Tidjane Thiam, l’histoire d’une réussite exceptionnelle |
Cinq
ans après son arrivée au Crédit Suisse, le Franco-Ivoirien a dû jeter l'éponge
à la suite d'un scandale d'espionnage qui a fortement déstabilisé la
gouvernance du groupe bancaire. C'est le résultat d'une lente dégradation de
ses relations avec une partie de l'establishment suisse. En janvier 2019, il
défendait encore son projet dans un entretien aux Échos Week-End.
Le choc
des cultures. Sur la Paradeplatz de Zurich, les Porsche noires rutilantes font
du slalom entre les trams bleus et blancs. Au centre du grand hall du Lichthof,
siège historique du Crédit Suisse, fondé par Alfred Escher en 1856, trône la Fontaine
du désir (Silvie Defraoui, 2002), un puits octogonal où l'on jette une
pièce en formulant un désir inassouvi. Derrière son imposante façade aux
plantureuses cariatides, le temple de la finance helvétique fleure bon le luxe
et l'opulence. C'est là, au coeur de la deuxième place financière d'Europe, la
« ville du bout du lac » où Lénine a préparé la révolution
bolchevique, que Tidjane Thiam, le surdoué de la finance internationale ,
est arrivé depuis Londres, en mars 2015.
A
priori, plus de plafond de verre lié aux stéréotypes pour le Franco-Ivoirien,
parvenu à l'un des sommets de son industrie. Mais, pour le transfuge de
Prudential , persiste un « plafond de glace » qu'il n'a pas
complètement percé. La greffe n'a pas vraiment pris avec Zurich. Même s'il a
été nommé « banquier de l'année » par le magazine britannique Euromoney en
août 2018, le « Master strategist » se heurte encore à la froideur de
la presse suisse-allemande qui lui reproche son absentéisme - réel ou fantasmé.
« Fêté à l'étranger, mal aimé en Suisse », titre le site financier
suisse Finews.com, tandis que le Neue
Zürcher Zeitung (NZZ) épingle son allergie à toute critique.
« Il
garde l'image d'un mercenaire très bien payé mais qui n'est ni très présent, ni
très bien connecté. Il est plus un stratège qu'un banquier qui met les mains
dans le cambouis », observe Peter Hody, rédacteur en chef de Finews.
Une
reconversion prochaine ?
Près de
quatre ans après son arrivée, les médias suisses spéculent déjà sur son
prochain point de chute. Depuis son vaste bureau sur Paradeplatz, où trônent
les photos de sa famille et de son ami et « idole », Roger Federer,
ce géant souriant de 1,93 m ne se voit pas prendre la tête d'un autre grand
groupe financier : « Le Crédit Suisse, c'est ma fin de carrière
de PDG. Je suis dans ma dixième année de PDG et je ne pense pas l'être une
troisième fois ! J'ai 56 ans… » Parmi les rumeurs
récurrentes : la politique ivoirienne, pour succéder au président Ouattara
après les élections de 2020, ou la direction du FMI, où certains le verraient
bien briguer la succession de Christine Lagarde en juin 2021… ou avant.
Son ami
le banquier franco-béninois et éphémère Premier ministre du Bénin, Lionel
Zinsou, ne croit pas à l'hypothèse ivoirienne : « Le FMI lui
conviendrait mieux que la politique. Tidjane représente probablement la plus
grande réussite de la diaspora africaine en Europe. Il a tout à fait le calibre
pour diriger n'importe quelle grande institution financière désormais »,
estime cet autre géant surdoué, ardent promoteur des nouvelles élites
africaines.
Dans le
partage traditionnel de la direction de la Banque mondiale et du FMI entre
respectivement Américains et Européens, le Franco-Ivoirien pourrait faire
figure de candidat européen « pas tout à fait comme les autres ». À
l'instar de l'Américano-Coréen Jim Yong Kim, qui a démissionné de la Banque
mondiale à la surprise générale, le 8 janvier.
Dès
qu'il le peut, Tidjane Thiam écoute de la musique. Il peut réciter par coeur
les paroles de chansons entières de Charles Aznavour - le chanteur préféré de
sa mère -, Cat Stevens, Bob Marley ou Stevie Wonder… Il « adore » aussi
l'opéra Orphée et Eurydice. Mais son chanteur préféré reste Ismaël Lô, le
« Bob Dylan africain », qui a inspiré Pedro Almodovar dans son film Tout
sur ma mère.
