HCC- Une trilogie de lettres destinée à élever la réflexion de nos lecteurs à son plus haut niveau.
Au fil des rubriques de HCC, nous faisons de notre mieux pour gâter nos lecteurs avec des textes
fouillés, bien équilibrés et soigneusement illustrés.
HCC - Une érudition immense dans les domaines : « de la politique, de l'histoire, des religions, de la culture et des arts en général. »
Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte...
Nous espérons pouvoir continuer ce programme d'introduction des livres des auteurs d'origine haitienne, initié dans le seul but de servir les communautés haitiennes de la Diapora et les informer de la production des oeuvres littéraires dans leur pays d'origine.Nous remercions Natania Etienne des Editions du Marais, Québec-Canada ( http://www.editionsdumarais.ca/la-maison/) pour sa collaboration avec nous dans cette initiative.
Gérard Etienne
Gérard Etienne, poète et romancier d’origine haïtienne, nous révèle une vision fulgurante d’Haïti et, tout en bénéficiant du riche passé folklorique de son pays, projette dans ce roman des images à la fois terrifiantes et envoûtantes. La grandeur du peuple apparaît surhumaine et pourtant plus réelle que jamais. Il nous présente une famille de personnages qui, tout en nous indiquant les rêves et les destinées de la collectivité, se rapproche fraternellement des héros sud-américains les plus authentiques. Par la fascination qu’ils exercent, ils impriment en nous les relents d’une épopée moderne aussi démesurée qu’exemplaire.
Le Nègre Crucifié est le premier réquisitoire littéraire contre le régime fasciste de François Duvalier. Vraie descente aux enfers, Le Nègre Crucifié décrit la réalité des prisons de ce régime dictatorial. L’écriture d’Etienne, dans un style unique fusionne avec la violence politique du pays pour en dénoncer le barbarisme, la tyrannie, le féodalisme, la violence telle qu’elle est maintenue avec la complicité des occidentaux corrompus. La souffrance et le narrateur ne font qu’un avec le peuple de son pays. Il est torturé, agonise, désespéré, humilié. Ce récit, où le monde physique et spirituel se rencontrent, est la lamentation du narrateur, une plaidoirie pour l’humanisme.
Shada, Chronique d'une Extravagante Escroquerie
Myrtha Gilbert
Dans ce livre, l'auteure et professeur Myrtha Gilbert met en relief les méfaits et les retombées de la SHADA ou Société Haitiano-Américaine de Développement Agricole , un prétendu programme de développement qui avait été établi en 1941 sous le président Elie Lescot en Haiti
Mme Gilbert n'est pas à son coup d'essai avec l'ouvrage Shada, car elle a écrit d'autres livres qui dressent le tableau du paysage haitien quant aux aspects socio-politiques et écomiques.
Dans ce livre, Myrtha Gilbert exhume Shada, spectre de la domination américaine, « un projet qui a laissé notre agriculture en lambeaux, créé des problèmes extraordinaires et des problèmes que l’on ressent encore actuellement ». Dans « Shada, chronique d’une extravagante escroquerie », Myrtha Gilbert suit ce processus aux allures diaboliques, dévoile la politique des dirigeants haïtiens ou leur absence de politique.
Myrtha Gilbert, qui tente de faire une percée vers les racines de la misère et la dépendance économique d’Haïti.
L'auteure Myrtha Gilbert revisite les diverses implications du président Lescot, ses tournées, l'avalanche des scientifiques américains, avec la mission d'étudier la faune, la flore, les sols haïtiens. C'est l'époque des grandes exploitations scientifiques de nos forêts et l'adaptation par l'impérialisme de ce même principe d'exploitation agricole à des pays de l'Amérique latine comme l'Equateur, la Bolivie, ... Entre la propagande américaine, la guerre de religion, la paysannerie aux abois, la promulgation de nouvelles lois, la SHADA s'est consolidée, livrant ainsi le pays à des séances de déboisement des milliers d'acres de terre à portée de main, une exploitation rigoureuse de la pite et de l'hévéa.
Visitez donc sur votre ordinateur ( non sur votre portable) la page du siteHaiti Connexion Network. Commencez à faire la connaissance de nos nombreux talentueux écrivains.
