Par:Max Dorsimond
Texte non publié. Ce texte écrit depuis octobre 2013, n’a pas été publié. J’ignore la raison. Par hasard, je l’ai retrouvé et j’en profite pour partager ces réflexions avec mes lecteurs.
Compétente jusqu’au bout des
doigts, à l’entendre parler de ses projets, on voudrait naturellement l’embrasser, lui dire merci,
madame la ministre. Ce n’est pas une ministre «tèt chat». Donnons à César ce
qui est à César et à Stéphanie ce qui lui revient de droit. Sa performance me
fait penser au contenu du dernier texte que j’avais écrit durant mes vacances
d’hiver écoulées là-bas, sur les plages des Arcadins : Haïti - Vers un multilinguisme
intégral (1 et 2).
Ces
jeunes étudiants qui reviennent au bercail
Quand on envoie nos jeunes
étudier, se perfectionner et travailler à l’étranger, ils reviennent avec une
autre vision de la chose publique ou privée, boursouflés de compétences et
d’expériences que le pays en déficit de professionnels ne peut se permettre
d’ignorer. Tel est le cas présent. Multilingue et très à l’aise devant la
caméra, Stéphanie nous en met plein la vue. Diplômée en hôtellerie, aucun
secret du métier ne lui semble étranger. C’est de l’argent bien investi. Un
retour sur le capital bénéfique pour Haïti. Pendant plus de trente minutes, à Montréal, diapo à
l’appui, elle tient son auditoire sur la brèche, en plein hiver, un timing bien
choisi. Tout en contrôle, elle leur vend du soleil et une Haïti toute neuve.
En visionnant la vidéo, j’étais loin de douter que je serais déçu, j’étais suspendu à ses lèvres comme par magie
pour l’écouter énumérer ses projets avec le secret espoir d’entendre le mot Jérémie, le
patelin oublié de son padre, la cité
outragée. Nada! Silence total. Peine perdue. Cliquer sur la vidéo suivante:
L'APOTHÉOSE DE LA PERLE RETROUVÉE
Hélàs! Déception et amertume.
Si le mot «Jé» est sorti de sa bouche,
c’est peut-être «Je pete Klere, wa yan».
Il n’y a rien pour ce trou perdu.
Je ne sais pas, permets-moi de rêver!
Son feu oncle, Harry, lui a-t-elle parlé de la bastonnade, de cette raclée que
cette ville lui a flanquée pour avoir été un «ti-rouge», un rougeaud?
Lui-a-t-elle dit de laisser fondre cette ville comme la neige au soleil, car
les sauvages qui y résident ne valent pas la peine d’être secourus? Je ne sais
pas, je continue de rêver. Oncle Harry a sans doute montré ses fesses noircies
et ses stigmates à la jeune Stèph qui a été émue jusqu’aux larmes et qui s’en
souvient encore au moment venu. Elle a parlé du sud, de Jacmel,
des Cayes, des Côtes de fer, des aéroports futurs aux Cayes et à l’île-à-Vache.
Elle a montré des images du futur.
Le
cauchemar – Jérémie s’est mal réveillée.
Malheureusement, elle n’a nulle image du passé
pour montrer Jérémie, elle est dans sa tête.
Ce sont les fesses meurtries de l’oncle Harry, la bastonnade, l’humiliation,
l’oncle nu devant le tonton macoute. AH! Si Jérémie savait que la nièce l’aurait
bernée aujourd’hui. «Yo pa Kalé moun lespri! Na regrèt pita» Et puis voilà. “Pita”
est arrivé trop vite. Excusez, je rêve encore. Jérémie, c’est la brousse. Un
lieu pour aller en safari africain. Sans doute, Stéphanie, a-t-elle un
programme de safari dans sa tête. Sans doute, voudra-t-elle montrer aux
touristes les anciens lions de Jérémie, les anciens tigres, les
anciens léopards, les anciennes pintades en bleu et rouge, Les anciens
crocodiles
qui ont failli dévorer son oncle après avoir dévoré des familles entières. Stéphanie
se souvient de Jérémie, mais à l’envers. La Jérémie de
ces cauchemars.
Excusez-moi, je viens de me réveiller!
Par: Max Dorismond mx20005@yahoo.ca
Laval, Oct 2013
Max Dorismond |
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