Professeur Antoine Atouriste, ex-directeur général de ULCC |
Constituant
l’état normal dans la vie quotidienne des Haïtiens, la corruption est dans tous
les secteurs d’activité, en passant par les affaires, le commerce, la santé,
l’éducation, la diplomatie et la politique. Ainsi, le professeur Antoine Atouriste, ex-directeur général de
l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), s’est entretenu en juin 2016 avec
une soixantaine d’étudiants de l’Académie nationale diplomatique et consulaire
(ANDC) sur le thème « Rôle de l’université dans la lutte contre la corruption
en Haïti, un fléau rongeur et dévastateur de société».
« La corruption est
générée par chaque citoyen haïtien à travers les dirigeants qu’il élit pour
occuper les hautes fonctions de l’État.» Par ces mots, le professeur Antoine
Atouriste a confié que la corruption est une tragédie pernicieuse qui sape les
fondements de l'État de droit et alimente les pratiques mafieuses, tels que les
conflits qui hypothèquent la paix, la sécurité et la stabilité politique dans
une société. Il a indiqué que la corruption créait des disparités entre riches
et pauvres et qu'elle entravait la réduction de la pauvreté et limitait la
croissance économique. Il y a toujours des hommes d’affaires et contribuables
du secteur privé ou autres qui glissent un billet ou un pot-de-vin à un représentant
voulu pour faciliter l’accès à un service ou pour outrepasser certaines
formalités exigées en vue de parvenir à leur fin personnelle au détriment de la
collectivité.
« La corruption constitue une
pratique vraiment malveillante et immorale, les États pauvres comme le nôtre qui sont
sujets à ce fléau s’appauvriront encore davantage. Les corrompus et les
corrupteurs s’enrichiront mais cela se fera au détriment des autres. La corruption détourne les ressources et entrave l’accès des
populations aux services essentiels tels que la santé et l’éducation», indique
le panéliste, qui souligne que la plupart des autorités de l’État haïtien qui
devraient mettre en œuvre des politiques pour combattre avec ardeur cette plaie
aussi profonde qu’un puits sont la plupart du temps complices de la progression
de ce mal endémique.
A en croire le professeur,
il faut extirper ce rongeur de notre mentalité tout en définissant des
stratégies de lutte, faire des recommandations visant à promouvoir une nouvelle
culture d’éthique, de crédibilité, d’intégrité, de bonne gouvernance et de
transparence dans toutes les sphères de la vie nationale. En dépit de la
création des organes de lutte contre la corruption, il faut une volonté
politique réelle des autorités pour combattre ce phénomène. Citant le rapport
de Tranparency International sur l’indice de perception de la corruption,
l’ex-directeur de l’ULCC a souligné qu’Haïti figure en premier sur la liste des
pays de la Caraïbe qui sont très touchés par la corruption à des degrés différents,
ce qui entrave la construction d'un État de droit.
Corruption : rôle de
l’université
Professeur Atouriste lors de la conférence |
De son côté, le recteur de l’ANDC, Franck Bonhomme, a remercié le professeur de son exposé. Il n'a pas caché sa satisfaction de cette présentation du professeur sur un sujet qui préoccupe notre société et aussi le partage de connaissances avec des futurs responsables de ce pays pour une meilleure connaissance de ce fléau qui ronge notre société, particulièrement les jeunes. Selon le recteur Bonhomme, la bonne gouvernance est le socle du développement, et l’État de droit, qui est un moteur du progrès économique et social, en est un élément central.
Ce n’est pas le professeur
Gary Pierre qui dira le contraire. Pour placer l’importance du civisme dans la
lutte contre la corruption, le professeur a, dans son intervention sur la place
du civisme dans la reconstruction d’Haïti, fait savoir que le civisme est lié
au respect des valeurs culturelles et morales. D’après lui, les internationaux
n’ont pas la responsabilité ni la mission ni l’objectif d’œuvrer au
développement d’un pays. Cela revient aux nationaux, je veux dire aux Haïtiens
de prendre conscience de la situation actuelle du pays afin de contribuer au changement
d’Haïti dans une vision et une volonté commune.
Cette activité a été
marquée par la présence de personnalités haïtiennes, notamment celle du
professeur Marie-Clerjeune Macajoux, du Dr Lionel Desgranges, du Dr Christophe
Providence, ainsi que les membres du comité des étudiants : Benjie Éliazard,
Gabriel Stevens Grégore, Thaïcha Emmanuella d’Haïti et Nimchy Benjamin.
Amos Cincir
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