Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Saturday, April 24, 2021

Une interview qui transpire un ultime espoir pour Haïti

Le Professeur Samuel Pierre sur le Point de Télé Métropole
 

Par Max Dorismond.

C’est une interview électrisante qui nous arrive avec une vision d’espoir, démontrant que Haïti a encore une dernière chance pour s’en sortir. 

En réalité, la vérité qui sort de la bouche du professeur met à nu la gabegie, l’incompétence de plusieurs années de pouvoir en Haïti. Que les chefs actuels ne rougissent pas trop, car, ils ne sont pas les premiers à contribuer à la déchéance de la nation, à cause de leur ignorance. 

Toutefois, s’ils sont conscients de leur état, s’ils possèdent une once d’humanité, ils devraient du moins, soit démissionné, soit appelé des conseillers de ce type à leur rescousse, pour leur enseigner comment développer un vrai pays, en évacuant les multiples erreurs qui nous entraînent vers l’enfer. 

En fait, certaines lacunes dans notre culture, dans notre éducation ont été énumérées par le Prof. Samuel Pierre. De multiples exemples de réussites d’anciens pays pauvres, tels Taïwan, Singapour, Corée du Sud ont été mentionnés pour l’édification de l’auditeur. Avec un naturel déconcertant, le Prof répond aux questions avec son aplomb et sa compétence hors pair, pour expliquer l’échec national et la correction à y apporter. 

Une entrevue à bâtons rompus qui mérite d’être écoutée. Dans la crise sanitaire qui nous tape sur les nerfs, au moins nous avons une chance de garder l’espoir avec des visionnaires à l’instar du professeur. Toutefois, si vous êtes au pouvoir et par une prise de conscience, vous venez de découvrir après écoute que vous entraînez le pays vers sa perte, ayez le courage de démissionner. Haïti vous saura entièrement gré. 

Bonne écoute :

MaxD

Cliquer ici -->>  Le Professeur Samuel Pierre




Quand le $ vert plombe les consciences

Voir G. Washington cachant son visage . tellement il en a marre d'Haïti

Par Max Dorismond 

J’ai entendu, à maintes occasions, cette anecdote puérile à créer le doute sur l’intelligence du pouvoir en place. À l’époque de François Duvalier, avant de manipuler l’Oncle Sam avec la notion du communisme, l’argent se faisait rare. Un de ses zélés généraux eut à conseiller au président de lui déclarer la guerre, pour qu’il nous reconstruise Haïti après coup. Ainsi nous serions riches. 

Dans la psyché de mes congénères, l’occupation d’Haïti par une armée étrangère est synonyme de richesses. Oh ignorance, quand tu nous mystifies ! 

En réalité, cette malheureuse nation a connu plusieurs occupations étrangères au point que les badauds se demandent pourquoi ne place-t-on un «zipper géant», une fermeture éclair, devant le port et l’aéroport, une fois pour toutes, et faciliter l’entrée et la sortie des occupants à l’année. 

Certains adorent tellement ces évènements déshonorants qu’à l’arrivée des forces américaines, lors de l’évincement de Raoul Cédras, en octobre 1994, pour répéter, à peu près, le professeur Auguste D’Meza1 : « les soldats, une fois à terre, se croyaient devant un zoo, en voyant un peuple applaudir l’occupation de son propre territoire.  Certains, dans le secteur des affaires, sablaient le champagne et savouraient du caviar béluga ». Jusqu’à présent, avec délice, certains en rêvent encore. Face à la présente conjoncture, d’autres prient des deux mains pour la résurgence prochaine de «ce temps béni». 

En juin 2004, quelques mois après le dégommage du président Aristide, débarqua la MINUSTHA2, une autre armée d’occupation, sous commandement brésilien. Le tapis rouge a été déroulé… L’espoir de bénéficier de la pluie de dollars, drainée par ces étrangers, apporte un certain baume dans l’ambiance nationale. Haïti, en son entier, surfait sur le billet vert. En corollaire, avec l’argent de Petro-Caribe ou celui des caisses de l’État, plusieurs hôtels de luxe, des manoirs de grande classe, des villas locatives de valeur, juchées au flanc des montagnes, avec piscine suspendue et vue sur la capitale, des blocs d’appartements-condos, sortaient de terre, comme par magie, pour abriter les familles des soldats et des étrangers regroupés sous le sigle populaire d’ONG3. 

Ce trio de lettres (ONG) identifie plusieurs mini-gouvernorats qui reçoivent des dons de leur pays d’origine pour aider Haïti sans avoir à rendre de comptes à cette dernière. Le pays a hérité, avec la présence de ces colons modernes, d’un mal incurable : le choléra avec son cortège de 10000 morts et 800000 malades contaminés4, laissés sans indemnisation sur le pavé. La multiplication de la misère qui en résulta pour une grosse partie de la population, laisse un goût amer. La prostitution et le viol courant, affectant les deux sexes avaient atteint leur paroxysme. Des milliers d’enfants, orphelins de père, ont été abandonnés sur le carreau. Et la pauvreté chronique, corollaire de cette occupation sauvage et non productive, poussa plusieurs familles de la classe moyenne à louer leur propre maison aux étrangers pour s’établir dans la chambre de bonne, dans leur cour. 

Et un beau matin, le 15 octobre 2017, après 13 années de gargotes, on annonça la fin de la récréation. La MINUSTHA nous dit adieu, après avoir dépensé chez nous, plus de 6 milliards de dollars2 en 13 années. 

