UN TICKET ROSE POUR L’IMPUNITÉ EN HAÏTI
Par Robert Berrouët-Oriol
Montréal, le 28 février
2016
Un tonton macoute encore « en service commandé »
Rony Gilot |
Leslie « Péan scalpe Rony
Gilot »
(Le Nouvelliste :), et traitant de son livre « Entre savoir et
démocratie. Les luttes de l'Union nationale des étudiants haïtiens sous le
gouvernement de François Duvalier » (éd. Mémoire d’encrier, 2010), le
journal fait droit aux recherches bien documentées de l’économiste qui lui
aussi a levé le voile sur le passé politique de Rony Gilot, ancien député
et ancien ministre de l’Information sous le régime de Jean-Claude Duvalier.
Ainsi, dans les années 1960,
« Le
gouvernement utilisa la corruption financière et l'idéologie noiriste pour
diviser l'UNEH [Union nationale des étudiants haïtiens]. Son fer de lance fut
Roger Lafontant, membre de l'Association des étudiants de médecine et de
pharmacie (ADEM) qui, assisté de Robert (Bob) Germain, de Rony
Gilot et d'autres comparses, organisa une milice tonton macoute
estudiantine. Les étudiants duvaliéristes reçurent un chèque de cent dollars
par mois du ministère de l'Intérieur (p. 63) », a écrit Leslie
Péan » […] « Vingt textes originaux de l'UNEH ayant échappé à la
censure ont dénoncé la trahison de Lafontant, de Germain, de Gilot »,
souligne Leslie Péan. »
Les faits
montrent donc que Rony Gilot est depuis les années 1960 un duvaliériste « en
service commandé » à l’instar du tonton macoute Arthur V. Calixte, auteur d’un
article mystificateur et négationniste paru dans Le
Nouvelliste d’Haïti le 8 février 2013, « Jean-Claude Duvalier, la
grande victime de l’histoire » (là-dessus voir la «Lettre ouverte d’un
poète au quotidien Le Nouvelliste d’Haïti - La tentative de réhabilitation
de Jean-Claude Duvalier est un flagrant déni de justice», par Robert
Berrouët-Oriol, Journal des alternatives , 16 février 2013).
Des années
1960 à 2016, Rony Gilot a activement œuvré pour la défense et la justification
du régime totalitaire des Duvalier. Ainsi, on le retrouve en 2006 à la manœuvre
active pour le retour au pouvoir des duvaliéristes et le retour du
nazillon Jean-Claude Duvalier en Haïti. Un article du journal Le
Floridien daté du 1er novembre 2006, « Les nostalgiques du régime des
Duvalier », relate que Rony Gilot a lancé le
plaidoyer suivant : « L’ancien ministre de Duvalier et membre
fondateur du Conseil national d’action jean-claudiste (CONAJEC) a appelé le
Parti de l’unité nationale [PUN, parti ouvertement duvaliériste] à
lancer une campagne d’adhésion massive afin de devenir un “véritable
instrument de prise de pouvoir”. » Ce plaidoyer est également attesté dans
un article de Radio Kiskeya,« Surprenant come-back des duvaliéristes sur
la scène politique haïtienne avec le lancement officiel de la « Fondation
François Duvalier » (texte daté du 23 octobre 2006) : « Présentant fièrement
l’événement, M. Gilot, médecin de formation, parlementaire inamovible
pendant des années et membre fondateur du Conseil national d’action
jean-claudiste (CONAJEC), a indiqué que la mission de la Fondation François
Duvalier est de valoriser le patrimoine intellectuel et politique de celui qui
dirigea Haïti d’une main de fer de 1957 à 1971, avant de céder le pouvoir, à sa
mort, à son fils et successeur désigné Jean-Claude. » Mais Rony Gilot
n’est pas seulement un tonton macoute « en service commandé »,
il est également UN INCULPÉ par-devant la justice haïtienne.