Les amis de la place Dumas de Jérémieont été une fois de plus sous le soleil de la Floride durant le Memorial weekend 2013. Grâce à Alex Apollon et Garry Florestal, cette deuxième rencontre ayant connu un succès éclatant a regroupé plus de 150 Jérémiens
En effet, dans une ambiance de fête et de retrouvailles inoubliables, plusieurs dizaines de Jérémiens venus des quatre points du globe s’étaient réunis pendant trois jours à Palm Coast chez les époux Alex et Carine Apollon dans un cadre qui offrait une propension à s’amuser. Un décor de convivialité qui facilitait la reconnexion d’anciens amis et de camarades dispersés depuis belle lurette ! Ce climat reflétait aussi l’air d’un pélérinage. Car, une caravane de voitures luxueuses et Jeeps (SUV) tout-terrain avaient fait escale tout le long de la rue abritant la maison d’Alou, munies de plaques d’immatruculations de partout:Arizona, New York, Port-au-Prince, Canada, Floride, Georgia, Californie, New Jersey, Chicago et même Jérémie… C’était aussi un véritable “casse-tête chinois” pour Alou de gérer le va-et-vient des automobiles qui rendait la circulation un peu dense dans cette zone résidentielle très huppée. Tout s’est bien passé heureusement.
Bref, tout a commencé le vendredi 23 dans la soirée. Sous la baguette magique de Georges Laforest, dans une atmosphère de joie et de gaieté, les pèlerins se retrempaient et dansaient aux rythmes des musiques rétro qui ont bercé leur folle jeunesse. Une soirée très diversifiée en plats fumants, aussi agrémentée de friture à la “Clairemosante”*, servie avec des accras croustillants, de griot de porc, du poisson frit, de la banane pesée, des marinades de poulet ,du cola couronne etc... Tout le monde s’amusait follement jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Durant la matinée du samedi ,nous étions tous comme dans un pique-nique à Jérémieau cours duquel nous avions été servis d’une panoplie de plats et de friandises de notre terroir: maïs au champignon, pisquette, bobori chaud, tablette pistache, bouillon tèt-kabrit, cassave, comparette, cola couronne, lame véritable etc… En effet, on était comme dans une fête champêtre grand'anselaise. Cette partie a pris fin vers deux heures de l’après midi et certains d’entre-nous se sont rendus alors à la plage située à une dizaine de kilomètres.
Dans la soirée vers 9 heures du soir, un repas copieux suivi d’une soirée dansante organisée en particulier pour les amoureux de la danse. Carine Tattegrain Apollon, l’épouse d’Alex Apolon, avait été honorée par les organisateurs, qui lui avaient donc remis une plaque d’honneur et mérite pour son dynasmine et ses efforts à la réalisation de cette colossale fête pour laquelle tant d’énergie avait été dépensée.
Au cours de cette soirée du samedi, la coquetterie était au rendez-vous. Les Jérémiennes réhaussaient l’ambiance avec des robes bustiers, décolletées, moulées, évasées à dos nu en lame, etc... Elles étaient toutes joviales mais démontrant une élégante simplicité. Quant aux messieurs, ils dansaient comme s’ils avaient des fourmis dans les jambes alors que l’alcool coulait à flot : un vrai moment de détente dans un air purement électrique où hommes et femmes se déhanchaient au rythme des tubes du plateau. La soirée s’est étirée en longueur pour finalement prendre fin vers 3 heures du matin.
Dimanche matin, c’est le jour de la fête des mères haitiennes ! Une soupe au giraumont (soupe joumou) est servie. Ce début de matinée est alors consacré à l’époque d’or de la chanson française et aux mamans haitiennes. Certaines jérémiennes-nostalgiques frédonnent les airs qui évoquent des souvenirs d’antan. Je profite aussi de l’occasion pour prendre la parole et souhaiter une bonne fête aux mères haitiennes de Palm Coast à travers deux jolis poèmes sur le thème ‘Maman’ écrits parFernande GilbertetJoseph Bénès Fanfan.
Durant toute la journée, nous nous sommes amusés au bord de la piscine, dégustant à grandes dents de la viande de barbécue (boucannée). Nous avons dansé et revécu toutes les mélodies d’hier. On s’est amusé gaiement jusqu’au coucher du soleil.
