Emmanuelle Gilles
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Récemment j’ai participé à une conférence regroupant
les pays de l’Europe de l’Est, sur l’importance de la Coopération régionale. Le
présentateur principal était un représentant du gouvernement de la Bosnie et
Herzégovine. Tous les pays des Balkans étaient représentés aussi bien que
certains pays du Sud comme le Rwanda, le Vietnam, le Liban et la Turquie.
Le Ministre des Affaires Etrangères de la Bosnie,
dans un anglais impeccable a confirmé que l'intégration régionale peut être une
puissante source de croissance inclusive et durable. Partout dans le monde, il
est constaté que la coopération régionale a contribué à renforcer la stabilité
régionale et la croissance dans le commerce, dans les revenus et au niveau de
l’emploi. En outre, la coopération dans cette région a permis de faire des
avancées dans le dialogue politique et aussi au niveau des relations de
voisinage entre les pays, ce qui favorise la réconciliation, la stabilité et
une plus grande tolérance.
D’après le représentant, la coopération régionale a contribué aux efforts
des pays à s'attaquer aux problèmes de développement – soit par la promotion
d’une croissance partagée et une augmentation du niveau de vie ou par
l’amélioration de la sécurité des citoyens et des communautés à travers
l’observance d’un état de droit. J’ai remarqué plus particulièrement en
Bosnie-Herzégovine, que la coopération régionale est fondamentale pour
reconstruire les liens sociaux, culturels, politiques et économiques, qui
étaient souvent fragmentés par l'éclatement de l'ex-Yougoslavie.En Haïti, nous
faisons une expérience de cette fragmentation au niveau national donc avant
même de considérer une coopération régionale, nous devons favoriser une entente
nationale. Le Représentant de la Bosnie a précisé qu’après 20 ans de
confrontation régionale, ils ont appris des enseignements de leur passé et font
savoir qu’il est temps de se trouver un nouveau « Brand » qui commence par la
paix et la stabilité au niveau national et régional. Notez bien que la Bosnie
est partie d’un pays sous l’influence de la communauté internationale vers un
Etat ayant fait le choix de la paix et de la stabilité. Des 60,000 soldats qui
constituaient les effectifs totaux de la mission de maintien de paix, ils sont
maintenant réduits à 600 soldats. C’est une région ou on trouve autant d’atrocités
que de « success stories».
Nous qui avons eu un passé teinté d’assassinats politiques, de coups
d’Etat, d’instabilité et de dictatures féroces, ne devrions-nous pas chercher
un nouveau « Brand », ouvrir une nouvelle page ?
Lorsque sur mon passage, je me frotte à des concepts aussi grands et
nobles, lorsque je vois que des pays aplatis par la guerre remontent leur pente
et réussissent, comment alors espérez-vous que je me joigne à des soulèvements
improductifs, bêtes, égoïstes que nous affichons comme comportement depuis
Dessalines quand je connais l’importance de la paix et la stabilité nationale
et régionale dans le développement d’un pays.
Pendant que nous gaspillons notre temps à nous entredéchirer, à nous
fustiger les uns contre les autres dans d’éternelles luttes partisanes et
destructives, d'autres peuples avancent à grand pas. Les Dominicains désormais
profiteront des mines d'or d'Haïti dans notre partie de l’ile où reposent des
gisements d’or massifs pendant que nous perdons du temps à nous déballer. Au
regard de notre situation, nous sommes à une croisée de chemin ou notre seule
issue salvatrice demeure l’union et la cohésion. Nous ne pouvons plus continuer
à regarder l’un et l’autre en chiens de faïence. Quand la moutarde nous monte
au nez en voulant un miracle en toute vitesse dans une démocratie utopique, on
devient impatient, et on se laisse emporter par une colère insensée. Sauver
Haïti ne saurait se faire dans un contexte de déraison, de partisannerie et de
polarisation, on doit consentir des sacrifices pour la sauvegarde. Notre devise
devrait être notre guide « L’UNION FAIT LA FORCE ». Ce noble pari ne saurait
être réalisé dans cette constante inimitié qui caractérise notre vie de peuple.
