L'armée renverse Morsi |
« Morsi n’est plus notre président, Sissi avec nous ! », ont scandé les manifestants rassemblés lundi 1er juillet place Tahrir au Caire, à la suite de la lecture télévisée d’un ultimatum du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigé par Abdel Fattah al-Sissi, chef d’état-major de l’armée égyptienne depuis août 2012. Dans sa déclaration, le CSFA a indiqué que « si les revendications du peuple n’étaient pas satisfaites » dans un délai de 48 heures, les forces armées « annonceraient une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre ».
En outre, l'armée a
annoncé la tenue d'une élection présidentielle anticipée et suspendu de fait le
président islamiste Mohamed Morsi, une annonce accueillie par une explosion de
joie par ses opposants qui manifestaient en masse à travers le pays.
De son côté, le
président égyptien Mohamed Morsi appelle les Egyptiens à résister "pacifiquement"
au "coup d'Etat" de l'armée, a déclaré mercredi à l'AFP un de ses
proches collaborateurs.
"Le président
appelle tous les Egyptiens à résister pacifiquement à ce coup d'Etat, comme il
le fera lui-même", a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat.
"Ce qu'ils ont fait est illégal, ils n'ont pas autorité pour le
faire", a ajouté ce collaborateur de M. Morsi, après la déclaration du
chef de l'armée, le général Abdel Fattah Sissi, annonçant que le président du
Conseil constitutionnel prenait la direction du pays.
La place Tachri éclate en une véritable réjouissance populaire à l'annonce de la destitution de Morsi. |
Les esprits se sont échauffés après le discours télévisé du président égyptien, fortement contesté dans la rue depuis une semaine. S'adressant à la télévision avec pugnacité, le chef de l’Etat issu des Frères musulmans, de plus en plus isolé après la démission de six ministres, a refusé de s'effacer pacifiquement du pouvoir. Il a indiqué qu'il "continuerait à assumer la responsabilité du pays", présentant sa "légitimité" - un mot prononcé plusieurs dizaines de fois - comme "la seule garantie contre l'effusion de sang". Affirmant qu'il était prêt à "donner sa vie", il a martelé que le peuple l'avait "choisi lors d'élections libres et équitables".
Appelant la population au calme et l'opposition au dialogue, il a affirmé que le pays devait encore panser les plaies laissées par l'ancien régime d'Hosni Moubarak. Il a aussi mis en garde contre le "piège" d'une violence "sans fin", alors que les violences ont déjà fait 47 morts en une semaine de manifestations.
Trois heures plus
tard, dans un communiqué intitulé "les dernières heures", le Conseil
suprême des forces armées égyptiennes (CSFA) s'est dit prêt "à verser son
sang" pour "défendre l'Egypte et son peuple des terroristes, des
radicaux ou des fous" et s’est dit prêt à imposer sa propre "feuille
de route". En cas d'échec de son ultimatum, les militaires ont indiqué
qu'ils établiraient eux-mêmes la "feuille de route" pour résoudre la
crise, mais ont assuré qu'ils ne voulaient pas préparer un "coup".
De leur côté, les Frères musulmans ont qualifié l'initiative de l'armée de "rébellion" face à laquelle le peuple égyptien ne resterait pas sans reaction.
Selon le quotidien gouvernemental Al-Ahram, cette "feuille de route" prévoirait notamment la nomination d'un conseil présidentiel et une suspension de la Constitution pour une période de transition --placée "sous la supervision de l'armée-- pouvant durer jusqu'à un an.
Peu avant sur son compte Twitter officiel, le président Morsi avait appelé les forces armées à "retirer leur avertissement" et refusé tout "diktat", en référence à l'ultimatum militaire, assimilé par ses partisans à un coup de force pour le faire partir. Ces déclarations ont été faites après avoir rencontré tout au long de la journée le ministre de la Défense et
chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui fait figure d'homme fort face au president.
chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui fait figure d'homme fort face au president.
Du côté de l’opposition, le Front de salut national (FSN), principal bloc de l'opposition libérale, laïque et de gauche, a estimé que le président Morsi avait lancé un "appel public à la guerre civile" tandis que le mouvement Tamarud (rébellion), à l'origine de la mobilisation monstre du 30 juin, réclamait que le chef de l’Etat, "qui a menacé son peuple", soit arrêté par la Garde républicaine et déféré devant un tribunal.
