Jean-Robert Jeudi alias Tiroro a fait le voyage vers l'au-delà |
Par Pivoine MJL
¿Chiquita de pie, que
sabe usted de la regla de puntuación?
C’est
en ces termes qu’on se rappellera de Jean-Robert Jeudi, que tout le monde à Jérémie appelait
affectueusement “Ti Roro”.
Professeur aguerri,
musicien talentueux, spécialiste en aéroportuaire avec de superbes possibilités
d’avancement pour sa carrière, il était proche de ses élèves et se mettait à
leur niveau, pour leur enseigner les rudiments de l’espagnol, aussi bien que ce
prof de maths de la ville, qui transformait ses cancres d’élèves, en de vrais
experts de la théorie récursivement axiomatisable, des hypothèses et des
probabilités.
Ceux qui l’ont côtoyé du
temps de ses études parlent de lui comme un gars brillant, avec devant lui un
avenir prometteur.
Même quand on disait
qu’il faisait tourner la tête des femmes, avec mes yeux de très jeune fille, je
me souviendrai plutôt du couple mythique qu’il formait avec cette très belle
rose du parterre de la place Dumas.
Je trouvais qu’ils
allaient tellement bien ensemble, ils étaient beaux et c’était agréable de les
voir se promener main dans la main à travers la ville.
Dans ma génération, nos
adultes ne voyaient pas d’un bon œil quand un jeune couple se bécotait dans les
rues, comme on le voyait faire au cinéma et comme Ti Roro embrassait sa très
belle Rose en public.
Nous les plus jeunes, ce
couple nous faisait rêver à ce même romantisme dans notre relation future.
Dans nos têtes de jeunes
écervelés, nous nous imaginions l’amour avec un grand “A”, sans écueils,
parsemé et parfumé de roses de toutes les couleurs et sans la moindre épine. Oh
réalité quand tu nous tiens !
Tiroro Jeudi (2004) |
On raconte aussi qu’il
s’est détourné de son chemin de bien des manières. Mais on ne dira jamais
comment il a été blessé par le riche père, d’une de ses relations amoureuses
précédentes et par bien d’autres personnes.
Ces blessures laissent
des stigmates, ces marques indélébiles peuvent bien réellement détourner
quelqu’un de sa vraie voie, indépendamment de sa sensibilité et sa force à
transcender même les pires affronts et les mers en furie.
Trop souvent, l’être
humain expose sur la place publique les déboires et les calamités d’autrui,
sans prendre le temps d’enrober d’un peu d’empathie, les mots étalés sur les
pierres d’achoppement rencontrées par plus d’un, sur le chemin tortueux de
cette vie, souvent si triste pour plus d’un.
Sans compter les
contrariés qui s’en prennent à vue d’œil ou en cachette avec leur langue, à
ceux qui savent goûter au bonheur en se contentant des petites choses de la
vie. On voit souvent comment ils s’attèlent pour se mettre en croix sur le
sentier de ceux qu’ils envient. Il n’ont aucune gêne à mettre en place tous les
subterfuges pour les démolir. Quitte à vendre leur âme au diable.
Ti Roro n’a pas connu
toute la gloire que ses compétences et son savoir lui auraient attribuée.
Aujourd’hui encore et
même dans le clan des intellectuels de ma communauté et dans mon pays, la
détresse psychologique est taboue.
Il est trop souvent
vertement critiqué, celui qui se met à boire à outrance, celui qui consomme,
peu importe la drogue, celui qui change de partenaire au gré des saisons pour
ne citer que ça.
Mais pourquoi ne pas
essayer de le comprendre et de l’aider à trouver la voie pour s’en sortir, au
lieu de l’aider à mieux s’enfoncer ? Bien sûr cela prendra sa volonté à vouloir
se faire.
Ti Roro, tu es parti,
laissant ta famille et tes amis dans le deuil. Tous, nous aurons à entendre le
sifflement de notre dernier train un jour, pour nous emmener à notre
destination finale.
Maintenant tu as trouvé
ta paix, restes là. Bienheureux sois-tu enfin loin de ce monde fourbe et
insensible ?
Tout est bien dit.Ti Roro restera gravé dans notre mémoire pour toujours. Que son âme repose en paix
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