Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Saturday, July 31, 2021

Jacob Desvarieux, l’un des piliers du groupe Kassav, est décédé à l’âge de 65 ans

Jacob Desvarieux
21 Novembre 1855 - 30 juillet 2021

En Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, en Haïti, dans l'Hexagone, sur le continent africain, dans tous les pays où ce grand artiste de la musique s'est produit avec le Kassav, anonymes et personnalités politiques, artistiques saluent la mémoire de Jacob Desvarieux. Le monde perd une légende, un immense artiste. Atteint du Covid-19 et hospitalisé depuis plusieurs jours, Jacob Desvarieux est décédé ce vendredi 30 juillet à l’àge de 65  ans.

Guitariste, chanteur, compositeur et co-fondateur de Kassav’, Jacob Desvarieux est aussi à l’origine du titre phare du Zouk : “Zouk la sé sèl médikaman nou ni”qui a donné naissance à ce style musical..Âgé de 65 ans, Jacob Desvarieux est décédé au CHU de Guadeloupe. Mi-juillet dernier, il avait été plongé en coma artificiel après avoir contracté le Covid-19. 

Jacob Desvarieux
Un sourire communicatif, une gentillesse naturelle, une modestie exceptionnelle, Jacob Desvarieux était un artiste unique au parcours atypique. C’est à l’âge de dix ans qu’il avait commencé à se familiariser avec la guitare. Sa mère Cécile Desvarieux -très importante dans son parcours- lui avait offert cet instrument. Il aurait préféré un vélo.

Né le 21 novembre 1955 à Paris, Jacob Desvarieux est parti quelques mois après sa naissance pour la Guadeloupe, l’île d’origine de sa mère. Puis direction la Martinique où avec sa mère, ils ont été chassés par le cyclone Dorothy. Leur maison avait été complétement détruite. Cécile Desvarieux a alors été placée par le Bumidom chez une famille bourgeoise dans l’Hexagone au Vésinet pour y effectuer toutes les tâches ménagères. Le petit Jacob a alors été mis en pensionnat. A cette époque, lui et sa mère regardaient souvent une revue dénommée Bingo, "le mensuel d’actualité au rythme du monde noir". Cécile Desvarieux avait envie de découvrir l’Afrique. Elle a donc décidé de s'envoler avec son fils pour le Sénégal et d'y vivre pendant deux ans.

Au Sénégal

C’est au Sénégal que Jacob Desvarieux a appris à jouer de la guitare avec ses voisins. L’un d’entre eux sera plus tard le bassiste de Youssou N'Dour. Ce premier séjour en Afrique a marqué à jamais le musicien qui plus tard aura grand plaisir à venir s’y produire avec Kassav’. Après le Sénégal, Jacob et sa mère sont revenus en France, à Marseille. C’est là qu’adolescent, il a rejoint un groupe de rock, les Bad grass. Progressivement, il a lâché le lycée pour devenir arrangeur. La passion de la musique était trop forte. Jacob Desvarieux a fait le choix de « monter » à Paris où les opportunités étaient plus nombreuses à l’époque. Ce n’était pas encore le succès, mais le musicien avait réellement trouvé sa voie.

La création de Kassav

En 1979 à Paris, Jacob Desvarieux a fait une rencontre déterminante. Un musicien guadeloupéen tenait à le rencontrer pour lui parler d’un projet un peu fou. Pierre-Edouard Décimus voulait en effet créer un groupe qui revienne aux sources de la musique antillaise et qui soit mondialement connu. Il avait même le nom en tête : Kassav’ en référence à la galette de manioc en créole.

Pierre-Edouard Décimus avait déjà monté Les Vikings, un groupe qui lui avait valu des moqueries de la part de touristes. Il se disait que le nom de son groupe n’était "pas terrible" et ne voulait pas reproduire la même erreur. Pierre-Edouard Décimus a embarqué Jacob Desvarieux dans l’aventure. Ils ont enregistré ensemble un premier album Love and Ka dance puis sont partis à la recherche d’autres musiciens sur la même longueur d’onde.

Kassav’ s’est constitué petit à petit et dès le départ Jacob Desvarieux en était l’un des piliers avec les frères Décimus, Pierre-Edouard et Georges. Puis les Martiniquais Jean-Philippe Marthély, Jocelyne Béroard, et Jean-Claude Naimro ont rejoint le groupe ainsi que les Guadeloupéens Patrick Saint-Eloi et Claude Vamur. En 1984, Jacob Desvarieux a composé en Haïti un tube légendaire : Zouk la sé sèl médikaman nou ni. C’est cette chanson qui a donné son nom à la musique de Kassav’ : le zouk. Georges Décimus avait écrit les paroles. Aimé Césaire a même repris cette phrase Zouk la sé sèl médikaman nou ni dans l’un de ses discours.  

Premier Zénith

En 1985, Kassav’ a fait son premier Zénith à Paris. La salle était remplie : 80 000 personnes en liesse. Jacob Desvarieux était fier de rappeler que ce succès s’était produit sans aucune promotion. Le groupe s’est ensuite lancé dans une tournée en Afrique avec son lot de galères, "pas plus qu’ailleurs" insistait Jacob Desvarieux. Un producteur avait « oublié » de payer des nuits d’hôtel. A Luanda en Angola, en pleine guerre civile, Kassav’ avait chanté devant 90 000 personnes. 

Lors du premier carnaval tropical de Paris en 1986, 250 000 personnes étaient venues applaudir Kassav’ à Vincennes.  Un triomphe. Et puis le groupe a commencé à faire des concerts dans le monde entier. Notamment en 1989, Kassav’ est le premier groupe noir à se produire en URSS à Leningrad, l’ex-Saint-Pétersbourg.  La même année en 1989, le groupe a joué devant 500 détenus à la prison de Fleury-Merogis. Rien ne pouvait arrêter le zouk. Jacob Desvarieux appréciait cette vie de nomade. Il en a fait des tours du monde ! Le guitariste ne s’est jamais lassé de ses communions avec le public à travers la planète.

Syé bwa

Kassav’ a enchaîné les tubes dont le fameux Syé Bwa. Le clip avait été tourné à Kinshasa de manière totalement improvisée. Au fur et à mesure des albums, la voix si particulière de Jacob Desvarieux s'est imposée. Il n’avait pas vraiment imaginé devenir un jour chanteur, mais son timbre grave et singulier a séduit. Le groupe Kassav’ a eu des coups durs comme le départ de Patrick Saint-Eloi en 2002 ou encore le divorce avec Sony, mais à aucun moment selon Jacob Desvarieux le groupe a tangué. A tel point qu’il n’a jamais songé à larguer les amarres et mener une carrière en solo.

