Par Max Dorismond
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Pour gagner du
temps, les spécialistes des simulacres ont trouvé à la dérobade une porte de
sortie de secours pour endormir le peuple, la véritable victime de la casse du
siècle, en proposant de faire venir des étrangers pour retracer l’argent de
Petro Caribe.
Je comprends
assez bien que, quand quelqu’un est aux abois, il tient à s’accrocher à toutes les branches pour éviter la noyade. Je
n’en disconviens pas. Mais, je tiens à donner ce conseil à ces manipulateurs
d’avoir une once de dignité, devant le peloton d’exécution, en n’allant pas jusqu’à
implorer le pardon de leur bourreau. C’est une métaphore assez
symbolique pour calmer certains esprits suicidaires.
De toute façon,
vous êtes complices de tous les bandits légaux. Laissez à l’histoire l’occasion
d’ennoblir, pour l’éternité, vos dernières secondes de souffle. Donc, conservez
intacte votre dignité d’homme en ne commettant pas l’irréparable, pour l’amour
de cette jeunesse bafouée jusqu’à la moelle, de ces jeunes hommes, dont Aimé
Césaire retient : « qu’on leur a
inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement,
l’agenouillement, le désespoir, … ». Vous avez failli à votre mission,
par la désarticulation de votre subconscient, la dérivation impropre de votre
patriotisme. N’empirez pas votre cas en jouant aux irresponsables. C’est vous que l’histoire
jugera. Mais Haïti survivra.
Le blanc se souvient encore de cette raclée
Nous avions
flanqué une bonne leçon à l’homme blanc. Par conséquent, sa supériorité ne
fut qu’un leurre. Nous avons détruit son
satané mythe en dégonflant le ballon. Il s’était présenté à nos ancêtres comme le
Dieu suprême, ou le fils de Dieu. De haute lutte, nos fiers ancêtres s’étaient libérés
des ces pittbulls. Et puis, nous leurs héritiers, nous les appellerions à notre
secours pour un oui, ou pour un non! Un peu de décence, messieurs! Cessons
d’évoluer avec cette culture du fatalisme, de la crainte de l’échec. Qu’avons-nous
tiré de ces appels d’urgence dans le passé, à part une flopée d’ONG suivis des
requins internationaux, venus partager les carcasses du cadavre.
Il y a quelque
chose qui ne tourne pas rond dans le cerveau de mes frères. Je comprends. Vous
êtes acculés. Vous êtes haïs. Mais, de grâce, réfléchissez. Pensez à notre célèbre
président Nord Alexis, qui a mis en branle le procès de la Consolidation. Utilisez
les forces vives de la nation. Elles peuvent résoudre ce petit cas en braquant
leurs projecteurs sur les traces de
Petro Caribe, en interpelant d’abord les compagnies exécutrices, ensuite les
donneurs d’ouvrage et, en dernier lieu, le payeur. L’affaire serait ketchup1.
Haïti foisonne de vérificatrices et vérificateurs
chevronnés
Parlant
en connaissance de cause, résultant de ma carrière de vérificateur
professionnel des grandes compagnies pour le compte des gouvernements fédéral
et provinciaux du Canada, (Banque Fédérale
de développement – 2 ans), (Ministère
du Revenu du Québec – 30 ans), je sais bien que Haïti n’a point besoin de
chercher trop loin pour trouver des spécialistes en ce domaine pour éclairer
ses pas. Au Québec, des gestionnaires ou vérificateurs financiers, d’origine
haïtienne, ont été utilisés dans la dernière et célèbre « Commission
Charbonneau ». Ils ont contribué à l’emprisonnement du Maire de la
Ville de Laval et bien d’autres célébrités de la belle province. Deux de nos
compatriotes figuraient dans le lot des fouineurs.
En effet, à l’Université
ou dans les bureaux des gouvernements ou des entreprises, j’ai eu l’occasion
d’étudier, de travailler, de collaborer avec ces compatriotes hors pairs qui
ont brillé de tous leurs feux au firmament de ces institutions. Plusieurs sont
à la retraite et certains d’entre eux profitent d’une seconde carrière
actuellement en Haïti où vit plus d’une dizaine. Alors, pourquoi appeler
l’étranger à la rescousse. Et le coté comique de l’histoire, plusieurs de ces futurs
« sauveteurs » ont sans doute été formés ou entraînés par
nous, qui étions leurs mentors.
