Dans
le cadre d'une campagne de collecte de fonds en vue de la réhabilitation de
l'Hôpital Saint-Antoine de Jérémie,
l'organisation STAHF ( St Antoine Hospital Funds,Inc), à l'inititiative de Jean
Marie Florestal et du Dr Frantz Bazile respectivement secrétaire executif et
président a organisé le samedi 19 Août 2012 un " Fund Raising Party "
une soirée de levée de fonds au ballroom de Feathers à Davie (Miami Floride).
Cette soirée
à la fois culturelle et sociale était pour les Jérémiens et Grand'anselais
comme un prélude à la fête patronale de la cité qui sera célébrée le 25 Août
prochain en Haiti . Un nombre important d'invités avait répondu à cette
invitation où le groupe musical " Lucky Plus" en fin de soirée après
le diner avait mis les fourmis dans les jambes de tout un chacun présent à
cette festivité en fait à but caritatif mais qui aussi représentait des moments
de retrouvailles.
J-M Florestal |
Dr F. Bazile et Madame |
De son côté,
le président du comité de l'organisation, le docteur Frantz Bazile a mis
l'accent sur la nécessité des donations ou contributions pour la sauvegarde et
le bon fonctionnement de l'Hôpital Saint Antoine, parce qu'une population sans
un centre hopitalier de santé est vulnérable à toutes les catastrophes, ce qui,
selon lui, doit être une vraie préoccupation pour tous.
La population
de l'Hôpital Saint Antoine de Jérémie a été estimée à 15000 habitants en 1924, lors de sa création avec une densité de population de 1200 habs/km² et était
desservie pendant longtemps par un personnel médical complet. Aujourd'hui sans
même la présence de ce personnel médical, l'hôpital dessert une population de
plus de 69000 habitants soit une densité de population d'habitants quadruplé
par km²..
Vue partielle de l'assistance , cliquez sur une photo pour l'agrandir.
Nous
espérons que cette démarche très prometteuse pourra être canalisée afin
d'atteindre le but visé et qu'un comité intermédiaire sera mis en place à
Jérémie pour le suivi d'un tel projet. Le département de la Grand'Anse est trop
longtemps traité en parent pauvre en matière de soins de santé. L'hôpital
Saint-Antoine, construit vers l'année 1920, est dépourvu de tout. Il demeure
malgré tout le seul centre hospitalier du département de la Grand'Anse .
L'hôpital ne dispose pas de pédiatre, pas d'interniste ni de chirurgien . En
cas d'urgence, les cas les plus graves sont transférés au Centre de l''Espoir ou à
l''Hôpital de la Haitian Health Foundation (HHF) à Gébeau. Dans les cas
d'intervention d'urgence, les patients sont généralement recommandés à l'hôpital de
l'Anse d'Ainault ou aux Cayes situées à 92 kilomètres, ce qui oblige les
malades à passer plus de 6 heures d''horloge ou parfois davantage en voyage,
en raison de l'état lamentable des routes. Dans la majorité des cas , les
malades rendent l'âme au cours du transport. Donc l' hôpital Saint Antoine
fonctionne de façon embryonnaire, au point qu'on se demande pourquoi le
comparer à un centre de santé. Un triste tableau !
En effet, la
situation de l'hôpital Saint-Antoine résume pour les observateurs le sombre
tableau de tout le système sanitaire dans le département de la Grand'Anse. Les
problèmes d'infrastructure sanitaires sont nombreux pour une population qui a
quadruplé pendant les trois dernières décennies. L'insouciance et la négligence
des autorités locales, régionales et nationales à protéger les vies et les
biens des citoyens étaient criantes sous nos yeux lors de notre visite de
l'année dernière. Etait marquante une absence de ressources humaines qualifiées
à tous les niveaux , cause aussi d'un obstacle majeur à l' épanouissement de la
ville.
