EMILIO GAY 12 Nov 1935 - 28 octobre 2018 |
Look plaisant, cheveux toujours bien
soignés, à peine grisonnant, sourire agréable, mine accueillante… L’homme, un
vert galant, porte merveilleusement son âge. En l’abordant, on doit avoir des
oreilles bien exercées pour pouvoir l’entendre, car il parle d’une voix à peine
audible. Il est d’une sagesse, d’un calme, d’une sérénité, d’une humilité très
rares et est doté d’autres doux fruits de l’esprit qui pourraient le faire
passer tout bonnement pour un ministre de l’Évangile. Celui que je présente en
ces termes et dont plus d’un pleure le départ vers des cieux meilleurs depuis
le 28 octobre dernier s’appelle Emilio Jean Gay.
Ce
talentueux trompettiste jérémien, victime d’un cancer du colon, est
passé dans l’autre monde dimanche dernier aux alentours de 15 h 45, en son
domicile du South Ozone Park, Queens, l’un des cinq « boroughs » de New York.
La triste nouvelle m’a été donnée un peu plus de deux heures plus tard par son
neveu par alliance, mon ami Philippe Zamor.
Emilio Gay n’était certainement ni
Anténor Firmin ni Leslie François Manigat, ni Leslie Péan ni Eddy Cavé, ni
Gérard Campfort ni Jean-Claude Fignolé, ni Occide Jeanty ni Augustin Bruno.
Cependant, cet ami, fait de chair et de sang, était un sage, dans toute l’acception
du terme. Emilio représentait le prototype de l’Homo occidentalis dont ont si
bien parlé Locke et Rousseau, tant il a féériquement joué sa partition dans
notre société. Platon l’aurait tout simplement défini comme un « vrai artiste
», car pour lui: «Le sage est un artiste.» En outre, le philosophe grec nous avait appris: « Le sage n’est pas celui
qui sait beaucoup de choses, mais celui qui voit leur juste mesure. » Maxime
taillée sur mesure pour Emilio Gay!
Emilio était l’ami de tout le monde et Monsieur
Tout-Le-Monde l’appelait affectueusement
«Bibil », sobriquet qu’il doit au « roi du tambour », Raymond Baillergeau (dit Ti Roro). Franchement, après
mes anciens professeurs Gérard Mentor Laurent et Edner Saint Victor et mon
ancien pasteur Naasson Bélizaire Prosper, je n’ai jamais rencontré un homme
aussi sage, aussi charmant, aussi poli et aussi sympathique qu’Emilio Gay.
C’est avec juste raison que depuis l’annonce de sa mort, les
témoignages ont cascadé dans ma boîte de réception. J’ai en effet reçu au moins
une dizaine de courriels venant de certains de ses anciens collègues et amis
qui lui ont rendu un hommage semblable au mien. Chacun d’eux a profité
également de cette occasion pour vanter le sérieux, la discipline et la
compétence du très regretté disparu.
Le superbe pianiste Serge Simpson, qui
évolue depuis près d’un quart de siècle en Norvège, m’a rapporté: « Il
suffisait seulement de quelques secondes en présence d’Emilio pour trouver soudainement une paix d’esprit. Il se
comportait un peu comme un moine, étant toujours calme. En plus, Emilio était
l’un de nos rares trompettistes qui pouvait jouer près de l’oreille la plus
sensible à cause de sa sonorité veloutée. » (Courriel expédié le lundi 29
octobre 2018, à 15 h 55). Le trompettiste Raymond Marcel, ancien maestro de
l’Ensemble Latino, fondé en 1957 à Port-au-Prince par les frères Karaha, a
ainsi réagi: « La nouvelle de la mort d’Emilio m’a profondément touché… Il
était comme un frère pour moi. Emilio était un très bon trompettiste. » (Courriel
en date du lundi 29 octobre 2018, à 11 h 28).