Un inculpé
par-devant la justice haïtienne
En effet,
Rony Gilot est cité comme « consort » dans le procès de
l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier pour crimes d’État et crimes contre
l’humanité. Si la mort de ce dernier a éteint la procédure judiciaire
historique engagée contre sa personne, celle visant les « consorts »
du nazillon Jean-Claude Duvalier est actuellement pendante devant la justice haïtienne
–parmi ces « consorts » l’on retrouve le dénommé Rony Gilot. Il
est expressément visé par l’Arrêt de la Cour d’appel de Port-au-Prince en date
du 20 février 2014, signé par les juges Jean Joseph Lebrun, président de la
troisième section à la Cour d’appel de Port-au-Prince, Durin Duret et Marie
Jocelyne Casimir.
Cet Arrêt casse l’ordonnance du juge Carvès Jean, qui avait
rejeté les poursuites contre l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier pour
crimes contre l’humanité. En voici un extrait :
« Attendu
qu'il a lieu pour la Cour de constater que malgré le fait que par réquisitoires
d'informer en date des 20 avril 2008 et 18 janvier 2011, l'instruction est
ouverte contre les inculpés Jean Claude Duvalier , Michèle B Duvalier, Simone
0. Duvalier, Jean Sambour, Samuel Jérémie, Auguste Dougé, Jean Robert Estimé,
Ronald Bennet, Frantz Merceron, Édouard Berrouet, colonel Franck Romain, Dr
Bernadin Rosarion, Gérard Prophète , Milice Midi, Christophe Dardompré St Voyis
Pascal, Rony Gilot et consorts pour les présomptions graves d'avoir
commis, comme auteurs ou complices, des crimes contre l'humanité, crimes
financiers, actes de corruption , forfaitures, concussion de fonctionnaires,
détournements de fonds , vols et associations des malfaiteurs, la plupart de
ces inculpés n'ont été ni convoqués , ni interrogés par le Juge d'Instruction
qui s'est contenté de rendre son ordonnance uniquement contre Jean Claude
Duvalier qu'il a renvoyé par devant le Tribunal Correctionnel pour être jugé
pour délit de détournement de fonds publics; Attendu qu'il convient de
reconnaître que la situation des autres inculpés cités dans les réquisitoires
d'informer du Parquet mérite d'être prise en compte, ce qui pourrait remettre
en cause l'ensemble de la décision relative à ce chef, et pour ne l'avoir
pas fait, l'ordonnance du vingt-sept janvier deux mille douze sera sanctionnée
par la Cour… » (Sources : Défenseurs des opprimés (DOP) –
« Prise de position sur la nomination de Rony Gilot » –
Port-au-Prince, 21 février 2016 ; voir aussi le texte intégral de l’Arrêt
du 20 février 2014 sur le site « Haïti lutte contre
l’impunité » :
http://www.haitiluttecontre-impunite.org/texts/59)
La Cour
d’appel de Port-au-Prince a été à dessein tout à fait explicite dans son Arrêt,
comme le précise avec justesse l’agence en ligne AlterPresse :
« Elle
exige, en même temps, l’identification de tous ceux entrant dans la rubrique de
consorts [dont Rony Gilot], la précision de la situation des inculpés
décédés, l’audition à titre de témoins de tous les citoyens cités par les
plaignants à l’occasion de leur déposition devant la cour, l’accomplissement de
tous actes d’instruction nécessaires, notamment l’identification d’autres
témoins éventuels au cours de la nouvelle information. » (AlterPresse :
« Haïti-Justice : La cour d’appel reconnaît la nécessité de
juger Jean-Claude Duvalier pour crimes contre
l’humanité », AlterPresse, 20 février 2014 : L'alliance Rony Gilot/Jocelerme Privert, un ticket rose pour l'impunité
en Haïti)
Cet
Arrêt désignant le juge Durin Duret Junior pour effectuer « un
supplément d’instruction » s’intéresse donc désormais aux
« consorts » du défunt dictateur Jean-Claude Duvalier :
« Après
la mort de Jean-Claude Duvalier, le sort de tous les suspects cités dans les
réquisitoires d’informer du Parquet en date des 20 avril 2008 et 18 janvier
2011, et l’identification de ceux entrant dans la rubrique "et
consorts" sont au centre de l’attention. Sur les listes initiales dressées
par le procureur figurent : Franck Romain, Christophe Dardompré, Michèle
Bennett, Simone Ovide Duvalier, Jean Sambour, Samuel Jérémie, Auguste Douyon,
Jean- Robert Estimé, Ronald Bennett, Frantz Merceron, Edouard Berrouet,
Bernardin Rosarion, Gérard Prophète, Milice Midi, Saint-Voiyis Pascal
et Rony Gilot » (Jean Elie Paul :
« Haïti-Duvalier : Que sont devenus les barons de la dictature ? », AlterPresse, 6 février 2015).
