Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Sunday, November 17, 2013

Jérémie, son hôpital et la Floride sur une lancée prometteuse

 
Deuxième  partie
Mourir millionnaire dans son village appauvri et démuni

par:Max Dorismond mx20005@yahoo.ca

Le livre d’Eddy Cavé
Dr Dorval,Dr Déjean et Max Dorismond (De G vers D)
A mon tour de clore les allocutions devant la salle bondée des bienfaiteurs  de la Grand’Anse au Grand Palms Hotel. Comme tout a été dit et énuméré, j’ai choisi tout d’abord de présenter le livre d’Eddy Cavé « Autour des 90 ans de l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie ». Obligé de respecter les contraintes du temps alloué, j’ai parlé succinctement de l’ouvrage, arrivé à point nommé, enrichi de nombreuses photos historiques, techniquement colorées, rappelant l’histoire de l’Hôpital et de ses acteurs dévoués depuis 1923. Plusieurs exemplaires ont été remis au Dr. Déjean pour  encourager les activistes sur le terrain qui luttent à mains nues pour la concrétisation de ce projet titanesque. Citons pour l’histoire, Conceptia Pamphile, le vénérable Maurice Léonce, Monique Cavé…. s’il ne faut nommer que ceux-là.
Moi, Phoolan Devi – Reine des Bandits
En second lieu, j’ai mis l’accent sur « l’obligation morale pour chaque Jérémien d’apporter sa contribution », en invitant les éternels  retardataires à déployer un dernier effort. Pour ce, je me suis attardé à fouetter les hésitants, les sceptiques ou tous ceux qui ne l’entendent pas de cette oreille, en utilisant, en guise de métaphore, un souvenir livresque retenu d’un livre biographique d’une femme abusée de l’Inde qui avait enfilé son habit de redresseur de torts « Moi, Phoolan Devi - Reine des bandits ». Cette anecdote surprenante avait ressurgi dans les tiroirs de ma mémoire dès l’annonce de ce projet. Quel rapport avec Haïti? Voyons de plus près!
Le lien virtuel de la souffrance
La misère et l’indigence peuvent tisser des liens virtuels entre les pauvres de la terre. Les kilomètres et l’espace ne différencient guère les carences de la vie. Avoir faim au nord ou au sud du globe terrestre, nous laisse tous avec un même sentiment de dénuement et d’abandon, avec l’inquiétante sensation d’être seuls au monde. Non! Ne vous y trompez pas, tous les pauvres de la terre sont des alliés. Dans leur psyché, ils sont partenaires. Les exploités de New Delhi aux Indes, les spoliés de Tombouctou en Afrique, les laissés-pour-compte de l’Europe sont si loin et si proches à la fois. La frustration n’a pas de couleur. Ceux de chez-nous n’ont rien à leur envier. Ils sont frères par osmose.
Un apercu de l'ambiance de la soirée ...
L'anecdote: un accident bête et édifiant
Dans le livre sus cité, un jeune indien, très pauvre avait laissé son village natal dans l’Uttar Pradesh et s’exila dans la capitale à Bombay. Par les circonstances de la vie, il avait rendez-vous avec la fortune et est devenu multimillionnaire au point de faire des dons sans compter à des pays étrangers au gré de ses relations d’affaires. C’est ainsi qu’un pays européen avait reçu en cadeau un hôpital moderne de plusieurs millions. Cinquante années plus tard, l’appel de la terre natale étant ce qu’il est, notre richissime, en mal de reconnaissances et de ressourcements, brûla du désir de revoir le patelin familiale et les vieux copains d’antan. Son hélicoptère personnel le déposa au village de son enfance. Le fils prodigue était de retour. C’est la fête!

Herve Gilbert,Dr Frantz Chery,Max Dorismond
Les vieux amis lui préparèrent son plat préféré qu’il mangeait autrefois autour d’un feu de camp dans la brousse. Ce fut un poisson spécial de la région avec des arrêtes multi pointes à vous labourer le palais et la langue. Quand la faim nous tenaille on mange même de la tôle et la bouche s’y adapte, comme la chèvre d’Haïti, en région sèche qui broute des branches de bayarondes tout en évitant leurs sauvages épines. C’était autrefois. Maintenant, notre richard ne connait que des petits plats raffinés, tels : les p’tits lapins farcis au Père Drouillet … etc. Donc, l’appareil buccal et digestif  n’est plus prémuni contre ces plats affreux et dangereux, contre ces arrêtes coupantes et ces épices brûlantes à troubler la digestion de Lucifer. Voulant faire contre mauvaise fortune bon cœur, il s’exécuta pour avaler le met effrayant qui furent le délice de son enfance dans cette région qui semblait  être atrophié dans le temps.
Soudainement, l’accident appréhendé se révéla fatale. Une longue arrête traversa sa gorge et bloqua les voies respiratoires. Face à la douleur lancinante et atroce,  on fit venir d’urgence le soigneur à-tout-faire, en charge du vieux dispensaire de brousse des environs. L’arrête doit être extraite sur le champ, sinon, c’est la mort assurée.
L'intervention de Max Dorismond

 Avec une vieille pince rouillée, on essaya d’extraire l’intrus et ce fut fatal. Cet instrument d’un autre âge coupa le larynx . L’hémorragie interne ne pouvait être évitée. Bombay est à plusieurs heures de vol. Notre multimillionnaire décéda dans le village très, très pauvre qui l’avait vu naître et qu’il ne daigna jamais aider. C’est triste et comique à la fois. L’Europe, le fameux bénéficiaire de son cadeau est loin, très loin! Il n’a pu le sauver.
Prémonition non souhaitée

Jean-Raymond et Maryse Colas
A toi, nouveau riche en diaspora, qui a tendance à oublier son coin de terre isolé dans l’arrière-pays, penses-y à deux fois. Tôt ou tard, la tentation d’aller déguster le « griot de ton enfance » se fera sentir, comme à chaque année pour la Saint-Louis à Jérémie. N’hésite pas à offrir une partie de toi-même à cet hôpital qui avait pris soin de tes premiers bobos. Les pays déjà riches n’en ont cure de vos sous. La « caille » ne peut attendre. Fais-le maintenant, l’urgence est à la porte d’à côté. Le hasard fait si bien les choses, parfois, il le fait si mal aussi.  Ne vas pas mourir millionnaire dans la région de ton enfance que tu hésites à promouvoir. L’histoire ne vous fera pas de cadeau. Comme l’autre, tu ne pourras jamais répéter « L’histoire m’absoudra ». Non! Au-delà du tombeau, l’histoire te  condamnera.  
Conclusion
Je souhaite à tous mes dévoués camarades de trouver les moyens de leurs ambitions pour réussir là où plusieurs ont échoué. Le rêve est collectif, nous sommes condamnés à  le concrétiser.


Max Dorismond   mx20005@yahoo.ca
Pembroke Pines (Florida)
13 novembre 2013.  

Quelques photos en vrac de l'assistance présente au Gala

  


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