Il faut
remonter aux berges de la lagune Ebrié, près d'Abidjan, pour mesurer le chemin
parcouru par « l'homme que la France peut regretter d'avoir laissé partir »,
selon la formule de Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la Banque
centrale européenne (BCE).
« J'ai
l'habitude de travailler sous les ordres des femmes »
D'abord,
sa mère : Mariétou Sow, nièce du président ivoirien Félix
Houphouët-Boigny, issue d'une noble lignée de Yamoussoukro qui a donné son nom
à la capitale ivoirienne. « La personne la plus smart que j'aie
jamais rencontrée », confie-t-il aujourd'hui. Illettrée, car issue de la
tribu Akouè de l'ethnie des Baoulés, opposée à la présence française, c'est
elle qui a donné le goût des études à ses sept enfants. Ils ont tous
obtenu un « PhD ou un équivalent ».
« Ma
mère est Baoulée : c'est une tribu non seulement matrilinéaire, mais
matriarcale. On n'a pas besoin de m'expliquer l'importance du rôle des
femmes », lance Tidjane Thiam lorsqu'on pointe la modestie de la présence
féminine au sein du comité exécutif de Crédit Suisse (une seule femme,
l'Australo-Américaine Lara Warner, sur douze personnes). « Quand on
allait au village, moi je n'étais rien du tout, mes soeurs c'était tout. J'ai
l'habitude de travailler sous les ordres des femmes. »
Faux
timide et vrai showman
« C'est
une grosse tête. Lorsqu'on a fait connaissance à la fin de l'adolescence, il
m'a dit : 'Tu as mis une sacrée pression sur moi sans le savoir', se
souvient Lionel Zinsou, au siège de sa banque d'affaires, près de la place de
l'Etoile, à Paris. Nos familles sont très liées. Il y a toujours eu une espèce
d'émulation à distance entre nous. » Tel Aliocha, son personnage
préféré des Frères Karamazov de Dostoïevski - son livre favori -,
Tidjane Thiam a toujours essayé de concilier l'irréconciliable.
Musulman
passé chez les Jésuites (en prépa à « Ginette », à Versailles) –
Son
grand-père était musulman et sa grand-mère catholique -, faux timide et vrai
showman, Tidjane Thiam est aussi chaleureux qu'imposant. Il ponctue souvent ses
phrases d'un petit rire impromptu. Pour lui, « une journée sans rire
est une journée perdue ». À la tête d'une banque suisse au service des
« ultrariches », il cultive une fibre sociale. Il croit avant tout à
la méritocratie.
Un
cerveau brillant
Tidjane Thiad, le banquier qui détangeait la Suisse |
Son
père, un Sénégalais d'origine modeste devenu ministre de l'Information en 1963,
lui a transmis le sens de la compétition. Dernier d'une fratrie de sept
enfants, le petit Tidjane était complètement illettré jusqu'à l'âge de
6 ans. Il aura fallu que son frère dénonce ses parents à Félix
Houphouët-Boigny, pour que le « père » de l'indépendance les convoque
dans sa résidence de Genève, en bordure du golf de Cologny : pas question
de jouer les rois fainéants. Le jeune Tidjane a largement rattrapé le temps
perdu. Premier au concours général de mathématiques, major de l'École des mines
et diplômé de l'Insead, au 14 juillet, il défile en tête de sa promotion X81 de
Polytechnique sur les Champs-Élysées.
« Il était simple sans être timide, il
excellait en mécanique quantique », se souvient Jean-Louis Basdevant, son
professeur de physique à Polytechnique. « Outre sa force de travail,
il avait de grandes qualités humaines », renchérit son professeur à l'École
des mines, Alain Gaunand. Mais le brillant cerveau va vite se cogner à un
plafond de verre français. « Tous mes camarades avaient des
entretiens d'embauche sauf moi », se rappellera-t-il, en 2013, lorsqu'il
reçoit le Grand Prix de l'économie des Echos .
Il
finira par suivre le conseil de directeur de l'École des mines : « Va
voir chez les Anglo-Saxons » et commence sa carrière chez McKinsey, à
Paris et à New York ; avant de retourner en Côte d'Ivoire diriger une
agence de grands travaux, puis comme ministre du Plan et du Développement.