Au fur et à mesure de sa carrière, Jacob Desvarieux a eu de plus en plus de propositions dans le cinéma. Il n’a jamais couru après, mais il se voyait mal tout refuser. Lui qui a toujours dénoncé le manque d’acteurs noirs dans le cinéma français. Dès 1992, il avait incarné le musicien Isidore dans Siméon, le film d’Euzhan Palcy. Des années plus tard, grâce à une agent rencontrée à Dakar lors d’un défilé de mode, il s’est retrouvé embarqué dans le tournage des deux premiers épisodes de la série américaine The young pope avec Jude Law. Il a ainsi joué le rôle d’un cardinal africain et n'a pas manqué un seul épisode de cette série qui l'a captivé.

Une santé fragile

En 2009, Jacob Desvarieux a eu de gros soucis de santé. Dialysé pendant un an, il avait souffert le martyre, mais avait choisi de continuer à jouer sur scène. Il ne voulait  surtout pas renoncer à faire de la musique et avait fêté en beauté les 30 ans de Kassav’ le 16 mai 2009 au Stade de France. C’était alors le premier groupe français à avoir rempli l’enceinte sportive. Jacob Desvarieux avait pu être finalement être greffé d’un rein en 2010 et se disait en avril 2021 « rajeuni de dix ans ».

Généreux et bosseur, Jacob Desvarieux aimait faire partager son expérience. Il n’avait aucun mal à donner des interviews dans lesquelles il aimait raconter sa fabuleuse carrière. Ce fut le cas en 2019 à la veille du concert des 40 ans de Kassav’.

Ce concert des 40 ans avait rassemblé 40 000 fanatiques de Kassav’ au Paris La défense Arena. Le groupe n’avait rien perdu de sa vigueur et avait communié pendant trois heures avec son public. Jacob Desvarieux aimait aussi jouer avec des artistes plus jeunes tels qu’Admiral T ou Passi. En 2019, il avait participé au clip Chat Ka Tété Rat dans lequel Admiral T revisitait avec brio la chanson du Guadeloupéen Robert Loyson, grande figure du gwoka.

Le musicien avait toujours plein de projets. Il avait profité des confinements pour souffler un peu et composer. Malgré ses problèmes de santé, il n’avait aucune envie de raccrocher. Le public l’appréciait énormément et nous aussi.

Sources Combinées

Herve Gilbert





Friday, July 30, 2021

Un rapport d’enquête à faire gémir le p’tit chien de Martine

Maison sécurisée électroniquement- Un intrus y dépose les pieds et c'est l'alarme


Par Max Dorismond 

Se déplaçant sous bonne escorte dans les rues du Cap-Haïtien, la veille des funérailles du président sauvagement assassiné, le DG de la PNH, le sieur Léon Charles fut interpellé par un effronté dans la foule : « Eh, chef, regarde toute la sécurité autour de vous, est-ce que le défunt président en avait autant ? ». C’est une impertinente interrogation à double volets, à glacer le sang d’un suspect, ou à le forcer à chier dans son froc. 

Action - Réaction : Je m’attendais à une certaine contre-attaque pour adoucir certaines mœurs débridées dans la cohue. Pris de court, les culottes à terre, deux jours plus tard, à bride abattue, les officiels sur qui plane un doute national ont refilé à la presse un rapport d’enquête, écrit par les officiers de service, témoins du triste évènement de la nuit du 7 juillet 2021. 

Certains journalistes en mal de célébrité sautent sur la « Nanann1 » et crient au scoop, scoop, pour exposer avec panache leur heureuse trouvaille. Les policiers ravis se frottent les mains d’aise. Un certain soulagement leur conforte l’échine, face à cette réception divine des médias de ce document digne d’un film du Far West, un scénario de cow-boys spaghettis des années 60, raconté par des adolescents. 

En plein 21e siècle, le rapport en question me transporte dans l’arrière-pays avec, dans le décor, non pas un cadre de la police comme auteur, mais un « chef de section communale », rédigeant une narration après un vol de cabris dans la campagne environnante.  

Tout cela n’est que de la poudre aux yeux pour brouiller la vision de quelques excités de la rue. Si l’enquête laisse couler ces niaiseuses informations, c’est qu’il existerait un point d’intérêt : faire du cover-up pour créer une diversion et protéger plusieurs suspects. Certains sentent la soupe chaude et jettent l’anathème sur les petits policiers, ces petits pions qui avaient reçu l’ordre de se la fermer. 

À l’ère de la haute technologie, sur n’importe quel téléphone ordinaire, on peut suivre en temps réel tout ce qui se passe chez soi, allez voir chez un président. Les cadres de la police haïtienne n’ont pas été formés en Haïti, mais bien à l’étranger. À titre d’exemple, Dimitri Hérard a étudié en Équateur. Donc, ils s’y connaissent tous en protection électronique. 

Par conséquent, point n’est besoin de ma part d’effectuer des recherches pour mon commentaire. Les responsables de la sécurité devraient recevoir sur leur téléphone de service, scripté, sur leurs écrans chez eux, une alerte en direct de tout ce qui cloche chez le premier citoyen de la Nation. C’est indéniable. Ne venez pas écrire : « Le président m’a téléphoné pour me dire qu’il est en danger ». C’est comique. Pendant que les balles lui fracassent le crâne, il téléphone. Ton-nè ! 

En principe, pour une maison sécurisée, un intrus à 50 mètres aux alentours devrait être signalé électroniquement aux responsables, aux gardiens de sécurité, via un écran. Avec un simple cellulaire aujourd’hui, plusieurs Haïtiens en voyage à l’étranger regardent tout ce qui se passe chez eux. S’il y a des intrus, ils reçoivent une alerte automatiquement, quel que soit le point où ils se trouvent sur le globe. 

À titre d’exemple, allez faire un simple geste d’envoyer une mangue en cadeau à travers les airs pour l’ambassadeur américain et vous me direz ce qui vous arrivera dans une fraction de seconde. Et ceci vaut pour toutes les ambassades de Port-au-Prince. Tous les Haïtiens le savent. C’est pourquoi, quand la populace crie au « Pays Lock », elle connaît instinctivement son parcours et ses limites. Elle n’a point besoin d’œillères ni de balises. 

Messieurs les policiers, n’essayez pas de faire croire au public que vous êtes des imbéciles. En tout cas, le plus imbécile n’est pas le peuple haïtien. Point n’est besoin d’entrer dans les détails! Un budget spécial a été voté pour une sécurité sophistiquée du premier citoyen. Dites pourquoi ça n’a pas fonctionné ? L’expression « caméra de sécurité » n’a jamais été prononcée jusqu’à présent. Pas une fois. Cherchez l’erreur ! Où est passé le drone du Village-de-Dieu ? 