Antérieurement, les maîtres virtuels avaient choisi leur marionnette pour gouverner la nation, tout en rembarquant leurs soldats et la presque totalité des ONG. La gourde, la monnaie nationale, dégringola, et le tourisme s’en alla à vau-l’eau. Aucun effort ne sera déployé pour porter Haïti à voler de ses propres ailes. Non! Les vendeurs de patries attendent fébrilement le retour du Messie. 

Dans un pays qui ne produit presque rien et qui marche à reculons, la politique demeure un passage obligé, pour s’enrichir vite et bien.  Les protagonistes ne se firent point prier, pour déstabiliser le pouvoir laissé en héritage et créer le chaos. Ce fut une descente aux enfers. D’ailleurs, Haïti est le seul pays où les diplômés sont au chômage et les piètres, multimillionnaires. 

Du jour au lendemain, tous les camps s’activent pour animaliser la nation. Le Parlement est dissous. Le gouvernement, irrité par l’appétit d’ogre des élus, préfère fonctionner par décrets. Les anciens privilégiés de ce corps n’entendent point perdre leurs acquis et jouent des mains pour retrouver l’Éden. Les armes de gros calibre sont distribuées dans les bidonvilles. Chaque intéressé possède sa propre armée de l’ombre pour créer le bordel. 

Et le pouvoir officiel n’est pas en reste. De son côté, il tire ses propres ficelles pour ne pas se laisser dépasser par les protagonistes en utilisant les mêmes canaux de la déstabilisation, tout en rêvant dans le noir de voir une nouvelle armée étrangère venir cautionner et assurer son palais. De l’autre côté, les faux candidats de l’opposition, sans programme, s’attendent à la démission du président pour surfer sur les vagues de la transition, d’où leur surnom de «Ti Transit».

Tout le pays veut mettre à profit cette hypothétique force étrangère tant espérée, qui se fait tirer l’oreille.  C’est la similarité du côté des gens d’affaires. Leur vision à courte vue, doublée d’une obsession de la richesse vite engrangée, est lamentable. Les investisseurs, les locateurs potentiels, les propriétaires d’hôtels, s’adonnent aussi à créer leur propre pagaille, moyennant leurs gangs privés. Même les putes se congratulent et se frottent déjà les mains à scruter l’horizon, derrière les nuages, cherchant l’ombre d’une éventuelle flotte d’occupation, prête à accoster la terre de leurs aïeux pour l’arroser d’une pluie de dollars verts. 

Pour inciter tout éventuel pays étranger à remplir « cedevoir tant désiré», quelques exactions ou provocations ont été tentées : des manifestations intempestives, des commerces appartenant à des adversaires ont été brûlés et pillés. Des assassinats ciblés ont endeuillé le décor. Des citoyens ont été kidnappés à la tonne et les pleurs des rescapés sur les ondes étaient à vous glacer le sang. La police laisse faire et semble être de connivence avec les bandits. Déjà sous-payée, sa fidélité serait aux vaches. 

Se trouvant devant un gouvernement relax et insensible, les malfrats augmentent le rythme. Ils reçurent l’ordre de passer en quatrième vitesse. Ils commencèrent par jouer au cinéma, pour se faire voir à l’international en kidnappant deux ressortissants dominicains qui furent relâchés d’une manière rocambolesque deux jours plus tard. En pleine messe, un pasteur et quelques fidèles furent attrapés par des bandits non cagoulés, pour être libérés sans cérémonie. Une semaine plus tard, ce fut au tour de 12 personnes, dont 5 prêtres et deux religieuses, parmi lesquels deux ressortissants français. 

Entre négociations et pressions, tous ignorent comment cette beuverie va se terminer pour les victimes. La France a toujours claironné qu’elle n’a jamais négocié avec les ravisseurs. Qui dit mieux ! 

Devinant le suprême désir de tous les coquins en lice, les Américains, loin de tomber dans leur piège, firent venir de chez eux 80 policiers de choc pour protéger en premier lieu leur ambassade et leurs ressortissants. Ces fonctionnaires fraîchement débarqués représentent surtout des agents de renseignements et d’infiltration pour cibler les vrais acteurs, les manipulateurs et les futurs bénéficiaires en réserve, aux fins de prévenir tout dérapage. 

Toutefois, l’Oncle Sam comprend assez bien qu’aucun fou n’irait jusqu’à attaquer sa bâtisse, faute de courage, en raison d’une arme secrète qu’il fourbit dans sa poche : le p’tit visa. En réalité, tous les protagonistes, au pouvoir, dans l’opposition, ou dans les affaires, ne caressent qu’un rêve, s’enrichir, faire le va-et-vient aux États-Unis, où leurs femmes et leurs enfants ont déjà élu domicile, tout en suçant la vache quisqueyenne. Donc, le Grand Oncle est confiant. Juste à agiter la menace de couper la « Résidence » à tout le monde, les becs seront clos à tout jamais et les aspirants millionnaires se métamorphoseront en agneaux. 

Néanmoins, il n’y aura plus d’occupations. C’est fini, Kaba ! Le monde a été divisé en zones d’influence confirmées par la Conférence de Yalta, depuis février 1945. Le communisme est à genoux, personne ne viendra plus jouer dans les platebandes américaines. L’ère de la guerre froide est révolue. Cuba s’est assagi. Point n’est besoin de faire voyager leurs soldats vers des terres insoumises.  L’économie est en lambeaux durant cette pandémie. Au contraire, les soldats yankees en Afghanistan doivent rentrer au plus sacrant. Fini de jouer aux gendarmes du monde! Voilà la situation! Que les Haïtiens s’entredévorent! La valse des dollars verts a pris fin, les musiciens sont tannés. Le bal est fini. 