Marc-Antoine Gauthier |
Cette
situation s'explique aussi par la fuite des cerveaux et par l'émigration de ses
fils vers d'autres points du globe. Les habitants actuels de la ville venus des
zones avoisinantes n'ont pas non plus le souci de conserver les patrimoines
historiques de la ville de Jérémie voire
de les restaurer . Notamment, nous avons été témoins d'une transformation lente
mais certaine des caractéristiques typologiques de la ville. Si rien n'est fait
pour freiner cette dégringolade, avant longtemps Jérémie disparaîtra sous nos
yeux, et cette décadence entrainera des pertes irréparables aussi bien pour la
région de la Grande-Anse que pour le pays.
Les participants durant la soirée , cliquez sur la photo pour l'agrandir et pressez la flèche vers la gauche pour retourner dans le texte . Photos (Hervé Gilbert)
Nous saluons
l'initiative de STAHF qui souhaite travailler activement à la réhabilitation de
l'hôpital Saint Antoine et nous encourageons nos concitoyens où qu'ils soient à
se joindre à eux pour un véritable"kole zèpòl", parce que la santé
est le premier des biens. Cette démarche a également pour but d'encourager dans
la communauté jérémienne une mouvance pouvant conduire à la renaissance des
valeurs historiques de la ville de Jérémie.
Cette festivité culturelle
représentait aussi un moment de
retrouvailles.
Une pensée
spéciale à nos congénères de partout qui ont fait le déplacement durant cette
période de fête patronale , aux pêlerins de la Saint Louis actuellement en
visite dans la cité . Nous attirons donc votre attention sur l'inéfficacité de
l'hôpital de Jérémie qui ne peut répondre aux besoins des gens. Si par hasard
vous avez une malaise quelconque durant votre séjour à Jérémie, l'hôpital Saint
Antoine ne sera pas en mesure de vous prodiguer les soins que pourrait
nécessiter votre cas: tableau sombre !
Ce cri de
détresse pour l'Hôpital Saint Antoine de Jérémie vaut également pour les
autres domaines vitaux et historiques de notre ville, tels que : Le pont de la
Grand'Anse trait d'union entre la ville et le reste du pays , l'un des poumons
économiques de la ville, maintenant dans un piteux état. La structure
métallique du pont est couverte de rouille la rongeant comme une verrue ; la
cathédrale Saint Louis, qui est l'un des rares points d'intérêts de la ville de
Jérémie en raison de son architecture, est remplie de fissures et se trouve
dans un état de décrépitude ; le quai (wharf) de Jérémie, le seul débarcadère
de la ville qui pourtant recevait des bateaux de fort tonnage vers les années
40-50, ne peut même plus desservir aujourd'hui les bateaux de cabotage ; la
piste d'aviation toujours en terre battue est maintenant remplie de crevasses
; le kiosque de la Pointe, lieu historique du côté de « Nan Kòtfè », où les
enfants endimanchés se rendaient pour respirer l'air imprégné de l'odeur du sel
marin, est à présent, un endroit abandonné et n'offre plus le panorama d`antan.
Enfin nous tirons la sonnette d'alarme quant à la protection des autres
monuments et espaces urbains ayant un intérêt historique ou esthétique dans la
ville de Jérémie …
C'est un
devoir à tous de protéger l'héritage que nous a légué notre histoire et nos
ancêtres et de transmettre cet héritage aux générations futures dans les
meilleures conditions possibles. Avec une prise de conscience et un front
commun, nous Jérémiens vivant en Haïti et en diaspora, pouvons redorer l'image
de cette ville si splendide qui procurait autrefois à ses fils et filles la
joie de vivre et leur offrait toutes sortes de plaisir. Jérémie a de nos jours
beaucoup perdu de sa splendeur et de sa fierté; mettons-nous résolument à
l'oeuvre pour la réhabilitation de l'Hôpital Saint Antoine, un tout premier
projet parmi les autres à venir.
par: Herve
Gilbert herve.gilbert@gmail.com
Hôpital Saint-Antoine de Jérémie
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