Sur le Mall,
une foule clairsemée mais acquise à Donald Trump est venue écouter et soutenir
le 45e président des Etats-Unis lors de son investiture. La dimension
religieuse de l’installation de Donald Trump comme 45e président des Etats-Unis
était frappante. « Le président élu » prête serment sur la bible, sous le regard de sa femme,
Melania Trump, dont la tenue bleu ciel et l’élégance professionnelle ravissent
les spectateurs. Sous une averse, le discours antisystème qu’il tient dans la
foulée comble d’aise ses supporteurs.
Certains
espéraient un discours rassembleur pour soigner les divisions. Il n’en a rien
été. Le discours d'investiture de Donald Trump a eu un ton prophétique digne de
Savonarole. Le réformateur Jérôme Savonarole à Florence, qui au XVe siècle,
dénonçait la richesse, l’accaparement du pouvoir, la culture exclusive de
l’oligarchie entourant les Médicis, et réclamait plus de participation du
peuple dans le gouvernement de la République. Donald Trump a promis de « transférer le pouvoir au peuple »
et de faire passer « l’Amérique d’abord ». Mais il a également
attaqué ses prédécesseurs et Washington, sans tendre la main à tous ceux qui
n’ont pas voté pour lui. Et sans surprise, les réactions sont diamétralement
opposées, dans un pays plus divisé que jamais.
Mais c’est
du côté de la sphère de l’ultra-droite américaine (alt-right) qu’on trouve le
plus d’enthousiasme. Le polémiste Mike Cernovich trépigne devant « une
nouvelle ère ». Et Richard Spencer, qui avait fait un salut nazi après la
victoire de Trump, a apprécié « un discours populiste et
identitaire ».
Les
applaudissements éclatent à chaque fois que le président promet « de
ramener les emplois » dans le pays, « d’embaucher et d’acheter
américain », de « redonner sa grandeur au pays ». Mais
l’enthousiasme, mesuré, semble loin de la ferveur des meetings de campagne.
Comme si la réalité de l’élection avait déjà un peu douché les rêves de
révolution, soulevés par le candidat.
Dans la foule, presque exclusivement blanche – à l’image du nouveau gouvernement, qui ne comporte qu’un Afro-Américain et aucun Hispanique –, les profils les plus extrémistes côtoient les républicains traditionnels en quête de « changement ».
Venus spécialement de San Diego, en Californie, un groupe d’adolescents rétifs semble incarner la frange la plus radicale du « mouvement trumpiste ». Sans un sourire, Chris, 18 ans, la casquette « Make America Great Again » largement baissée sur les yeux, résume en trois mots le programme qu’il attend du président : « Populisme, nationalisme, constitutionnalisme. » Sa copine, Johanna, 16 ans, même casquette, ajoute qu’il faut « une vraie frontière avec le Mexique pour stopper les illégaux et les délinquants ».
Donald J. Trump a prêté serment devant le Capitole de
Washington devenant officiellement le 45e president des
Etats-Unis.
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Dans la foule, presque exclusivement blanche – à l’image du nouveau gouvernement, qui ne comporte qu’un Afro-Américain et aucun Hispanique –, les profils les plus extrémistes côtoient les républicains traditionnels en quête de « changement ».
Venus spécialement de San Diego, en Californie, un groupe d’adolescents rétifs semble incarner la frange la plus radicale du « mouvement trumpiste ». Sans un sourire, Chris, 18 ans, la casquette « Make America Great Again » largement baissée sur les yeux, résume en trois mots le programme qu’il attend du président : « Populisme, nationalisme, constitutionnalisme. » Sa copine, Johanna, 16 ans, même casquette, ajoute qu’il faut « une vraie frontière avec le Mexique pour stopper les illégaux et les délinquants ».
A peine plus
âgés, mais venus de Pennsylvanie, Kody Sitch et Eric Miller sont intarissables
sur les dégâts de l’assurance-santé mise en place par Barack Obama. Les deux jeunes hommes
attendent une abrogation rapide de « cette loi qui oblige le citoyen à acheter
quelque chose même s’il n’en veut pas, sous peine de payer une amende ».
Quelques heures plus tard, le président Trump accède à leur demande : sous
les caméras, il signe un premier décret présidentiel permettant la
déréglementation de certains aspects de l’Obamacare, dont les pénalités.
Discours inaugural de Donald Trump (DISCOURS COMPLET)
Une courtoisie de (C-SPAN
Une courtoisie de (C-SPAN
Mais parmi
ceux qui ont fait le déplacement en famille ou entre amis, certains dépassent
la caricature du « redneck », l’électeur rural et peu éduqué qui a
permis la victoire de M. Trump. « Qu’on arrête de nous prendre pour des
illettrés de la campagne. Avec Internet, on lit les mêmes journaux qu’à
Washington ou New York, désormais », s’insurge Kathleen, conservatrice
issue d’une famille libérale. Sur un coup de tête, cette infirmière de 65 ans
et sa fille Jessica, employée dans l’agriculture, ont sauté dans un avion la
veille pour venir du Minnesota :
« On
est là pour dire aussi qu’on en avait assez qu’Obama nous parle comme à des
gosses sur un ton condescendant, nous expliquant ce qui est bien pour
nous. »
Même
énervement pour Tim Ebersoli, retraité de l’armée, venu de Pennsylvanie. « Trump
a gagné car les gens en avaient assez du système, pas parce que l’Union
soviétique les a influencés », lance-t-il en référence aux interférences
dans la campagne, attribuées à la Russie.