En conclusion, si les belligérants en lice n’entendent pas diluer leur p’tit clairin, je ne donnerais pas cher de la peau d’Haïti-Toma. Les gangs risqueraient d’opérer à l’envers de toutes les convoitises, pour imposer leur propre plan. « Ce ta rèl Kay Makorel ! »

 

Max Dorismond





Note

1 – Professeur Auguste D’Meza - « Le Point » 13/04/21 :  https://youtu.be/O_SXp5B1zpI

2 – MINUSTHA : Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti. (A/69/839/Add.4). Montant total dépensé en 13 ans, de juin 2004 à octobre 2017 : 6 339 320 433,00$

3 – ONG : Organisme non gouvernemental

4 – Choléra : https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/l-onu-admet-sa-responsabilite-dans-l-epidemie-de-cholera-en-haiti_4985249_3244.html 

Wednesday, April 21, 2021

L'étoile haïtienne, Rose-Lumane Saint-Jean a encore chaviré Paris

Rose Lumane Saint -Jean
Gagnante au Concours international de l'Université Paris 1

Par Hervé Gilbert





Toutes nos félicitations à Rose Lumane Saint-Jean pour avoir remporté le " Prix du public TV5 Monde" au Concours international d'éloquence de l'Université  Paris 1 Panthéon-Sorbonne! Haïti est un incubateur de génies, comme l'a démontré notre collaborateur Max Dorismond dans son dernier article: Quand l'étranger bénéficie du génie chez l'haïtien... 

La finale de ce mardi 25 mai réunissait huit finalistes de différentes  nationalités: Amélie Cassagne, Emilien Roubaud, Julie Andrieu, Harold-Régis Kouanfack Djifack, Corrado Abate, Dominik Abbas, Mathieu Latrille de Lorencez et Rose-Lumane Saint-Jean. Cette dernière défendait à l’affirmative la résolution  " Faut-il décrocher la lune ?", avant de prononcer une éloge à Toussaint Louverture. Donc,  Rose Lumane ayant récolté le plus de votes sur la base de sa prestation, lors de la  demi-finale qui s’est déroulée le 14 avril dernier à la Sorbonne. 

« Faut-il décrocher la lune »


Rose Lumane, un nom prédestiné pour envoûter le public. Souvenons-nous de la première dame de la chanson d’Haïti, notre rossignol passé, venu du nord, du nom de Lumane Casimir. Rose-Lumane, son homonyme, ne saurait, avec un tel héritage, nullement évoluer dans l’anonymat. La colombe devrait s’envoler pour animer les jours de ses congénères en mal de triomphe, en mal de savoir, en mal de tendresse.  

En suivant son parcours, les habitués et les proches ne sont pas surpris de son rayonnement au pays des Français. Sa renommée avait dépassé les frontières, tant ses succès au niveau de la communication étaient connus. Étudiante en droit, animatrice d’émission radiophonique. Tout lui souriait et son public en redemandait. En effet, rapporte le Nouvelliste, avec son « Langage châtié, diction à point, superbe timbre de voix, on sent chez celle qui fait aussi office de maître de cérémonie dans divers événements, les qualités d’une grande oratrice. L’enfant de la 3e section communale de Milot a le verbe dans la peau. 

Rose Lumane Saint-Jean 
exhibant sa plaque de championne

Nous ne sommes pas du tout étonnés, si on en croit notre oracle national, le feu professeur Leslie-F. Manigat, quand il déclara que, « Haïti possède une quantité incommensurable de génies. Allez dans les mornes, dans les villages presqu’oubliés, ils sont là dans la nature à chanter avec les petits oiseaux, car ils n’ont pas la chance d’être scolarisés ». Il avait pratiquement raison. L’histoire de Rose-Lumane en est la quintessence de sa vision.

En étant sacrée, en août 2020, lauréate de la 5e édition du concours de Plaidoirie sur les Droits Humains en Haïti, organisé par le Bureau des droits humains avec le soutien indispensable de l’AUF dans la Caraïbe, la voie du Concours international d’éloquence de la Sorbonne Paris-1, lui était toute grande ouverte. Elle ne s’était pas trompée d’histoire. Elle se présenta en France, au concours d’éloquence et fut qualifiée pour les demi-finales pour à présent être en lice pour la finale. Qui dit mieux. 

Pensons-y un instant. La langue de Molière n’est pas sa langue maternelle. Allez battre le français de naissance sur son propre terrain, demeure un exploit à inscrire dans les annales des surdoués. Haïti devrait allumer une fière chandelle pour cette rose exceptionnelle qui a inscrit son nom en lettre d’or dans la mémoire des Français. 

Pour vous faire une idée de cet exploit hors cadre, je vous invite à visionner la vidéo ci-contre pour le plaisir des yeux et de l’esprit.

 Herve Gilbert

  Faut-il faire passer les copains d’abord ?








Tuesday, April 20, 2021

L'ex-policier Derek Chauvin est reconnu coupable du meurtre de George Floyd

Derek Chauvin est reconnu coupable

Par Herve Gilbert

À l’issue de trois semaines d'intenses plaidoiries d’un procès télévisé dans cette ville de Minneapolis au nord des États-Unis, l'ex-policier blanc Derek Chauvin a été déclaré coupable ce mardi, sur les trois chefs d’accusation retenus contre lui suite au meurtre de George Floyd.

