Par Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca
En Haïti, la corruption n’est pas génétique. Elle est systémique et
occupe toutes les sphères des institutions étatiques et sociétales, moins les
banques. Mais, dans les dernières nouvelles du mois d’octobre 2017, suite à la lettre du Ministre de L’Économie
et des Finances, J.A. Patrick Salomon, au Ministre de l’Intérieur et des
Collectivités Territoriales, Max R. St-Albin, concernant les nombreux chèques
du MICT encaissés deux fois sous les
mêmes numéros à la Banque Centrale, on se questionne à savoir si les gangsters
n’ont pas déjà embrayé en 4ème vitesse. Les banques étaient la dernière
frontière qui protégeait la population contre cette pandémie. Si ces brigands arrivent à franchir aussi
allégrement ce « Rubicon »,
nous pourrons dire : « Adieu veaux,
vaches, cochons ». C’en est fait de la nation !
Le dossier de l’électricité
chez les Sénateurs
Revenons au sujet en titre ! Je ne suis pas en possession des
contrats des compagnies E-POWER, SOGENER, HAYTRAC et autres. Mais le
visionnement de la vidéo de la commission sénatoriale, dans laquelle l’élu Pierre François
Sildor décortique, avec beaucoup d’emphase et de sarcasmes, ces documents
outrageants, à effets préjudiciables pour la nation, chiffonne.
Je n’ai aucun problème avec ces entrepreneurs qui ont frappé le
jackpot. Sauf les imbéciles auraient refusé d’entrer dans cette caverne
d’Alibaba, créée de toutes pièces par et pour les petits amis des régimes en
place, depuis une dizaine d’années. C’est un théâtre de l’absurde dont on ne
verra jamais la fin.
Haïti : Île fantôme non
détectable la nuit par les Astronautes
Et, malgré cette manne, l’électricité a presque raté son rendez-vous
avec nos congénères. C’est au compte-gouttes qu’ils la reçoivent, entre 2H00 et
3H00 du matin, notamment pour les insomniaques. C’est à cette heure indigne, par exemple, que
les soudeurs gagnent leur pain quotidien. Entre 19H00 et 21H00 pour
d’autres, dans certains quartiers. 95% du pays évoluent dans le black-out, ce
que j’ai ainsi décrit dans un de mes articles sur la corruption : « Haïti est la seule île de la Caraïbe,
invisible la nuit à vol d’oiseau. Elle est une île fantôme ». Le
Sénateur Sildor en a fait écho durant sa présentation.
L’absence d’électricité est si criante dans la capitale, qu’à certaines
occasions des chirurgies dans les hôpitaux ont été terminées à la lueur d’un
téléphone cellulaire… Point n’est besoin d’énumérer tous les drames collatéraux résultant de
cette carence. Nous n’apprenons rien à personne. D’ailleurs, la malice
populaire, détaillant le libertinage ambiant, en a fait ses choux gras dans
des comédies à quatre sous ou dans des
chansons grivoises, telles que : « Bam ti blackout moin manman / Poum fè ti magouy
moin manman ».
Quelques détails
croustillants des fameux contrats
Achat de diesel -Haïti prête de l’argent aux entrepreneurs, fournisseurs
d’électricité, pour l’achat du diesel. Elle garantit en premier lieu les achats
de ces derniers auprès des grossistes internationaux pour 13 millions de
dollars US déposés dans une banque étrangère. Si ces montants sont engagés, le
gouvernement haïtien a l’insigne obligation de les renflouer. Et c’est arrivé
très souvent. Il met, entre autres, ses terrains et usines à Vareux à la
disposition de E-POWER.
Vente d’électricité - Le contractant vend son électricité à Haïti, qui enregistre des
pertes de 20% lors de la distribution aux consommateurs. Mais le gouvernement
offre encore une autre garantie en or, au nom poétique de « Garantie souveraine » à ses gentils
petits amis. Et cette souveraine garantie sera aussi renflouée à chaque fois
que l’heureux grossiste aura à l’utiliser aux fins de ses transactions.
Par exemple, quand ce dernier fournit pour 30 millions de dollars US
d’électricité à l’État durant le mois, il doit obtenir son dû immédiatement.
Sinon, dans les 24 heures qui suivent, il fait jouer la partition de la clause « souveraine » et passe au
cash en brandissant sa lettre de crédit pour empocher ses 30 millions à la
Banque Centrale, grevant ainsi le budget de fonctionnement du pays, sans se
soucier de la capacité des institutions de l’État d’honorer leur responsabilité
face aux fonctionnaires, policiers, médecins, infirmières, etc… La banque
Centrale lui refile ses millions sans poser de questions, sans preuves que le
service ait été fourni. Un coup de fil suffit. C’est un véritable scandale à
tiroirs où chaque compartiment réserve son lot de surprises et d’incrédulités.
Autres avantages et non des
moindres
On apprend encore que les actionnaires-investisseurs de ces compagnies
jouissent d’un avantage extraordinaire et illimité leur procurant une franchise
douanière, leur ouvrant la voie à l’importation ou à l’exportation de n’importe
quelle marchandise. Imaginez-vous investir un certain montant dans E-Power, par
exemple, et le lendemain, vous commandez 50 voitures, 1000 TV, 3000 chambres à
coucher, etc…, sans payer un sou de frais de douane. Ah ! Le ciel est
toujours plus bleu dans ce pays où il fait vraiment bon vivre pour
certains.
Triste colère ou grimaces de
singe d’un sénateur
Lors de son intervention à ce sujet, le Sénateur
Nawoum Marcellus est sorti de ses gonds pour dénoncer cet état de fait et
lancer des menaces apocalyptiques. J’ai souri un petit peu en essuyant aussi
une larme de crocodile tout en demandant en mon for intérieur si ces fameux
contrats du siècle n’ont jamais été validés par le Parlement. Sinon, où étaient
tous ces contrôleurs officiels lors de la signature de ces aberrations
collectives ?
Max Dorismond
Pour votre édification, veuillez écouter ou regarder les vidéos-témoins
de ce théâtre caustique, en cliquant sur les liens en bleu. Vous m’en direz
tant. Voyez ci-dessous aussi, la lettre du Ministre des Finances au Ministre de
l’Intérieur.
(A suivre)
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