Tous les coeurs et les esprits étaient à l’unisson dans cette manifestation à nulle autre pareille. Les retrouvailles, tout comme les séparations sont des moments remplis d’émotion pour tous. Le plus palpitant de ces moments consiste à redécouvrir un(e) ami(e), un(e) camarade que vous avez perdus de vue depuis plusieurs années. C’était aussi un véritable moment de coïncidences heureuses pour moi de revoir deux anciens copains de classe, avec qui nous avions ressassé à la volée les moments passés de notre jeunesse, moments qui semblaient être récents, mais que nos cheveux gris et nos rides démentaient et qui nous dictaient bien que nous étions à un autre carrefour de la vie… Une vraie aura à la fois nostalgique et ardue…
L’Hôtel Fairfield Marriot de Palm Coast était aussi le point de mire. Il était rempli à craquer, la majorité des pèlerins y résidaient; d’autres visiteurs ont été hébergés soit à l’Holiday Inn soit chez des amis ou parents vivant à Palm Coast.
C’était une belle fête que personne n’oubliera pas de si tôt.
Nous ne voulons pas finir sans présenter nos chaleureuses félicitations aux organisateurs de cette belle fête si minutieusement préparée et qui, il faut le dire, a nettement réussi.
Nos remerciements s’étendent aux époux Apollon et Florestal, spécialement à Carine T. Apollon pour son talent de cordon bleu.
Carine Tattegrain Apollon avait été
honorée pour son dynasmine et ses
efforts à la réalisation de cette colossale fête pour laquelle tant d’énergie
avait été dépensée.
Jacques Jocelyn venu du Canada se réjouissaitdurant l’ambiance
du samedi soir .
Les anciens amis de Bordes et de
Rochasse posaient pour une photo souvenir.
* Clairemosante fut une marchande de friture (Fritailles) très populaire à Jérémie et qui était passée aux yeux de plus d'un comme celle qui savait donner un goût spécial et délicieux à sa friture
Certains écrivains jérémiens ont parfois la manie de nous entraîner en douceur sur les pentes de la rêverie. Nous ne leur tenons jamais grief, car, revivre le temps des roses, ne fera jamais de mal à personne, sauf quand certaines épines, souvenirs des temps révolus, viennent nous érafler le cœur pour rouvrir des plaies à moitié enfouies au tréfonds de notre âme. Hélas! C'est très dur.
Quelques photos des gens tués lors des Vêpres de Jérémie:
Pour apprivoiser «Le songe d'une nuit de carnage
», le dernier livre de Mérès Wèche, paru au début de 2013, il m'a fallu un peu de détermination. J'ai reçu l'ouvrage des mains de l'auteur depuis un certain temps, mais, le contenu ou le sujet essentiel, en titre, rapporté de surcroît par d'autres écrivains, avait nourri mes appréhensions et plombé mon élan. En dernier recours, comme sa lecture s'imposait aux fins de cette chronique, j'ai décidé de faire œuvre utile en commençant par le prologue.Que ne fut ma surprise! Sans voir la couleur du temps, je me suis laissé entraîner sur les pas de l'auteur à la découverte de certains souvenirs agréables accrochés encore aux flancs de l'amphithéâtre qu'est la cité des Dumas. C'est un ouvrage digne des grands classiques. Il nous promène, non pas uniquement dans le sud d'Haïti, mais à travers l'Europe et ses légendes, dans un style simple, à faire le délice des partisans du langage clair et net, émaillé de quelques aquarelles et de certaines strophes des poètes locaux.
Bébé Sansarick
Graciella Sansarick
Ce fut très agréable au premier abord de redécouvrir la Grand'Anse, presque qu'en son entier. Des endroits familiers me rappelant les vacances que j'ai vécues en compagnie des Wèche à Beaumont, le patelin des deux frères, Méres et Ernst. D'une lecture attachante, son style se rapproche naturellement de Dany Laferrière. Ce qui ne me surprend guère, les deux compères ont débuté à la même enseigne, au journal Le Petit Samedi soir, avec le regretté Gasner Raymond, à Port-au-Prince.