Aujourd’hui, vous pouvez doter votre enfant de 6 ans d’un téléphone cellulaire ou d’une simple puce électronique achetée dans les magasins en vrac et le laisser sortir seul pour aller chez ses copains et vous l’aurez à l’œil. Messieurs les policiers, vous qui avez étudié la sécurité à l’étranger, le pays hôte qui vous avait instruits vous attendait dès le premier jour avec sa panoplie de gadgets électroniques pour offrir à votre gouvernement toutes sortes de bébelles de sécurité. En réalité, qu’en avez-vous fait ? 

Oh oui, le président a téléphoné : je suis en danger, viens me sauver.

Messieurs, cessez ce carnaval risible. Nous ne sommes pas en février. Cessez de faire les clowns. Ou bien les journalistes jouent aux fanfarons avec leurs auditeurs naïfs, ou bien c’est une fausse primeur (scoop). Ce n’est pas sérieux. 

Le président savait que sa vie était en danger. Il répétait souvent, à qui voulait l’entendre, qu’il restait tard la nuit, sur internet, cherchant les prix réels des matières premières, pour mieux confondre les contrebandiers qui voudraient lui vendre à prix d’or le kilogramme d’asphalte. De la même façon, il aurait pu aller pianoter sur son ordi, en écrivant simplement sur son navigateur : « Comment sécuriser ma maison ». 

En guise de réponse, plus de 10 000 accessoires de sécurité à vendre sur la toile seraient disponibles par ce simple geste. Donc, il lui aurait suffi d’en commander, et le voilà avec un écran et des « boutons colorés » à presser à chaque 5 mètres chez lui pour contacter le vigile concerné. Nous ne sommes plus au temps où l’agent de sécurité faisait sa ronde, les yeux rougis par le sommeil et une clochette à la main pour effaroucher les chats. 

Que faites-vous de l’alarme insonore, connue sous le titre de « Alarme invisible », qui résonne au bureau de la police seulement, annonçant que votre maison n’est pas sécurisée et qu’il y a un intrus ? Je ne veux nullement penser que je suis mieux protégé que le président d’Haïti qui essuie à longueur de journée la hargne des impatients qui rêvent de le remplacer devant la caisse sonnante et trébuchante. Voyons donc ! 

D’ailleurs, si la vie du président était assurée par une quelconque compagnie d’assurance, cette dernière lui aurait conseillé un kit de sécurité. C’est l’abécédaire de la protection.   

Cette enquête résumée avec panache par certains « radioman », friands de scoops, si je me permets cette nuance, me laisserait perplexe. Heureusement qu’il en existe d’autres journalistes, moins avides de reconnaissances et plus circonspects, pour l’expliquer avec une certaine réserve et un certain détachement, pour éviter d’être manipulés. Vous percevez leur gêne et non le triomphe de l’acceptation, lors de la lecture de ce rapport bidon qui nous ramène dans les campagnes haïtiennes, à l’époque où les « Chef sections » remplissaient des procès-verbaux pour quelques voleurs de poules. 

Je sais que, globalement, Haïti est en retard, mais sur le plan individuel, beaucoup d’Haïtiens ont évolué, ont étudié, et ont vu du pays. Donc, ils ne sont pas prêts à laisser tordre le cou à la vérité aussi facilement. Comme l’avait répété Jean Dominique : « Ne prenez pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ». Tout cela sent la magouille, le cover-up, pour cacher la vérité, créer la diversion pour noyer l’évènement, et faire la part belle aux vrais coupables qui sourient de toutes leurs dents en se disant : « Lankèt fenk kare se pouswi ». 

Max Dorismond




Note – 1 : « Nanann » : Expression comique dans le savoureux créole haïtien désignant un appât pour attirer et piéger un animal retors, un rongeur nuisible, un pigeon craintif, etc. Ici, l’expression vient de la banane pour nourriture.   

   



Tuesday, July 27, 2021

À la mémoire d'Herman Nau, cofondateur et batteur virtuoso du groupe musical haïtien "Tabou Combo"

HOMMAGE AU TABOU COMBO DE PÉTIONVILLE 

Herman Nau décédé le 25 juillet 2021
 

À la mémoire d'Herman Nau, cofondateur et batteur virtuoso du groupe musical haïtien  "Tabou Combo", décédé le 25 juillet 2021...

J’ai serré la main de quelques membres, parmi  du Tabou Combo deux fois, (parmi lesquels le très gentil Maestro Chancy et le sympathique Herman Nau, virtuoso dans l'art merveilleux de la percussion) non par amitié close, mais presque par pur et simple hasard. C'était au cours d’une entrevue sur le dixième anniversaire de ce supergroupe avec Albert Chancy pour la Revue Hebdomadaire du Journal Le Nouveau Monde dont le Rédacteur-en-Chef Roger Gaillard, alors mon professeur, m’avait donné carte blanche pour faire des reportages sur la musique haïtienne et antillaise; ensuite au début du premier bal de Tabou, sans doute en 1980, dans la ville de Panamá, Panamá, où j’étudiais l’espagnol et servais de correspondant littéraire pour le même magazine. 

Après ce fameux bal-concert du Tabou qui glana des éloges dans la presse locale, cette capitale de l’Amérique Centrale devint la plateforme magique d’où le “konpa” s’était lancé avec succès et grand respect à travers la Caraïbe et l’Amérique du Sud, spécialement en Républicaine Dominicaine où “el merengue” s’est renchéri un peu sur l’or du “konpa” et en Colombie où le “cumbia” a pu recharger sa batterie africaine avec le feu musical de Bois-Caiman importé du rythme haïtien.

Le Tabou Combo de Pétionville demeure le “gouverneur de la rosée” dans la forêt fertile des mini-jazz antillais, la Perle du “Compas” incrustée jusqu’au sang dans nos coeurs dansants à la belle étoile, le créateur charitable des grands succès, “Le Huitième Sacrement (1974), “New York City” (1975) et “Baissez-Bas (1983) qui impressionnèrent toute la France et inspirèrent certains impresarios européens, dont le fameux Eddie Barclay, à jeter un coup d’oeil furtif, mais heureux, sur l’esthétique sonore qui bougeait alors en cadence festive sous le ciel bleu d’Haïti. 

Herman Nau


Je crois que le Tabou Combo, désormais baladin de notre héritage musical et culturel, a le devoir de composer sa belle biographie imaginée à travers des notes incendiaires, le conte féerique de son remarquable succès durant ces 52 dernières années. Grâce à lui et aux autres mini-jazz du terroir, Haïti, le berceau du rythme “compas direct” né dans l’âme de Nemours Jean-Baptiste, alors Maestro de l’Ensemble aux Calebasses (circa 1955), est devenu le temple de la musique afro-antillaise dont l’encens original a inspiré des groupes exceptionnels comme l’Exile One, les Grammacks de Jeff Joseph, Kassav, etc.  

