HCC- Une trilogie de lettres destinée à élever la réflexion de nos lecteurs à son plus haut niveau.
Au fil des rubriques de HCC, nous faisons de notre mieux pour gâter nos lecteurs avec des textes
fouillés, bien équilibrés et soigneusement illustrés.
HCC - Une érudition immense dans les domaines : « de la politique, de l'histoire, des religions, de la culture et des arts en général. »
Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte...
Le Pape, seul dans la tempête sur la Place St-Pierre pour les Pâques de 2020.
Par Max Dorismond
Si je vous déclare qu’on
a déjà dénombré 2700 dieux dans le monde, allez-vous me croire? Eh bien! C’est
une réalité. D’autres parlent de beaucoup plus encore. Dans ce festival des
divinités, au début de l’annonce de la pandémie, les fanatiques de chaque religion
se mettaient en tête que le jour « J » était arrivé. Ils commençaient par se
frotter les mains d’aise et jubilaient déjà à l’idée d’être sauvés, bien avant
le voisin d’à côté. Égoïsme, quand tu nous tiens! Mais quand ils réalisèrent
que c’était du sérieux, que les pasteurs, les prêtres d’Italie, les fous
d’Allah, les ultra-orthodoxes, les vaudouisants et tutti quanti, tombaient
comme des mouches, ce fut le temps pour ces détenteurs de la « juste vérité
» de s’ouvrir aux thérapies introspectives et aux remises en question.
Une Secte en plein coeur de New York
La réalité derrière les ultra-orthodoxes
En effet, le virus est
imprévisible. Aucune divinité ne peut l’apprivoiser. Un pasteur américain l’a payé de sa vie pour l’avoir défié en
s’appuyant sur son dieu. L’unique opportunité de l’Homme, pour le désarçonner,
« réside dans l’Homme lui-même et sa Science », comme nous l’a rappelé
le Dr Jean Fils-Aimé. En attendant, le croyant abasourdi, déboussolé, se croise
les doigts et se résigne en silence.
Funérailles en Italie de 67 Prêtres décédés du Covid-19
Hier, on écrirait : « prier
en silence ». Mais, ces jours-ci, l’Homme se retrouve dans une nouvelle
dimension, et le verbe « Prier » prend ici une autre tournure. Il n’est
qu’une flûte vide, sans essence, que le cher disciple hésite à emboucher, pour
le moment, car, son espérance est mise à rude épreuve. Ce rêve, qui avait
aiguisé sa patience dans la recherche de l’absolu, cette pulsion de vie, qui
l’envoûtait et le faisait vibrer, bat de l’aile. Face à cet état de fait, des
questions lancinantes viennent hanter son quotidien, à savoir s’il ne s’était
pas fait rouler par plus intelligent que lui.
En fait, ce virus
pervers, invisible à l’œil, attaque le corps, en fait de même, quant à
l’esprit. Il vient chambarder l’ordre des choses et demain ne sera plus comme
hier. Ces dieux tout-puissants, qui avaient offert leur parapluie à tout
croyant, se cachent et n’osent plus se montrer. Entretemps, le parasite, dans
toute sa puissance, triomphe et impose sa loi : c’est le confinement
planétaire!
Nul ne peut prétendre
que les mécréants tombent et que les purs survivent. Non! Sans discrimination
aucune, le virus aveugle frappe sans discernement, surtout les plus vieux, ces hommes d'honneur, ces batisseurs de nations, qui rencontrent la mort prématurément, dans la soilitude, loin de leurs proches.
Nous voilà face à la
réalité, la réalité indélébile. Au nom de toutes ces déités, nous avions divisé
le monde pour carburer à l’outrance et à la provocation. D’autres se font
exploser dans l’horreur pour se faire récompenser au ciel par un troupeau de
vierges dédiées. Selon le désir d’un autre dieu, les Nègres d’Afrique ont été
mis en esclavage et forcés de se christianiser dans la violence. Des métaphores
ont été inventées de toutes pièces pour conforter la croyance de certains
analphabètes. Et, par aveuglement, ces derniers appliquent, même dans
l’injustice et dans la terreur, les obligations de ces lois sadiques au rythme
de leurs interprétations erronées.
Image de la guerre de Cent Ans
Que de sang versé au nom
de la prédominance, au nom de la fabulation: les croisades, la guerre de Cent
Ans, les guerres de religion. Que de crimes ont été commis au nom de ces
sacro-saintes lois. Des décapitations retentissantes! Des humiliations de
toutes sortes! Des buchers collectifs dressés sur les places publiques! Ceux ou
celles qui ont erré sur le chemin de la rectitude religieuse ont fait les frais
de ces croyances présomptueuses. Seulement dans le trio islamo-judéo-chrétien,
pour ne citer que cette clique, les drames sont légion. Sur les fondements de
l’hypocrisie, leurs penseurs ont érigé tout un monde mythique, au nom d’un
pouvoir personnel, et par ricochet, ils sont bien conscients de leurs turpitudes
qui s’amoncellent dans des scandales à tiroirs.
Chaque groupe, se
réclamant d’un dieu mesquin et égoïste, se voit déjà le meilleur, l’élu. Quand
l’heure de la fin sonnera, il sera le premier à accompagner son divin maître
sur le char céleste pour entrer en triomphateur au royaume des cieux. De faux
rêves, de fausses attentes dérivées de la mauvaise interprétation des
métaphores prescrites et surtout, de certains intérêts mesquins, que le
fabuliste Jean de La Fontaine avait cyniquement soulignés dans « Le corbeau
et le renard ».
Le Pape François sur la place St-Pierre le 27 mars 2020 lors d'un extraordinaire "Urbi et Orbi" en réponse à la pandémie du coronavirus qui fait ses ravages dans le monde.
