Dans ses aboiements démentiels auxquels il est accoutumé, Trump qualifie l’Afrique de shithole, c’est-à-dire, trou du cul. Et, côté africain, tout le monde s’indigne. Mais l’intelligence accueille en toute sérénité cette affirmation, qui est plus proche d’une description que d’une distorsion abusive de la réalité.
La vérité, disent les positivistes, est une correspondance de l’affirmation avec les faits. De ce point de vue, que celui qui pense que Trump ne dit pas la vérité lève le doigt. L’homme réprime si peu ses instincts et fait si peu usage de sa raison pour appeler un chat un chat. Mais sous l’impulsivité naïve d’un aboyeur de vérités crues, remarquons qu’il est plus sélectif qu’il n’en donne l’air. Par exemple Trump n’a jamais dit qu’Israël est une nation criminelle ; ou que les Allemands ont une âme nazie. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Et Trump, malgré ses excès et ses libertés de langages choquants, le sait mieux que quiconque. Ceux qui ne nous aiment pas nous destinent les vérités qu’ils préfèrent, à l’exclusion de toutes les autres.
Les Etats-Unis sont ils une nation qui respecte la dignité humaine ? Il n’y a qu’à voir le sort des Noirs dans ce pays depuis plusieurs siècles pour s’en faire une idée. Sont-ils une nation qui respecte la justice et la vie humaine ? A cet égard, éloquent est son palmarès criminel à travers l’histoire, comme le bombardement des populations du Vietnam au napalm, ou l’utilisation de la bombe atomique contre les Japonais alors que l’ennemi allemand, qui avait l’avantage d’être de race blanche, en avait été épargné. Ne parlons même pas de guerres plus récentes qui se mènent contre les Arabes pour mettre à l’aise et en sécurité Israël un dans Proche-Orient usurpé d’autorité, et que toutes sortes de prétextes mensongers justifient, sans excuser les centaines de milliers de morts qu’elles occasionnent dans le silence général des média occidentaux.
Il y a donc aussi des vérités à dire sur l’Amérique et l’Occident. Mais Trump le soi-disant diseur de vérité n’en dit rien. Au contraire, de sa bouche de rogomme, on n’entendra que des choses élogieuses et radieuses sur l’intelligence, la supériorité et l’élection divine de l’Amérique blanche. Mais outre la sélectivité de ces vérités trompétées, c’est surtout la mauvaise foi qui préside à leur énonciation qui blesse le bât.
En effet, historiquement au moins 60% des malheurs de l’Afrique, loin d’être d’essence congénitale comme se plaît à l’insinuer le discours raciste, résulte de la violence et de la prédation extérieure des Blancs. Oui, nous sommes un trou du cul façonné en large partie par l’Occident chrétien. Et notre condition de trou du cul, que nous ne devons pas nier, relève d’un cercle vicieux. L’occident contribue activement à faire de nous un trou-du-cul puis pour cacher son forfait, embouche la trompète pour dire que le trou du cul est inhérent à notre nature et résulte d’un défaut congénital.
C’est ça le côté circulaire de notre condition de trou du cul !
Après l’esclavage et le colonialisme, nous avons bien eu des dirigeants courageux et intelligents qui étaient prêts à sortir l’Afrique de l’ornière de l’aliénation et la mettre sur la voie de l’autonomie, de la conscience de soi et du progrès. Mais un tel programme n’était pas dans l’intérêt de l’Occident pour qui l’Afrique est un continent-objet que Dieu a créé pour pallier à ses insuffisances, combler ses propres manques, comme le cheval est créé pour que l’homme ait une monture rapide ou une force de trait. Aussi, n’écoutant que la voix de ses intérêts, l’Occident impérialiste s’est mis à éliminer régulièrement et/ou politiquement nos dirigeants les plus éclairés. Les Lumumba, les Sékou Touré, les Sankara, les Olympio, les Nyobé, les Boganda, les Kabila, les Kadhafi, les Mandela, les N’Krumah, les Gbagbo, etc…
A leur place, il a mis les chiens couchants, gardiens et protecteurs de ses intérêts. Et une fois qu’ils ont réussi à atteindre leur objectif, par cette violence à la fois implacable et retorse, pince sans rire le plus dément de leur dirigeant nous traite de trou-du-cul.
Sans exonérer la responsabilité des Africains, il y a dans ce trou-du-cul dont Trump qualifie les Africains et les Haïtiens, un aspect circulaire que l’Occident doit assumer. Et tant que l’Occident se refusera à prendre sa place dans le cercle vicieux de notre trou du-cul alors la vérité de Trump ne serait qu’une vérité tronquée.
Adenifuja Bolajie
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