Alice Drouin et son époux Gerald Guilbaud
Souvenirs! Souvenirs! A Jérémie, le Carré-marché, un théâtre à quatre sous…. Les fous de la cité, Amérik, Ayenkwen, Véli Boudaka….etc. Un soir de carnaval, Maître Cazeau déguisé en revenant, en mort vivant, se présenta sous la fenêtre de La Sanette, tout de blanc vêtu, la tenue habituelle d'un des célèbres jérémiens égorgés lors des vêpres de 64, le colonel Roger Villedrouin. Cette méprise contribua au trépas inopiné de cette fringante Marie-Jeanne, croyant recevoir la visite du décédé. Frappée d'une apoplexie foudroyante, La Sanette perdit l'usage de la parole pour mourir une semaine plus tard suite à la surprenante apparition. Ne sachant ni lire, ni écrire, elle ne put révéler l'objet de sa mystérieuse vision. Toutefois, Maître Cazeau en avait long à raconter à l'auteur…. Des histoires loufoques en plein carnaval….Ah! Des historiettes plus folles les unes les autres. Wèche, tu nous en as mis plein la caboche.
Louis Drouin
Un pan de l'histoire de Jérémie, quel que soit l'auteur, ne peut échapper à l'oeil critique de l'écrivain. Le problème noir-mulâtre à Jérémie ne peut laisser personne indifférent, à part les illuminés. Quand Méres Wèche nous parle de l'histoire rocambolesque du mariage de sa tante, Reine, une beauté noire, avec Lucien, le bronzé, c'est à mourir, à la fois, de plaisir et de honte. Dodo, le frère de Reine a failli couper la tête du Père Péron, l'imposant curé de l'époque qui avait manifesté son désir de ne pas procéder à la cérémonie sous peine d'excommunication : pas de mariage entre noir et mulâtre, ici, à Jérémie, rétorqua le maudit curé. Hey! Chatouille-moi les côtes, quelqu'un, pour me faire rire, si tu trouves un brin de mulâtre chez le pauvre Lucien que je connais fort bien d'ailleurs. AH! Jérémie! Si tu n'existais pas…
Un documentaire sur les vêpres jérémiennes
Cauchemars
Même dans sa tombe, le Tonton macoute effraie et dérange. A voir toute la contorsion alphabétique et intellectuelle de Wèche pour maquiller son récit ou coder le nom des macouteaux de Jérémie, afin de se protéger ou plus encore, de ne pas blesser. C'est un calcul dubitatif. «Un bébé lancé en l'air acheva sa chute sur la pointe d'une baïonnette. Milpleur et Tigé ont marqué en lettres de sang cette malheureuse tragédie» de l'été 64. A écouter ces assassins heureux raconter leur crime à satiété, en pleine rue et à gorge déployée, dans un état jouissif proche de la transe orgasmique, ça donne froid dans le dos. Pour ce, je peux absoudre Wèche dans une certaine mesure, car le ventre de la bête est encore fécond.
J-Claude Sansarick
Adrien Sansarick
Comme je l'avais déjà souligné dans des chroniques antérieurs, les jérémiens sont encore frileux, ils tremblent encore, même à 30º Celsius sous les tropiques sud. Les survivants de ces égorgeurs, ce qui est fort malheureux, sont pour la plupart aujourd'hui, des camarades, des alliés circonstanciels ou des connaissances qui rendent l'exercice tantôt hasardeux, tantôt frustrant.
Guy Drouin
Parfois des liens de proximité ou de cœur peuvent triompher de certains épisodes ténébreux et mouler l'irrationnel dans les contours du rationnel. Nul ne peut condamner le fils pour les actes sordides du père. Nous avons le devoir moral de nous rabaisser le caquet aux fins de les protéger. Soyons magnanimes! Ces héritiers de la bêtise collective sont venus au monde sans option préférentielle. Donc, une sélection naturelle s'impose aux diseurs de belles ou de mauvaises aventures. Wèche a tiré un trait au pinceau entre la transparence et le réalisme. Sa puissance narrative et le métissage de l'imaginaire ont fait le reste. Félicitation, mon vieux!
Guy Villedrouin ( à gauche)
D'autres sujets abordés par l'auteur, à propos des égorgés de Numéro-deux m'invitent à m'interroger à savoir s'il rêve vraiment ou si ce sont des prémonitions. Tantôt, il se fait devin, tantôt on croit remarquer ses sourires sous-entendus.
Mérès Wèche
Ah! Sacré Mérès. Dans l'épisode de Leba et Nan Goudron, le village dans la ville, une expression empruntée à Eddy Cavé, le fidèle goudronnais, on retrouve un ouvrage écrit par un Jérémien pour les Jérémiens. Ce chapitre presque rédigé à la porte de la légende, empreint d'un réalisme débilitant sans omettre la vérité historique, demeure le point névralgique de l'oeuvre que tout fils de la cité maudite saura repeindre sans sourciller. Ainsi, pourra-t-il sceller le lamentable épilogue de ce tableau en ajoutant les reflets omis et les ombres oubliées. Bravo Mérès!