Au Vatican, le site officiel de la
chrétienté, le Pape, à genou tout seul sur la Place Saint-Pierre,
précaution oblige, regarde dans le vide, sans un mot. Il vient de se frotter à
l’impuissance de sa barque dans cette tempête imprévue. Et cette prétentieuse Rome
qui pensait posséder la clé du bonheur de l’humanité. C’est vraiment
attristant, un symbole de défaite, un attribut du désespoir. Ce silence
étouffant nous envoie une image d’impuissance qui veut tout dire: nous nous
sommes trompés d’histoires, de rêves et de perspectives.
C’est le même constat
pour ce groupe de fanatiques israéliens, tels que les ultra-orthodoxes. Ils se
prenaient pour les plus choyés parmi les élus et ont payé assez chèrement leur
entêtement parmi les victimes de la covid-19, tant ils ne respectaient pas le
confinement en fréquentant la synagogue pour s’adresser quotidiennement à leur
dieu, qui n’a rien vu venir.
Visite de l'intérieur de la Kaâba
Quant à la Mecque, on
regarde le vide autour de la Kaaba, habituellement grouillant de monde, que,
selon la légende islamique, chaque musulman
devrait visiter une fois dans sa vie pour embrasser son dieu. Les intégristes
ou radicaux ont même ralenti la cadence des punitions de masse (tueries à
l’aveugle).
Une poupée en porcelaine
Chez les adeptes du dieu
vaudou, c’est le sauve-qui-peut.
La poupée de porcelaine immergée, rescapée dans la rivière aux fins de sauver
le monde, a perdu de son aura en ces jours perturbés. Du verbiage! De la pure
mystification!
Aujourd’hui, cette pandémievient de sonner le glas
de la fausseté. Le roi est nu. Finies, ces conneries de conte de fées!
Terminées, ces balivernes à dormir debout! Stoppées, ces hypocrisies
collectives à géométrie variable! Bannis, ces rassemblements, qui appauvrissent
les moins fortunés, pour enrichir, en fin de compte, la grosse majorité des preachers,
qui tablaient hier sur la toute-puissance divine, sur l’amour sans fin de ce
père adorable et adoré. Cessez le radotage, la fumisterie et l’escroquerie!
Le monde de demain ne
sera plus le même. À chacun sa spiritualitépropre.
À chacun sa foi. Elle est unique et indivisible. La preuve vient de s’écrire,
en noir et blanc, que nul ne peut s’offrir le ciel en interpellant un
quelconque dieu. Le siècle des miracles est révolu.
S’il faut conclure par
l’absurde, sauf la science et une fusée d’Elon Musk2 peuvent vous y emmener.
Mais, pour y parvenir, il faut avoir les mains pleines de fric. Le prix du
billet ne sera pas à la portée des petits croyants. Or, c’est là le paradoxe
étonnant du quotidien : apparemment, seuls un prédateur, un mafioso ou un criminal,
pleins aux as, peuvent se payer ce voyage touristique tentaculaire.
Par conséquent, aucun
dieu ne viendra nous chercher. Nous sommes, de préférence, condamnés à nous
instruire pour fortifier scientifiquement notre environnement aux fins de nous
protéger contre le prochain virus qui sera pire que le Covid-19 d’aujourd’hui.
Car, tel que démontré, l’Homme est son propre dieu. Nul besoin de chercher plus
haut et plus loin! Nul besoin surtout de l’imposer à l’autre!
Finalement, le drame dans
toute cette calamité, c’est que demain, les plus inaptes, croyant faire fausse
route, risquent d’emprunter une direction encore plus dangereuse. En effet,
s’il faut en croire le philosophe Raphaël Enthoven, « La religion,
confrontée à une catastrophe, dégénère en superstition ». Et nous en sommes
vraiment là!
Max Dorismond
Note:
1
– Kaaba : C’est le lieu le plus sacré de l’islam, situé dans l’enceinte du
Masjidal-Haram (La Mosquée sacrée) à la Mecque. C’est tourné vers la Kaaba que
les musulmans accomplissent leurs prières quotidiennes, n’importe où ils se trouvent
dans le monde. Selon la tradition, il y aurait deux Kaaba distinctes, l’une
terrestre pour les hommes et l’autre pour les anges. (Src. : Wikipédia)
2 – Elon
Musk : Ingénieur et entrepreneur né en Afrique du sud, naturalisé
américain en 2002. Musk déclare que les objectifs de ses compagnies, SolarCity,
Tesla et SpaceX tournent autour de sa vision de changer le monde et l’humanité.
Ses buts incluent de réduire le risque de l’extinction humaine en créant une
vie multi-planétaire par l’établissement d’une colonie humaine sur Mars.
3- Urbi et Orbi : expression
latine et religieuse signifiant "A la ville de Rome et au monde entier"
et tirée des vers d'un poète romain, Ovide, pour qualifier les cérémonies
religieuses. Elle est par la suite étendue à la
religion catholique et désigne la bénédiction prononcée par le Pape à Pâques et
à Noël où il s'adresse à sa ville, Rome, et à l'univers entier.
4-La fable « Le
corbeau et le renard » de J. de La Fontaine est une parodie contre
l’Église, où l’auteur met les fidèles en garde: «Apprenez
que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute »
La chapelle royale de Milot, ravagée par un incendie dans la nuit du 12 au 13 avril 2020 par des malfaiteurs.
Par Mérès Weche
Les choses et les gens
meurent, même si leurs souvenirs demeurent. Passer le cap de 100 ans, c’est
tout un marathon. En cela, les choses ont la vie plus longue que les gens, mais
ça ne les empêche pas de sombrer avant de tomber dans l’entière vétusté. La
chapelle de Milot, une de nos plus vieilles œuvres architecturales, est partie
en fumée récemment, sans avoir fini de faire le deuil de sa sœur, l’ancienne
cathédrale de Port-au-Prince, qui connut le même sort qu´elle.
