Vue générale de Port-au-Prince et de sa baie
vues de la terrasse de l'Hôtel Montana à Pétion-Ville en 2007. |
TRIBUNE DE
LIBRE OPINION
Cet
article sur la salubrité de Port-au-Prince et de la région métropolitaine est
publié depuis 2012 et est passé pourtant incognito du grand public. Il est
cependant pas trop tard pour le lire. Car ce qu'il dit est donc toujours d'actualité. La
salubrité de Port-au-Prince et de la région métropolitaine n'est pas une
question soulevée hier. Par contre, tout le monde pensait que l'incapacité de sa
réalisation était liée au laisser aller et au découragement d'une population
confrontée à la violence et aux difficultés de survie de toutes
sortes. Foutaise! C'est un affaire de gros sous des grands
manitous de la bourgeoisie haitienne en lien avec la complicité de
l'Usaid.
Incroyable
? JM
Plusieurs
ignorent les raisons pour lesquelles la grande région métropolitaine de Port-au-Prince
et plus particulièrement la ville de Port-au-Prince se retrouve
ensevelie sous des tas de fatras où quoique l’on dise et quoique l’on
fasse, il demeure toujours impossible de garder la ville propre. En effet
depuis plus de vingt ans maintenant, en particulier à partir de mars 1991, les
grands manitous de la bourgeoisie avec la complicité de l’Usaid ont intégré un
modèle de gestion Utilisateurs / payeurs dans la gestion de la collecte des
résidus solides dans le pays principalement à Port-au-Prince.
Selon ce
modèle, l’État par l’entremise du service responsable de la collecte des
résidus solide ( SMCRS : Service Métropolitain de Collecte des Résidus
Solides) devra travailler en partenariat public / privé avec les entreprises
privées pour collecter les déchets à Port-au-Prince et ce en fonction de
la capacité de payer des villes et des quartiers pour être plus précis. En
d’autres termes, le SMCRS et les entreprises de sous-traitance
s’occuperont de nettoyer seulement les quartiers qui rapportent au
gouvernement en matière d’impôt et de fiscalité et les autres quartiers où les
prélèvement fiscaux seront faibles à cause du faible pouvoir d’achat des
ménages qui y vivent devaient se débrouiller pour nettoyer eux-mêmes leurs
quartiers puisque ni le SMCRS ni non plus les entreprises privées ne
procéderont au nettoyage de ces quartiers.
Vue de Port-au-Prince dans le parages de Bolosse |
Pour la
petite histoire, et pour la mémoire de ceux qui réfléchissent présentement sur
le problème de la salubrité de Port-au-Prince, j’aimerais leur dire que ce
modèle de gestion Utilisateurs / payeurs a été proposé par plusieurs acteurs du
monde des affaires dont les Dupuis, les Boulos et les Lerouge et plus
particulìèrement les experts de l’Usaid lors d’une colloque – conférence
-débat organisé à l’hôtel Hollyday Inn au champs de mars au
début du mois de mars 1991 en collaboration le ministère des Transports et des
Travaux Publics (TPTC ) dirigé par Frantz Vérella avec la mairie
de Port-au-Prince dirigée à l’époque par
Evans Paul dit Kplim.
Au
cours de cet événement, tous les acteurs présents étaient d’accord avec ce
modèle de gestion discriminatoire. Cependant, sauf les
représentants des comités de quartier, Cocoq : Confédération des
Comités de Quartier s’opposaient vivement à ce modèle qu’ils qualifiaient de discriminatoire
et injuste à cause des critères de ce choix et également à cause des
conséquences de ce modèle de gestion. Malgré les doutes et les
avertissements que les représentants de Cocoq avaient fait au
maire Kplim et au Ministre Fanfan Vérella car ces derniers
étaient les derniers à parler pour clôturer le colloque-conférence-débat, aucun
de ces responsables n’avait mentionné de doute et de réserve sur cette forme de
gestion discriminatoire que proposaient le milieu des affaires, les experts
de Usaid et tant d’autres agences internationales présentes.