C'est le verdict unanime auquel est arrivé le jury composé de 12 personnes au procès de Derek Chauvin, condamné pour meurtre au deuxième degré, meurtre au troisième degré et homicide involontaire pour avoir causé la mort de l'Afro-Américain George Floyd, survenue le 25 mai dernier au cours d'une intervention policière.

Floyd est mort d’un « manque d’oxygène » provoqué par la pression de Derek Chauvin sur son cou et son dos, ont expliqué plusieurs médecins. L’Afro-Américain avait des problèmes cardiaques, mais même une personne en bonne santé « serait morte de ce que M. Floyd a subi », a affirmé le pneumologue Martin Tobin durant sa déposition devant la cour.

Les images de cette arrestation qui ont fait le tour du monde ont provoqué un vaste mouvement de dénonciation de la violence policière et du racisme policier à travers tout le pays.

Une « victoire pour la justice » selon la famille du quadragénaire noir, dont l’homicide l’an dernier à Minneapolis est devenu le symbole des brutalités policières contre les minorités noires aux États-Unis.

Derek Chauvin lors de l'énoncé du verdict
Déjà renvoyé des forces de l’ordre, l’agent de 45 ans, masque filtrant sur le visage, n’a pas montré d’émotion particulière à l’énoncé du verdict. Immédiatement menotté, il  a été emmené pour être incarcéré.

Le Juge Peter Cahill prononcera sa sentence dans huit semaines. Derek Chauvin encourt 12 ans et demi de prison, mais sa peine pourrait être rallongée si le magistrat conclut à l’existence de circonstances aggravantes

« C’est une victoire pour ceux qui luttent pour la justice contre l’injustice » ainsi qu’un « tournant dans l’Histoire » s’est félicité l’avocat Ben Crump, entouré de la famille Floyd. « Nous quittons Minneapolis en sachant que l’Amérique est meilleure.  Le verdict d’aujourd’hui va bien au-delà de cette ville. Il a des implications importantes pour le pays et même pour le monde. »

 Joie et  pleurs de soulagement  devant le tribunal de Minneapolis 
« Cette affaire marque un tournant dans l’histoire américaine en matière de responsabilité des forces de l’ordre et envoie un message clair qui, nous l’espérons, va être bien entendu dans chaque ville et chaque État », a-t-il ajouté, tout en disant ne pas « oublier les trois autres policiers qui ont joué un rôle dans la mort de George Floyd » et qui « doivent toujours être tenus eux aussi pour responsables de leurs actes », a t-il conclu.

« Nous avions besoin d’une victoire dans ce dossier, c’était très important et nous l’avons eue », a déclaré Rodney Floyd, un des frères de George Floyd. « Nous allons peut-être respirer un peu mieux maintenant », a-t-il fait écho à son frère George Floyd.

Pour le gouverneur de l’État, Tim Walz, « le verdict d’aujourd’hui est un pas en avant important pour la justice dans le Minnesota. Le procès est terminé, mais notre travail ne fait que commencer, a-t-il dit par voie de communiqué en promettant que la quête de justice pour George Floyd « ne s’arrêtera pas là ».

Président Joe Biden à la Maison Blanche le 20 avril
Le président américain Joe Biden, lors d’une brève allocution depuis la Maison-Blanche, en compagnie de la vice présidente Kamala Harris, a appelé l’Amérique à se rassembler et à lutter contre le racisme qui « entache » son âme. « Le verdict de culpabilité ne fera pas revenir George » , a-t-il déclaré.  Mais cette décision peut être le moment d’un « changement significatif », a-t-il ajouté, appelant les Américains à ne jamais oublier cet épisode tragique. Il avait également  assuré la famille de George Floyd de son appui et de sa sympathie lors d’un appel téléphonique peu de temps après le verdict. 

« Certains — des agitateurs et des extrémistes qui se moquent de la justice sociale — essayeront d’exploiter les émotions à vif » , a-t-il mis en garde. « Nous ne pouvons les laisser faire » .

Le verdict de culpabilité est synonyme de soulagement pour beaucoup de villes américaines et en particulier Minneapolis, où la tension a été accrue par la mort récente de Daunte Wright, un jeune homme noir  de 20 ans, survenue aux mains d’une policière,  lors d’un banal contrôle routier en périphérie de la métropole.  

Herve Gilbert



Sunday, April 18, 2021

Réminiscence d’un Capois après la lecture du texte « Ne me parlez plus de Cap Haïtien » de Max Dorismond

Vue de la cathédrale du Cap-Haïtien
 

Mon cher Dorismond, 

Ne me parlez plus de Cap-Haïtien, ni de Port-au-Prince, ni de Saint-Marc,  ou des Gonaïves 

Nous cultivons les mêmes fibres d’intolérance envers les déchéances béantes de notre pays d’origine, peu importe le patelin où nous avons vu le jour où nous avons grandi… 

Je ne peux être que trop soulagé de découvrir un compatriote qui partage ma rage, mon dégoût et mon indignation 

Il m’est totalement impossible de vivre dans un passé 10 fois lointain de rêves et de locutions ostentatoires toutes faites qui ne reflètent pas la présente réalité du passé récent et du présent 

À mon retour du voyage de septembre 2004, j'ai publié quelques-unes de mes profondes déceptions, à chaque pas que je posais, l’accumulation des haut-le-cœur semblait me conduire lentement vers une crise cardiaque: 

- Vente de déjeuner (12:00) “nan brouet

- Des taxis dont le plancher nous permettait de voir la chaussée.

