnant en maîtres et seigneurs
sur la terre de Jean-Jacques DESSALINES traitent les autres en parias, en vrais
esclaves. La domesticité chez eux est du pur esclavage. On se plaint du
comportement raciste de certains peuples. À établir une juste comparaison, on
verra qu'il n'y a pas de catégorie plus raciste que nos faux blancs, nos
mulâtres qui ne trouvent rien d'anormal à ce qu'ils soient appelés mulâtres
synonyme de "mulet," produit du cheval et de la bourrique. Ils sont
nombreux des haïtiens de cet acabit qui, ces jours-ci, fuient l'insécurité et
se réfugient en République dominicaine. En terre voisine, ils s'accompagnent de
leurs mêmes vieilles habitudes. ils maltraitent leurs servantes et leurs
garçons de service de la pire façon. Ils n'ont même pas honte. Ceux et celles
qui malmènent davantage leur personnel sont ceux et celles qui, paradoxalement,
ont travaillé comme domestiques à l'étranger. C'est curieux.
Une levée de boucliers qui s'apparente à une guerre civile en gestation |
Ce à quoi nous assistons
aujourd'hui était à prévoir. Ce n'est que l'aboutissement de notre mauvais
comportement. Un comportement irritable. Inhumain, insociable. L'haïtien doit
apprendre à se comporter en homme intelligent, qui prend du temps pour
réfléchir. Il doit chercher à comprendre, par exemple :"qui veut aller
bien loin ménage sa monture". On a un long voyage à faire, on doit prendre
bon et grand soin de son cheval. Pas question de ne pas le nourrir à sa faim.
Pas question, non plus, de l'éperonner sans raison ni le forcer à emprunter des
sentiers abruts et périlleux. Même l'animal: il ne faut pas l'irriter. Ses
réactions peuvent être brutales voire mortelles. Il en est de même de votre
personnel. De vos aides. Traitez les avec respect et dignité. Comme de vrais
humains. Qu'ils mangent à leur faim. Qu'ils soient bien logés. Ne brisez pas
leur estime de soi. Ne les poussez pas à la révolte. À être méchants envers
vous. À vous faire manger et boire "l'impensable." Ils et elles
peuvent facilement le faire. Ils et elles ont la garde de ce que vous consommez.
Ne l'oubliez pas. Réfléchissez. Aviez-vous été corrects envers eux? Leur
aviez-vous donné les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école? Non. En
complicité avec l'État, vous leur aviez refusé un salaire minimum descent.
L'écart entre vous et eux était toujours trop grand. Vous aviez voulu
tout pour vous et rien pour eux. Le "bêchons joyeux pour vous et l'éternel
mourir est beau pour eux." Voilà la somme des abus, des incohérences,
qui nous a conduit à ce carrefour où nous attendent des jours insoupçonnés.
Des jours à faire pleurer. Ceux qui souffrent en silence ne sont pas forcément
des imbéciles. Ils finissent par comprendre : LE VOIR, LE SAVOIR ET LE VOULOIR.
C'est ce qui est arrivé aujourd'hui. C'est un cri de ralliement. Un appel
pressant au changement dans l'ordre des choses. Ils réclament un nouveau
contrat social. Vous devez vous mettre à leur écoute sinon vous aurez à vous
mordre les doigts. Vous aurez à le regretter. D'ailleurs, dites vous bien que
ce cri n'est pas poussé seulement par l'haïtien. C'est un cri qui fait trembler
le monde. Un cri qui réclame un nouvel ordre mondial. La France sans l'Afrique
: terrible tout simplement!!! La technologie moderne dérange. Elle met même les
plus incrédules au parfum.
Les informations
circulent, vont à la "vitesse de la lumière".
Messieurs et dames les
nantis, vous avez semé le vent, la tempête sera à sa dimension car, ne
l'oubliez pas: “tout corps plongé dans un liquide subit une poussée
verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé”. C'est une
loi de la nature. Ce principe d'ARCHIMEDE peut également trouver son
application au niveau comportemental. Surtout chez nous où la justice est
muette. On doit s'attendre à recevoir proportionnellement le contrecoup de ses
actes. La loi du talion est bridée, certes, mais elle existe encore bel et
bien. L'œil pour œil, dent pour dent, avec le temps a cessé de sévir contre
l'autre, cependant il est d'une tendance naturelle à se faire justice quand les
juges se taisent.
Tôt ou tard Jean aura
trouvé ce qu'il aura cherché.
Que Dieu protège
Haïti
Me Maurice CELESTIN-NOEL
LECHAPEAUTEUR rmaurice.celestin@gmail.com