Le Tabou Combo est une voix sonore, vivace et profonde dans l’histoire de la musique haïtienne et antillaise. Telle fable écrite en créole vivant et semée d’évènements extraordinaires révèle un saut vertical vers la liberté d’expression musicale.  Cette libération miraculeuse s'accomplit à Pétionville et à Port-au-Prince, chez les jeunes musiciens des années 68, alors un peu étourdis par les vieilles compositions importées d’outre-mer, mais tous électrifiés par le grand désir de rajeunir et de re-créer, en des termes modernes nourris d’un nationalisme purement artistique, le rythme passionnant de l’Ensemble Aux Calebasses de Nemours Jean-Baptiste. 

Je dirais aussi que le Tabou Combo incarne un remue-ménage de la mentalité artistique de notre société plus ou moins ankylosée dans la démence du passé, une sorte de révolution culturelle inspiratrice d’une musique nouvelle qui est restée, sans nul doute, le bonheur quotidien du peuple haïtien. 

Tout au long de sa carrière, le Tabou Combo a génialement orchestré, grâce à sa créativité d’avant-garde et sa brillance d’étoile polaire, l'effort très humain de partager notre indépendance musicale avec nos frères de la Caraïbe. Aujourd’hui plus que jamais je suis heureux d’être un fanatique éberlué du Tabou un peu plus que je l’étais à l’âge de quinze ans. Car je crois que les groupes antillais les plus applaudis et les plus appréciés dans le monde ne sont rien d’autre que des ombres merveilleuses attachées au drapeau original du “konpa” haïtien dont le Tabou Combo de Pétionville est, à mon avis, le représentant authentique.

Lyonel Vilfort 

Chicago, IL

Des révélations de CNN sur l’enquête concernant la mort de Jovenel Moïse

Président Jovenel Moïse
             

La chaîne américaine CNN revient sur les nombreuses entraves auxquelles doivent faire face les officiers de justice chargés d’enquêter sur l’assassinat du président Jovenel Moise, le 7 juillet dernier dans un sujet diffusé ce mardi. CNN dit avoir obtenu en exclusivité des documents qui ont été versés au dossier sur l’enquête sur la mort de Jovenel Moïse. Des documents démontrent à quel point cette enquête s’annonce compliquée.

De nombreuses menaces de mort ont par exemple été proférées, notamment par SMS à l’encontre de greffier, mais aussi à l’encontre de Carl Henry Destin, le juge de paix chargé de l’enquête, qui confie à CNN être, depuis, obligé de se cacher. Des barrages routiers empêchant d’accéder aux scènes de crime ont été aussi érigés. Les documents récupérés par CNN démontrent également des lacunes évidentes de la part de la police haïtienne et des problèmes entre policiers et officiers de justice.

Des témoins essentiels ont, par exemple, tout simplement disparu. Une enquête obscure qui pourrait être une conséquence de la désorganisation d’un système judiciaire sous-financé en Haïti, selon CNN, même si la chaîne pointe aussi l'incertitude autour d’une enquête qui alimente les craintes de forces obscures et mystérieuses.

Plus de trois semaines après l’assassinat du président Jovenel Moïse, inhumé le vendredi 23 juillet 2021, l’enquête se poursuit à Port-au-Prince. De nouvelles arrestations sont annoncées alors que la chaîne CNN révèle des pressions sur ceux chargés d’instruire le dossier.

Qui a tué Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, dans sa résidence privée de la capitale ? Une question toujours sans réponse. La police haïtienne a, pour l'instant, arrêté une vingtaine de mercenaires colombiens, mais semble aujourd’hui concentrer ses investigations sur la garde rapprochée du président. Le commissaire divisionnaire Jean Laguel Civil est ainsi placé en garde à vue, ce 27 juillet. Il était l’un des 4 haut-gradés de la police nationale chargés de la sécurité de Jovenel Moïse, comme nous l’explique Gotson Pierre, le rédacteur en chef d’Alterpresse, qui nous apprend que, toujours dans le cadre de cette enquête, la police a aussi émis un avis de recherche visant Wendelle Coq Thélot, une juge à la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire du pays. La magistrate avait été mise à la retraite par le président Moïse. En parallèle, la chaine américaine CNN révèle des documents présentés comme internes au ministère de la Justice, qui font état de nombreuses menaces, y compris de mort, sur les enquêteurs.

Source : RFI

Friday, July 23, 2021

Haïti dit adieu à son président assassiné, Jovenel Moïse

La résidence familiale où s'est déroulée les funérailles du président Jovenel Moïse

C’est sous haute sécurité et sur fond de tension,  qu’ont eu lieu, ce vendredi 23, les funérailles du président  Jovenel Moïse assassiné le 7 juillet dernier par un commando armé. Les obsèques ont eu lieu dans la ville du Cap-Haïtien, en présence de la veuve du chef d'État ,  des membres du gouvernement ,des diplomates et de plusieurs délégations étrangères. 

Ses funérailles ont été chantées sur le site familial à Madeline, dans une atmosphère tendue et marquée par une forte incertitude. Sa mort faisant résurgir des tensions historiques au sein de la population septentrionale. Les habitants du nord rappellent que Jovenel Moïse est le cinquième chef d’État originaire de leur région à avoir été tué dans l’ouest, où se trouve la capitale, Port-au-Prince. Certains accusent les Haïtiens de l’Ouest d’avoir perpétré ces assassinats.

Assassiné à l'âge de 53 ans, le chef de l'État a été enterré en toute intimité dans les jardins de la résidence familiale, d'où il était natif.

Son cercueil, recouvert du drapeau national et de l'écharpe présidentielle, était exposé sur une esplanade, ornée de fleurs. La dépouille était gardée par des soldats des Forces armées d'Haïti.

Martine Moïse lors de la cérémonie
La sœur du président, très affectée, un de ses fils et sa veuve Martine Moïse ont tour à tour pris la parole. La veuve du président, gravement blessée lors de l'attaque qui a coûté la vie à son mari. Le visage barré d'un masque portant une photo de son mari, s'est inclinée devant le cercueil de celui-ci. Martine Moïse n'a pas mâché ses mots lors de son oraison funèbre: « On a comploté contre toi, te condamnant à mourir dans la barbarie et la cruauté, toi toujours si loyal envers eux, tu as été abandonné et trahi », a-t-elle dénoncé. 

« Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment ? », a-t-elle encore demandé. « Il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste », a affirmé l'épouse en deuil, coiffée d'un chapeau noir, « ce système auquel peu avant lui ont voulu s'attaquer ». « Il s'est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc, en face de lui », a-t-elle poursuivi, ajoutant toutefois ne vouloir « ni vengeance, ni violence.

Le père Robès Charles, le célébrant principal venant de Fort Lauderdale, Floride, s’est aussi interrogé sur l’état du pays : « Y a-t-il encore des hommes et des femmes dans les pays capables de défier la complicité des forces, et pourtant, qui ont conduit à la ruine du pays. »

Un bataillon a rendu les honneurs militaires au chef de l'État, avec notamment l'hymne présidentiel, suivi de l'hymne national. La cérémonie religieuse était dirigée par cinq prêtres.

Mme Moïse a rendu un hommage appuyé à son mari, à la fructueuse carrière d'entrepreneur avant son entrée en politique, et a déploré sa fin tragique, "sauvagement assassiné", "abandonné et trahi". "Vouloir libérer l’État des griffes d’oligarques corrompus, est-ce un si grand méfait ?", a demandé l'épouse en deuil, coiffée d'un chapeau noir.

À Port-au-Prince et dans les grandes villes d'Haïti, plusieurs cérémonies d'hommage distinctes ont aussi été organisées à la mémoire du président assassiné. L'une d'entre elles s'est déroulée en présence d'Ariel Henry, le nouveau Premier ministre qui a pris ses fonctions mardi, promettant de rétablir l'ordre afin d'organiser des élections exigées par la population et la communauté internationale.

La cérémonie a été ponctuée de cris de colère accusant la police de ne pas avoir protégé le président. La police qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants près du lieu des funérailles, où des pillages de magasins ont également été signalés.  La délégation américaine a quitté précipitamment les lieux, mais la cérémonie s'est poursuivie malgré tout.

Plus de quinze jours après cet acte odieux, l’enquête avance selon la police, mais les commanditaires  ne sont toujours pas connus. Vingt-six personnes au total ont été arrêtées et trois autres ont été tuées après la nuit tragique du 7 juillet. Quarante-cinq interrogatoires et treize perquisitions ont été menées au cours desquelles les autorités ont découvert une soixantaine d'armes à feu, dont certaines appartenaient à la police national d’Haïti.

L’une des pistes explorées pour remonter à l’origine de ce complot est de suivre les mouvements de l’argent employé dans ce scénario. Une piste qui mène, selon la police haïtienne, à un certain Walter Veintemilla et son entreprise « Worldwide Capital Lending Group », basée en Floride. Les enquêteurs tentent notamment de savoir si les forces de l’ordre haïtiennes avaient été infiltrées et se posent toujours la question de savoir comment le commando a pu si facilement accéder à la résidence privée de Jovenel Moïse.

Source combinées

Herve Gilbert




Lire dans la même rubrique:Eloge funèbre de Martine Moïse aux funérailles de son époux ....


Éloge funèbre de Martine Étienne MOÏSE aux funérailles de son Époux, SEM Jovenel MOÏSE, assassiné le 07 Juillet 2021

    « Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre » a lancé Martine Moïse indexant ce qu'elle appelle les oligarques corrompus.                                 
                                 
 
Au nom de toute la famille Présidentielle, j’aimerais vous remercier du plus profond de mon cœur de votre présence parmi nous pour rendre un dernier Hommage à mon mari Jovenel MOÏSE. La famille vit ces moments avec beaucoup de difficultés et d’émotions.

Faire le déplacement jusqu’ici pour nous soutenir, pour dire adieu au Président de la République, est une marque de sympathie qui procure force et courage à toute la famille et l’aide à surmonter ces épreuves.

Quand j’ai rencontré Jovenel Moïse, cet homme qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants, ses professeurs, camarades, amis et connaissances le décrivaient comme un esprit brillant, inventif et créatif ; un être passionné et déterminé, une personne sympathique, enjouée, dotée d’un grand charisme ; un jeune homme réservé mais tellement généreux.

Martine Moïse devant le cercueil de son mari

Ce jeune homme m’a charmée et séduite. Il m’a conquise. Il a gagné mon cœur et depuis, nous avons décidé de construire un seul et même avenir. Nous avons choisi de ne faire qu’un seul et même être. Il est devenu ma chair et mon sang coulait dans ses veines. Il est devenu mon hymne et moi son orchestre.

Ce jeune homme passionné, cet entrepreneur à succès, mon Jovenel Moïse, a toujours cherché à faire plus, à faire mieux. Il ne voulait pas fermer les yeux sur les conditions de vie de ses parents, de ses frères et sœurs qui ont  dû travailler rudement pour faire son éducation.

Pour en avoir été longtemps une victime, il connaissait bien les vices de ce système pourri et injuste dont personne avant lui n’a voulu parler. Ce système auquel peu avant lui ont voulu s’attaquer.

 Alors un jour, il a décidé de se porter candidat à la magistrature suprême de l’État. De mettre la main à la pâte, d’intégrer le système pour le combattre. Et depuis ce jour, j’ai dû me familiariser à entendre parler de cet homme que je connais si bien en des termes dont je ne connaissais pas l’existence.

Mon Jovenel a été traité de tous les noms que peuvent faire inventer la haine de soi et le dégoût que suscite le reflet de soi dans ceux qui nous ressemblent. Sous l’anonymat des réseaux sociaux ; derrière la toute puissance des micros et la pointe de stylos vendus à prix d’or ; cachés sous des titres ronflants dont ils s’affublent, experts ès mensonges, consultants en générations de problèmes, techniciens du chaos, politiciens miséreux et si misérables, chacun s’est voulu plus créatif que l’autre.

Des soldats  montent la garde devant le cercueil

J’entendais des adjectifs associés au nom de mon bien-aimé et j’avais du mal à m’imaginer que la folie du pouvoir, la vulnérabilité économique, le vant vid, l’envie pouvait conduire à autant de méchancetés.

Mais on s’y était préparé. La famille savait que le combat de Jovenel Moïse nous vaudrait toutes les turpitudes.

Ce à quoi nous n'étions pas préparés, ce à quoi je n'étais préparée c’est de me tenir debout aujourd’hui pour prononcer l’éloge funèbre de mon époux. C’est me réveiller un matin et ne pas voir Jovenel à mes côtés.

Comment accepter l’idée de ne plus entendre ta voix, tes rires, de ne plus te toucher, de ne plus entrelacer mes doigts aux tiens ? Comment t’imaginer partir quelque part sans moi, sans tes enfants ?

 C’est un cauchemar dont je n’arrive pas encore à me réveiller ! C’est une situation à laquelle tu ne nous avais pas préparée !  Ta femme, tes enfants, tes petits enfants, tes sœurs, tes frères, tes neveux et nièces, cousins et cousines, tes amis, tes collaborateurs, ton peuple ! Nous sommes là ce matin à faire quoi ? Te rendre un dernier hommage ? Faire ton deuil ? Tu ne nous as pas préparé à cela !