Image de l'Ancien Palais National d'Haïti sauté avec son président le 8 août 1912
L´ancien Palais National
qu’on fit sauter, le 08 août 1912, avec tous ses résidents, y compris le
président de la République, Cincinnatus Leconte, à en croire l´histoire, fait
partie de ces grands patrimoines bâtis, victimes d’autodafé. La manchette du Quotidien
Le Matin d’alors fut celle-ciː LE PALAIS NATIONAL FAIT EXPLOSION. Horrible
catastrophe. Le président de la République mort sous les décombres. Deuil
national.
Odette Roy Fonbrun aura 103 ans le 13 juin prochain
Le dernier survivant à
m´en faire le récit, dans l´émission “Tradition et Société“, à la Télévision
Nationale d´Haïti, avait pour nom connuː Yoyo. Quand je l´ai découvert à
Mariani, un matin de 1987, il avait 114 ans. Il portait bien son âge, comme
l´âne son bât, sans pour autant se frapper la poitrine d’avoir été un “animal“
de la publicité, lui le boucher-vendeur à la musique vocale, qui avait inventé
une chanson pour faire la promotion de son commerce de viande au Marché-en-Bas,
en chantantː “ Yoyo, se yon bon gason, li vann vyann li nan bout Mache-Anba.
Lè w mande l pou 5, li ba w pou 10, lè w mande l pou 10, li ba w pou 15, lè w
mande l pou 15, li ba w pou 20, ak tout degi ladan l “. Il mourut peu après
cette interview qu’il m’avait accordée, parlant avec prodigalité, non seulement
de son art de vendre, mais aussi de ce douloureux et inoubliable matin du 8
août 1912, où mourut calciné dans son palais le 21e président de la République
d´Haïti. Se souvenant de ses frères d’armes, des gardes du palais, Yoyo me
disait que tout débuta à la poudrerie par un bruit assourdissant, et qu’il fut
sauvé de justesse.
Il manquait six-ans à
Yoyo pour atteindre les 120 ans prescrits par feu le Dr cubain, Eugenio
Selman-Housein Abdo, qui n´a pas personnellement vu l’âge de vie promis à ses
compatriotes, comme Moïse ne vit pas la Terre promise, mais la foi de ses
disciples n’eut point été ébranlée. Il en est de même pour la suite du Dr
Selman, au sein de l’Association Médicale de la Caraïbe-AMECA, à Cuba, où un
congrès annuel est réalisé autour de la longévité, pour au moins 120 ans.
MAURICE LEONCE
Photo (Monique Martineau - 2007)
Ce
marathon de l’âge à courir est proposé cette année à Haïti. On espère voir
Madame Odette Roy Fombrun s’engager à fond de train dans cette course, suivie
de près par Maurice Léonce, l´homme de toutes les victoires au jeu du ballon rond à Jérémie, dans les
années 50-60, âgé aujourd’hui de 99 ans, il se comporte encore comme un agile
sportif dans sa ville natale qu’il aime jusqu’à la déchirance.
La promotion de ce
chapitre de l´AMECA qu’est le Club des 120 ans est assurée en Amérique du Nord
et dans la Caraïbe par son membre fondateur d’origine haïtienne, le Dr Blondel
Auguste, qui joue pieds et mains pour qu´Haïti puisse en profiter, à commencer
par sa Grand-Anse natale. Même si choses et gens ont la vie dure chez nous par
les temps qui courent, il y a un principe cardinal qui veut queː “ Lespwa fè
viv“. Ils sont déjà légion au pays, des médecins cubains, voyons si une
nouvelle équipe ne pourrait pas nous aider à étancher notre soif de vie dans la
fontaine de jouvence que leur a laissée le Dr Selman.
En mai 1949, Albert Einstein, peu connu pour son positionnement politique, signait un article paru dans le premier numéro du magazine de la gauche états-unienne Monthly Review. Il expliquait pourquoi il choisissait le socialisme plutôt que le capitalisme. Ce texte saisissant d’actualité fut partiellement publié dans l’Humanité le 15 août 2015. Nous offrons à nos lecteurs sa traduction intégrale.
*Albert EINSTEIN, père des théories de la Relativité Restreinte (1905) et de la Relativité Générale (1915) -photo à l’Université de Princeton en 1949.
Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme ? Pour de multiples raisons, je crois que oui.
Considérons tout d’abord cette question du point de vue de la connaissance scientifique. Il peut apparaître qu’il n’y a pas de différences essentielles sur le plan de la méthodologie entre l’astronomie et les sciences économiques : dans les deux domaines, les scientifiques cherchent à découvrir des lois adéquates pour décrire un ensemble limité de phénomènes afin de rendre les interconnections entre ces phénomènes aussi compréhensibles que possible. Mais en réalité il existe bel et bien des différences méthodologiques.
La découverte de lois générales dans le domaine de l’économie est rendue ardue par le fait que les phénomènes économiques observés sont souvent affectés par de multiples facteurs qui sont très difficiles à évaluer séparément. En outre, l’expérience qui s’est accumulée depuis le début de la période dite civilisée de l’histoire humaine – cela est bien connu – a été fortement influencée et limitée par des facteurs et des causes qui ne sont en aucune manière de nature exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grand États de l’histoire doivent leur existence à des conquêtes.
Les peuples conquérants se sont établis, tant sur le plan légal qu’économique, comme classes privilégiées des pays conquis. Ils ont saisi à leur profit le monopole de la propriété foncière et ont nommé des prêtres issus de leurs propres rangs. Ces prêtres, par leur contrôle de l’éducation, ont instauré une division de la société en classes comme une institution permanente et ont créé un système de valeurs selon lequel les gens, de manière largement inconsciente, étaient dorénavant guidés par leur comportement social.
Mais la tradition historique appartient, pour ainsi dire, aux temps passés ; nulle part nous n’avons réellement dépassé ce que Thorstein Veblen a appelé « la phase des prédateurs » du développement humain. Les faits économiques observables appartiennent à cette phase, et même les lois que nous pouvons en dériver ne sont pas applicables à d’autres phases.
