HOMMAGE DE TRIBUNE DE
LIBRE OPINION
Au Maestro Nemours Jean-Baptiste
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Né le 2 février 1918 à Port-au-Prince et mort le 18 mai 1985, Nemours Jean-Baptiste aurait eu 100 ans ce 2 février 2018. |
C'est une date qui rappelle la naissance d'un homme qui a apporté
un changement capital dans la musique haitienne. Le rythme qu'il y a
introduit a fait école en devenant le rythme national du pays et aussi
en se propageant plusieurs années après sa mort à travers les
Antilles et l'Amérique. Il était à la fois un novateur et un créateur et dans
son domaine, il a apporté un changement phénoménal dans le rythme musical
haitien.
En ce mois de février 2018, mois de l'histoire des noirs, il
n'est pas dérisoire d'inscrire dans notre pensée, Nemours Jean-Baptiste, cet homme sorti de
nulle part, mais qui nous a laissé quelque chose qui représente aujourd'hui un joyau
pour le pays.
JM
Biographie de Nemours Jean-Baptiste
Troisième d’une famille de quatre enfants,
Nemours Jean-Baptiste est né le 2 février 1918 à Port-au-Prince. Ses parents
Lucia Labissière, couturière et Clément Jean-Baptiste, cordonnier ont décédé
prématurément. Nemours et ses frères et soeur André, Monfort et Altagrace
furent confiés à des proches parents. Il fit de brèves études à Jean Marie
Guilloux et chez les Frères de Saint Louis de Gonzague et a dû faire très tôt
aux affres de la vie occupant de menus emplois pour survenir à ses besoins.
Devenu coiffeur, Nemours a pu trouver, sans nul doute, en ses clients et le
salon de coiffure, l’auditoire et l’endroit idéal pour discuter de son amour et
don pour la musique. Ce don a reçu par hasard sa première sponsorisation à
travers un ami, Antoine Duverger. Joueur et propriétaire de banjo, Duverger a
décidé de confier son instrument à Nemours pour éviter les réprimandes
parentales : « l’enfant de famille » des années 50 ne faisait pas de la
musique.
Nemours en a profité pour apprendre tout seul le banjo. La chance lui a sourit lorsque Duverger n’a pas pu respecter un de ses engagements auprès des frères Guignard. Nemours l’a remplacé. La performance fut un succès et lui a rapporté $30.00 et son recrutement par les frères Guignard. De cette date, Nemours s’était adonné complètement à la musique; une carrière qui allait durer environ vingt-cinq ans. Au cours d’une de ses performances, il a rencontré Marie Félicité C. Olivier. Ils se sont mariés le 28 Septembre 1946 et eurent trois enfants Marie Denise qui a vécut jusqu’à l’âge de deux (2) ans, Yvrose et Yves Nemours Jr.
Les débuts de Nemours consistaient surtout de tournées à travers le pays
animant les fêtes patronales. C’est d’ailleurs un jour de la Sainte Anne, le 26
juillet 1955, qu’il a créé le rythme qui allait devenir le compas et son propre
groupe musical, Conjunto International avec pour Membres fondateurs Julien
Paul, Monfort Jean-Baptiste, frère de Nemours, Anilus Cadet, Mozart et Krutzer
Duroseau et pour une courte durée Webert Sicot qui sera remplacé par Frank
Brignol. Mais, ce n’était pas son premier coup d’essai de maestro. Il a dirigé
auparavant, des groupes de l’époque tels que Anacaona, Jazz Atomique, Jazz
atomique Junior.
Nemours en a profité pour apprendre tout seul le banjo. La chance lui a sourit lorsque Duverger n’a pas pu respecter un de ses engagements auprès des frères Guignard. Nemours l’a remplacé. La performance fut un succès et lui a rapporté $30.00 et son recrutement par les frères Guignard. De cette date, Nemours s’était adonné complètement à la musique; une carrière qui allait durer environ vingt-cinq ans. Au cours d’une de ses performances, il a rencontré Marie Félicité C. Olivier. Ils se sont mariés le 28 Septembre 1946 et eurent trois enfants Marie Denise qui a vécut jusqu’à l’âge de deux (2) ans, Yvrose et Yves Nemours Jr.
En 1956, la carrière de l’artiste devait prendre une nouvelle direction lorsqu’il rencontra son premier promoteur, Jean Lumarque, propriétaire d’un Club à la mode, « Calebasses ». Ce dernier organisa la première tournée à l’étranger de Nemours et son groupe les accompagnant aux États Unis d’Amérique et au Mexique. Cependant, peu de temps après, Nemours devait quitter Lumarque pour Senatus Lafleur, propriétaire d’un autre Club, « Palladium ». Pourtant, c’était encore Jean Lumarque qui, en 1961, emmena aux États-unis le groupe et le 5 juillet, au cours d’une cérémonie au siège des Nations Unies, Nemours a reçu une plaque d’honneur. Après un autre aller-retour du Palladium au Calebasses, Nemours et son groupe successivement nommé « Ensemble aux Calebasses » et « Ensemble Nemours Jean Baptiste » ont été embauchés par René Martini, propriétaire de « Cabane Choucoune » où ils ont joué de 1962 à 1970. Au cours de cette période, en 1963, l’artiste a participé à son premier défilé carnavalesque, sur demande du public. A noter qu’il souffrait de glaucome. En juillet 1967, les médecins d’un hôpital de Port-au-Paix ont dû lui enlever son œil (droit ou gauche) au cours d’une intervention chirurgicale.