Le « supplément
d’instruction », d’une importance capitale pour la suite des procédures
dans le volet judiciaire de la lutte contre l’impunité, est en effet cause
pendante devant la justice haïtienne car de fait
« La
mort de Jean Claude Duvalier ne met pas fin aux poursuites entamées devant la
justice, les victimes du régime Duvalier ayant également porté plainte contre
les proches collaborateurs de l’ex-dictateur » a déclaré Pierre Espérance, le
Directeur exécutif du « Réseau national de défense des droits humains » RNDDH
et Secrétaire général de la « Fédération internationale des ligues des droits
de l’Homme » (FIDH).
Une position
que partage Me Pascal Paradis, Directeur général d’ « Avocats sans
frontières Canada » (ASFC), le principal partenaire du Collectif contre
l’impunité, qui regroupe la plupart des plaignants contre l’ex-dictateur et ses
principaux collaborateurs : « La mort de l’ancien dictateur Jean-Claude
Duvalier ne marque pas la fin de la procédure judiciaire engagée en Haïti pour
faire juger les plus hauts responsables des violations graves des droits humains qui ont été commises de 1971 à 1986 […] parmi lesquels Jean Valmé, Rony Gilot et Emmanuel Orcel […] « Le-décès de Duvalier ne met
pas fin la procedure judiciaire» 7 octobre 2014).
Du reste, on l'aura noté, les nouvelles autorités en poste en Haïti fin février 2016 viennent d’être publiquement interpellées dans un « communiqué de presse conjoint, daté du 20 février 2016, de Amnesty international, [de] Human Rights Watch, [de] la Fédération internationale des droits humains (Fidh) et [d’] Avocats sans frontières Canada (Lwbc) [qui] appellent les autorités concernées à faire avancer le dossier de poursuites contre Duvalier et consorts. (…) Des mesures importantes doivent être prises « afin de finaliser l’enquête, d’établir la responsabilité pénale individuelle des collaborateurs de Duvalier et de mener un procès équitable et impartial », souhaite Pascal Paradis, directeur général d’Avocats sans frontières Canada. (…) Le nom de Rony Gilot, cité comme consort, ministre de Duvalier et actuellement secrétaire général adjoint du palais national, sous la présidence provisoire de Jocelerme Privert, figure dans un réquisitoire d’informer, daté de 2008. » («: Les nouvelles autorités d'Haïti appelées à poursuivre des procédures judiciaires contre l'ex dictateur Jean-Claude Duvalier et ses acolytes», AlterPresse, 26 février 2016)
Il importe
donc de bien comprendre que Rony Gilot n’est pas un simple citoyen lambda
nostalgique de la « révolution » duvaliériste ou un individu ayant
parfaitement le droit –en dehors de ses liens avec les crimes d’État de la dictature
duvaliériste--, de professer sa volontaire adhésion catéchétique au
duvaliérisme : il est encore un tonton macoute « en service
commandé », et il est surtout UN INCULPÉ devant la justice haïtienne. Ce
statut judiciaire, en dépit de la présomption d’innocence dont bénéficient les
inculpés selon la loi, lui enlève toute légitimité pour occuper une haute
fonction dans l’Administration publique du pays et rend illégale sa nomination
partisane par Jocelerme Privert. Mais il semble bien que l’actuel Président
provisoire d’Haïti, faisant fi du devoir de réserve, n’a aucun état d’âme à se
placer au-dessus et en dehors de la justice haïtienne en nommant L’INCULPÉ Rony
Gilot au poste de secrétaire général adjoint du Palais national ; frappé
d’amnésie volontaire en ce qui a trait aux crimes de la dictature duvaliériste,
Jocelerme Privert n’a eu aucune crainte à se lier à tel baron duvaliériste
contribuant ainsi, lui aussi, à consolider la machine infernale de
l’impunité.