Je me souviens encore de toi me disant que tu veux partir les mains propres et pures. Mais tu ne pensais pas partir sans avoir pu nous faire tes adieux. Tu ne pensais pas partir mutilé, désarticulé !

 Tu as été sauvagement assassiné, toi qui as toujours renoncé à la violence ! Tu as toujours prêché le pardon, la réconciliation, le tèt ansanm ! On a comploté contre toi, te condamnant à mourir dans la barbarie et la cruauté!

 Toi si indulgent envers les autres, tu as connu la haine ! Ils t’ont jeté leur venin pour assassiner ton caractère. Toi toujours si loyal envers tes proches, tu as été abandonné et trahi.

Ton assassinat a mis à nu leur haine, leur laideur et leur lâcheté.

Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment, toi, dont le plus grand péché a été d’aimer ton pays. Défendre les plus faibles, les plus vulnérables, les opprimés, les sans-voix contre l’avarice des uns et la cupidité des autres, est-ce un crime ?

Vouloir libérer l’État des griffes d’oligarques corrompus, est-ce un si grand méfait ? Pourquoi vouloir électrifier son pays provoque autant de haine et de violence ? Quand combattre la corruption est-il devenu un délit ? Pourquoi vouloir démocratiser le crédit est un péché ? Comment lutter pour l’égalité des chances d’accéder à la fonction publique est devenu condamnable ?

Sœurs et frères, Haïtiennes et Haïtiens, si vous croisez les bras et  regardez faire les bourreaux, le sang ne cessera de couler. Aujourd’hui, c’est Jovenel Moïse. Demain, ce sera elle, ce sera lui, ce sera moi, ce sera nous.

Les rapaces courent encore les rues. Leurs griffes et leurs crocs ensanglantés sont encore à la recherche de proie. Ils ne se cachent même pas. Ils sont là à nous regarder, à nous écouter, espérant nous faire peur. Leur soif de sang ne s’est pas encore étanchée.

Mais Jovenel Moïse nous a montré le chemin. Il nous a ouvert les yeux. Alors ne laissez pas se verser en vain le sang de votre Président. Crions justice ! Crions justice ! Crions justice !

Nous ne voulons  ni vengeance, ni violence. La violence amène la violence répétait souvent le Président Jovenel. Nous ne céderons pas non plus à la peur. La peur engendre la peur disait-il toujours.  Nous allons les regarder droit dans les yeux comme, Jovenel Moïse les aurait fixés. Et nous allons leur dire que c’est assez !

Frèm, Sèm, Ayisyen, Ayisyèn kap viv nan 4 kwen peyi a ak nan diaspora, ou menm ki vi n sipòte fanmi an nan moman difisil sa,

Nou diw mèsi anpil. Prezans ou ban nou fòs ak kouraj pou n ka kenbe. Yo asasinen Jovenel Moïse, men yo pa ka asasinen ni vizyon l, ni ide l yo, ni rèv li genyen pou peyi sa. Nou pèdi yon batay, men nou pa pèdi lagè. Lit la poko fini. Jovenel pap lage nou nan wout. Li te deja montre nou chimen an. E l ap kontinye akonpanye nou jiskaske nou rive, menm si chimen an long.

Jovenel mon amour, mon compagnon, mon ami, mon autre moi, que vais-je devenir sans toi  ? Comment me résoudre à vivre sans toi ?  Ces pleurs qui inondent mon cœur, ces larmes dans lesquelles mon âme se noie, quand viendras-tu les sécher ?

Je ne peux te faire mes adieux. Alors je te dis au revoir Jovenel. Pars avec tout l’amour que je te porte. Les valeurs que tu nous a inculquées à tes enfants, à moi, à la jeunesse de ton pays continueront d’exister de générations en générations.

 Pars en paix mon amour ! Pars avec le sentiment du devoir accompli ! Laisse ton âme reposer en paix ! Nous nous chargerons du reste !

Martine Moïse  


Tuesday, July 20, 2021

La diaspora haïtienne victime de son désir de sauver Haïti

Elle est interpellée sur toutes les tribunes. Et certains filous n’ont pas hésité à exploiter ce désir secret qui sommeille au fond de son âme : sauver la terre natale du déluge. C’est un rêve de tous les instants. Pour sortir du cauchemar, elle s’agrippe à toutes les bouées. Flairant le pactole, certains filous en profitent pour la rançonner et abuser de leur faiblesse.

Et voilà, aujourd’hui, la presse canadienne relie certains noms connus de notre communauté aux bandits de grand chemin, présumément trempés dans le crime du siècle. C’est très malheureux. La diaspora, naïve et imprudente, étant une vache à lait, est la première poire à purger pour obtenir le fric et faire la fête sur le dos d’Haïti. Mais, connaissant quelques-unes des victimes, je suis sûr qu’elles ont fait les frais, malgré elles, d’une arnaque sans commune mesure.

Max Dorismond


HAÏTI
L’enquête sur l’assassinat du président fait un détour par le Québec

Voici le lien : https://lp.ca/eP7tbp?sharing=true

Par  Vincent Larouche
LA PRESSE


Christian Emmanuel Sanon, l’homme accusé d’avoir recruté le commando qui a tué le président d’Haïti, promouvait sa propre candidature à la présidence à l'aide des noms de nombreux résidants du Québec, a appris La Presse. Cependant, il aurait utilisé l’identité de ces membres de la diaspora haïtienne sans leur autorisation, à leur grande surprise.
Un ex-candidat à une élection provinciale. Une ancienne militante du Parti conservateur du Canada. Des enseignants, des entrepreneurs, des artistes et de nombreux professionnels de la santé. La liste des appuis dont se vantait Christian Emmanuel Sanon dans la diaspora haïtienne au Québec, alors qu’il faisait la promotion de sa candidature pour devenir président d’Haïti, est impressionnante. Elle est aussi fausse, en grande partie ou même en totalité, affirment de nombreuses personnes jointes par La Presse. 

Christian Emmanuel Sanon, qui se dit médecin et pasteur, a été arrêté la semaine dernière par la Police nationale d’Haïti en lien avec l’assassinat de Jovenel Moïse. Selon le chef de police, il avait des « objectifs politiques » et aurait recruté les mercenaires colombiens qui ont mené l’attaque. 