- Des rues défoncées, mal entretenues 

- Le marché Cluny débordant sur les trottoirs dans les quatre directions

- L’érection de hautes tours d’habitation en pleine ville au bon gré des bâtisseurs

- La mendicité rampante dans les rues et les officines publiques de façon   persistante     et harcelante

- Un avocat qui vous laisse comprendre que toute la structure sociale est corrompue

- Un autre qui vous confie sans la moindre réserve que tout ce qui est perçu comme progrès ici, tire sa source du trafic de la drogue

- Une Cathédrale, jadis resplendissante à l’œil nu qui, maintenant révèle des fissures qui font frémir

- Un hôtel de ville qui n’a de splendeur architecturale que ce qu’il faut de chaux colorée vive, style colonial rococo, pour tenir lieu de trompe-l’œil. Une fois à l’intérieur :  plancher de rez-de-chaussée blanchi comme une pelure de mangue, troué comme un fromage gruyère; un escalier casse-cou, recouvert occasionnellement d’un tapis rouge pour recevoir un invité de marque

- Des murs délabrés, sans la moindre photo-souvenir des lieux pittoresques ou historiques de la ville… Vous en voulez encore…

- De la pure déprime !  Des déchets médicaux humains jetés sur le trottoir de l’hôpital général. Et je vous fais grâce de plus de laideurs environnementales urbaines…

Le jour de ce fameux incendie, j’étais au Cap-Haïtien et parmi mes randonnées, je me suis laissé piquer par la curiosité; arrivé à l’entrée de l’institution sanitaire, j’ai refusé l’offre des autorités policières de pénétrer dans l’enceinte. 

La nouvelle petite bourgeoisie binaire (Lakaiy + diaspora capoise). Le péteur de tête choisit de jongler avec des hypothèses au moyen d’une littérature bidon qui ne trompe point les plus avertis. Idéologiquement, j'ai toujours été contre l’envoi simple de machineries et autres outils sans m’assurer d’un système de réparation et un réseau humain de techniciens de réparation; vos photos justifient et illustrent mes appréhensions. 

Passant forcément par Port-au-Prince, je n'en étais pas plus fier de la CAPITALE NATIONALE. Sur la route nationale No 1 (aller-retour), les récits rocambolesques ne manquent pas et cela explique pourquoi le tourisme intérieur privé ou public n’existe pas de façon organisée. Les villes des Gonaïves et de Saint-Marc, des haltes routières obligatoires assez pittoresques jadis, semblent être transportées du Moyen-Orient avec des écrans de poussière de 19 pouces de profondeur en termes de capacité de vision … 

En prévision du 350e anniversaire de la fondation du Cap-Haïtien, le défaut d’imagination s'est fait sentir selon qu’il s’agissait d’une initiative officielle émanant de la magistrature communale ou de la nouvelle petite bourgeoisie issue des écoles congréganistes. La grossière insulte : on s’est contenté de puiser ou de plagier dans les dossiers d’anciens établissements scolaires qui décrivent les origines coloniales de leurs locations (buts militaires), les plus grandes propriétés foncières accordées au cours des ans par nos gouvernements successifs. 

À passer en revue ce document audiovisuel, on dirait une production néocoloniale sous l’initiative d’un conglomérat d’agents consulaires français dont on s’est promis de ne pas froisser les intérêts dus à la valeur des données historiques privilégiées mises à la disposition du groupe... Une vraie apologie du Cap-Français ! Du Cap-Haïtien, si peu ! même très peu : évènements, personnages, sites de très rares références socioculturelles et artistiques qui ne correspondent point ou, à peine à la réputation ostentatoire qu’on véhicule sur ce milieu urbain depuis plusieurs décennies.           

Travail bâclé! Il y a un hiatus ! La déception, si elle est profonde et lamentable dans sa forme actuelle, celles et ceux qui avaient une occasion en or de faire œuvre de visionnement et de rupture avec un présent et un passé récent, ont manqué leur but .           

“La fière cité christophienne” restera un vocable démagogique vide de contenu que certains s’amusent à démolir et que d’autres ne savent point comment lui donner de la substance…

Jusqu’à nouvel ordre, Ne parlons plus de Cap-Haïtien, lorsqu’on ne sait pas comment et où tirer cette fierté régionale et qu’on a honte ou éprouve de la difficulté à l’intégrer dans un contexte juridico -culturel identitaire (haïtien) d’hier et d’aujourd’hui. Et cela tient pour toutes nos villes d’origine. 

Par : P.-E.T. (Pierre-Eddy Toussaint)



Saturday, April 17, 2021

L'Église catholique d’Haïti debout contre le kidnapping

L'assemblée des évêques d'Haïti
Photo: une courtoisie du Nouvelliste
 

À travers les 10 diocèses du pays, l’Église catholique d’Haïti a célébré le jeudi 15 avril des messes pour exprimer sa solidarité avec les personnes victimes des actes de kidnapping dans le pays. À la paroisse Saint-Pierre de Pétion-Ville, la célébration eucharistique, concélébrée par l’assemblée des évêques, a été l’occasion pour exiger la libération de toutes les personnes victimes d'actes de kidnapping et protester contre l’insécurité.


Midi. Le son des cloches de l’église Saint-Pierre retentit à Pétion-Ville comme dans les 10 diocèses du pays. Le cri des fidèles qui s’est ensuivi témoigne de la douleur d’un peuple qui n’en peut plus. Comme pour sonner le glas du kidnapping, la Conférence des évêques catholiques a ordonné de faire parler les cloches des églises telle une marque de communion, de pensées et de prières pour les personnes victimes de kidnapping, de violence et de l’insécurité...


