Les huit années de Barack Obama à la Maison-Blanche |
Les huit
années de Barack Obama à la Maison-Blanche s'achèvent ce vendredi 20 janvier
2017. C'était en 2008. Le 4 novembre , Barack Obama était élu 44e président des
Etats-Unis face au républicain John McCain. Après huit années à la
Maison-Blanche il céde le pouvoir ce 20 janvier au républicain Donald J.
Trump. Barack Obama est «le premier homme de couleur à avoir dirigé une puissance mondiale depuis
l'abolition de l'esclavage.» Ses huit
années à la Maison Blanche auront été marquées par quelques beaux succès, mais
aussi de nombreux échecs, en raison des freins imposés par le Congrès
républicain.
Mais qu'en
reste-t-il ? "Haïti Connexion Culture" a listé quelques réalisations, comme la mise en place de l'Obamacare, la
légalisation du mariage homosexuel, ainsi que la main tendue à Cuba, après
plus d'un demi-siècle de crise diplomatique.. Un bilan en demi-teinte,
nécessairement. Car n'oublions pas que Barack Obama n'a disposé de la majorité
aux deux chambres du Congrès que pendant deux courtes années sur huit…
L'heure est au bilan pour le président démocrate.
Obamacare,
interventions en Lybie et en Irak, Guantanamo, chômage...
«Un homme charmant et élégant pour certains»,
«un homme de grand charisme» pour d’autres, «une attitude sincère, un
comportement moral exemplaire».ll est jeune, il est beau, il est noir et porte
le mot « espoir » en bandoulière avec l'ambition de changer le monde. Ses discours, son programme et son style ont
ému, fait rire, fait vibrer voire fait rêver. C'est d'abord la
personnalité de Barack Obama, après huit années de présidence. «Cet homme et sa femme ont magnifiquement incarné les
valeurs américaines et l'American dream», L'élection de Barack Obama en 2008
est un événement historique. Il est le premier président noir à emménager à la
Maison-Blanche. Coïncidence étonnante, son investiture tombe le lendemain du 80e
anniversaire de la naissance de Martin Luther King, figure de la lutte des
Noirs-Américains pour l'égalité civique aux États-Unis. Sur l'esplanade de
trois kilomètres qui relie le Capitole au Lincoln Memorial, deux millions de
personnes se pressent pour vivre cet événement historique. Les meilleures
places se revendent au marché noir, au point que le Sénat est contraint de
promulguer une loi pour interdire ce trafic. Dans son discours, Barack Obama
marque sa rupture avec les années Bush qui ont terni l'image des États-Unis
dans le monde. Il se réclame des idéaux d'Abraham Lincoln, père de la nation,
et propose au monde musulman «une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le
respect mutuels». Parmi ses propositions phares: le retrait des troupes en Irak,
en Afghanistan et la fermeture de Guantanamo.
L'Obamacare,
«une révolution aux États-Unis»
Parmi les
actions du président, c'est l'Obamacare, une assurance santé universelle promulguée en
2010. C'est la réforme sociale la plus emblématique des deux mandats de Barack
Obama au terme d'intenses débats parlementaires. Elle instaure une «assurance
santé universelle», sans pour autant créer d'assurance santé obligatoire à
l'exception des enfants. En réalité, ce n'est pas un système de santé public
qui a été créé, mais un système où l'État subventionne les familles modestes
qui n'ont pas accès aux soins du privé. Ce n'est donc pas la création d'une
Sécurité sociale à l'américaine. Après quelques problèmes de mise en place, et
notamment de gros bugs informatiques, vingt millions d'Américains ont
aujourd'hui souscrit à une assurance-maladie privée grâce à cette réforme.
Une
politique étrangère «désastreuse»
Sur le plan
économique, des internautes se félicitent des bons chiffres du chômage. «L'économie américaine est à 3% de croissance, le chômage à
5% après la crise de 2008, la plus épouvantable depuis 1929», mais on tient toutefois à souligner que ces bons résultats ont un coût:
«La dette a explosé en huit ans. Les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux.»
Prix Nobel
de la paix en 2009, Barack Obama est en revanche vivement critiqué sur sa politique étrangère, notamment sur ses interventions
au Moyen-Orient. On qualifie même cette politique de «désastreuse.» «Le départ
prématuré d'Irak a permis à Daech de se développer», selon certains
observateurs. L'armée américaine est intervenue «dans sept pays différents» en
huit ans. Autre épine dans le pays du président: Guantanamo. Barack Obama s'était engagé à fermer la prison
située à Cuba. «Il a dû en perdre les clefs».
Le 2 mai
2011, la mort d'Oussama Ben Laden
Un an avant
les présidentielles de 2012, Barack Obama remporte une victoire majeure: il
annonce la mort de Ben Laden. Ennemi ultime des États-Unis depuis les attaques
du 11 Septembre, le chef d'al-Qaïda était traqué sans relâche depuis plus de
dix ans. «Justice est faite», commente le président des États-Unis alors que
des scènes de liesses spontanées éclatent dans les grandes métropoles
américaines. Le terroriste a été tué dans sa résidence d'Abbottabad, une ville
pakistanaise à une cinquantaine de kilomètres au Nord d'Islamabad. Il y avait
été localisé depuis le mois d'août précédant l'attaque. Une semaine avant
l'intervention, Barack Obama donne son feu vert aux Navy Seal qui finissent par
l'abattre.