Nous devrions nous ranger autour d’une vision commune en dépit de nos
désaccords et de nos divergences.
A quand ce réveil ou nous mettrons nos talents et nos expériences au
service du bien commun, en l'occurrence notre pays et notre peuple? A quand le
moment où nous mettrons les intérêts de notre pays avant les nôtres ? Force est
de constater qu’à l’heure actuelle, en dépit des nombreux cerveaux bien formés,
à l’intérieur comme à l’extérieur, le pays souffre de l'absence d'un vrai «
think tank » éclairé. Nous nous retrouvons malheureusement avec des partis
politiques sans base, sans valeurs avec comme force la destruction sous des
prétextes de revendications bidons. Leurs objectifs sont loin de se rendre
utile au peuple et au pays quand ils claironnent le départ de chaque
gouvernement comme l’unique alternative aux problèmes auxquels nous sommes
jadis confrontés. Mais en fait, nul ne demande pour le remplacer par quoi ou
par qui? – encore du déjà-vu car le prochain serait soumis au même sort. On
penserait qu’ils tireraient les enseignements de ces pratiques,
malheureusement, ils passent leur temps à détruire au lieu de se préparer à
participer aux urnes et prendre le pouvoir par le mérite de leur slogan et de
leur vision comme l’avait fait Daniel Eustache Fignole.
Cette politique de « Ote toi que je m’y mette » qui date de Dessalines et
de Pétion ne nous ont pas appris que tour à tour, ils ont laissé leur peau
laissant un pays en flambeau de décennies en décennies. Je comprends que les
études d’histoires par cœur n’avaient jamais pénétré notre conscience et notre
compréhension, sinon on aurait remarqué qu’Haïti a besoin d’une chance, un «
Re-branding ». Ce nouveau « brand » commence d’abord par l’union, la paix, la
stabilité et la coopération afin d’avancer.
• Carl J Gilbert EG,on sent que tu as mis tout ton ceur d'haitienne et toute ton intelligence pour rédiger cet article qui nous interpelle afin que nous travaillions avec ardeur pour le progrès national. Les protagonistes de cet entredéchirement qui règne en notre pays, et ceci depuis deux siècle, font en effet mal à tous les enfants d'Haiti qui tôt ou tard devront payer les conséquences de leurs inconséquences. Parlant de la coopération régionale, nous devons tous être contents que la Caricom se soit rangée du côté haitien dans la lutte que notre pays est en train de mener pour le redressement de l 'injustice faite à nos frères et soeurs haitiano- dominicains. Je lis dans les forums des articles où certains - les sempiternels révolutionnaires de salon -- s'en prennent pour des raisons peu connues aux officiels haitiens aux prises avec cette affaire dominicaine. On doit se demander quand ces soit-disant amants de la chère patrie vont enseigner de vraies valeurs patriotiques à la jeunesse montante du pays en évitant de critiquer ces officiels travaillant tant soit peu pour la cause commune et nationale face à la montée du racisme dominicain. Ont-ils vraiment reçu de l'argent pour faire leur sale boulot en cette circonstance? On peut et doit critiquer le gouvernement pour ses bévues, mais il y a un temps pour critiquer, et un temps pour féliciter. En ce sens nous devons féliciter la Caricom pour cette coopération régionale envers Haiti et les officiels haitiens qui représentent pour l'instant la nation haitienne au milieu de tous ces déboires. Quant à toi Emmanuelle Gilles je te remercie d'avoir écrit un si bel article qui interpelle la conscience NATIONALE. Carl J Gilbert
ReplyDeleteC'est une belle réflexion, chère madame.
ReplyDeleteSouhaitons que votre voix soit entendue. Tous ceux qui s'attaquent à ce triste comportement de nos élites demeurent avec l'impression de parler à du vent. Du courage! Peut-être, verrons-nous un jour arriver à notre porte, comme l'autre l'avait rêvé, un citoyen, un vrai et honnête individu pour changer la donne et concrétiser votre songe dans la glaise du réel. Mes félicitations. Max Dorismond