M. Sanon était peu connu, mais il ne cachait pas son ambition de devenir président d’Haïti depuis des années. Sur un site web maintenant inaccessible, ses photos apparaissaient accompagnées d’explications sur sa candidature. 
La Presse a obtenu un document daté de mai dernier qui était accessible sur le site faisant la promotion de la candidature de M. Sanon. Le texte dénonce la récente dérive autoritaire du président Moïse, qui avait « volé la démocratie pour laquelle les Haïtiens ont donné leur vie », selon les auteurs. 
Président pour trois ans
Le document propose de nommer Christian Emmanuel Sanon chef d’un gouvernement de transition pour trois ans, afin de rétablir les fonctions de base de l’État et d’organiser un scrutin fiable. 
« Il s’est engagé à avoir un gouvernement qui sert le peuple, et non pas un gouvernement où le peuple sert le gouvernement », poursuit le texte. 
Un autre document, daté du 7 février et rattaché en annexe au premier, propose qu’à la place du Parlement en crise, M. Sanon soit épaulé par un conseil consultatif qui comprendrait un représentant de la diaspora au Canada. 
Suit une liste de noms censés appuyer la déclaration. Le premier signataire est Phénil Gordon Désir, représentant d’un parti politique d’opposition haïtien qui est actuellement recherché par la police nationale pour sa participation à l’assassinat du président. 
La majorité des noms qui suivent sont ceux de membres de la diaspora haïtienne au Québec. Certains sont accompagnés d’une signature, mais la plupart n’ont pu signer en raison de la pandémie et ont plutôt donné leur appui par téléphone, précise une note manuscrite sur la feuille. 
Surprise et incompréhension
La note précise que plusieurs des confirmations ont été obtenues par Mercedes Durosel. 
Mme Durosel est morte à l’hôpital Santa Cabrini, à Montréal, le 6 avril dernier. Elle avait siégé dans une foule d’organismes au Québec. Militante au Parti conservateur dans la circonscription de Bourassa à l’époque de Brian Mulroney, elle s’était liée avec plusieurs politiciens québécois. 
Au fil des années, elle avait été nommée au Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme et au Comité aviseur sur les relations interculturelles de Montréal. Elle a présidé l’Association économico-féminine multiethnique. 
Son fils Luc-Adim Jeanty, dont le nom figure aussi sur la liste, affirme n’avoir jamais entendu parler de Christian Emmanuel Sanon. Sa mère ne lui a jamais parlé d’appuyer un candidat à la présidence. 
« Je lui parlais chaque jour, et elle n’a jamais dit ce nom. Elle m’a dit que des gens à l’ambassade d’Haïti voulaient la faire entrer dans un poste quelconque. Peut-être que des gens essayaient de profiter d’elle et de son bon cœur. En politique, les gens appellent comme ça pour prendre tes contacts dans la communauté », dit-il. 
Ralph Anglade, mécanicien du Grand Montréal dont le nom apparaît sur la liste avec son numéro de téléphone, affirme, lui aussi, ne jamais avoir entendu parler d’un quelconque appui à un candidat pour la présidence. 
« Si je suis ici, c’est parce que j’ai été victime de la politique là-bas, en Haïti. Je ne donne pas mon appui facilement à un politicien. Je n’aurais jamais accepté d’appuyer ce monsieur que je ne connais pas. »
— Ralph Anglade, résidant du Québec dont le nom apparaît sur la liste
« Mme Mercedes m’a dit qu’elle avait été choisie pour quelque chose, et elle m’a dit : “Peux-tu me donner ton appui, Ralph ?” J’ai dit oui, mais c’était seulement pour elle », ajoute-t-il.
Badiona Bazin, comédien, comptable, animateur de radio et ancien candidat du Parti québécois dans la circonscription de Laurier-Dorion, a été surpris, lui aussi, de découvrir que son nom figurait sur la liste des appuis à M. Sanon. 
« Mercedes Durosel était une amie d’enfance. Une femme de théâtre, d’art et de culture. Elle m’a parlé de quelqu’un à Miami qui voulait se présenter. Elle voulait faire partie d’un comité. Je lui ai donné mon appui à elle, pour qu’elle puisse organiser des choses avec ce monsieur. Mais c’était elle que j’appuyais. Pas ce monsieur, que je ne connais pas », relate-t-il. 
Quatre autres membres de la diaspora au Québec dont les noms et les numéros de téléphone personnels apparaissent sur la liste affirment ne rien comprendre à cette histoire et n’avoir jamais entendu parler du candidat à la présidence Christian Emmanuel Sanon avant son arrestation. Ils disent tous avoir ignoré jusqu’à lundi que leur nom était utilisé dans un document à l’appui de son mouvement politique. 
Ancien collaborateur « armé et dangereux » 
La Presse a révélé la semaine dernière que Christian Emmanuel Sanon, qui partageait son temps entre Haïti et la Floride, avait déjà agi comme vice-président d’un organisme québécois d’aide internationale fondé en 2018, à Laval. 
L’organisme, baptisé d’abord UNIHA puis FEDICCHA à partir de 2019, n’avait pas réussi à faire décoller ses projets en santé et en éducation en Haïti. Dimanche, la police nationale haïtienne a diffusé un avis de recherche contre l’un de ses anciens dirigeants montréalais, Pierre Joseph Ashkard, sans préciser dans quel pays il se trouverait à l’heure actuelle. Il est recherché pour « assassinat » et « vol à main armée », et les policiers le considèrent comme armé et dangereux. 
L’homme, qui donnait autrefois une adresse à Montréal-Nord, a déjà travaillé comme contractuel au consulat d’Haïti à Montréal. 
Le consulat a précisé lundi que l’homme n’y travaillait plus depuis le 30 septembre 2017 et qu’il avait obtenu un poste la même année de conseiller à l’ambassade d’Haïti aux Bahamas.

Saturday, July 17, 2021

Le brûlant dossier d’un Haïtiano-Américain derrière l'assassinat du président d’Haïti

Photo Washington Post

Une traduction de HCC d’un article de Washington Post

Le 12 mai 2021, dans une grande salle de réunion surplombant le palais de justice de Fort Lauderdale, en Floride, prend naissance, un rêve, une vision pour « sauver Haïti ». Au départ, une mise de fonds de 83 milliards de dollars serait nécessaire pour rebâtir à neuf la nation la plus pauvre de l'hémisphère occidental en la dotant de routes, de réseaux électriques, de ports maritimes et d'aéroports, etc. 

La nouvelle Haïti, a-t-on annoncé aux participants à la réunion du 12 mai, aurait comme président : Christian Emmanuel Sanon - un Américain d'origine haïtienne de 63 ans, qui se décrit comme un pasteur et un médecin. Il est actuellement détenu en Haïti dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat crapuleux du président haïtien, Jovenel Moïse. 