Sentiment
d'injustice
Après
le coup d'État de 1999, il revient chez McKinsey, en France. En 2002, il
devient le patron pour l'Europe de l'assureur britannique Aviva, puis rejoint
Prudential, d'abord comme directeur financier, puis comme directeur général en
2009. Il est alors le premier Noir à diriger une entreprise du FTSE 100. De ses
sept années chez Prudential, Tidjane Thiam garde une grande fierté et une
blessure cuisante. « Mais pour qui se prend ce Nègre qui pense qu'on
va lui laisser faire une OPA de 35 milliards de dollars ? »
Cette
terrible phrase d'un de ses principaux actionnaires, que lui a rapportée un
journaliste à la suite du raid manqué sur une filiale d'AIG, en 2010, reste
forcément gravée dans sa mémoire. Il en garde une forme de défiance inavouée
envers l'establishment traditionnel et le sentiment d'une « injustice
extrême ».
Un
bilan en demi-teinte ?
Aujourd'hui,
ses actionnaires sont saoudiens, qataris et américains. Mais le dialogue n'est
pas forcément un chemin de rose. Quatre ans après son arrivée au Crédit
Suisse, son bilan est moins resplendissant que prévu aux yeux des
analystes. Malgré son sévère plan de réduction de coûts (10 000
suppressions de postes, en trois ans, en majorité des sous-traitants), le
cours de l'action de la deuxième banque suisse a chuté de plus de 50% depuis
son arrivée. « Thiam to think », ironise le Financial Times qui
s'inquiète de la stagnation des revenus.
Selon
certaines rumeurs, ses relations se seraient refroidies avec Urs Rohner, le
président de l'établissement, auquel il reprocherait de ne pas avoir été assez
transparent sur la situation « désastreuse » de la banque
en 2015.
Tidjane
Thiam dément, assure avoir eu non moins de « dix-neuf rencontres avec
Urs Rohner » avant d'accepter le poste. Pour autant, « la
banque était dans une situation difficile, ce qui n'était pas toujours
suffisamment apprécié ni compris : coûts élevés, revenus sous pression,
niveaux de risque élevés et une base de capital faible », explique le PDG.
Il reconnaît que le besoin en capital était le double de ce que tout le monde
estimait à l'automne 2015. « Ce fut une prise de conscience salutaire
mais douloureuse. » En clair, les cadavres dans le placard étaient
plus nombreux que prévu. Un moment de panique totale.
C'est
là qu'il a l'idée de préparer une cotation en Bourse de la filiale suisse du
groupe. L'opération n'aura jamais lieu, mais sans ce coup de « bluff »
stratégique qui facilitera, par d'autres moyens, la levée de 10 milliards de
francs suisses, la banque aurait difficilement été sauvée.
12
milliards de pertes
Parallèlement,
la création de la « bad bank », fermée fin 2018, a permis de purger
en trois ans les 75 milliards de francs suisses d'actifs toxiques et non stratégiques. « Au
total, cela nous a coûté 12 milliards de pertes, y compris la pénalité de 2,5
milliards payée aux États-Unis à la suite de notre accord avec le Department of
Justice sur les RMBS [prêts hypothécaires résidentiels, NDLR] et les 2
milliards des plans de départs, mais nous avons complètement restructuré la
banque et le cours va commencer à remonter, assure-t-il. On dit :
« Thiam a divisé le cours de l'action par deux », non, il a nettoyé
le bilan ! » Mieux : la banque s'est massivement recentrée
sur la gestion de fortune auprès des Ultra High Net Worth, comme on
appelle les catégories les plus riches, qui représentent désormais 90% de ses
profits.
Même si
Credit Suisse s'est fait épingler dans plusieurs affaires , et notamment
le scandale de corruption de la Fifa, « il s'en sort plutôt mieux que
les autres [UBS ou Julius Baer, NDLR] », estime François Pilet, fondateur
de Gotham City, une lettre de veille sur les affaires de corruption. Mais
la plupart des analystes réservent encore leur diagnostic sur le retour à la
croissance.