En fait, à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de mettre la main sur le bouquin, «Le songe d'une nuit de carnage» voilà une invitation à l'apprivoiser. L'auteur, je crois, a l'intention de le rééditer. En attendant, il peut vous en dénicher un ou deux.
English Translation A propos des femmes tous les hommes
sont naturellement timides. En fait, cette créature domine 99% de leur pensée
et tout acte posé est en véritable symbiose avec l'image de cet ange oublié sur
terre. La finalité de leurs actions ne souffre d'aucun doute, d'aucun faux fuyant.
Elle converge naturellement vers la femme. Donc, si tous les chemins ne nous
mènent pas à Rome, ils mènent cependant tous vers cette
adorable créature sans carte, sans boussole et sans GPS.
La beauté de la fesse
Ce n'est un secret pour personne.
Tous les hommes sont nés poètes. Tous, indistinctement, une fois dans
leur vie, ont chanté, rêvé, écrit une ode, une phrase poétique, une
tendresse à une femme. Tous, sans erreur, ont failli attraper un
torticolis au passage d'une fesse redondante. Ah! ça, c'est une
évidence.
Toutes les parties du corps de la
femme ont été décrites quelque part dans la littérature, de ses ongles jusqu'à
ses cheveux. Mais par timidité, personne n'a osé décrire les fesses de
cette perle, l'objet de leur obsession. Pour mettre fin à cette hypocrisie, un
brave a osé. Il se nomme Marcel Zang, un dramaturge né au Tanzanie. Il a
surmonté sa timidité, pour dire tout haut ce que tous les hommes cachent au
fond de leur âme. Point n'est besoin de vous décrire son haut fait d'armes.
Prenez-en lecture vous mêmes. Oui! Il est convaincant! Il a utilisé tellement
d'adjectifs et de verbes attractifs qu'on dirait qu'il avait une mission à
remplir pour des millions d'hommes: parler ouvertement de leurs émotions,
de leurs pulsions, de leur passions à la vision de cette œuvre sculptée
par Bacchus.
Bonne lecture
Mon amour
des fesses
La première chose que je regarde
chez une femme, c'est son cul, ses fesses ; il n'y a que ça qui
m'intéresse, qui m'a toujours intéressé.
C'est l'antre du diable, de Dieu,
le champ de bataille et du repos, le morceau que se disputent de tout temps
l'empire des ténèbres et l'empire des lumières ; c'est le chavirement de
la nuit, du jour, le fil de l'équilibriste, le point de convergence entre le
pinceau et la toile, l'archet et le violon, l'esprit et la matière, la fumée et
la merde.
L’auteur de cette ode au cul
vertigineuse, Marcel Zang, est un dramaturge né en 1954. A l'âge de neuf ans,
ila quitté le Cameroun pour la France .
Il vit et travaille à Nantes.
Le cul, c'est le lieu du brassage
des langues, c'est l'espéranto, c'est l'agnus-dei et l'agnus-castus, c'est
l'unité primordiale, c'est le lien entre l'au-delà et l'ici de la fiction
sociale, c'est là même que s'originent le manifesté, la vie et tous les
possibles. Le cul, c'est tout à la fois le vaisseau, le balcon et le lit du
poète.
Ah ! le cul... Quand ça
bouge, c'est l'univers qui s'éveille, c'est la puissance du réel qui s'exprime,
se déploie, c'est la vérité en marche, la cinglante vérité. Un cul ça ne ment
pas, ça ne se maquille pas, et tout y est écrit et se décline à l'infini.
La première fois que j'ai vu un
cul, un vrai, un cul de femme, j'étais gamin, en vacances, en Afrique je crois
ou je ne sais plus, mais de toute manière en Afrique – le lieu des origines par
excellence.
J'avais ma chambre qui donnait
sur une arrière-cour bornée par une haie d'hibiscus, ajourée par endroits. Et
voilà qu'un matin je me réveille bien plus tôt que d'habitude, et je me mets à
faire quelques pas dans la cour. Attiré par un bruit, mon regard a sauté, et
qu'est-ce que je vois ? Seigneur ! ... Une vision. D'enfer. Ça m'a
damné. A tout jamais. Ce spectacle... Une déesse prenait son bain au royaume de
Satan. En toute simplicité.