Puisque le véritable objectif du socialisme est précisément de dépasser et avancer au-delà de la phase des prédateurs du développement humain, la science économique dans son état actuel ne peut nous éclairer que très peu sur la société socialiste du futur.
Deuxièmement, le socialisme est orienté vers un objectif social et éthique. La science, cependant, ne peut pas définir des objectifs, et encore moins les instiller dans les êtres humains ; au mieux, elle peut fournir les moyens pour atteindre certains objectifs. Mais ces objectifs eux-mêmes sont conçus par des personnalités inspirées par des idéaux éthiques élevés et – si ces objectifs ne sont pas mort-nés, mais bien vivants et vigoureux – sont adoptés et portés par cette multitude d’êtres humains qui, pour une part inconsciemment, déterminent la lente évolution de la société.
Pour toutes ces raisons, nous devrions rester sur nos gardes et ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il est question de problèmes humains ; nous ne devrions pas assumer que les experts sont les seuls qui ont le droit de s’exprimer sur les questions qui concernent l’organisation de la société.
D’innombrables voix ont affirmé depuis pas mal de temps que la société humaine traverse une crise et que sa stabilité est gravement ébranlée. Il est typique d’une telle situation que les individus sentent de l’indifférence ou même de l’hostilité envers le groupe auquel ils appartiennent, qu’il soit petit ou grand.
Afin d’illustrer mon propos, permettez-moi de vous rapporter une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et de bonne volonté de la menace d’une autre guerre, qui a mon avis mettrait sérieusement en danger l’existence même de l’espèce humaine. Je lui ai fait remarquer que seule une organisation supranationale pouvait offrir une protection contre un tel danger. Sur quoi mon visiteur, très calme et décontracté, me dit : « Pourquoi êtes vous si profondément opposé à la disparition de la race humaine ? »
Je suis sûr qu’il y a seulement un siècle personne n’aurait tenu un tel discours sur un ton aussi léger. C’est le propos d’un homme qui a en vain essayé de se trouver un équilibre avec lui-même et qui a plus ou moins perdu l’espoir d’y arriver. C’est l’expression d’une solitude douloureuse et d’une isolement dont tant de gens souffrent ces temps-ci. Quelle en est la cause ? Y a-t-il une issue ?
Il est simple de soulever de telles questions, mais difficile d’y donner des réponses avec une certaine assurance. Je dois néanmoins l’essayer le mieux que je peux, bien que je sois très conscient du fait que nos sentiments et nos aspirations sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés par des formules simples.
L’homme est à la fois un être solitaire et un être social. Comme être solitaire, il cherche à protéger sa propre existence et celle de ses proches, afin de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses capacités innées. Comme être social, il recherche la reconnaissance et l’affection de ses frères humains, pour partager leurs plaisirs, les réconforter dans leurs chagrins, et pour améliorer leurs conditions de vie. Seule l’existence de ces aspirations variées, qui entrent souvent en conflit les unes avec les autres, explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine la mesure dans laquelle un individu peut atteindre un équilibre intérieur et peut contribuer au bien-être de la société. Il est tout à fait possible que la force relative de ces aspirations soit, pour l’essentiel, donnée par héritage. Mais la personnalité qui émerge à la fin est largement formée par l’environnement où l’homme se trouve immergé pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle il grandit, par les traditions de cette société et par le jugement que cette société porte sur certains comportements.
Pour l’être humain individuel, le concept abstrait de « société » se présente comme la somme totale de ses relations directes et indirectes avec ses contemporains ainsi qu’avec toutes les générations précédentes. Un individu est capable par lui-même de penser, sentir, chercher et travailler; mais il dépend tellement de la société – dans son existence physique, intellectuelle, et émotionnelle – qu’il est impossible de penser à lui, ou de le comprendre, en dehors du cadre de la société.
C’est la « société » qui fournit à l’homme sa nourriture, son habillement, son foyer, ses outils de travail, sa langue, ses formes de pensée, et en grande partie le contenu de sa pensée ; sa vie est rendue possible par le travail et les réalisations de millions de gens du passé et du présent, tous cachés derrière ce petit mot de « société ».
Il est donc évident que la dépendance de l’individu par rapport à la société est un fait de la nature qui ne peut être aboli – tout comme pour les fourmis et les abeilles. Cependant, pendant que la vie tout entière des fourmis et des abeilles est fixée jusqu’au moindre détail par des instincts rigides et héréditaires, les pratiques sociales et les interdépendances des êtres humains sont très variables et sujettes à des changements. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de la communication orale ont rendu possibles des développements entre les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans des traditions, des institutions et des organisations ; dans la littérature ; dans les réalisations scientifiques et d’ingénierie ; dans les œuvres d’art. Cela explique comment il se peut que, dans un certain sens, l’homme peut influencer sa vie par son propre comportement, et que la pensée consciente et la volonté peuvent jouer un rôle dans ces processus.
L’homme acquiert à la naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer fixée et inaltérable, y compris les pulsions naturelles qui sont caractéristique de l’espèce humaine. En outre, au cours de sa vie, il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par communication et par nombre d’autres formes d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, au fil du temps, est sujette au changement et qui détermine dans une large mesure les relations entre l’individu et la société.
L’anthropologie moderne nous a enseigné, par l’étude comparative de cultures dites primitives, que le comportement social des êtres humains peut varier grandement, selon les modèles culturels dominants et les types d’organisation prédominants dans la société. C’est là-dessus que ceux qui cherchent à améliorer le sort des humains doivent fonder leur espoir : les êtres humains ne sont pas condamnés par leur constitution à s’annihiler les uns les autres, ni à être à la merci d’un sort cruel auto-infligé. Si nous nous demandons comment la structure de la société et les attitudes culturelles des êtres humains devraient être changés afin de rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devrions constamment être conscients du fait qu’il y a certaines conditions que nous sommes incapables de modifier. Comme nous l’avons mentionné plus haut, la nature biologique des humains ne peut pratiquement pas être changée. Par ailleurs, les développements technologiques et démographiques des derniers siècles ont crée des conditions qui vont durer. Pour des populations assez denses, pour qui certains biens sont indispensables à la continuation de leur existence, une extrême division du travail et un appareil productif hautement centralisé sont absolument nécessaires. L’époque – qui semble si idyllique en rétrospective – où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient vivre en complète autarcie est pour toujours révolue. Ce n’est qu’une légère exagération que de dire que l’espèce humaine constitue à présent une communauté de production et de consommation à l’échelle planétaire.
Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance à la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’Homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.
L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif – non pas par la force mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production – c’est-à- dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation, ainsi que, par surcroît, les biens en capital – pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus. Pour des raisons de simplicité, je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler « ouvriers » tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle.
Dans la mesure où le contrat de travail est « libre », ce que l’ouvrier reçoit est déterminé non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que, même en théorie, le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.
Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Cela est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans les faits, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.
UNE « ARMÉE » DE CHÔMEURS
La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants : premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir, pour certaines catégories d’entre eux, une meilleure forme de « contrat de travail libre ». Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme « pur ». La production est faite en vue du profit, et non pour l’utilité.
Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une « armée » de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquences de grands inconvénients. Le progrès techno logique a souvent pour résultat un accroissement du nombre de chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut. Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.
POUR LE SOCIALISME
Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.
Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes sociopolitiques extrêmement difficiles : Comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?
La clarté au sujet des buts et des problèmes du socialisme est de la plus grande importance à notre époque de transition. Puisque, dans les circonstances actuelles, la discussion libre et sans entrave de ces problèmes a été soumise à un puissant tabou, je considère que la fondation de cette revue est un important service rendu au public.
Les
États-Unis enregistrent le pire bilan du Covid-19 au monde, avec plus de 51 000
décès, les États-Unis se préparent à "des jours difficiles"
Les États-Unis,
qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus au début de février, sont
le pays le plus touché par la pandémie, tant en nombre de morts qu’en nombre de
cas. Le pays compte plus de 890 524 personnes atteintes par le virus. Entre
mercredi soir et jeudi soir, les États-Unis avaient enregistré 3 176 morts,
l’un des pires bilans journaliers.
Les
États-Unis recensaient ce vendredi 24 avril 51 017 morts dus au coronavirus,
le pire bilan officiellement enregistré au monde, selon le comptage de
l’université Johns Hopkins qui fait référence.
En fin de
semaine dernière, les États-Unis avaient enregistré deux très lourds bilans
journaliers (à plus de 3.800 et de 4.500 morts), mais ceux-ci étaient en partie
dus à l'ajout de morts «probablement liées» au Covid-19, qui
n'avaient auparavant pas été prises en compte. Outre ces deux bilans, celui de
3.176 morts jeudi soir est le plus meurtrier jamais enregistré dans un pays en
une journée depuis le début de la pandémie, qui a fait près de 190.000 morts
dans le monde.
L'État de New York, avec 40%
environ des décès recensés, est le principal foyer de l'épidémie aux États-Unis.
Viennent ensuite le New Jersey, le Michigan et le Massachusetts. En raison du
manque de tests, le vrai nombre de personnes infectées est probablement très
largement supérieur.
Malgré ces
chiffres alarmants, plusieurs États américains tel le Texas, le Vermont ou la
Géorgie ont décidé de se lancer sur la voie du déconfinement, en autorisant
certains commerces à rouvrir.
La pandémie
due au coronavirus, qui a tué 193 930 personnes dans le monde, dont
près des deux tiers en Europe, continue de perturber la vie d’une grande partie
de la planète. L’Organisation
mondiale de la santé (OMS) a lancé aujourd’hui une initiative mondiale pour
coordonner les efforts de recherche de traitements et de vaccins, à laquelle ne
participeront pas la Chine et les États-Unis.
Le président Donald Trump lors de sa conférence de presse ce lundi 21 avril.
Dans l’attente d’un vaccin pour endiguer la maladie,
l’épidémie due au coronavirus continue de faire des ravages sur les cinq
continents : au moins 174 000 personnes sont mortes et plus de
2,5 millions ont été contaminés. Les États-Unis est le pays, de loin, le plus touché par la
pandémie : plus de 43 200 décès pour 804 194 cas, selon le dernier
décompte. Critiqué pour sa gestion de la crise, et pour avoir attisé des
manifestations anticonfinement, le président américain, Donald Trump, a annoncé,
dans un Tweet
publié lundi soir, qu’il allait suspendre toute immigration sur le sol
américain. À moins de sept mois de l’élection présidentielle, le
président républicain candidat à sa réélection veut mettre l’immigration à
l’agenda politique.
Effondrement du prix du pétrole et crise
sociale mondiale
La situation de l’emploi est particulièrement tendue,
22 millions d’Américains s’étant inscrits à l’assurance-chômage en moins
d’un mois. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a
annoncé mardi un accord avec les démocrates sur une enveloppe supplémentaire
pour soutenir les PME frappées par la crise, pour un nouveau plan d’aide d’un
total de 480 milliards de dollars, dont 75 milliards d’aides pour les hôpitaux,
25 milliards pour les capacités de dépistage du coronavirus, ainsi que 60
milliards de prêts destinés à d’autres secteurs affectés, notamment dans
l’agriculture.
Le baril de brut NewYorkais a cloturé â un prix très bas, du jamais-vu
La crise liée au coronavirus a plongé le monde entier
dans l'incertitude, jusqu'à nous placer face à des situations tout simplement
inédites. Ce lundi, au cours d'une journée complètement folle,
le cours du baril de 159 litres de pétrole brut côté à New
York est tombé à -37,63 dollars.Le prix de certains barils de brut américain
est même tombé en dessous de zéro, les courtiers payant le client pour se
débarrasser de la marchandise. Le cours a rebondi mardi, notamment sur le
marché new-yorkais où le baril américain livrable en mai a fini à
10,01 dollars à la clôture.