Au moment de rentrer dans une église déjà bondée, le poing levé, les fidèles accueillent les évêques en scandant « nou bouke ». Des militants, pancartes en main, ont couru dans les allées du temple. Mgr Kenel Alphonse a dû intervenir en réclamant le silence pour débuter ce qui allait être un psaume de libération pour Haïti et pour dénoncer les maux qui enfoncent tout droit dans l’abîme notre cher pays.

Un segment en vidéo de la messe à l'église Saint-Pierre  le 15 avril


« Nous dénonçons énergiquement les actes de kidnapping dans le pays », a martelé Mgr Launay Saturné, président de la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH) qui présidait la célébration eucharistique organisée en signe de solidarité avec les personnes victimes des actes de banditisme et de kidnapping. L’évêque a indiqué que la Conférence des évêques d’Haïti et la Conférence des religieux d’Haïti exigent la libération immédiate, sans condition de toutes les personnes séquestrées par des ravisseurs dans le pays.

« Nou vin mande moun ki se sèvo kidnapin nan, moun ki sou teren yo k ap fe anlèvman yo sispann mete dlo nan je pèp ayisyen an. Sispann pratik kidnapin nan ! Nou pa ka negosye sou tèt moun tankou n ap machande yon bèt », a dénoncé le prélat.


Selon l’archevêque métropolitain du Cap-Haïtien, le kidnapping plonge le pays dans les ténèbres. Il menace la vie du peuple haïtien. « Nous nous demandons à quand la fin de cette situation dans le pays. Qui dira halte-là ? Le pays deviendra-t-il incontrôlable?», s’est interrogé Mgr Launay Saturné, expliquant que les évêques catholiques constatent avec beaucoup d’indignation et de révolte ce qui se passe dans le pays depuis des jours. Les bandits ont plus de pouvoir que l’Etat et la Police nationale d’Haïti, tandis que les autorités publiques sont passives devant la souffrance, le désespoir du peuple haïtien.


Ambiance devant la cathédrale de Jérémie après la messe ...


« On prie contre l’insécurité, le kidnapping. On rêve d’une Haïti sans insécurité, sans kidnapping et sans violence. On prie pour la libération de tous ceux qui sont kidnappés et pour la conversion de tous ceux qui sont impliqués dans les actes de kidnapping », a prêché l’évêque, invitant chaque citoyen à jouer son rôle pour une nouvelle Haïti. Il exhorte aussi les autorités publiques à prendre leurs responsabilités.


Aux hommes armés, il les exhorte à déposer les armes et à  se convertir. « Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé ; car Dieu a créé l'homme à son image », a-t-il indiqué en citant le verset 6 du livre de la Genèse. Sous une salve d’applaudissements, il a déclaré : « Sispann bay moun zam ak minisyon pou fè san koule». « Il faut que quelque chose change dans ce pays », a-t-il lancé, reprenant ainsi la célèbre phrase du pape Jean-Paul II lors de sa visite en Haïti le 9 mars 1983.


Dans la foulée de la messe, la présence du Dr Réginald Boulos, chef du Mouvement pour la transformation et la valorisation d'Haïti (MTV), de Me André Michel entre autres a été remarquée. Notons que des militants ont organisé un mouvement spontané. Des agents des forces de l’ordre ont lancé du gaz lacrymogène à profusion pour disperser les manifestants. Un véhicule a été incendié.


Ce 15 avril, l’Eglise catholique d’Haïti a recommandé la fermeture des écoles catholiques, presbytérales, congréganistes, universités et de toutes les autres institutions pour dénoncer le kidnapping, le dimanche 11 avril 2021, d’une dizaine de personnes, dont 7 religieux, par des bandits armés du gang 400 Mawozo. Les écoles n'ont pas fonctionné à Port-au-Prince, le grand commerce non plus.

 Par: Edrid St Juste / Le Nouvelliste




Edrid St Juste

Friday, April 16, 2021

Mgr Launay Saturné : « Il n’est pas bon de laisser un pays aller à sa perte »

Mgr Launay Saturné
Président de la Conférence épiscopale d'Haïti 
      

Le président de la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH), Mgr Launay Saturné, a mis ce jeudi 15 avril 2021, la communauté internationale, les amis dits d’Haïti, devant leur responsabilité face au phénomène incontrôlable du kidnapping qui sévit dans le pays.

« Nous souhaitons ardemment que les pays amis ne se comportement pas comme des témoins passifs de ce que nous vivons aujourd’hui. Au nom de la fraternité universelle et de la solidarité internationale, il n’est pas bon de laisser un pays aller à sa perte », a déclaré le prélat au cours de la célébration eucharistique organisée en signe de solidarité aux personnes victimes du kidnapping dans le pays.

Le kidnapping, souligne l’archevêque métropolitain du Cap-Haitien, est un type d’acte illégal condamné par le droit international. « Nul ne peut revendiquer le droit de priver l’autre de sa liberté personnelle surtout en cas d’enlèvement extorsionné dont le but est d’obtenir une rançon en échange de la liberté des personnes innocente », a renchéri l’archevêque, indiquant que le droit international prévoit des sanctions sévères pour ce type d’actes illégal.

Tout en appelant les Haïtiens à jouer leur partition, Mgr Launay Saturné exhorte aussi les autorités locales à prendre leur responsabilité. « Il faut travailler afin de laisser aux générations futures un pays dans lequel leurs droits soient respectés », a-t-il prêché. Face aux heures sombres que traverse notre pays, il a déclaré : « ne nous laissons pas voler notre espérance », tout en condamnant le kidnapping d’où il vienne. Une autre Haïti possible, a-t-il insisté.