Un cul hautain,
cambré, ferme
J'ai regardé, plié, au bord de la
syncope, du gouffre. Elle était grande, noire, soyeuse et veloutée, mince, un
lasso – qui se penchait, se recourbait, et vers un seau s'accroupissait et
s'annulait, dans une écharpe de vapeur qui montait vers les cieux, tandis que
sa fine musculature roulait sous les bulles de savon.
Et quand j'ai vu jaillir ce cul,
ce chant – un cul puissant, ample, un cul hautain, cambré, ferme, un cul
volontaire, qui déferlait, claquait, semblant dominer le monde et surplomber
toutes choses, et qui s'ouvrait tel un immense gâteau au-dessus du ciel blanc,
je suis parti à la renverse, tremblotant, et j'ai bredouillé :
« Mon Dieu, pardonne-moi
parce que j'ai péché. »
Faut dire que je Le tutoie dans
ces cas-là. Mais le mal était fait. A tout jamais, là, inscrit, au plus
profond. Ce cul je l'ai vu et revu. Je me suis abîmé et ouvert les yeux dessus.
Cette puissance
que compriment les fesses
Et souvent, très souvent, je l'ai
croisé au lit, dans la rue. Impénétrable et toujours fascinant... cette voilure
au vent, cet éventail aux mille secrets, cette roue des dieux, sillon du monde,
Eden de soufre. Et ce qui m'a le plus marqué, c'est cette enivrante puissance
qui s'en dégage. Une architecture et une puissance que j'ai retrouvées chez les
chevaux. Oh merde, c'est beau les chevaux. Une barque sur une crête.
Et chez la femme, il y a toujours
ceci en filigrane, cette puissance que compriment les fesses, ce vide
renversant, ce désordre de commencement du monde. Enfin bref, le cul c'est tout
ça. Et cette première image m'est restée. Et ainsi. Et longtemps j'ai observé
les femmes, dans la rue, chez elles, à la terrasse, des heures, ailleurs et
ailleurs encore, toujours, de près, de loin, d'en haut, d'en bas, des femmes,
des filles, des jeunes, des moins jeunes, des belles, des pas belles, mais
toujours des culs, des culs... théorie de culs.
Et partout. Sur le sol, dans la
pierre, dans la boue, sur les vitres, sur le sable, les nuages, sur toutes les
surfaces, et les murs, ces angles de mur et ces parois de mur, qui soudain se
mettent à bouger, frémissent, se déploient, s'arrondissent, s'épanouissent,
comme l'air d'une diva, corolles immenses de ce pays kouschiste surgissant à
l'ombre des parasols comme ces monstres préhistoriques d'un lac victorien. Ces
culs qui se rassemblent sans se ressembler.
Chaque cul a sa personnalité, son
empreinte – et je m'y retrouvais, et je m'y reconnaissais. Je savais les
nommer, je savais les épouser, et les yeux fermés
Donnez-moi un
cul, je vous ouvre le monde
Un cul, ça parle, livre ouvert,
ça chante, même avec une tonne de vêtements. Les gens se cassent la tête à lire
les lignes de la main, du visage, du regard, alors que le plus bel oracle reste
le cul. Moi, vous me donnez un cul, et c'est pas de la frime, je vous ouvre le
monde. C'est tellement riche... et puis c'est profond, c'est rien de le dire,
plusieurs vies n'y suffiraient pas.
Tenez, il y a deux ou trois ans,
je me sentais soulagé, dégagé de cette obsession, de cet intérêt pour le cul,
je croyais en avoir fait le tour, plus rien à tirer et de ce côté, avoir
dépassé le niveau, tu parles ! Au moment où je commençais à en causer avec
un air supérieur, avec une sorte de détachement nostalgique, ça m'est revenu
comme un boomerang, avec une nouvelle charge de batteries vides.
Comme quoi, je n'en étais
toujours qu'au seuil, aux balbutiements. Oui. Faut savoir être humble. J'ai
compris la leçon. Je me suis donc remis à observer les femmes, les culs.