De l’avis du pianiste martiniquais Roland Pierre-Charles,
fin connaisseur de notre art et de notre culture: « Emilio était un homme très
élégant, très chic…Dans les années 1960, il a fait partie des Haïtiens qui ont
fortement contribué à redorer l’image de leur pays à la Martinique... »
(Courriel datant du mardi 30 octobre 2018, à 6 h 33). Kébreau Jean, ancien
trompettiste du Volcan des Gonaïves et des Gais Troubadours, ancien collègue du
défunt, a donné un son de cloche identique à celui de Pierre-Charles:« Emilio
était un homme de bien dans le vrai sens du mot. Il était l’un de nos meilleurs
trompettistes. Ce que j’admirais surtout chez lui était sa sagesse. Il avait
donné une image positive de l’Haïtien et d’Haïti à la Martinique. »
(Conversation téléphonique, Mardi 30 octobre 2018, à 7 h 10).
Emilio Gay (vers les années 1968) |
J’ai fait la connaissance de cet homme
merveilleux de façon miraculeuse. C’était en septembre 2001, à l’Impeccable
Barber Shop, à Brooklyn, où il travaillait comme coiffeur. Je le connaissais de
nom et de réputation, grâce au feu saxophoniste Fritz Ferrier, mais je ne l’avais jamais rencontré. Ce jour-là, je projetais de
me rendre chez mon coiffeur habituel par le train. Voulant économiser la
trentaine de minutes que prend ce trajet, et surtout coincé par le temps,
j’avais préféré entrer tête baissée dans ce salon de coiffure se trouvant à une dizaine de mètres de la station de
métro. Et la bonne fortune m’a conduit sur l’unique fauteuil vide du salon:
celui de l’homme qui allait devenir l’un de mes meilleurs amis, Emilio Gay!
Tandis qu’il me coupait soigneusement
les cheveux, un de ces autoproclamés « historiens », évidemment ennemi juré des
méthodes de recherche scientifique,
égrenait des faussetés sur l’ensemble musical de Webert Sicot en général et sur
ses trompettistes en particulier. À ce
point, ni lui ni moi n’avions vu Emilio Gay
une seule fois de la vie. Fatigué
des absurdités que j’entendais, je crus bon, contrairement à mes habitudes, de
réagir en vue d’apporter certaines corrections. Le nom d’Emilio Gay, que je
cherchais fiévreusement à rencontrer, fut évoqué plus d’une fois au cours du
débat.
Jusque là, le trompettiste était resté
muet. Certains de ses collaborateurs riaient sous cape, tandis que les autres
le faisaient ouvertement, voyant bien que nous parlions de quelqu’un que ni
l’un ni l’autre n’avaient jamais rencontré. Quelques minutes plus tard, à voix
basse, l’intéressé me demanda: « Comment se fait-il que vous parlez si bien de
cet Emilio tandis que vous ne l’avez jamais rencontré? Et si je vous apprends
que je suis l’Emilio Gay de qui vous parlez? » Je ne pouvais pas en croire mes
oreilles. En un clin d’œil, l’imposteur, tout confus, s’était esquivé sur la
pointe des pieds.
Depuis cette rencontre miraculeuse,
Emilio et moi sommes devenus d’excellents amis. Je le considérais même comme un
père. On se parlait au téléphone au moins une fois par semaine, quand je ne me
rendais pas à son salon de coiffure avec mes cahiers de notes pour me
désaltérer à la source fraîche de ses connaissances sur l’histoire de notre
musique populaire. Je faisais ce devoir car, selon la formation que j’avais
reçue de façon formelle des historiens Gérard Mentor Laurent et Roger Gaillard,
on n’écrit pas l’histoire selon la
dictée de son imagination. On ne le fait pas non plus en se fiant aux hérésies
ou aux autres contes et légendes diffusés sur les ondes impures de « Radio Trottoir » ou retransmis par le
fameux « Teledyòl ».
Emilio Jean Gay est né à Jérémie, plus
précisément à la rue des Marguillers le 12 novembre 1935. Il était le fils de
Théophat Jean Gay et de Plannie D’Haïti, tous deux originaires de Ravine
Blanche, section rurale de Jérémie. Il a fait ses études primaires à l’Ecole
Cleverin Hilaire de sa ville natale. En 1947, sa mère entreprend des démarches
auprès de son ami Thimoléon Brutus, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de
Jérémie, pour le faire admettre à la
Maison Centrale des Arts et Métiers.