Christian Emmanuel Sanon

L’objectif visé par Sanon, lors de cette réunion, c’est de transformer "Haïti en une société libre et ouverte", a déclaré Parnell Duverger, 70 ans, un professeur à la retraite qui a assisté à la présentation de Fort Lauderdale et qui a rédigé le plan de réaménagement présenté par le futur président. 

Parmi les personnes qui entouraient Sanon, figurait Walter Veintemilla, un financier de Floride qui investit dans des projets d'infrastructure, et Antonio "Tony" Intriago, propriétaire d'une société de sécurité locale, également en Floride, selon Duverger et une autre personne au courant de la réunion. Cette rencontre était pratiquement un prétexte pour consolider un document, une proposition écrite, un type de contrat de partage ambitieux entre Sanon et les deux propriétaires d'entreprise le mois suivant. Ce document a été obtenu par le Washington Post. 

Une société appartenant à Veintemilla, Worldwide Investment Development Group, et CTU Security d'Intriago recruteraient et assembleraient une force de sécurité privée pour protéger Sanon jusqu'à ce qu'il devienne président d'Haïti, selon les détails d'un projet d'accord de consultation non signé obtenu par le Post. Sanon devait finalement les rembourser pour leurs services en utilisant les actifs du pays, selon le projet de contrat diffusé le 22 juin. Haïti était vendue d’avance (NDLR). 

Un document distinct obtenu par le Post montre les prêts proposés à Sanon, d'un montant total de plus de 860 000 dollars, pour l'achat de munitions, d'équipements, de moyens de transport et d'hébergement pour le personnel, et indique les dates des dépenses enregistrées en mai et juin. Les trois quarts des 860 000 dollars seraient couverts par Worldwide, selon la répartition, et le solde par la CTU.

Les révélations sur le grand plan de reconstruction d'Haïti soutenu par Sanon et d'autres personnes - ainsi que le projet de contrat et la liste des coûts obtenus par le Post - ajoutent une nouvelle dimension financière à l'enquête sur le meurtre du président qui a bouleversé le fragile État des Caraïbes, le laissant sans direction dans une querelle de leadership. Les autorités haïtiennes et colombiennes, ainsi que le FBI et Interpol, s'efforcent de démêler un groupe de suspects qui, selon eux, comprend un ancien informateur de la Drug Enforcement Administration, surnommé « Whiskey », un politicien de l'opposition, des mercenaires colombiens et des Haïtiano-Américains du sud de la Floride. 

Un avocat de Veintemilla, Robert N. Nicholson, a déclaré que, « Sanon avait approché son client pour le financement d'infrastructures et avait exprimé son intention de contribuer à un changement pacifique dans la direction d'Haïti afin d'améliorer les conditions de vie des Haïtiens ». En un mot, il pensait simplement à un coup d’État (NDLR). 

Toujours, selon le document, l'une des sociétés de Veintemilla, Worldwide Capital Lending Group, "a contribué à l'octroi d'un prêt à la CTU" pour soutenir les efforts de Sanon, notamment en assurant sa sécurité privée.

 La police haïtienne arrête le cerveau présumé de l'assassinat du président

La police haïtienne a arrêté le 11 juillet Christian Emmanuel Sanon, qu'elle soupçonne d'être le cerveau de l'assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet. (Reuters). Selon M. Nicholson : « À aucun moment au cours d'une réunion ou d'une conversation avec M. Sanon ou avec l'un de ses représentants, il n'a été question, ni discuté, ni suggéré, d'un complot d'assassinat contre le président Moise ou de l'intention d'utiliser la force pour provoquer un changement de leadership en Haïti. » 

Nicholson a également déclaré que le document obtenu par le Post montrant plus de 865 000 dollars de prêts à Sanon était une "demande de financement". "Je ne dis pas qu'aucun de ces montants n'a été payé. Mais il comprend des centaines de milliers de dollars qui n'ont pas été fournis", a-t-il déclaré. 

Le Post a pu corroborer certaines des transactions financières figurant dans la liste des coûts grâce à des entretiens avec des vendeurs, ainsi qu'aux détails fournis par les autorités chargées de l'application de la loi concernant les déplacements des anciens militaires colombiens qui auraient été recrutés pour le complot et qui sont maintenant, soit arrêtés, soit morts, soit en fuite. 

Intriago n'a pas répondu aux appels et aux messages laissés à son entreprise et à deux adresses résidentielles. Le Post n'a pas pu identifier un autre avocat de Sanon et les proches n'ont pas répondu aux messages vocaux et textuels. 

Rien dans le contrat obtenu par le Post, ou par les personnes interrogées pour ce rapport, n'indique que l'objectif était de tuer le président. La personne au courant de la réunion et du contrat, ainsi que Duverger ont déclaré que les participants à la réunion s'attendaient à ce que les protestations croissantes et la pression publique finissent par forcer le président haïtien à démissionner. 

Le président colombien Iván Duque a déclaré jeudi à une station de radio locale que la plupart des ressortissants colombiens impliqués dans l'opération avaient été informés qu'ils allaient servir de gardes du corps, mais qu'un petit groupe d'entre eux avait une connaissance détaillée du projet d'assassinat. Il a précisé que ces informations reposaient sur les témoignages d'hommes qui avaient été recrutés, mais n'étaient finalement pas partis, et ensuite de quelqu’un qui était parti en Haïti et était retourné en Colombie avant l'assassinat, ainsi que des membres de la famille des hommes impliqués. 

Source : Washington Post

Traduit par HCC.


Wednesday, July 14, 2021

Le panafricaniste Kemi Seba et l'assassinat du Président Jovenel Moïse


Communicateur doué, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est né à Strasbourg en 1981. C’est un activiste, anticolonialiste, et chroniqueur politique à la télévision en Afrique. Chef d’entreprise et essayiste Franco-Béninois, il est une figure du radicalisme noir et du Panafricanisme contemporain. (Src.: Wikipédia)

En fait Kemi Seba, par son discours électrisant redonne confiance au peuple Noir et donne du fil à retordre à certains dirigeants corrompus de l’Afrique. Son langage énerve au point d’être mis à l’index dans son propre pays en Europe. Il n’est pas le bienvenu en France. Son radicalisme effraie et ne passe pas inaperçu. Sa dialectique attire les foules et surtout les jeunes qui veulent reconstruire le monde. En posant les pieds en Haïti, il avait déclaré : lorsqu’un chrétien veut se ressourcer, il va à Jérusalem. Pour un musulman c’est à la Mecque. Pour tout Noir qui devrait être en communion avec l’âme des ancêtres, devrait fouler la terre de Dessalines et de Toussaint Louverture. 

L’assassinat de Jovenel Moïse l’a ému. Il profita de cette tribune pour exposer les raisons de ce crime innommable. Bonne écoute!

Max Dorismond