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Wednesday, September 26, 2018

Cour suprême : Brett Kavanaugh, le candidat de Trump dans la tourmente

Juge Brett Kavanaugh
Le juge que Donald Trump souhaite nommer au sommet du pouvoir judiciaire américain, ainsi que la femme qui l’accuse d’agression sexuelle, doit être auditionné ce jeudi.

Christine  Blasey  Ford
Nouvelle période de turbulences pour Donald Trumpet. Nouveau feuilleton qui passionne les États-Unis. Christine Blasey Ford, une prof de fac de 51 ans qui accuse d’agression sexuelle le juge Brett Kavanaugh, candidat du président américain à la Cour Suprême, doit être auditionnée ce jeudi par les membres de la commission judiciaire du Sénat. Ce sera ensuite au tour du magistrat conservateur de 53 ans (qui fait face à d’autres accusations similaires par une autre femme) de passer sur le gril face aux sénateurs.

L’enjeu est énorme car il s’agit d’intégrer l’échelon le plus élevé de la hiérarchie judiciaire américaine, dont un siège est vacant depuis la démission surprise d’un juge « modéré ».
Pourquoi ces auditions ont-elles lieu ?

Le vote de confirmation de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême était prévu jeudi 20 septembre. Mais il a été reporté le temps d’organiser l’audition de Christine Blasey Ford. Cette femme accuse le juge et un de ses amis d’agression sexuelle, alors qu’ils étaient complètement ivres, au début des années 1980. Le magistrat, qui dément en bloc, a aussitôt demandé à être également entendu pour « défendre son honneur ». Tout comme il nie les accusations d’inconduite sexuelle lors d’une autre soirée étudiante, portées par une autre femme, Deborah Ramirez.

Quel est le calendrier ?
Convoquée dans un premier temps le lundi 24 septembre, Christine Blasey Ford a changé de stratégie et a demandé la semaine dernière que le FBI se saisisse du dossier avant toute audition, laissant planer le doute sur sa présence au Sénat. Nouveau revirement 48 heures plus tard : elle accepte de témoigner à condition d’avoir plus de temps pour se préparer. Après plusieurs jours de tractations, son avocate et les sénateurs se sont mis d’accord le week-end dernier sur le principe d’une audition ce jeudi.

Quels sont les scénarios possibles ?
Si Christine Blasey Ford n’apporte pas de preuves nouvelles, « ce sera parole contre parole et les sénateurs républicains se diront On l’a écoutée mais on ne peut pas condamner Kavanaugh là-dessus », anticipe l’historien spécialiste des Etats-Unis Corentin Sellin. Le vote de confirmation pourrait alors intervenir très vite, peut-être même dès vendredi. En revanche, si Christine Blasey Ford révèle des documents compromettants, la position du juge sera très difficile à tenir.

Ce serait un véritable camouflet pour Trump, qui soutient mordicus « son » candidat. Le président américain, qui a été accaparé en début de semaine par l’Assemblée générale de l’ONU, a même laissé entendre que les faits ne seraient pas si graves vu qu’aucune plainte n’avait été déposée. Ce qui a suscité une tempête d’indignations de victimes d’agressions sexuelles sous le mot-clé « 
#WhyIDidntReport » (« Pourquoi je n’ai pas porté plainte »).

Pourquoi le contexte électoral est-il crucial ?
Des élections de mi-mandat se tiennent dans moins d’un mois et demi aux Etats-Unis. Or le Sénat, à très courte majorité républicaine, pourrait éventuellement basculer du côté des démocrates, tentés du coup de faire traîner la nomination du nouveau juge. L’enjeu : empêcher que la Cour suprême bascule vers une majorité beaucoup plus conservatrice sur des sujets comme l’avortement.

« Le fait que Blasey Ford ait demandé une enquête du FBI puis tergiversé avant l’audition va dans le sens des démocrates qui multiplient les procédures d’obstruction », pointe Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Assas. Trump a lui-même dénoncé « un jeu de dupes » orchestré par ses opposants.

Est-ce à dire que l’accusatrice est forcément instrumentalisée par les démocrates ? Le spécialiste des Etats-Unis nuance : « Une audition est aussi très compliquée pour elle car elle risque d’être jetée en pâture en public. »

LE PRÉCÉDENT DU JUGE THOMAS
Justice Clarence Thomas
L’histoire se répète… En 1991, le juge Clarence Thomas est accusé de harcèlement sexuel par Anita Hill, une ancienne collègue universitaire, à quelques jours du vote qui doit valider sa nomination à la Cour Suprême. Dans le tourbillon médiatique de l’époque, la commission judiciaire du Sénat décide d’entendre la jeune femme alors âgée de 25 ans. L’audition est regardée par 20 millions de téléspectateurs, un record !

Sauf qu’Anita Hill ne parvient pas à étayer ses accusations face aux sénateurs qui n’hésitent pas à la questionner sans ménagement. « Elle était sortie du bois au dernier moment et ça lui a été beaucoup reproché, sa crédibilité a été remise en cause », souligne l’historien Corentin Sellin. Thomas est finalement nommé à la Cour Suprême, comme attendu, neuf jours après la révélation de la plainte. Il y siège toujours 27 ans plus tard et pourrait donc être bientôt rejoint par Brett Kavanaugh.

Source : Le Parisien

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