Sources: JHU, SPF
Face à cette dégringolade, plusieurs pays membres de
l’OPEP et d’autres producteurs de pétrole ont réitéré mardi, lors d’une
téléconférence, « leur engagement à ajuster la production de
pétrole ». Donald Trump a demandé à son administration de mettre sur
pied un plan de soutien financier à l’industrie pétrolière et gazière
nationale.
Cette situation paradoxale est le fruit de la
crise pétrolière provoquée par la pandémie, qui a fait chuter, en quelques
semaines, la demande de 30 %, et par la rupture de l’alliance entre
l’Arabie saoudite et la Russie, qui se sont lancées dans une violente
guerre des prix en augmentant leur production pour remporter des parts de
marché.
En plus des conséquences économiques, considérables
notamment en Amérique latine où l’ONU a fait état mardi d’une récession
inédite, avec une chute de 5,3 % du PIB, le confinement de plusieurs
milliards de personnes est en train de provoquer aussi un gigantesque choc
social.
La première répercussion visible se trouve dans les soupes populaires
et les banques alimentaires. Selon une projection dévoilée mardi par le
Programme alimentaire mondial (PAM), le nombre de personnes au bord de la
famine risque de doubler en 2020 à cause du Covid-19, ce qui
représenterait une « catastrophe humanitaire mondiale ».
Luce Noël Desroches 27 octobre 1938 - 18 avril 2020
Haïti Connexion Network annonce avec beaucoup de tristesse, la
nouvelle du décès de Madame Luc Desroches, née Luce Noël, survenue, avons-nous
appris, des suites d’un AVC ou (accident vasculaire cérébral) le samedi 18
avril 2020, en sa résidence à Mount Vernon, New York, à l’âge de 82 ans.
Madame Desroches est décédée
paisiblement, entourée de son mari et de la tendre affection de ses
enfants et de ses frères et soeurs.
In memoriam of Luce Desroches
Mme Desroches fait partie d’une
génération de femmes hors du commun, à Jérémie, qui se sont sacrifiées dès leur
jeune âge à la formation et à l’éducation de leur communauté.
Féministe incontournable, dès le jeune
âge, elle se faisait remarquer au cours des défilés ou parades de
Jécistes à travers les rues de la ville de Jérémie en tant que cheftaine
marquant des pas militaires élégants. Le Jécisme fut une mouvance du
catholicisme social représentant le sigle de la Jeunesse étudiante
chrétienne, qui fut créée vers 1929 en France et connut une longue existence à
Jérémie pour disparaître après les vêpres* de 1964. Ce mouvement de
jeunes filles avait été mis sur pied par le révérend Père Roussel, et
avait contribué de façon
remarquable à l’émancipation de cette génération de femmes.
Entretemps Luce fut professeure chez
les Soeurs de la Sagesse de Moron pendant un certain temps. Une fois rentrée à
Jérémie, elle se retrouva comme professeure à l’école nationale primaire
fondamentale Pétion Laforest à Source Dommage, et devint plus tard directrice
de cet établissement scolaire jusqu’à son départ de Jérémie vers l’étranger.
Luce et Luc Desroches - Août 1963
Cette femme exceptionnelle, originaire
des Castaches, était également réputée pour ses compétences de jeune
institutrice, son amour pour ses élèves, sa compassion et son sens du devoir.
Pendant son affectation à Jérémie, elle rencontra Luc Desrosches, (l’homme
de sa vie), et c’est ainsi que Luc et Luce unirent leur destinée dans les liens
matrimoniaux au cours de l’année 1963. Durant leurs 57 ans de vie conjugale,
ils donnèrent naissance à 5 enfants:Grégory, Galide, Galdy, Gaysand et Guerly.
Luce a passé une bonne partie de sa
vie à apporter sa contribution au rayonnement de sa famille, de sa région et de
sa communauté. Aujourd’hui Jérémie et la communauté haïtienne de Westchester
pleurent la disparition d’une des leurs !
Difficile de parler de Luce Desroches
et de revoir, même à vol d’oiseau, son impressionnant parcours sans la replacer
dans l’environnement très jérémien qu’elle avait retrouvé et enrichi à Mount
Vernon New Rochelle.
Quels souvenirs allons-nous garder de
cet être hors du commun qu’était Luce Desroches ? Parmi cette poignée de femmes
célèbres de notre cité qui se sont distinguées avec toutes leurs forces
physiques ou morales en vue d’améliorer le statut de vie de leurs frères et
soeurs dans leurs actions sociales, nous pouvons dire sans ambages que Mme
Desroches appartient à la catégorie des Elda Pierre, Simone Germain, Eddie
Saint-Louis, Jacqueline Allen, Gisèle Mayas, Denise Allen, Paula Brierre Laforest, Andrée Guillard,
Arnelle Desgraff Bontemps, Marlène Gilbert Joseph, Gladys Alcide Légagneur, Solange Michel Siméon, Bernadette Noël Léonidas, Maryse Étienne Toussaint, Suzette Gilbert Magloire,
Mme Jeanine Perrot, etc.
Ceux qui ont marqué la vie des autres
avec leur empreinte ne s’en vont pas; ils survivront dans les mémoires
collectives et individuelles très longtemps même après leur départ pour
l’éternité.
A présent, Luce, nous te disons
merci de ton amour, de ton amitié et de ton exemple. Tu resteras toujours dans
notre esprit et nos cœurs. Que ton âme repose en paix !!!
HCN présente ses sincères condoléances
à son époux Luc Desroches, ses enfants, Grégory, Galide, Galdy, Gaysand et
Guerly ; ses dix petits enfants, à ses soeurs Miriam Terrible née Noël, Marie
Rogette Jean-Marie née Noël, Marie Ange Mensah née Noël, ses frères Anthime et
Pierre Joseph Noël. À ses cousins et cousines, aux familles Desroches, Noël,
Jean Marie, Terrible, Mensah, Fanfan, Tabuteau, Jacob, Bonhomètre, Garçon et
aux autres parents et alliés affectés par ce deuil.
