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Friday, September 15, 2017

La corruption en Haïti, un fléau dévastateur

Professeur Antoine Atouriste, ex-directeur général de ULCC
Constituant l’état normal dans la vie quotidienne des Haïtiens, la corruption est dans tous les secteurs d’activité, en passant par les affaires, le commerce, la santé, l’éducation, la diplomatie et la politique. Ainsi, le professeur Antoine Atouriste, ex-directeur général de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), s’est entretenu en juin 2016 avec une soixantaine d’étudiants de l’Académie nationale diplomatique et consulaire (ANDC) sur le thème « Rôle de l’université dans la lutte contre la corruption en Haïti, un fléau rongeur et dévastateur de société».

« La corruption est générée par chaque citoyen haïtien à travers les dirigeants qu’il élit pour occuper les hautes fonctions de l’État.» Par ces mots, le professeur Antoine Atouriste a confié que la corruption est une tragédie pernicieuse qui sape les fondements de l'État de droit et alimente les pratiques mafieuses, tels que les conflits qui hypothèquent la paix, la sécurité et la stabilité politique dans une société. Il a indiqué que la corruption créait des disparités entre riches et pauvres et qu'elle entravait la réduction de la pauvreté et limitait la croissance économique. Il y a toujours des hommes d’affaires et contribuables du secteur privé ou autres qui glissent un billet ou un pot-de-vin à un représentant voulu pour faciliter l’accès à un service ou pour outrepasser certaines formalités exigées en vue de parvenir à leur fin personnelle au détriment de la collectivité.

« La corruption constitue une pratique vraiment malveillante et immorale, les États pauvres comme le nôtre qui sont sujets à ce fléau s’appauvriront encore davantage. Les corrompus et les corrupteurs s’enrichiront mais cela se fera au détriment des autres. La corruption détourne les ressources et entrave l’accès des populations aux services essentiels tels que la santé et l’éducation», indique le panéliste, qui souligne que la plupart des autorités de l’État haïtien qui devraient mettre en œuvre des politiques pour combattre avec ardeur cette plaie aussi profonde qu’un puits sont la plupart du temps complices de la progression de ce mal endémique.

A en croire le professeur, il faut extirper ce rongeur de notre mentalité tout en définissant des stratégies de lutte, faire des recommandations visant à promouvoir une nouvelle culture d’éthique, de crédibilité, d’intégrité, de bonne gouvernance et de transparence dans toutes les sphères de la vie nationale. En dépit de la création des organes de lutte contre la corruption, il faut une volonté politique réelle des autorités pour combattre ce phénomène. Citant le rapport de Tranparency International sur l’indice de perception de la corruption, l’ex-directeur de l’ULCC a souligné qu’Haïti figure en premier sur la liste des pays de la Caraïbe qui sont très touchés par la corruption à des degrés différents, ce qui entrave la construction d'un État de droit.

Corruption : rôle de l’université
Professeur  Atouriste lors de la conférence 
Enfin, le professeur a rappelé que les universités devraient planifier en permanence des travaux de recherche sur l’évolution du phénomène aux fins de produire des recommandations documentées et codifiées aux autorités de l’État ; de familiariser les futurs dirigeants avec la convention des Nations unies contre la corruption et promouvoir l’enseignement dans le cursus universitaire. Globalement, la corruption et la manière de lutter contre celle-ci posent la question de la gouvernance, de la transparence, de la reddition des comptes, du fonctionnement normal des institutions, de la citoyenneté et des médias, pour ne citer que ces aspects. Bien que le pays soit doté d'institutions anti-corruption, le phénomène prend malheureusement une grande ampleur et risque de devenir de plus en plus destructeur dans notre société.


De son côté, le recteur de l’ANDC, Franck Bonhomme, a remercié le professeur de son exposé. Il n'a pas caché sa satisfaction de cette présentation du professeur sur un sujet qui préoccupe notre société et aussi le partage de connaissances avec des futurs responsables de ce pays pour une meilleure connaissance de ce fléau qui ronge notre société, particulièrement les jeunes. Selon le recteur Bonhomme, la bonne gouvernance est le socle du développement, et l’État de droit, qui est un moteur du progrès économique et social, en est un élément central.

Ce n’est pas le professeur Gary Pierre qui dira le contraire. Pour placer l’importance du civisme dans la lutte contre la corruption, le professeur a, dans son intervention sur la place du civisme dans la reconstruction d’Haïti, fait savoir que le civisme est lié au respect des valeurs culturelles et morales. D’après lui, les internationaux n’ont pas la responsabilité ni la mission ni l’objectif d’œuvrer au développement d’un pays. Cela revient aux nationaux, je veux dire aux Haïtiens de prendre conscience de la situation actuelle du pays afin de contribuer au changement d’Haïti dans une vision et une volonté commune.

Cette activité a été marquée par la présence de personnalités haïtiennes, notamment celle du professeur Marie-Clerjeune Macajoux, du Dr Lionel Desgranges, du Dr Christophe Providence, ainsi que les membres du comité des étudiants : Benjie Éliazard, Gabriel Stevens Grégore, Thaïcha Emmanuella d’Haïti et Nimchy Benjamin.

Amos Cincir

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