Nemours a également séjourné deux ans (1970-1972) aux États Unis d’Amérique et
performé dans des clubs tels que Château Caribe (Manhattan) et Canne-à-Sucre
(Corona, Queens). De retour sur la terre natale en 1972, il a pris en charge un
dernier groupe, le Top Compas, rebaptisé « Super Combo de Nemours Jean-Baptiste
» et a été en tournée en Guadeloupe de mai à Décembre 1973. En mai 1974, un
promoteur de la Guadeloupe, Hubert Romain leur fit faire une tournée passant
par la Guadeloupe, la Martinique, la France et la Guadeloupe pour revenir au
pays en Novembre 1974. Leur passage en France, au mois de septembre, a été un
immense succès provoqué par la chanson « Ti Carole », en tête du hit parade sur
« Radio Télévision France Inter » pendant six mois. De retour au pays en
Novembre 1974, le groupe élut domicile à « Cabane Choucoune » jusqu’à sa
dissolution en 1979 avec le départ pour les États Unis de son fondateur, Wagner
Lalane.
En 1980, environ un quart de siècle après le lancement de sa grande carrière,
Nemours s’est retrouvé en musicien solitaire. Heureusement, Eddy Zamor,
animateur de radio et présentateur durant les années 60 en Haïti, devenu
promoteur de musique aux États-Unis, a pu venir à sa rescousse. Il sponsorisa
une soirée de vingt-cinq ans d’anniversaire du compas et l’évènement a été
célébré en grande pompe de concert avec le Skah Shah au club « Olympia Palace
», New York. Cette soirée a été, en quelque sorte, un hommage couronnant la
grande carrière de Nemours Jean-Baptiste. Sa prochaine tentative de jouer aux
Etats-Unis en 1981, cette fois-ci accompagné de son rival musical de longue
date, Webert Sicot, devait avorter. Nemours est tombé gravement malade et subit
une intervention chirurgicale à New York (« Elmhurst Hospital », Queens). Il
passera les quatre dernières années de sa vie en Haïti, luttant contre le
cancer de la prostate et la cécité. En dépit de l’insistance de sa femme et
enfants, il a préféré mourir dans son pays disant qu’à sa mort on reconnaîtra
sa valeur.
*Nemours et le
Compact Direct*
Jusqu’à la moitié du 20ième siècle, les besoins du public haïtien en animation
musicale avaient été principalement satisfaits par les troubadours, et la
cadence « tipico » venue de la République voisine et de Cuba. Cette cadence
et/ou les groupes espagnols dominaient la majeure partie de nos festivités
publiques ou/et privées. Les débuts de Nemours ont été marqués par cette
cadence qui lui a permis de gagner le cœur du public. Cependant, Nemours n’a
jamais apprécié cette colonisation du marché musical haïtien. Du côté haïtien
de la frontière, le Dominicain et le Cubain vivaient de leur musique, de
l’autre côté nos frères étaient humiliés par ces mêmes gens.
Nemours Jean-Baptiste, Les 3 dangers |
Une autre facette attrayante du personnage Nemours a été sa verve prompte et
légère. À l’apogée de sa carrière, il choyait son public régulièrement avec une
nouvelle composition. Tous les samedis, ses fanatiques l’attendaient au Rex
Théâtre et ils n’étaient jamais déçus ni par le fond ni par la forme. Les
femmes haïtiennes, régulièrement l’objet de satyre de nos musiciens, étaient
les chouchous de Nemours. En témoignent, les tubes « aprann renmen », « ròb
antrav », « Solange » pour ne citer que cela. Quant au compas, son enfant chéri
qu’il a mis au jour, il n’avait jamais cessé de prédire sa réussite et
longévité. Des tubes comme : « Universal compas », « Vivre Compas », « La joie
de vivre » en sont la preuve. Pour Nemours, la clé de ce succès ou cette
longévité a été de garder la cadence aussi simple que possible.
Joueur de banjo, guitariste, saxophoniste, compositeur et chef d’orchestre,
Nemours Jean-Baptiste, a été un artiste complet. Il a été pour la musique
haïtienne ce que furent les Pères de la Patrie pour Haïti. A sa mort le 18 Mai
1985, il a légué un riche héritage au marché musical haïtien. Les premières
bases posées par Nemours constituent une source inépuisable qui a inspiré et
continue à guider les jeunes générations. Aujourd’hui encore, plus d'un
demi-siècle siècle après la création du compas, le public haïtien ne s’est
jamais lassé de danser et la musique de Nemours et le compas.Contributeur: Jean Mathurin
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