Une
garde prétorienne
Face
aux rebuffades de la presse suisse qui s'inquiète de son management
« hors-sol », Tidjane Thiam s'appuie sur une garde prétorienne en
grande partie venue de Londres. Après les polémiques sur son salaire élevé (10,2
millions de francs suisses en 2016) et son bonus garanti, auquel il a dû en
partie renoncer, il a recruté en 2017 Adam Gishen, un ancien banquier de Lehman
Brothers, pour piloter sa communication, et James Quinn, un ancien rédacteur en
chef du Daily Telegraph, comme « spin doctor » à la City.
Fidèle
d'entre les fidèles, le Français Pierre-Olivier Bouée, directeur général, fait
figure de bras droit. Énarque et diplômé d'HEC, lui aussi transfuge de
Prudential, cet ancien du Trésor a croisé la route de Tidjane Thiam chez
McKinsey en 2000. Parmi ses autres fidèles figurent l'Helvético-Pakistanais
Iqbal Khan - numéro 3 du groupe, souvent cité comme son successeur potentiel -,
l'Américain Brian Chin et David Mathers, le directeur financier proche du conglomérat
saoudien Olayan Group, un des principaux actionnaires de la banque. Le
Singapourien Kai S. Nargolwala, qu'il avait fait entrer au conseil de
Prudential, a rejoint celui de Crédit Suisse.
C'est
là qu'il a l'idée de préparer une cotation en Bourse de la filiale suisse du
groupe. L'opération n'aura jamais lieu, mais sans ce coup de « bluff »
stratégique qui facilitera, par d'autres moyens, la levée de 10 milliards de
francs suisses, la banque aurait difficilement été sauvée.
Sa plus grande fierté ? Avoir purement et
simplement sauvé la deuxième banque suisse. Il fulmine et bondit sur son siège
lorsqu'on évoque les accusations d'absentéisme de la presse helvète. « J'ai
passé l'an dernier 229 jours et 35 week-ends à Zurich, soit 70% de mon
temps ! » Quant à d'éventuelles tensions avec Urs Rohner ou ses
actionnaires, il balaie d'un revers de la main cette « légende
infondée ».
Pour
preuve, il n'hésite pas à brandir un SMS de soutien d'un de ses principaux
actionnaires, David Herro, le patron de la société d'investissement américaine
Harris Associates, qui avait « débarqué » les frères Saatchi dans les
années 90.
Une
fibre sociale
Autre
sujet d'agacement : Tidjane Thiam n'a guère apprécié qu'un hebdomadaire
suisse révèle son divorce, quelques mois après son arrivée au Crédit Suisse.
Dès le 30 octobre 2015, la deuxième banque suisse a dû discrètement confirmer
que son nouveau patron s'était séparé d'Annette Thiam, une avocate
afro-américaine proche de Joe Biden, l'ex-vice président américain, son épouse
depuis vingt ans et mère de ses deux fils.
Quant
aux critiques sur son salaire , qu'il a dû réduire à 9,7 millions de
francs suisses en 2017 face à une fronde des investisseurs, Tidjane Thiam les
juge « assez désagréables » vu « l'ampleur des
problèmes qu'il a trouvés ». Le patron de la banque des ultra-riches
revendique par ailleurs haut et fort une fibre sociale. « Chaque fois
que je rencontre un milliardaire en dollars, on parle deux minutes de Crédit
Suisse et des affaires et cinquante-huit minutes de philanthropie et
d'investissement éthique. Je ne connais pas de milliardaire qui ne souhaite pas
faire de la philanthropie. »
Il a
également confié un département impact advisory and financing à
Marisa Drew, « la femme la plus senior du Crédit Suisse », pour
s'occuper de projets sociaux. « On va placer 5 000 enfants
défavorisés dans les sept premières Business schools du monde (Harvard,
Stanford…). C'est une des raisons pour lesquelles j'ai pris ce job, car je peux
faire ici ce que je pourrais faire à la Banque mondiale », ajoute celui qui
reste proche de Jim Yong Kim. Le 24 avril 2015, le président du conseil
d'administration, Urs Rohner, annonce la désignation de Tidjane Thiam au poste
de PDG de Crédit Suisse
Garder
la colonne droite
À court
terme, Tidjane Thiam a pour priorité de traverser sans dommage les fortes
turbulences en vue sur les marchés. Pour lui, la sortie du quantitative easing
(QE) ne se fera pas sans douleur. Il n'a jamais été un grand fan du rachat
massif de dettes par les banques centrales au motif que la sortie serait très
coûteuse. « C'est la plus grosse opération de redistribution massive
de richesses de l'histoire récente qui n'a pas été débattue, ni politiquement
ni démocratiquement. Dans le désir d'arrêter la crise, on a négligé le
traitement social. » Il déplore que des poches entières de pauvreté
aient résisté à la reprise : « C'est ce qui explique largement
le résultat des élections aux États-Unis. »
Le QE
aurait dû être accompagné d'actions sociales avec une réflexion sur le niveau
de déficit post-crise à tolérer pour amortir les effets de la redistribution de
richesses. Les mois qui viennent seront décisifs pour conforter son bilan, mais
une certaine dose d'impopularité ne lui a jamais fait peur. « On a
beau suivre un chemin accidenté, il faut garder la colonne droite », dit
un de ses dictons ivoiriens préférés. Une forme de stoïcisme.