Ces congénères
enquêteurs connaissent bien les détours scabreux de l’argent détourné pour
éluder l’impôt gouvernemental, avec la formation continue qu’ils ont reçue tout
au long de leur carrière. Expert-comptable, juricomptable, jurifisc, CA ou CPA,
CGA, CMA ou RIA2, tous les titres de cette profession leur
sont familiers. Certains ont été envoyés en mission fiscale jusqu’en Afrique à
titre de formateurs ou enquêteurs. Aucun secret du métier ne leur est étranger.
Ils ont « frappé leur corne »
avec pire que les Petro Cari-beurres d’Haïti.
Pensons aux blanchiments d’argent orchestrés par la mafia internationale.
Ils en ont vu de toutes les couleurs dans l’histoire de la fuite des capitaux.
Pour suivre la
trace de l’argent, hier, on était obligé de mettre une loupe et de la patience dans
les journaux comptables pour découvrir le magot éludé par d’habiles montages
financiers. Ce qui occasionnait un temps fou dans les fils d’Ariane de la
compagnie mère et ses satellites.
Aujourd’hui, des logiciels informatiques perfectionnés, venus à notre
rescousse, nous facilitent la tâche et la décision finale s’avère implacable et
incontestable devant les tribunaux. Avant mon départ à la retraite, on
utilisait le logiciel « Accès »
pour l’industrie de la construction et du carburant, fiefs du crime organisé.
Aujourd’hui, il en existe de plus en plus sophistiqués pour toutes les
entreprises majeures.
Enquête selon la Technique de l’Avoir Net ou
l’indice de richesse (TANIR)
À titre
d’exemple, si on a le malheur d’appliquer, en Haïti, « la Technique de l’Avoir Net et l’Indice de
richesse », les ¾ du pays seraient en prison. Elle est utilisée
partout dans le monde. Elle se base sur le bilan d’entrée et le bilan de sortie
de tous fonctionnaires de l’État, du président au dernier messager. On l’emploie, en l’absence de toute
documentation, dans l’enquête sur les mafiosis, les vendeurs de drogue, les
corrompus de tout poil, les voleurs de tout acabit, les doigts trop longs etc…
Elle a, pour soupape, le visuel, et, aussi la dénonciation du public, des
banquiers, du voisinage etc…
Tous les pays sont fiers des services de nos
compatriotes.
Chez l’Oncle
Sam, à L’IRS (Internal Revenue Service),
le pendant américain du bureau de l’impôt canadien, nos compatriotes sont également
légion. Leur mainmise a électrisé la profession d’enquêteurs, tant leur apport
est important. Leur remarquable présence
dans toutes les institutions et dans toutes les disciplines des pays d’adoption
a d’ailleurs été souligné par le gouvernement de Jean Charest, au Québec, qui
n’a pas lésiné sur les félicitations pour glorifier, avec des mots choisis et
gratifiants, ces québécois venus d’ailleurs (les Haïtiens) pour leur
contribution à l’essor et au bonheur de la belle province.
Alors, pourquoi
devrions-nous aller à l’extérieur chercher des pseudos-maîtres? Si, par malheur,
vous insistez, vous tenez à cet ailleurs, malgré ces mises en garde, vous y trouverez
des dizaines d’Haïtiens disponibles pour effectuer ce boulot. Ce qui prouvera à
notre jeunesse qu’Haïti ne souffre plus du syndrome de Tarzan. (Voir mon
article, « Haïti et le syndrome de Tarzan »).
Lentement le pays reprend du poil de la bête.
Messieurs, respirez
par le nez! Le vent a changé de direction. Hier, nous étions sous-instruits,
les bourses d’études ayant été accordées aux moins méritants, et pas en grand
nombre. On préférait les laisser moisir dans les bureaux des institutions au
lieu de les offrir aux plus capables, sous le triste prétexte de ne pas
alimenter la horde des étudiants communistes. Sauf les enfants des apparatchiks
du pouvoir, les macouteaux, étaient privilégiés. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les
bourses d’études pleuvent. Des doctorats foisonnent. Nous sommes des millions à
investir les pays des blancs pour quérir tout ce que nos obscurantistes de
gouvernants nous avaient refusé. Nous avons acquis de l’expérience. Nous
possédons une ribambelle de professeurs émérites sur les cinq continents. Nous
avons démystifié le « tarzanisme »
s’il faut identifier, ainsi, cette tare. Nul ne peut se permettre de nous
présenter le dieu blanc comme le docteur de tous nos maux.
