Par Max Dorismond
Julio Gauthier 13 Août 1949 - 18 Juin 2020 |
Donc, Frérot, qui aurait pensé
te voir laisser aussi tôt la caravane. Pétillant d’esprit, remuant des
souvenirs de jeunesse, vécus ou glanés çà et là dans l’amphithéâtre jérémien,
nous étions toujours suspendus à tes lèvres, écoutant tes narrations,
partageant tes analyses sociétales, ou buvant tes anecdotes avec délectation, en
attendant la fin toujours rigolote. Tu nous laissais une impression de bonheur
éternel, de joie sans bornes que le stress du pays d’accueil n’arrivait pas à
ébranler. Nous croyions en ton étoile et ta compagnie était toujours attirante
et très recherchée, pour atténuer nos angoisses existentielles et personnelles.
Tu aimais le monde et tu carburais à la chaleur humaine.
Dis, qui aurait deviné ce
départ hâtif, sans tambours, ni trompettes! Par amour pour tes compatriotes et tes
amis, tu as vécu ta maladie en silence. Même tes frères et sœurs n’étaient au
courant du drame que tu vivais. Sans te plaindre, tu marchais allègrement vers
la porte du débarquement, avec la même gentillesse, le même flegme, le même
trait sympathique, sans un dernier au revoir. Sachant que tu seras toujours
dans nos cœurs, tu as choisi de ne pas nous dire adieu. Peut-être, est-ce mieux
ainsi, tes souvenirs heureux vont continuer à nous délecter pour le meilleur.
Homme affable et
tranquille, Julio nous laisse sans voix. Orateur et communicateur hors pair, il est arrivé très jeune au Québec et s'est très vite intégré à son pays d'adoption. À réfléchir au côté placide de son
existence et à son allure débonnaire, je crois avoir trouvé d’où lui est venu
ce calme olympien qui lui prodiguait cette allure confiante. Parmi ses
anecdotes les plus rocambolesques, je pense avoir retracé la source de cet
instinct de gagnant. La voilà!
Julio Gauthier, sa femme Jocelyne, Herve Gilbert, Max
Dorismond, le 13 août 2019 à Montréal, lors du lance
|
Fils d’un célèbre avocat
de la ville de Jérémie, l’un des plus brillants de son époque, Me Félix
Philantrope, pour ne pas le nommer, Julio était à la bonne enseigne. Un jour,
vers l’âge de 7 ou 8 ans, Julio a commis une maladresse. Son père le gronda et
le fit monter seul à l’étage, au grenier, pour y passer la journée en guise de
punition. Contrarié, le petit Julio se mit à hurler de toutes ses forces, à
ameuter le voisinage, tout en répétant qu’il allait se jeter dans le vide,
qu’il allait se tuer.
À bluffeur, bluffeur et
demi, Maître Fé, ne fit ni deux, ni trois. Il appela Boss Paisible, un
menuisier du quartier, et lui ordonna de monter là-haut et de prendre la mesure
du cercueil du pleurnicheur. Boss Paisible s’exécuta et trouva notre Julio
debout dans la pièce. Il sortit son ruban à mesurer. À partir du front du futur
macchabée, il le déroula verticalement vers son pied en notant sa longueur.
Étonné, ce dernier, estomaqué, questionna le menuisier : Pourquoi cette
mesure?
C’est pour ton cercueil,
mon ami! Ton père t’a entendu crier que tu voulais te tuer, il m’a prié de
prendre ta mensuration pour être prêt au cas où tu réalises ton désir!
En entendant le mot
cercueil, le petit Julio, pris de panique, péta une coche et dévala
l’escalier pour aller demander pardon à son père, et promettre de ne plus
jamais menacer de se jeter dans le vide, de ne plus jamais lui déplaire,
etc.
Cette leçon de vie d’un
père strict a façonné son caractère, a développé sa capacité à reconnaître, qu’en dépit de toutes les
différences, les liens humains qui nous unissent sont les plus forts et
surpassent tout.
Il
a choisi d’être toujours gentil avec les autres, de les aider à passer à
travers les soubresauts du quotidien, sans heurts et avec bonheur.
C’est sans doute, ce souci
de ne pas déranger qui l’a poussé à vivre solitairement sa maladie, avec
stoïcisme, sans perturber le bien-être de sa famille, de ses amis et de ses
connaissances.
Mon cher Julio, avant de
te dire Adieu, nous te disons : M-E-R-C-I pour ton attention constante
envers les autres, tout au long de ta vie!
Haïti Connexion Network et
moi, présentons nos sincères condoléances à Jocelyne-Frédéric, ta femme, à tes
garçons, Jules-André, Jean-Marc, Hendrick,
à tes frères, à tes sœurs, aux familles
alliées : Gauthier, Philantrope, Bazile, Dorismond, Frédéric, Laroche, Clermont, Jacob,
Appolon, Binette…et à tous ceux-là, parents et amis et connaissances, que ta soudaine
disparition interpelle.
Max
Dorismond
Pour
Haïti Connexion Network
💐🙏Que le Seigneur retablisse et soutienne vous tous affectes par ce deuil et puisse vous consoler par son grand amour
ReplyDeletePaix et Courage
Jean-Robert Léonidas : Mes sympathies à la famille !
ReplyDeleteStay strong!
ReplyDeleteMon cher Max.
ReplyDeleteJe suis tombé, comme par hasard, sur ton beau texte annonçant la triste nouvelle de la mort de feu le sympathique Julio.
Je m'empresse d'exprimer ma douleur à la famille et aux nombreux amis jérémiens et d'ailleurs en cette pénible circonstance.
J'en profite pour envoyer mes pensées positives sur JÉRÉMIE ma ville adoptive et dire à toutes les soeurs et à tous mes frères de la ville des poètes que je partage leur peine.
Maurice CELESTIN-NOEL
LECHAPEAUTEUR
rmaurice.celestin@gmail.com
Ce type était un grand footballer à Jérémie. Je me rappelle que son petit frere Nepthaly jouait au foot également. Que son âme repose en paix!🙏🙏🙏
ReplyDelete