La
grave erreur du Brexit
Pour
l'ancien patron de Prudential, le Brexit reste une « grave
erreur » historique. « Il était dans l'intérêt économique à
long terme du Royaume-Uni de rester dans l'Union européenne »,
estime-t-il, même s'il respecte forcément la décision du peuple britannique,
car il croit en la « démocratie et la souveraineté des pays ».
Comme toutes les banques, Crédit Suisse a préparé son plan B en cas de No Deal,
prévoyant un transfert significatif d'activités, « principalement à
Madrid et à Francfort ». « Nous avons déjà réduit notre présence
à Londres, mais cela n'a rien à voir avec le Brexit. » Le PDG dément
la rumeur selon laquelle les gérants de fortune de Crédit Suisse auraient eu
pour consigne de conseiller à leurs clients les plus fortunés de retirer leurs
avoirs du Royaume-Uni avant le vote sur le Brexit.
Son
plus bel échec
Lors de
sa tentative d'OPA ratée sur AIA (la pépite asiatique de l'assureur américain
AIG), nombreux pensaient que l'erreur du patron de « Pru » avait été
de sous-estimer l'importance de ses actionnaires : en juin 2010, sous leur
pression, il doit renoncer à lancer son offre de 35,5 milliards de dollars, la
plus élevée de l'histoire du secteur. Pour Lionel Zinsou, c'était pourtant une « intuition
fulgurante », mais le conseil a pris peur devant ce pari très osé. La
tension avec les actionnaires a été très forte. Trois heures d'invectives en
assemblée générale dont il garde le sentiment d'une « injustice
extrême ». Il a failli se faire éjecter mais la remontée spectaculaire du
cours de Prudential l'a sauvé. Et l'histoire lui a donné raison : la
capitalisation boursière d'AIA atteint aujourd'hui 105 milliards de dollars.
La
promo magique
X81 :
la fameuse promo de Polytechnique où il a côtoyé Frédéric Oudéa, Jean-Pierre
Mustier et Jean-Laurent Bonnafé. Trente-sept ans après avoir intégré l'École,
ses trois camarades se retrouvent à la tête de trois banques européennes de
premier plan (Société générale, Unicredit, BNP Paribas respectivement). « On
se fait parfois des textos avec Jean-Pierre Mustier. On était dans la même
prépa. On jouait à la pétanque dans le jardin du Luxembourg », confie
Tidjane Thiam. En revanche, il a un peu perdu de vue Jean-Laurent Bonnafé. Son
réseau a eu le temps de s'étoffer depuis… Il est aujourd'hui proche de
Christine Lagarde, très lié à Gordon Brown, David Cameron (anciens premiers
ministres britanniques) et George Osborne (ancien chancelier de l'Échiquier).
Il est fier de siéger, au côté de son ami Rupert Murdoch, au conseil de la
20 th Century Fox, où il a donné son feu vert au budget d'Avatar 2.
Par
Pierre de Gasquet
En tout homme , il y a un genie inconnu, comme un feu sous la cendre qui se devoile parfois sous l effet d une succession de coincidences mais le plus souvent par la mayeutique indomptable d une forte presence feminine . C est peut etre pourquoi on dit souvent .. En tout cherchez La Femme .
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