Consolider
la machine infernale de l’impunité
Car comme
avant lui Jean-Claude Duvalier et Michel Martelly, Jocelerme Privert se
présente sous le masque bateleur du « rassembleur », d’un faiseur de
« l’unité de la famille haïtienne » (slogan cher aux duvaliéristes)
dans une conjoncture particulièrement complexe :
« Le
président provisoire haïtien, Jocelerme Privert, confirme son statut de
rassembleur pouvant faciliter une entente entre les partis politiques de gauche
et de droite. J'ai autour de moi des membres du parti lavalas et du parti
duvaliériste, a insisté M. Privert lors de son premier déplacement dans une
ville de province. « Je peux m'enorgueillir de pouvoir rassembler autour
de moi les représentants de tous les secteurs de la vie nationale, a dit M.
Privert assurant qu'il peut discuter franchement avec eux. Il affirme avoir prêché par l'exemple en
regroupant dans son cabinet des citoyens représentants tous les courants
politiques. » («Privert se présente en rassembleur », Radio Métropole, 22 février
2016 ).
Photo:de gauche à droite Rony Gilot, Jocelerme Privert et Fritz Jean, nouveau Premier ministre, au P N, 26 février 2016 |
Les données
d’analyse disponibles aujourd’hui ne permettent pas encore de dire si
l’accession de Rony Gilot au poste de secrétaire général du Sénat haïtien en
2008 s’est effectuée avec le concours actif de Jocelerme Privert ;
l’Histoire aura à l’établir. En revanche, l’Histoire contemporaine, les faits
identifiables et mesurables de la vie nationale ont montré que
« rassembler », faire « l’unité de la famille haïtienne »
en dehors de toute entreprise de justice et de réparation pour les victimes de
la dictature duvaliériste est un leurre, un bluff et, surtout, une
mystification et un déni de justice foulant aux pieds les droits des milliers
de victimes du terrorisme d’État duvaliériste. Cette sous-culture du
« kase fèy kouvri sa », de l’amnésie décérébrante programmée,
terriblement toxique depuis 1986 notamment, revient à absoudre à l’avance les
auteurs et complices des crimes contre l’humanité de la dictature duvaliériste.
Et à frayer avec eux sans états d’âme, à les présenter comme
« fréquentables » sinon dépositaires d’un « savoir faire
irremplaçable » dans la gestion des affaires de l’État. Soyons clairs et
éclairons davantage l’alliance Rony Gilot/Jocelerme Privert car selon
l’esprit du pacte conclu entre eux il s’agit :
1. de
faire des duvaliéristes --y compris les « consorts » du procès
Jean-Claude Duvalier, y compris les tontons macoutes responsables de crimes
contre l’humanité--, des interlocuteurs crédibles ;
2. de
faire croire que le camp duvaliériste est « un parti politique comme
les autres », sur un même pied d’égalité que les autres, alors même qu’il
dispose encore d’une réelle « imprégnation » idéologique dans toute
la société haïtienne et qu’il a à sa disposition, en toute impunité, une
disparate « force de frappe » terroriste (gangs armés, à l’instar de
ceux financés et armés par certains secteurs de la grande bourgeoisie
haïtienne, à l’instar des « chimères » criminalisés financés et armés
par les différents régimes Lavalas) ;
3. d’accréditer
la fausse idée selon laquelle les crimes d’État de la dictature duvaliériste
sont de même nature, sont comparables et surtout égaux à ceux commis après
1986.