Fêté dans la liesse place Tahrir au Caire, le coup d'Etat de l'armée égyptienne mercredi 3 juillet divise la communauté internationale. Mis à part l'Arabie saoudite, dont le roi Abdallah a été le premier à féliciter le nouveau président par intérim, les pays étrangers n'ont pas caché leur malaise après la destitution de Mohamed Morsi.
Egypte : Adly Mansour, président par intérim, a prêté serment
Adly Mansour prête serment comme président... by lemondefr "Profondément inquiet", Barack Obama s'est empressé d'appeler à l'élection rapide d'un nouveau gouvernement civil. "Durant cette période d'incertitude, nous demandons à l'armée de s'assurer que les droits de tous les Egyptiens et Egyptiennes soient protégés, notamment le droit de se rassembler pacifiquement et le droit à des procès justes et indépendants devant des tribunaux civils", a insisté le président américain dans un communiqué.
C'est l'heure de la relève de la garde, autour de la mosquée Rabia Al-Adawiya. A petites foulées, une colonne de Frères musulmans vient se déployer en travers de l'avenue qui mène au point de rassemblement des partisans du président Mohamed Morsi. Il y a des grands, des petits, des baraqués et des maigrelets. Ce service d'ordre a été bricolé en quelques jours, pour pallier la défection de la police, qui, officiellement, refuse d'intervenir dans le face-à-face entre pro et anti-Morsi.
L'armée a promis qu'elle "resterait éloignée de la politique" par la voix de son chef, Abdel Fattah Al-Sissi. Le général, nouvel homme fort du pays, a détaillé, avec les chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et le représentant de l'opposition Mohamed El-Baradei, une "feuille de route" qui, selon ce dernier, "répond aux revendications du peuple".
L'armée, qui avait pris les rênes de l'exécutif durant seize mois entre la chute d'Hosni Moubarak et l'élection de M. Morsi, n'a pas précisé la durée de la transition avant des élections générales. L'ensemble des formations politiques, y compris les salafistes du parti Nour, ont approuvé la feuille de route des militaires. Le grand mufti de la mosquée Al-Azhar, plus haute autorité sunnite, et le patriarche de l'Eglise copte Theodore II ont apporté leur soutien à cette intervention.
Mohamed Badie (gauche) et son adjoint Khaïrat Al-Chater La police militaire égyptienne a arrêté Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans égyptiens, mouvement dont est issu Mohamed Morsi, a annoncé jeudi une source au sein des services de sécurité.
La justice avait émis des mandats d'arrêt à l'encontre de Mohamed Badie et de son adjoint, Khaïrat Al-Chater. Cet homme d'affaires fortuné est considéré comme son principal stratège politique. Il était le premier choix du mouvement islamiste pour l'élection présidentielle de 2012, mais des antécédents judiciaires l'ont contraint à s'effacer au profit de Morsi. Mohamed Badie et lui sont recherchés pour incitation à la violence dans l'enquête sur les heurts qui ont fait huit morts cette semaine devant le siège cairote de la confrérie.
D'après le quotidien Al-Ahram, pas moins de 300 mandats d'arrêt ont été lancés contre des membres des Frères musulmans. Des responsables politiques de l'organisation, dont Saad El-Katatni, le chef du Parti liberté et justice (PLJ), et l'adjoint du guide suprême, Rached Bayoumi, ont d'ores et déjà été interpellés.
Les autorités militaires ont également fait fermer trois chaînes de télévision favorables à Mohamed Morsi, dont Egypt25, la chaîne officielle des Frères. Selon l'agence MENA, les directeurs de cette dernière ont été arrêtés peu après l'annonce de la destitution. Les forces de sécurité ont également fait irruption au siège de l'antenne égyptienne d'Al-Jazira, dont cinq journalistes ont été emmenés. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés.
Après les violences qui ont émaillé les rassemblements organisés depuis le 26 juin, qui ont fait 47 morts, le ministère de l'intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi. Les seules violences de mercredi ont fait 32 morts, selon un dernier bilan fourni par la chaîne Nile TV.
Des partisans de l'ancien président ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d'entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l'ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie. Avant son arrestation, M. Morsi a appelé ses partisans à résister paciquement à ce qu'il considère comme un coup d'Etat militaire.
Sources Le point Fr, RFI
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