Edrid St Juste /  Le Nouvelliste



Friday, April 9, 2021

George Floyd est mort en raison de son arrestation, confirme un médecin légiste

Le Dr Andrew Baker a affirmé que l'immobilisation imposée par les policiers 
et la compression de son coup ont provoqué la mort de Georges Floyd          
 
Les problèmes cardiaques et la consommation de drogue de George Floyd ne sont pas « les causes directes » de sa mort, qui a été provoquée par la violence de son arrestation, a affirmé vendredi à la barre le médecin légiste ayant réalisé son autopsie.

À la fin de la deuxième semaine du procès du policier blanc Derek Chauvin, accusé de meurtre, cette déposition contredit la thèse avancée par la défense de l’agent.

L’immobilisation imposée par les policiers et la compression de son cou étaient « trop fortes à supporter pour George Floyd, au regard de son état cardiaque », a expliqué Andrew Baker devant le tribunal de Minneapolis qui juge Derek Chauvin, un policier blanc de 45 ans.

Il est accusé d’avoir tué George Floyd le 25 mai 2020 en maintenant pendant près de dix minutes son genou sur le cou de sa victime pour l’empêcher de se débattre.

George Floyd avait plusieurs fois crié « Je ne peux pas respirer » aux trois policiers qui le maintenaient allongé sur le ventre sur l’asphalte, les mains menottées dans le dos, en faisant pression sur son dos, son cou et ses côtes.

Derek Chauvin, le policier accusé de la mort de Georges Floyd

Pour l’accusation, cette pression a provoqué la mort de George Floyd, qui a peu à peu sombré dans l’inconscience par manque d’oxygène avant de décéder.

La scène, filmée en direct par des passants, a fait le tour du monde et provoqué une immense vague de colère contre le racisme et les violences policières dans le monde.

Le quadragénaire à la carrure imposante avait notamment un cœur plus gros que la normale en raison d’une hypertension, a souligné le Dr Baker.

« Son cœur avait donc besoin de plus d’oxygène et il avait une capacité limitée d’accélérer son rythme », car ses artères coronaires étaient rétrécies, a-t-il dit.

La contrainte physique et la douleur « vont déclencher des hormones de stress, l’adrénaline va pousser votre cœur à battre plus vite pour avoir plus d’oxygène », a-t-il expliqué.

Mais le cœur de George Floyd a lâché, incapable de soutenir ce rythme et en manque d’oxygène.

Pas de trace de la COVID-19

L’avocat de Derek Chauvin, Eric Nelson, soutient que son client n’a pas causé la mort du quadragénaire et que celui-ci est mort d’une overdose combinée à des problèmes cardiaques.  

Il s’appuie sur la présence de fentanyl, un puissant opiacé, et de méthamphétamine, un stimulant, découverts lors de l’autopsie.

La consommation de fentanyl peut aussi causer un manque d’oxygène en compliquant la respiration.

Andrew Baker a reconnu que la méthamphétamine faisait accélérer le rythme cardiaque, tout en précisant qu’une très faible quantité de drogue avait été détectée.

Il a également démenti la thèse développée par la défense selon laquelle George Floyd était diminué après avoir été infecté par le coronavirus.

« Ses poumons n’avaient pas de stigmates de la COVID-19 », a-t-il dit.

Face à Eric Nelson, il a indiqué n’avoir pas retrouvé de trace de pression sur le dos de George Floyd.

Mais le médecin a confirmé que la mort était un homicide, c’est-à-dire en terme médical « quand les actes de quelqu’un sont impliqués dans la mort d’un individu ».

Auparavant, les jurés avaient consulté des clichés du visage, des épaules et des mains tuméfiées de George Floyd pris lors de l’autopsie. Ces photos ont été remises sous enveloppe, la famille ayant peur de ne pas les supporter.  

Un frère de George Floyd, Rodney, est resté impassible en regardant longuement l’une de ces photos.

« C’est difficile, c’est dur », a expliqué la sœur de George Floyd, Bridgett, au site d’informations The Shade Room.

Mais « quand ce procès sera terminé et que Derek (Chauvin) sera reconnu coupable, nous aurons obtenu justice pour toutes les familles » qui n’ont pas pu l’obtenir pour leurs proches, a-t-elle dit.

Pour la première fois depuis le début des débats il y a deux semaines, le siège réservé aux proches de l’ex-policier était occupé vendredi, par une femme qui n’a pas été identifiée.

Le procès doit reprendre lundi avec les derniers témoins de l’accusation. Les débats devraient durer encore une semaine. Le verdict n’est pas attendu avant fin avril. Derek Chauvin encourt jusqu’à 40 ans de réclusion.

Les trois autres policiers impliqués dans la mort de George Floyd seront eux jugés pour complicité de meurtre en août. 

Auteur : JOY POWELL, CYRIL JULIEN
AGENCE FRANCE-PRESSE

Wednesday, April 7, 2021

Ne me parlez plus de Cap-Haïtien

Cette façade cosmétique cache derrière elle la désolation
 


Par Max Dorismond 

Oh! Chers amis, par ces images, par cette détresse photographique, vous venez de couper d’un seul élan une corde sur laquelle je dansais depuis ma prime jeunesse. Je viens du sud, d’une presqu’île appelée pompeusement la Cité des poètes. Et pourtant, c’est la ville du Cap qui m’avait toujours ensorcelé, subjugué. Ne me demandez pas pourquoi, je l’ignore. Mais, dans ma tête d’adolescent, je m’en souviens encore, c’était le coin à découvrir, c’était la terre de mes muses. Je ne connais point la raison. Mais le Cap m’avait toujours fasciné. 