Peu de temps après son admission,
Emilio, encouragé par Edner Alexandre, s’inscrit au cours de musique de
l’adorable compositeur et chef d’orchestre Augustin Bruno. Après les cours de solfège, il est initié au
baryton. Parmi ses camarades de promotion, on compte: Liautaud «Yafa » Domingue,
Gesner Domingue, Avin Valdémar, etc. En 1951, il passe à la trompette, sur la
suggestion de son noble professeur. À cette institution, il apprendra également
la maçonnerie et la coiffure. Comme tous les anciens élèves de la Centrale,
Emilio vouera presqu’un culte au génial auteur d’Accident de chasse. À propos
de celui-ci, il m’avait souventes fois déclaré: «Après Dieu, mes parents, ma
femme et mes enfants, je n’ai jamais aimé personne autant que maître Augustin
Bruno! »
En novembre 1952, à peine sorti de l’école
d’art, Emilio adhère à l’Ensemble Symphonia, créé par le trompettiste Massillon Joseph. Un
dimanche de la saison pré-carnavalesque 1953, à l’issue d’une kermesse animée par ce dixtuor au « Coq d’Or
», Webert Sicot, Edner Guignard et d’autres musiciens de l’Orchestre Citadelle,
fascinés par son talent, l’abordent pour
l’inviter à se joindre à eux. C’est ainsi
qu’à la fin de janvier de cette dite année, Emilio, âgé de 17 ans, jouera son
premier bal avec cet orchestre, conduit alors par Nemours Jean-Baptiste. Cette
soirée dansante a eu lieu au «
Rendez-vous des Hirondelles » de Carl
Laraque, alors situé non loin de la Mecque de l’art et de la culture haïtienne,
le Théâtre de Verdure Massillon Coicou.
Homme de principe, vers la fin de 1954,
Emilio décline l’invitation de Nemours Jean-Baptiste de le suivre à Aux Calebasses
Night Club, appartenant à l’ancien arbitre de football Jean Lumarque. Il préfère céder sa place à Jean-Emmanuel «
Talès » Jabouin, information que ce
dernier m’avait d’ailleurs confirmée plusieurs fois. Il est bien de noter que,
pendant qu’il est membre de l’Orchestre Citadelle, en janvier et février des
années 1955 et 1956, Emilio s’est également produit avec le groupement carnavalesque baptisé « Diabolo ».
En mai 1956, peu après la débandade
éphémère de l’Orchestre Citadelle, Emilio intègre le nouvel orchestre de Cabane Choucoune, qui se trouve à ce moment-là
sous la direction du grand compositeur Raoul Guillaume. Il dit adieu au tréteau
des Marini sept mois plus tard en acceptant l’invitation du légendaire Michel
Desgrottes qui crée une nouvelle formation. Comme premier contrat, celle-ci
devait se rendre à Montréal pour animer
les soirées du bistrot « Le Perchoir d’Haïti » que l’entrepreneur Carlo Juste
allait inaugurer en janvier 1957. En revenant, en décembre 1956, d’une soirée
au Riviera Hotel d’Haïti, Michel Desgrottes, Emilio Gay et deux autres de leurs
camarades sont grièvement blessés dans un accident de voiture. Ce malheur les
oblige à renoncer au voyage à la Métropole du Québec.
Toutefois, en janvier 1957, Emilio est
rétabli et le maestro Nemours Jean-Baptiste sollicite ses services pour remplacer momentanément Walter Thadal
qui se rend en tournée en Colombie avec l’inoubliable Guy Durosier. Deux mois
plus tard, au retour des musiciens en Haïti, Edner Guignard, nouveau leader de
l’Ensemble du Riviera Hotel, invite Emilio à les rejoindre. Ce groupe fera
sensation avec Jwèt marèl, Robe sac,
Debwouye, Roze jaden et d’autres perles musicales immortalisées par la voix envoûtante de Jean Benjamin, le son
agréable d’Emilio Gay à la trompette et le talent remarquable des autres
musiciens.