L’alliance
Rony Gilot/Jocelerme Privert est un ticket rose pour l’impunité en Haïti. Elle
est un redoutable et très mauvais signal donné à l’actuelle transition
politique au pays. Comme Michel Martelly --néoduvaliériste déclaré qui s’est
tant affiché avec le nazillon Jean-Claude Duvalier et Prosper Avril flanqués
d’Evans Paul/KPlim--, Jocelerme Privert a choisi de s’inscrire dans une sombre
et mortifère « tradition » à l’œuvre depuis février
1986 : le pacte impunitaire avec les barons duvaliéristes. Les
tontons macoutes et autres têtes pensantes de la dictature duvaliériste se sont
toujours arrangés pour codiriger en sous-main chacune des étapes de la
transition politique au pays, piégeant et hypothéquant ainsi, constamment,
l’établissement d’un État de droit en Haïti. Et comme pour leur faciliter la
tâche, le camp démocratique haïtien, toutes tendances politiques confondues,
n’a pas su faire barrage à une telle imposture –par aveuglement populiste, ou
par manque de vision, ou par rachitisme analytique, ou par souci de ne mener
que des luttes politiciennes pour le pouvoir. Il est attesté que le pacte
impunitaire trouve ses fondements dans « l’imprégnation »
idéologique duvaliériste d’Haïti. Plusieurs travaux de recherche ont illustré
le fait que le langage duvaliériste, sa puissance symbolique, ont fortement
marqué l’inconscient collectif haïtien. Ces recherches ont démontré que
« l’imprégnation » idéologique duvaliériste d’Haïti, avant et après
1986, est une constante dans la vie du pays. Or ces trente dernières années, la déduvaliérisation d’Haïti
n’a pas été vraiment faite en profondeur malgré de réelles avancées dans
plusieurs domaines (liberté de la presse, droit d’association, élections
ouvertes, etc.), et plusieurs générations de jeunes ont grandi au pays dans un
réel dénuement analytique en ce qui a trait à la dictature des Duvalier.
(Sur les sources historiques et idéologiques du langage duvaliériste,
voir notamment : Karl Lévêque, « L’interpellation mystique dans le
discours duvaliérien », revue Nouvelle optique, Montréal, 1971 ; Laennec
Hurbon, « Culture et dictature en
Haïti. L'imaginaire sous contrôle » (éd. L’Harmattan, Paris,
1979) ; Serge Philippe Pierre, « Pouvoir, manipulation et
reproduction du pouvoir. Une analyse sémio-narrative du discours de François
Duvalier », éd. C3, Port-au-Prince, 2015 ; voir aussi la
présentation en 2014 de «L'Etat duvaliérien »
sur le site « Haïti lutte contre l’impunité » : .)
En lien
avec le pacte impunitaire, il faut aussi rappeler que depuis 1986 aucun
programme d’éducation à la citoyenneté dans le système éducatif haïtien n’a
outillé les jeunes quant à l’analyse critique de la dictature duvaliériste, ce
qui leur aurait permis de comprendre les enjeux politiques à l’œuvre dans le
pays et de contrer, en une démarche conséquente, toute tentative de
réhabilitation du duvaliérisme ainsi que les diverses offensives révisionnistes
de falsification de l’Histoire. Ainsi, on a vu le nazillon Jean-Claude Duvalier
invité à titre de « parrain » d’une promotion sortante de l’École de
droit des Gonaïves et y prononcer, pince sans rire, un discours applaudi par
des jeunes nés après la chute de la maison Duvalier (« Le discours de Jean-Claude Duvalier aux Gonaïves», Le Nouvelliste, 20 décembre
2011 :).
En
définitive, c’est essentiellement dans la configuration de la machine infernale
de l’impunité qu’il faut comprendre l’arrivée de Rony Gilot au Palais national
aux côtés du Président provisoire. Avec la nomination par Jocelerme Privert de
Rony Gilot au poste de secrétaire général adjoint du Palais national, l’enjeu
encore actuel pour les duvaliéristes, en plus d’être l’éminence grise au cœur
du pouvoir, est de perpétuer le règne de l’impunité en Haïti, règne vieux de
trente ans et au cours duquel ils n’ont pas eu à rendre compte de leurs crimes
contre la nation haïtienne. Éloge de l’impunité, de l’amnésie programmée, d’un
avenir sans passé… Dont l’effet durablement voulu et entretenu est de nier les
droits et de faire taire la voix des milliers de victimes de la dictature
duvaliériste qui attendent encore justice et réparation de l’État haïtien.
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