Je m’étais promis de le visiter au temps de mes études dans la capitale. Je me voyais déjà danser à Feu Vert, la plus invitante boîte de l’époque, la sirupeuse et tendre « meringue » interprétée par le célèbre Guy Durosier, « Septen tu vois la mer », dans les bras d’une éventuelle dulcinée. Rêve inachevé ou lubie d’adolescent, cette suave intention, malgré toutes les possibilités, ne pouvait à cette époque des années 60 se dessiner, même dans le noir, car le tourisme intérieur inexistant s’était transmué en « Tout-risque », avec la perspective d’être incarcéré comme un étranger suspect. 

Ainsi, ne pouvant se concrétiser, cet ardent désir s’était prolongé à l’infini, pour adorer dans tous mes rêves ce coin sublime et fascinant, aperçu une seule fois, de nuit, en allant à Ouanaminthe.           

La totale déception

Et puis, ce matin de mars 2021, sous un ciel morgue et pluvieux, cette vidéo, ci-annexée, offrant une vision apocalyptique de l'Hôpital Justinien de Cap-Haïtien, est venue incendier tous les souvenirs cumulés dans ma tête, de ce patelin, que j’avais imaginé paradisiaque, durant toute une vie, dans mes songes insensés. Quelle tristesse! C’est la fracture de l’espoir. 

Le personnel de l'hôpital Justinien de Cap-Haïtien en grêve

En visionnant les photos de ladite institution, avec les murs défraîchis et la peinture délavée de la section chirurgicale, dans la cour intérieure, je suis tombé des nues. Même l’hôpital de Port-au-Prince ne m’avait autant outragé en ce sens, car, avec le vol et le pillage de la caisse publique, je ne m’attendais pas à mieux. Mais, pour le Cap, ce fut une gifle à doubles mains, un choc sismique éprouvé, comme si cette région évoluait hors du casino royal. Dans mes utopies, je croyais encore que c’était le seul point d’Haïti où le germe de la corruption n’avait nullement pris racine. Mais, hélas, ce n’était qu’un rêve! 

Pourquoi ne changeons-nous pas le nom de l’île d’Haïti, une fois pour toutes, pour l’île-aux-Voleurs ? Les flibustiers dans leur tombe seraient heureux de cette reconnaissance. Au moins, leurs descendants ne les auraient pas tout à fait oubliés. Ce serait un retour de l’Histoire. 

Voir, par exemple, un malade perplexe, faisant fi brusquement de ses maux, prendre la fuite, les pieds nus, pour se protéger de la pluie à l’intérieur même de la bâtisse, où le ciel lui tombait sur la tête, m’a profondément chiffonné. Voir les murs suant le miasme et la crasse vermoulue n’est pas une invitation à récupérer la vie, mais un rendez-vous à rencontrer «Baron Samedi » avant le jour J. 

La brutale réaction

À dire vrai, je ne veux point prêcher la violence, mais je crains de nous voir arriver déjà à ce carrefour, pas trop lointain. Depuis des temps immémoriaux, nous déchirons notre chemise sur la place publique pour réclamer un sursaut de sérieux, un peu de commisération pour les damnés de la nation au nombre de 11 119 950 

Par contre, j’invite mes lecteurs à appuyer sans réserve le personnel médical de l’hospice en grève pour mettre les dirigeants incompétents aux doigts trop longs devant les devoirs de leurs charges : respecter au moins la dignité des Capois. 

Avec cette vidéo explosive, n’importe quel citoyen, ayant le sens du devoir, aurait pu prendre les armes pour foutre le chaos dans ce bordel à ciel ouvert, à faire rager l’honnête Haïtien. C’en est trop. Et puis, à chaque instant, ces prédateurs exultent dans des exhibitions carnavalesques : Cayes, Jacmel, Port-de-Paix, s’il ne faut citer que ces régions. Merde alors! Où plaçons-nous la priorité? De plus, ils ont le culot d’inviter la diaspora à investir, avec des slogans tonitruants : « Haïti open for business ». Pourtant en débarquant au pays, cette dernière ne verrait au premier coup d’œil que cette fatale et surprenante formule : « Haïti open for death ». 

À la première diarrhée, le congénère de retour serait confronté à un double dilemme : une dysenterie, plus la phobie d’aller coucher dans ces lits rebutants, qui déshonorent le terme « Hôpital » dans son intégralité. 

La mort d’un rêve

Adieu, vieille cité capoise! Comme le poète-orphelin, à titre de fils adoptif, je t’ai longtemps bercée, dans mon cœur et au tréfonds de mon âme, tant tu m’avais envoûté. Mais, j’ai fait litière de ce lien pour ne plus te revoir, même dans mes rêves les plus fous.

 

Max Dorismond






Note

1 – Divinité vaudouesque annonçant la mort. « C’est le lwa des morts, l’esprit de la mort et de la résurrection. Il se trouve à l’entrée des cimetières et se met sur le passage des morts vers la Guinée ». (Src. Wikipédia).

2 - Selon les statistiques officielles de 2018, Haïti comptait 12 120 000 habitants. Ici, sauf une cinquantaine d’individus peut se payer le luxe d’une clinique privée.