Michaëlle Jean, Secrétaire générale de l'OIF |
par: Aza Boukhris
L'Organisation internationale de la
Francophonie (OIF) n'est plus vraiment opérationnelle pour le président
français, Emmanuel Macron. Sur
fond d'isolement de Michaëlle Jean, sa secrétaire générale, devenue inaudible.
La Conférence
de refinancement du Global Partnership for Education (Partenariat mondial de
l'éducation) qui s'est tenue à Dakar du 1er au 3 février 2018 a réuni
plusieurs centaines de hauts responsables du secteur public, de la société
civile et des entreprises mondialisées, venant d'une soixantaine de pays. La
Secrétaire générale de l'Organisation Internationale de la Francophonie, la
Canadienne Michaëlle Jean,
faisait évidemment partie de cet aréopage, mais sa présence est passée
quasiment inaperçue.
Des déclarations convenues
Le séjour à
Dakar de Michaëlle Jean, accompagnée de l'Administrateur de l'OIF, le Malien
Adama Ouane, a été totalement éclipsée par la présence d'Emmanuel Macron et de
son épouse, accueillis avec beaucoup d'attention et d'attentes. La directrice
générale de l'Unesco, la Française Audrey Azoulay, a également eu beaucoup plus
de considération que les représentants de l'OIF.
Les
déclarations convenues et sans grandes perspectives de Michaëlle Jean ont été
peu reprises dans les médias et il a fallu un communiqué de presse de l'OIF
pour faire entendre sa voix. Les entretiens de la Secrétaire générale de l'OIF
sont restées confidentiels, même la rencontre avec l'américaine Alice Albright,
la directrice générale du Partenariat mondial pour l'éducation.
Dakar est
pourtant une ville appréciée de Michaëlle Jean, car c'est dans cette ville
qu'elle fut élue à la tête de l'OIF, lors du XV ème Sommet de la
Francophonie. Elle avait aussi été reçue avec les honneurs lors de
l'inauguration de l'Institut de la Francophonie pour l'Education et la
Formation (IFEF), le 14 octobre 2017.
Chute de popularité
Michaëlle Jean a été reçue à Paris le 31 juillet 2017 par le président français Emmanuel Macron. |
Le XVII ème
Sommet de la Francophonie, prévu en Arménie fin 2018, se prononcera sur la
réélection ou non de Michaëlle Jean. Si le président Hollande s'était
finalement rangé à la candidature de la native de Port-au-Prince, la
position de la France suivie par de nombreux États est désormais beaucoup moins
favorable à une nouvelle candidature.
Culte de la
personnalité, recherche exacerbée des honneurs, quête permanente de décorations
étrangères et de titres de docteur honoris causa,onéreux déplacements
improductifs et son train de vie fastueux...N'en jetez plus. La
Canadienne présente beaucoup de caractéristiques de l'erreur de casting.
L'OIF, pourquoi faire?
Au-delà de la
personne de Michaëlle Jean,
c'est bien l'OIF qui est remise en cause. La France a longtemps cru en l'OIF
pour prolonger son influence, avec les éminentes personnalités francophiles à
sa tête, comme l'étaient l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Boutros
Boutros-Ghali, et l'ancien président du Sénégal, Abdou Diouf. Ce n'est plus le
cas aujourd'hui. L'OIF est transparente dans les crises africaines et dans les grands
débats mondiaux. Elle est devenue une sinécure pour des protégés de nombreux
États membres.
L'OIF ne
correspond pas à la vision macronienne du multilatéralisme. Pour la première
fois, le gouvernement français ne comporte pas de ministère dédié à la Francophonie.
Le Président Macron a préféré nommer une représentante personnelle, Leïla
Slimani, particulièrement active dans le domaine culturel et dans la promotion
des valeurs francophones.
La vieille francophonie
L'heure n'est
plus à une organisation purement politique et finalement hors sol pour protéger
la langue française. La co-présidence d'Emmanuel Macron de la réunion de Dakar
est significative. C'est bien par l'éducation et la formation que la
Francophonie progressera et non pas par une organisation bureaucratique et
budgétivore. Le Partenariat mondial de l'éducation offre l'exemple du
multilatéralisme souhaité par le président Macron. L'influence de la France
passe désormais aussi par la participation à des partenariats publics/privés
comme le Fonds Mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et la
paludisme ou l'Alliance pour les vaccins et la vaccination (GAVI), même si
l'anglais est leur langue de travail.
Le
développement de la francophonie se fera-t-il encore de manière plutôt défensive,
avec le concours de l'OIF? Ou de manière a offensive par la participation plus
active à des fonds fiduciaires, comme le Global Partnership for Education? En
co-présidant la réunion de Dakar, Emmanuel Macron a clairement confirmé sa
préférence.
Source:mondeafrique.com
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