L’élection à la magistrature suprême de
notre pays du Dr François Duvalier le 22 septembre 1957 allait apporter un rude
coup à la vie nocturne « sur toute l’étendue du territoire nationale ». Le
Riviera Hotel d’Haïti, propriété de l’homme d’affaires et mécène américain
Roscoe Paul Weesner, deviendra l’une des cibles des sbires du nouveau régime,
vu que sa clientèle était composée en majorité de déjoïstes bien connus. Au cœur
même de la campagne électorale de 1957, ces derniers y entonnaient à
tue-tête tous les soirs ce produit de
leur improvisation: «Déjoie kanpe, Déjoie kanpe, nan pwen pwoblèm…»
(Références: Michel Pressoir, Edner Guignard et Emilio Gay). Inutile de
souligner à quel point ce refrain était désagréable aux oreilles de François
Duvalier et à celles de ses zélés sympathisants. « C’était le commencement de
la fin et le temps des vaches maigres pour les artistes du pays », aimait se
lamenter Emilio.
Nous sommes en 1958. Le « Riviera » et
bien d’autres institutions et cercles mondains du pays fonctionnent la nuit au ralenti. Nos artistes en paient les
frais au prix fort. En mai de cette même année, le très entreprenant et excellent
tromboniste et trompettiste Raymond Sicot propose à Edner Guignard de réunir
les musiciens du « Riviera » en vue d’une tournée à Aruba. Ceux-ci poussent un
ouf de soulagement! Ils obtiennent un succès fou dans cette île néerlandaise.
Pendant que nos artistes s’apprêtent à
regagner leur pénates, la prise des Casernes Dessalines le 28 juillet 1958 par
des opposants du régime guidés par les anciens lieutenants Alix Pasquet et
Henri Perpignan les oblige à faire escale à Curaçao. Ils doivent patiemment attendre
du Palais National l’autorisation de retourner au bercail. Après s’être
produits dans plusieurs boîtes de nuit de l’île, ils embrassent la terre natale,
après moult démarches auprès des autorités haïtiennes. Selon ce que m’ont
raconté Edner Guignard et Emilio Gay, l’ensemble
s’est disloqué dès l’atterrissage au « Bowen Field », l’ancien nom de l’aéroport
de Port-au-Prince. Il ne restera, en effet, du Riviera Hôtel d’Haïti que le
nom.
Le 14 mars 1959, à l’Eglise Saint
Gérard, à Port-au-Prince, Emilio unit sa destinée par les liens sacrés du
mariage à sa ravissante concitadine Claudette Bontemps. Il met alors sa
trompette dans son étui et retourne à son métier de coiffeur. Il ne l’en
sortira qu’en janvier 1960 pour jouer pendant la saison carnavalesque avec la
bande appelée « Dragon », qui faisait la pluie et le beau temps au Poste
Marchand.
Au début de l’été 1960, le jeune couple
se rend à Beaumont (commune de Corail, dans la Grand’Anse) pour passer ses vacances avec Welnès Bontemps, le père de Claudette, qui y exerce la profession
d’arpenteur. Moins de trois semaines plus tard, Edner Guignard envoie un télégramme à son pote le priant de
rentrer à Port-au-Prince pour se joindre à une formation qu’il fonde à la demande
de la direction de l’Hôtel El Rancho. C’est ainsi que Michel Desgrottes
(chanteur invité et compositeur), Edner Guignard (piano), Michel Pressoir
(chanteur), Emilio Gay et d’autres brillants musiciens enregistreront l’un des
plus jolis albums de la musique populaire haïtienne. (Marc Records, R.L.P.
001).
En septembre 1961, après le
démantèlement de l’Ensemble El Rancho, Webert Sicot, grand seigneur du
saxophone, demande à Emilio de remplacer Gesner Domingue engagé par le Super
Ensemble Nemours Jean-Baptiste. Vers la fin du printemps de 1964, Emilio Gay et
André Desrouleaux se séparent de « La Flèche d’or d’Haïti » à la suite d’une
chicane avec leur génial chef d’orchestre. Emilio a participé à
l’enregistrement de quatre albums avec le Super Ensemble Webert Sicot: Ibo
Records, 109; Ibo Records, 110, Ibo Records, 115; Ibo Records, 119.
En dépit de cette séparation, le
magnanime Emilio n’a jamais eu une dent contre le « Maestro difficile ». Il
m’avait souvent affirmé: « Webert Sicot est, selon moi, le meilleur
saxophoniste qu’Haïti ait donné. Il fait partie de mes musiciens haïtiens
préférés, à côté de Guy Durosier, de Michel Desgrottes, d’Antalcidas Murat, de
Raoul Guillaume et d’Edner Guignard. » Pendant que nous y sommes, rappelons que
parmi nos chanteurs et chanteuses, il idolâtrait: Guy Durosier, Gérard
Dupervil, Rodolphe « Dòdòf » Legros, Lumane Casimir, Martha Jean-Claude et
Emeline Michel. Pour nos ensembles musicaux, bien qu’il les écoutât tous, il ne
jurait que par le Jazz des Jeunes et l’Orchestre Issa El Saieh.