La réponse à la
Question
J'adore observer les femmes. Je
les aime, pourquoi m'en cacher ? Faut dire qu'elles m'intriguent, et
au-delà d'elles-mêmes. Je suis persuadé qu'elles possèdent la réponse sans le
savoir. Je veux dire que la réponse à la Question se situe et ne peut que se
trouver là, dans cette faille, dans cet écart, dans ce tourbillon, ce
mouvement, ce bain des couleurs, ce télescopage des droites, des courbes et des
replis. Yes.
Alors je les observe. Je prends
con-naissance. Car tout est dans le « con ». Et de loin. De près, je
ne peux pas, je m'y perds, je vois rien, elles me brouillent les idées. Alors
je me plante à la terrasse, à ma fenêtre, je les regarde passer, marcher,
évoluer, parler, discuter, que se disent-elles, mais que se disent-elles donc,
ont-elles conscience de leur cul, de cette puissance, parlent-elles de leur
cul ? Tout cela je pourrais le savoir. Je le sais, mais je ne veux pas, je
ne veux pas les comprendre. Je les comprends mais je ne veux pas. Car ce que je
comprends me prive de l'essentiel, c'est rase-mottes, petit niveau, c'est limitatif,
ça me borne.
Non, je vais plus loin, je me
relâche, c'est-à-dire que j'écoute, je m'ouvre, je crée, je m'imbibe, je me
laisse traverser, chas, submerger, transparence, car tout est là, dans le fond.
Le prélude à
l'au-delà
Alors je les observe, tous ces culs...
qui bougent, attisent, respirent, transpirent, et moi en retour je les respire,
je les hume, à foin, narines palpitantes. De près, de loin. De loin elles
ajoutent à ma réflexion, à mes pensées ; de près elles me frisent les sens
et l'émotion. Je ne sais plus. Mais d'une façon ou d'une autre je les aime. A
crever. Me rendent malade de désir.
A cause du cul. Mais pas obligé
de fourrer ses doigts dessus. Un cul ça se tient, et tout seul. Ça se comprend,
à la folie. Ça se refuse, beaucoup. Mais c'est tout simple – pour qui sait
embrasser le réel : c'est le prélude à l'au-delà. Pas au sens chrétien,
tégué, nein. Non, l'au-delà, l'autre côté, l'autre côté du mur, de la
frontière, le « no man's land ».
Pas pour rien que les mythes, les
religions et autres écritures de la peur ont cloué et continuent à clouer la
femme et le cul au pilori. Car, à travers le cul, la femme porte d'une manière
probante la trace du vide, du trou noir, l'élan vers la liberté, vers la nuit
des origines, vers cet incompréhensible, cet éternel inconnu, source de toute
angoisse et de l'effroi archaïque.
Ultime bastion
contre l'impérialisme identitaire
Mémoire d'outre-tombe, empreinte
du « diable », le cul est naturellement devenu une figure de
l'altérité, de l'insoumission, du désordre, mais aussi de l'abandon, de la
délivrance et de la créativité. Et rebelle il l'est.
Le cul, c'est l'ultime bastion
contre l'impérialisme identitaire ; c'est l'Autre, c'est la différence
contre la sacro-sainte identification, cette identification qui s'empare de
l'homme dès sa naissance, cette identification rebattue jusqu'à la
transparence, la mort ; cette identification dont la principale vertu est
de reconnaître, de limiter, d'emballer, d'amputer, de classer, d'exclure, de
laminer, d'anéantir... mon double, mon semblable, mon même, le même, le même...
rouleau compresseur.
Mais le cul, c'est l'antimiroir.
Contre le vulgaire, la raison et la purée identitaires. Et si le cul a bercé
toutes les âmes, la mienne y compris, et choyé celle du joueur, du poète et de
l'artiste, et celle de l'aventurier, du fou et de l'enfant, il a sûrement
renâclé devant celle du dictateur et de l'aveugle.
Me promenant hier matin, j'ai
croisé une jeune fille dans la rue. J'ai naturellement regardé son cul. Une
femme plus âgée a attiré mon attention de l'autre côté. J'ai fait de même.
Troublé, je me suis retourné et
j'ai compris : la jeune fille a traversé la rue et a rejoint la
femme ; elles se sont donné la main. C'était la mère et la fille. Puis le
père, la mère et la fille. Puis la mère la fille et la mère la fille et la mère
la fille et la mère... De tout temps. Des vagues.
Une vidéo
insolite d'une femme qui bouge ses fesses Les muscles du cul sont très actifs et puissants...