À Donald J.
Trump, Président des États-Unis d’Amérique
Monsieur le
Président,
En tant
qu’Haïtien, je vous écris au nom de Jean-Jacques
Dessalines, de Capois-la-mort et de Toussaint Louverture.
Et en tant qu’amoureux des mots, je profite de l’occasion pour définir avec
vous le sens des mots « trou » et « merde », et peut-être même jongler un peu
avec ceux-ci.
Donc, selon vous, Monsieur le Président, Haïti et les États africains sont des pays de trou à merde ? De quel trou faites-vous allusion exactement? S’agirait-il du trou que vos ancêtres européens ont creusé durant l’esclavage? Et parlez-vous de la merde amenée par votre oncle, l’Oncle Sam, lorsqu’il a indûment envahi Haïti en 1915?
De toute
évidence, je doute fort que vous soyez au fait de ces moments historiques, car
vous êtes frappé par des trous de mémoire. Une amnésie possiblement due à votre
inculture.
Pour vous
sortir de votre « trou noir », je vous fais part de quelques faits de cette
injustice « made in USA » sur la terre de Dessalines.
L'occupation américaine de 1915 en Haïti |
Durant
l’occupation américaine, Monsieur le Président, plus de 9 000 Haïtiens ont été
tués, dont 5 475 dans le camp de concentration de Chabert, dans le Nord, et 4
000 prisonniers dans les prisons du Cap-Haïtien. Des faits qui ont été relatés
par le journal Le Courrier haïtien, le 26 février 1921.
Encore pire,
au cours des 19 années de belligérance étatsunienne, les paysans haïtiens ont
été dépossédés de près de 30 mille hectares des meilleures terres du pays, ce
qui a provoqué l’exode de plus de 300 000 paysans vers la République dominicaine et Cuba.
Non, Haïti n’est pas un
trou à merde! Elle est perturbée par des siècles de néocolonialisme occidental.
Et elle est victime des turpitudes de ses chefs d’État qui ont été formés par
les États-Unis
Monsieur le
Président, votre arrogance et votre ignorance interfèrent avec les compétences
requises pour votre poste. Vous êtes si incompétent et imprévisible que le
peuple américain suppute les probabilités d’une procédure de destitution contre
vous.
Effectivement,
ils constatent que vous êtes la plus grande menace pour leur patrie : plus vous
ouvrez la bouche, plus l’empire américain se dirige vers son déclin.
Puisqu’il
est question de trou, de merde et de vous-même, alors je vous pose cette
question, Président : existe-t-il une différence entre un trou à merde et votre
personnage qui est vide de sens? J’ai bien peur qu’il n’en existe aucune, Son
Excellence. Sauf qu’il est plus réaliste de croire qu’Haïti et les pays
africains auront plus de chance de se débarrasser de leur merde et boucher leur
trou que vous de combler votre vide.
Voyez-vous,
à votre âge…
Ironiquement,
j’ai beaucoup pensé à vous au cours des dernières semaines.
En lisant
pour la énième fois Gouverneurs
de la rosée du brillant écrivain Jacques Roumain, qui
est issu de ce que vous appelez « pays de merde », le titre de ce chef-d’œuvre
littéraire m’a drôlement rappelé votre gouvernement de la risée.
Pas plus
tard qu’hier, en analysant la misère haïtienne, j’ai fini par philosopher sur
votre misère intellectuelle.
Tout un
paradoxe, direz-vous.
Malheureusement,
l’argent ne peut tout acheter, Monsieur le Président.
Toutefois,
dans une de ses chansons, Ti-Manno, l’un des plus grands chanteurs haïtiens,
établit le lien entre l’argent et la bêtise. Oui oui, Président. Dans ce succès
musical des années 80, Antoine
Rossini Jean-Baptiste a prohétisé votre ascension vers la Maison
Blanche et vous traite d’idiot.
D’ailleurs,
il n’est pas le seul à détecter votre ineptie.
Dans mon
article « Kaepernick,
Trump et les États désunis », je vous ai décrit comme étant un gwo
soulye, c’est-à-dire… en fait, au lieu de vous définir le sens de ce mot
haïtien, je vous aligne deux de ses synonymes : bouki et gwayil. Voilà ce que
les Haïtiens pensent de vous.
D’autres qui
se souviennent de votre célèbre « vous pouvez les attraper par la chatte »
diront que vous êtes un « Cadet Jacques », ce sombre personnage du roman
« Zoune
chez sa ninnaine », de l’Haïtien Justin Lherisson.
Monsieur le
Président, veuillez plutôt trouver des qualificatifs à votre peuple qui a
exterminé des millions d’Amérindiens pour avoir mainmise sur leur terre.
Des esclaves cultivant une plantation |
Pensez
également à ces millions d’Africains qui passaient des journées entières sous
le soleil chaud des plantations de votre pays dont vous êtes si fier. Ne
croyez-vous pas que le problème de ces « shithole countries » résulte
principalement de ce fait?
Au final, à
la rédaction de cette lettre, j’étais indécis, voire confus quant au ton je
devais m’adresser à vous vu votre statut de dignitaire.
Cependant,
en révisant le texte, M. Trump, je me suis rendu
compte que vous n’êtes aucunement digne d’un tel respect. Votre stature est
plutôt télé-réelle que présidentielle.
Avec vous,
tout est théâtralisé.
Après tout,
M. Trump, vous n’êtes qu’un trou du c…
Source:Selon Walter
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