Du nombre de ses orchestres et artistes
étrangers favoris, Emilio, musicien aux goûts éclectiques, admirait notamment:
El Gran Combo de Puerto Rico, la Sonora Matancera, Orquesta Aragon, Perez
Prado, Bienvenido Granda, Celia Cruz, Nat King Cole, Marius Cultier, Alain
Jean-Marie, Jocelyne Bérouard, Malavoi, etc. Je dois avouer qu’il aimait
beaucoup la musique populaire française en général et Charles Aznavour en
particulier. D’ailleurs, La Mamma était sa chanson fétiche. Louis Armstrong, Miles
Davis et Arturo Sandoval étaient ses trompettistes étrangers préférés et il a
toujours modelé son style en suivant, chez nous, Alphonse Simon et Jean Moïse.
Emilio Gay évoluant dans l'orchestre d'Herbie Olivieri à (N.Y) |
Le dimanche 28 novembre 1965, à l’issue
d’un festival animé au Rex Théâtre par le Super Ensemble Nemours Jean-Baptiste,
Emlio Gay, sans tambour ni trompette, quitte Haïti et se rend à la Martinique
pour jouer au sein de la formation Les Gais Troubadours, nouvellement montée à Fort-de-France par le
chanteur Louis Lahens. Au cours du dernier trimestre de l’année 1967, après la
dissolution de cet ensemble, Emilio adhère à La Calebasse de la Martinique,
jouant aux côtés de Pierre Blain (chanteur), Joseph Prophète (piano), etc. En mars 1968, Emilio quitte
Fort-de-France pour s’installer à New York. Un mois plus tard, sur la recommandation de son bon ami Hilario
Dorval, il s’associe à l’orchestre d’Herbie Olivieri. Parallèlement, doué d’un
sens très fort de l’entreprenariat, vers la fin de 1969, il ouvre le Sainte Cécile
Barber Shop, au coin de Rogers Avenue et de St. John Place, à Brooklyn. C’était
l’un des lieux de rencontre préférés de nos anciens musiciens et exilés
politiques. Après avoir participé à l’enregistrement de quatre microsillons
avec la Orquesta Olivieri, à la grande déception de ses amis et de ses nombreux
admirateurs, en 1981, Emilio met fin à ses activités musicales. Il partagera
alors son temps avec sa merveilleuse épouse Claudette et ses enfants Harry, Lyvio, Sabine, Carl et Eddy.
En 1982, Emilio commence sa
collaboration avec l’Impeccable Barber Shop. Dans cette entreprise, il s’affirmera
comme un guide, un modèle. Son camarade Jean-Claude Perrin m’a déclaré: « J’ai
travaillé pendant près de 35 ans avec Emilio. Pas une seule fois, je l’ai
entendu élever la voix. Emilio était plus qu’impeccable…Il était incomparable...
» Oscar Pierre, un autre collègue du défunt, a renchéri ainsi: « Emilio était
plus qu’un frère pour nous tous en général et pour moi en particulier. Pendant
les 35 ans qu’il a passé avec nous, je ne l’ai jamais vu en colère. Il aimait
dire: La vie est trop courte pour la dissiper en de vaines complications. Emilio
était un homme exceptionnel. » (Propos recueillis le mardi 30 octobre 2018, à
18 h 55)
En effet, Emilio Gay ne s’était jamais
compliqué la vie. J’adorais cet homme, non seulement pour son grand talent,
mais surtout pour sa sagesse. Il n’était pas un hâbleur qui parlait à tort et à
travers, en dépit des dons multiples qu’il avait reçus de Dieu. Quel grand
homme était Emilio! Adieu, vieux frère!
Adieu sage artiste! Ce n’est qu’un au revoir! Que la terre te soit légère!
Louis Carl Saint Jean louiscarlsj@yahoo.com
3 novembre 2018
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