L'Artemisia Annua mieux connu sous le nom de armoise en Haïti dont l'artémisinine élimine la malaria à 99,5 %.
Par
Max Dorismond
Lors
d’un appel téléphonique en Haïti, je conversais avec deux amis, à propos du
coronavirus. L’un d’eux, justifiant son désir de ne pas fuir l’île, à l’annonce
de cette catastrophe planétaire, me confia en riant : « Ah, mon vieux, nous
avons nos feuilles pour contrer n’importe quel virus. Asorosi, lyenn panye, etc... » Boutade de plaisantin, typiquement
locale! Mais, en réalité, il ne pensait pas si bien dire.
En
effet, certaines vidéos me laissent pantois, depuis le début de ce drame
humain, tant les informations, les unes plus pertinentes que les autres,
m’interpellent et stimulent mes réflexions.
Une
Africaine présentant tous les symptômes du Covid-19 (saveur amère, perte
d’appétit, fièvre intermittente, toux sèche), qu’elle assimile aux signes du
paludisme, nous résume sa pharmacopée basée sur cette intuition, pour son
autoguérison. Elle était fière de partager sa trouvaille en ligne pour s’être
débarrassée de ce syndrome mortifère.
Plus
tard, en visionnant un autre documentaire sur les divergences à propos de la
Chloroquine, "Le business de la Malaria: les laboratoires contre la
médecine naturelle" , je pense avoir remarqué, à mon grand étonnement, que
la plante en question, objet du litige mondial dans le documentaire, ne m’est
point étrangère. Quelques-uns de mes camarades m’en disent autant, à propos de
leurs réminiscences. Une de mes belles-sœurs, médecin de son état, me confia
que la plante de la vidéo, l’Artemisia Annua, ressemble à un végétal très
populaire en Haïti, connue sous le vocable d’Armoise, très utilisée contre la
malaria. Bingo!
Malaria business : les
laboratoires contre la médecine naturelle ?
Le
déclic n’avait pas encore terminé sa ritournelle que je m’étais déjà attelé à
la tâche pour découvrir que mon intuition ne m’avait joué aucun tour. En tapant
sur mon ordi, le premier mot, Artemisia Annua, le second nom qui surgit des
entrailles du Web, fut Armoise Annuelle. Deux expressions qui évoquent, à elles
seules, la même histoire. Elles ne sont nullement synonymes. C’est exactement
le même produit, Artemisia Annua, avec sa traduction française, Armoise
Annuelle, dans le domaine botanique. Ils possèdent le même pouvoir, les mêmes
attributs, soit de guérir les maladies infectieuses, tels que la malaria, le
SRAS-CoV-2, les premiers symptômes de l’attaque de la Covid-19, etc., selon
certaines recherches.
Un
peu d’histoire du début de la guerre dans la guerre
Au
début de l’invasion du Vietnam, par les Américains, dans les années 60,
l’envahisseur savait que les moustiques, dans les forêts tropicales de cette
région de l’Asie du Sud-Est, ne feraient pas de cadeau. Les soldats yankees
avaient en leur possession une bonne provision de chloroquine, un antipaludique
connu, pour se protéger de la malaria, tandis que les défenseurs Vietcongs,
englués dans leurs tunnels souterrains, baignant dans l’eau stagnante, vecteur
de ces anophèles suceurs de sang, tombaient comme des mouches, sous les assauts
répétés de ces parasites, plutôt que des balles ennemies.
Leur
commandant, Hô Chi Minh1, dérouté par cette calamité inattendue, fit appel à
son grand frère chinois, Mao Zedong, qui lui envoya une grosse cargaison de la
plante, l’Artemisia, un antipaludéen naturel qui lui a permis de tenir tête aux
Yankees. Le destin de l’Asie du Sud-Est changea du jour au lendemain. Les
Américains ont reçu une raclée historique qui les empêche de dormir
jusqu’aujourd’hui.
La
bataille des lobbies pharmaceutiques contre l’Artemisia Annua.
Même
si les Américains se mordent les pouces, les laboratoires ne chôment point.
Face à cette bataille de la médecine conventionnelle contre la médecine
alternative, les Chinois vont encore plus loin, devant de telles évidences,
avec ce produit utilisé depuis des millénaires dans leur pharmacopée, en
démontrant son efficacité par l’extraction du principe actif, l’artémisinine,
qui détruit naturellement le parasite de la malaria, le plasmodium. La malaria
tue, seulement en Afrique, près de 500 000 individus chaque année. La
scientifique Youyou Tu, à l’origine de cette découverte, reçoit le prix Nobel
de médecine chinois en 2015.
Malgré
la victoire vietnamienne sur les Yankees, tous les prétextes des lobbies
pharmaceutiques occidentaux étaient bienvenus pour empêcher l’émergence de
l’Artemisia Annua. Faisant d’une pierre deux coups, ils imposent l’utilisation
de la Chloroquine qui avait fait ses preuves sur tous les fronts, malgré ses
effets secondaires nuisibles et transitoires2.
Armoise annuelle (Artemisia
annua) : malaria et cancer
La
Bataille est ouverte! La France et la Belgique interdisent la vente de cette
plante et ses dérivés sur leur territoire. L’OMS (Organisation Mondiale de la
Santé) se range de leur côté et contraint tous les pays sous sa gouverne à
utiliser la Chloroquine ou son dérivé, la Quinine. Toutefois, la résistance,
due à leur utilisation massive, a annulé leurs effets bénéfiques sur les
patients dans tout le sud de l’Amérique.