Donald Trump et sa femme Melania arrivent à la
Maison Blanche le 20 janvier
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Au fil de la
journée, quelques heurts ont éclaté dans la ville entre trumpistes et
contestataires, mais les rencontres fortuites entre les deux camps se sont
généralement soldées par des ricanements et des doigts levés.
Dès l’aube,
des dizaines de petits groupes, sortis en silence de nulle part, s’étaient
engouffrés en plein cœur de Washington vers les points de contrôle donnant
accès aux festivités. Une coalition hétéroclite de militants anti-Trump s’était
rassemblée derrière un collectif baptisé « Disrupt J20 » (« Désorganiser
le 20 janvier »).
Les manifestants anti-Trump sur la Pennsylvania Avenue |
Noel
Schroeder, 30 ans, tenue noire et bandeau de la même couleur sur la tête, est une
des fondatrices de ce groupe d’activistes, créé quelques jours après la
victoire du candidat républicain. « Nous avions une telle rage qu’il
fallait faire quelque chose, explique-t-elle. La victoire de ce type remet en
question notre société tout entière. Qu’il s’agisse de la démocratie, du droit
des femmes, des minorités… Nous voulons montrer que nous sommes là dès le
premier jour d’entrée en fonctions du président. »
Une même
envie de prendre date a incité Nicolas Doulos, 27 ans, d’origine grecque, à
faire le voyage depuis San Francisco. Il était venu en 2009 pour Barack
Obama. De son portefeuille, il sort un ticket de métro de Washington avec
l’effigie de l’ancien président imprimé, à l’époque, pour l’occasion. « Je
voulais être ici, simplement protester.
C’est une satisfaction passagère, mais on a l’impression d’être un peu moins
seul. »
Cedric et
Monique, couple afro-américain venu du Maryland pour voir défiler leur fils Cedric II, qui joue dans la
fanfare, ne sont pas là pour manifester contre Donald Trump. Ils sont calmes
mais « inquiets pour l’avenir ». « Il va falloir repenser notre investissement politique. Je travaille
dans la santé et suis effarée par les propositions de Trump, qui veut supprimer
l’Obamacare. Les gens qui ont voté pour lui ne se rendent pas compte. La casse
va être énorme », prédit Monique, qui n’a pu retenir une larme au moment
de la prestation de serment de M. Trump. « Voir partir Obama est
quelque chose que j’ai du mal à avaler », glisse-t-elle.
Avant de se rendre en Californie, l'ancien président a prononcé un dernier court discours sur la base aérienne d'Andrews, où il a remercié les personnes qui l'ont soutenu. « A tous ceux qui ont lutté pas selon pour améliorer les écoles », qui ont aidé les vétérans, « vous tous qui avez fait un travail remarquable, souvent dans l'ombre (...) nous ne pourrions pas être plus fiers de vous. (...) Je serai là avec vous pour poursuivre l'aventure", a-t-il déclaré.
Avant de se rendre en Californie, l'ancien président a prononcé un dernier court discours sur la base aérienne d'Andrews, où il a remercié les personnes qui l'ont soutenu. « A tous ceux qui ont lutté pas selon pour améliorer les écoles », qui ont aidé les vétérans, « vous tous qui avez fait un travail remarquable, souvent dans l'ombre (...) nous ne pourrions pas être plus fiers de vous. (...) Je serai là avec vous pour poursuivre l'aventure", a-t-il déclaré.
Dans son
discours lors d’un déjeuner au Congrès après la prestation de serment, Donald
Trump a rendu respect à son prédécesseur et, contre toute attente, a rendu
également un hommage appuyé à Hillary
Clinton, sa rivale battue à la présidentielle, Bill et Hillary Clinton, ont assisté aux cérémonies
d'investiture du 45e président des Etats-Unis. Donald Trump a offert une standing
ovation à son ancienne adversaire, qu’il promettait, dans sa fin de campagne
électorale, de jeter en prison. "J'ai été honoré d'apprendre que l'ancien
président Bill Clinton et Hillary Clinton étaient venus aujourd'hui et je
voudrais que vous vous leviez", a déclaré Donald Trump devant des invités
debout qui ont applaudi le couple Clinton, à la fin du déjeuner de parlementaires
du Congrès organisé après la prestation de serment du nouveau chef de
l'exécutif américain.
Par Herve Gilbert
Sources de référence :
leMonde.fr, Lefigaro.fr
Quelques photos historiques du 20 Janvier 2017
Les Obama quittent le Capitole |
La salle, dans le Capitole.AFP
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