Jalousie dans la banlieue de Port-au-Prince. Cette ville fait face à une explosion démographique monstre pour laquelle elle n'est pas préparée. |
Depuis ce
colloque, la ville de Port-au-Prince avait cessé d’être propre puisque la
mairie de Port-au-Prince qui a seulement la responsabilité de gérer le service
de la voirie était devenue impuissante face au problème de l’accumulation des
immondisses sur presque toutes les artères de la Capitale Nationale. Les
employés de la voirie assemblaient les déchets par petites piles puis en grosses
piles attendant le service des TPTC et du SMCRS puis de la Compagnie
Privée de l’Époque Hervé Lerouge pour les collecter et les enfouir
dans les sites de décharge. D’un côté les camions de SMCRS (Service Métropolitain
de Collecte de Résidus) étaient toujours en panne et d’un autre, la compagnie
privée ne disposait pas assez de camions pour offrir un service adéquat,
non plus cette compagnie H L se plaignait des irrégularités de ses paiements
par le ministère et le programme de financement de Usaid et enfin, c’était toujours un bras
de fer entre les responsables du ministère, la mairie de Port-au-Prince, les
compagnies privées impliquées et du ministère de l’intérieur.
Les maisonnettes se trouvant dans le bidonville Jalousie à Pétion-Ville ont été peinturées grace à des fonds Pe- tro Caribe en 2014. |
Or puisque
personne n’était satisfaite, le résultat de cette politique qui prévaut encore
aujourd’hui, les quartiers les plus pauvres restaient souvent avec leurs
déchets en attendant que la pluie tombent pour les voir décendre au bas de la
Ville mettant ainsi Port-au-Prince sous des châteaux et des montagnes de
déchets.
Ce qu’il
faut comprendre dans l’échec de ce modèle de gestion, c’est d’une part une méconnaissance
de la sociologie de Port-au-Prince par les acteurs dont le milieu des affaires
impliqué dans la mise en place de cette politique et de ce modèle de gestion
fondé sur la soif du profit par un secteur privé antisocial car si Port-au-Prince
est la capitale de Haïti, par contre les gens riches formant la nouvelle
bourgeoisie n’habitent plus la capitale; également, ces acteurs ne saisissent
pas d’une part l’importance de maintenir propre la Capitale du pays et d’autre
part, ces mêmes acteurs ne comprenaient pas que Port-au-Prince referment trop
de poches de pauvreté comme Bel-air, Saint-Martin, Nazon, Carrefour-Feuilles,
Route-des-dalles, Martissant, Christ-Roi, Bicentenaire, Sans-Fil et Tokyo. Tous ces
quartiers habitent des gens qui vivent au jour le jour et bien qu’ils payent
plus de taxes et d’impôt que le reste des autres ménages des autres quartiers
comme Turgeau, Lalue, Bois-Vernat, Pacot, Babiole, Bourdon, Bois-patate, Avenue
Martin-Luther King Sud, Cabane Créole.
En fait,
Port-au-Prince de part sa sociologie économique ne correspondait pas au critère
d’application d’un modèle de gestion fondé sur la base utilisateurs /
payeurs compte tenu que les habitants de Port-au-Prince ont le plus faible niveau de revenu
comparativement à Delmas, Pétion-Ville et Carrefour qui habitent les fonctionnaires
publics, les gros commerçants, la bourgeoisie. En Haïti, la bourgeoisie habite
dans les hauteurs alors que les pauvvres habitent en ville. Je me souviens
d’un professeur d’économie de développement qui s’amusait à dire, concernant
les déchets à Port-au-Prince, les riches payent pour emballer et envoyer leurs
fatras au peuple, ce qui rend leurs quartiers très
propres cependant, le peuple les leur livre au bas de la ville
devant et dans leurs magasins où ils ont tous les jours pour mieux les
respirer. Il est vrai que depuis le 12 janviers 2012 qui a poussé la bourgeoisie
à rester beaucoup à Pétion-Ville, ce sont les petits commerçants au bas de la
ville qui respirent ces fatras néanmoins à l’époque où le professeur parlait
de cet état de fait, son ironie se vérifiait dans la réalité et du système
d’exclusion qui règne dans le pays.
à suivre…
Hermann
Cebert
Photos d'illustration: HCC
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