Du
coup, c’est l’envers de la médaille qui brille. Le prix de l’Artemisia Annua
fit un bond spectaculaire à l’international. Le climat du Madagascar s’y
prêtait fort bien, et sa culture industrielle y trouva un terreau fertile pour
s’épanouir. Le paysan malgache jubila. Le rendement de sa culture est supérieur
à celui du riz. Il pouvait gagner 700,00€, soit 761,00$ par saison. Mais là
encore, la France s’y opposa, et le chômage se révéla endémique pour les
paysans.
Et
Haïti dans tout cet imbroglio?
C’est
la belle question! Que faisait Haïti à ce moment crucial, fin des années 60?
Pendant que la bataille faisait rage entre les lobbies de la Chloroquine et les
tenants de la médecine alternative, l’Armoise annuelle fleurissait sur son
territoire, décorant ses cours, ses parterres et ses paysages bucoliques. Elle
est utilisée par les grands-parents pour atténuer les fièvres intermittentes.
Dans
une bourgade comme Beaumont, le patelin tant chanté par l’écrivain Mérès Wèche,
situé à 800 mètres d’altitude, avec un climat tropical très doux, relevant du
massif de la Hotte, au flanc nord du pic Macaya, votre regard ne peut rater la
beauté de ce cadeau envahissant, qui parfume le paysage. Tous les anciens
connaissent l’effet bénéfique de sa tisane sur les fièvres paludéennes. Mais
ils ignorent sa valeur sur le marché international. C’est l’omerta!
Pays
agricole, qui a perdu le monopole du café et du cacao, Haïti aurait pu, offrir
à nos paysans, qui tirent le diable par la queue, l’occasion de cultiver, en
masse, l’Armoise annuelle, cette plante miracle, et la vendre à la tonne aux
pays dans le besoin, comme le fait Madagascar, le Bénin, le Burkina Faso, le
Cameroun, la Côte-d’Ivoire, etc. Plus de 13 pays africains le cultivent, mais
ce ne fut pas suffisant, tant la demande est supérieure à l’offre. Même dans
les pourtours des Alpes, en Europe, on le produit.
Au
lieu d’aider le pauvre, d’autres thuriféraires du régime de cette époque, tels
des vampires, préféraient le saigner à blanc et vendre son sang à l’étranger.
Voilà le pays dont nous avons hérité.
Souvenez-vous
du SNEM (Service National d’Éradication de la Malaria) dans les années 60 en
Haïti. Là, vous avez un exemple de l’agressivité des lobbies. La
surconsommation étant ce qu’elle est, la beauté ne dure qu’un printemps.
Annonçant la résurgence de la malaria, le 7 juillet 2008, le journal Le
Nouvelliste titra : « La malaria en Haïti, 20 ans après la fermeture du SNEM4
». Messieurs, les journalistes, ne paniquez pas! Nous avons l’antidote à notre
porte. Il se nomme Armoise.
Traitement
pour le Covid-19
Je
n’ai pas la science infuse. Mais, en regardant la vidéo ci-annexée, sur la
vertu de l’Armoise Annuelle de chez nous, dès les premiers symptômes de la toux
et de la fièvre, mes frérots, test ou non, c’est peut-être le coronavirus.
Allez dans votre cour, dans les bosquets voisins, trouvez-vous de l’Armoise, et
faites-vous une bonne infusion à ingurgiter pendant 7 jours, entre 3 ou 4
reprises par jour, et voilà, le tour est joué. Cliquez sur le lien ci-joint
Armoise Annuele _ Artemisia Annua: Malaria , pour annihiler vos doutes pour
toujours.
D’ailleurs,
l’auteur de la recherche, dans la vidéo, soutient que si votre infusion peut se
faire dans du lait au lieu de l’eau, vous venez de frapper le jackpot, car
votre sang sera libéré de ses parasites, le plasmodium, à 99,5%. Vous pouvez
aussi prendre l’Armoise en infusion, en macération à froid, ou en jus, comme le
cœur vous en dit. Mais votre grand’mère a déjà sa recette. Suivez-la!
En
attendant, chers congénères, au lieu de rêver d’aller jouer aux « dwèt long5 »,
dans les caisses de l’État, offrez de préférence une occasion en or à nos
paysans. Le kilo d’Armoise se vend très cher sur le marché international. C’est
une piste à explorer. Sur Internet, une plantule d’Armoise se détaille à 18€ ou
20,00$ et 10 graines d’herbe d’Armoise pour 30,61€ ou 33,00$. Qui dit mieux!
Par
Max Dorismond
NB : Pour
alléger le texte pour le plaisir du lecteur bombardé d’informations sur le
coronavirus, j’ai sciemment éliminé, d’entrée de jeu, les termes et expressions
scientifiques. Pour tous ceux qui s’y intéressent, ils peuvent aller sur le
Web. Toutes les informations sont là.
Note – 1 : Hô Chi
Minh : Chef du parti communiste vietnamien
Note – 2 : Effets
secondaires de la Chloroquine : Le
surdosage induit notamment des troubles cardiovasculaires graves et
potentiellement mortels, le goût du suicide, ce qui explique que
l'auto-traitement qui existait autrefois n'est plus recommandé.
Note – 4 : Le Nouvelliste du (7-7-2008) :
Selon une enquête
nationale sur la prévalence du paludisme et de la fièvre dingue en Haïti réalisée
en juin 2007 par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP),
plus de 80% de la population encourt le risque de développer la malaria en
raison de l'insalubrité qui caractérise les zones urbaines et rurales. La
malaria (appelée aussi paludisme), loin d'être éradiquée, étend ses tentacules,
non seulement dans le milieu rural qui a toujours été son bastion, mais aussi à
Port-au-Prince. La situation est plutôt préoccupante, car le parasite
responsable du paludisme est, dans certains cas, résistant aux médicaments, et
la plupart des insecticides disponibles sur le marché ne permettent pas de
combattre efficacement les moustiques notamment les anophèles.
Note – 5 : Dwett long (doigt
long): expression créole désignant un petit voleur, un petit vicieux.
Documentaire :
Le business de la malaria : Les laboratoires contre la médecine naturelle
de la Télé française : France24