D’ailleurs, voyez
aujourd’hui, c’est encore cet instinct de négrillon qui demeure la cause de la
prolifération de toute une racaille d’ONG, ces faux réparateurs de pays qui ont
contribué au cafouillage de la CIRH (Commission
Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti). L’international, profitant de
sa promesse, souvent à double face, n’a pas hésité à nous envoyer ses « fiers-à-bras », ses hommes
de main, le plus souvent ineptes et illettrés, avec un salaire mirobolant, pour
venir jouer au petit colon dans les Antilles.
Saisissons la balle au bond une fois pour toutes
Messieurs, reprenez-vous!
La nation demande des comptes. C’est bien vrai. Vous êtes surpris par les réclamations
de ce peuple résilient jusqu’à la stupidité. Mais, gardez votre calme. Vous
avez, chez-vous, tous les outils nécessaires pour faire face à l’inédit. Oubliez
l’étranger. Retracer la route et la déroute de l’argent volé demeure un jeu
d’enfant pour certains de vos expatriés, bardés de titres et d’expériences
internationales, et non des moindres. Les sciences financières ne leur sont
d’aucun secret. Ils peuvent, en chantant, « re-balancer » tout ce qui est débalancé.
Cet
avertissement ne vaut pas seulement pour le gouvernement actuel. Il est de
notre devoir d’avertir aussi la postérité. Notre pays a trop souffert du sauveur
blanc. Veuillez offrir à votre progéniture l’occasion et la sensation de se
sentir maîtresse de son destin, d’être la seule boss chez-elle, capable de
regarder l’autre dans le blanc des yeux pour lui dire : « Petit blanc, va te faire voir ailleurs! ».
Max
Dorismond Mx20005@yahoo.ca
Note
Note
– 1 : Expression populaire québécoise signifiant que l’affaire est bien
terminée.
Note
– 2 : La juricomptabilité : (néologisme d'origine québécoise créé dans les années 80, correspondant à forensic accounting pour les anglophones) est une discipline
juridique récemment apparue en Amérique du Nord, consacrée à la recherche de
fraude, de crimes commerciaux ou d’autres comportement illégaux, ou contraires à l’éthique, liés à l'écriture comptable ou à
la gestion des comptes3 dans les bilans comptables ou "états financiers" et les documents
fiscaux, etc…
Note
– 2 : Jurifisc : C’est
un cabinet d'avocats fiscal offrant des services inégalés de vérification
fiscale, de litige fiscal, de divulgation volontaire, d'actif et de richesse.
Lorsque l'Agence de revenu du
Canada (ARC) ou Revenu Québec s'annoncent pour une vérification ou commencent à
demander des renseignements, il est normal pour les contribuables visés d'être
craintifs. Ils auront affaire à des fonctionnaires spécialisés dont l'objectif
en fin de compte est de rapporter des sous aux gouvernements. Ces
fonctionnaires connaissent les lois fiscales et les règles techniques parfois
trop complexes mieux que la plupart des contribuables
Note
– 2 : CA : L’Ordre des comptables agréés.
Il regroupait les comptables qui œuvrent principalement en comptabilité
publique. C’était l’Ordre le plus
connu.
Note
– 2 : CGA : L’Ordre
des comptables généraux licenciés, les CGA, était le second ordre en importance
et regroupait des comptables qui œuvraient le plus souvent en entreprises.
Note – 2 : CMA : L’Ordre des comptables en management accrédités. Il était le troisième ordre en importance et regroupait des comptables qui œuvraient essentiellement au sein d’entreprises de fabrication
Note – 2 : CPA : Après plusieurs tentatives ratées au fil des décennies, les trois Ordres ont été unifiés sous le titre unique de CPA ou de COMPTABLES PROFESSIONNELS AGRÉÉS. L’ordre des CPA compte maintenant 39000 membres au Canada. Depuis l’unification, tous les membres de l’ordre unique des CPA, portent le titre de CPA.
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