Le 18
décembre 2011, le retrait des dernières troupes américaines en Irak
Près de neuf
ans après le lancement de l'opération «Irak Freedom», le dernier soldat
américain quitte le sol américain le 18 décembre 2011. Barack Obama s'est fait
élire en promettant qu'il mettrait fin à une guerre qui aura tué 4474 soldats
américains, blessé 32.000 autres et tué entre 104.000 et 113.600 Afghans. Le
Pentagone a alloué près de 770 milliards de dollars dans cette guerre
déclenchée en 2003 par George Bush sans l'aval de l'ONU pour trouver des armes
de destruction massives qui n'existent pas. En réalité, les Américains gardent
une présence bien réelle en Irak, du fait de l'émergence du groupe Etat
islamique qui menace le pays. Après la débandade de l'armée irakienne en juin
2014 à Mossoul, suivie de la débâcle de Ramadi, les Etats-Unis vont même
renforcer leur présence au sol. L'administration américaine envisage la
création d'une nouvelle base militaire dans la province irakienne d'Anbar, et
confirme l'envoi de centaines de militaires pour entraîner et conseiller les
forces irakiennes dans leur combat contre le groupe Etat islamique.
Le 7 juin
2013, l'affaire Snowden
Réfugié en
Russie depuis bientôt trois ans, Edward Snowden est associé au plus grand
scandale diplomatique de l'histoire récente des Etats-Unis. Le 7 juin 2013, cet
ex-employé de la NSA révèle l'existence de Prism, un vaste programme de
surveillance mondiale mené par les services de renseignements américains. Il
permet à la NSA d'intercepter les messages des internautes du monde entier en
accédant aux serveurs des géants du Web comme Wicrosoft, Yahoo!, Apple,
YouTube, Facebook ou Skype. Il ressort par la suite que Prism a également servi
à espionner les responsables de l'Union européenne, mais aussi le téléphone
portable d'Angela Merkel. Ces révélations déstabilisent profondément Barack
Obama, obligé de nier avoir eu connaissance des ces écoutes, ce qui laisse
penser qu'il ne tient pas ses services de renseignements. L'ampleur du scandale
met en péril l'élaboration d'un traité Transatlantique, un vaste accord de
libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe dont les négociations devaient
commencer en juillet 2013.
D'autres
révélations similaires vont émailler les années Obama. La plus grave reste
l'affaire des «câbles diplomatiques»: dans la nuit du jeudi au vendredi 2
septembre 2011, Wikileaks
publie pas moins de 250.000 câbles diplomatiques américains. On y apprend
que les Etats-Unis savent pertinemment que les donateurs saoudiens sont les
principaux soutiens financiers des groupes extrémistes sunnites comme al-Qaïda,
avant même la naissance du groupe Etat islamique. On y découvre aussi que les
diplomates américains en poste aux Nations unies sont priées d'espionner leurs
collègues afin d'obtenir «toute information biographique et biométrique», leurs
«empreintes digitales, photographies faciales, ADN et scanners de l'iris», sans
oublier les numéros de leurs cartes de crédit, mots de passe Internet et tout
autre détail privé qu'ils pourraient obtenir. On y apprend en outre que Nicolas
Sarkozy est décrit comme le président français «le plus pro-américain depuis la
Seconde Guerre mondiale».
En septembre
2014, mise en place de la coalition contre Daech
Pour
combattre le groupe Etat islamique, les Etats-Unis forment une coalition
internationale qui mène des frappes aériennes en Irak et en Syrie. Washington
mène 80% de ces frappes. Parallèlement, quelque 3500 soldats américains sont
déployés en Irak et une cinquantaine en Syrie. Sur le terrain, ils font de la
collecte d'informations, coordonnent les forces locales et aident à la
précision dans les raids aériens. Aujourd'hui,
près de soixante pays, majoritairement européens, mais aussi du Golfe ou du
Maghreb, participent aux frappes coordonnées par les Etats-Unis. Par
l'élaboration de cette coalition, Barack Obama a repris l'initiative sur le
dossier syrien, après avoir fait aveu de faiblesse. En août 2013, il renonçait
en effet à frapper le régime de Bachar el-Assad qui a fait usage d'armes
chimiques dans la banlieue de Damas. Alors que la France lui demande de prendre
part à des frappes de rétorsion, il fait finalement volte-face.
Un an plus
tard, c'est au tour de la France de renoncer à suivre les Etats-Unis en
limitant ses frappes sur l'Irak seulement. En septembre 2015, Paris infléchit
sa position et accepte finalement de bombarder la Syrie. Reste que la Russie
mène des frappes en Syrie sans se coordonner avec la coalition. Au risque de
créer de graves incidents diplomatiques, comme le 24 novembre 2015, où deux
chasseurs turcs ont abattu un avion russe à la frontière turco-syrienne.
L'incident provoquera une grave crise diplomatique entre Moscou et Ankara, pays
membre de l'Organisation du traité Atlantique nord (Otan), mettant à mal l'idée
d'une grande coalition unique voulue par les Etats-Unis, et relancée par la France
depuis les attaques du 13 novembre.
Le 14
juillet 2015, accord sur le nucléaire iranien
Après
quatorze ans de négociations infructueuses et un blocus international qui a
laissé l'économie iranienne exsangue, un
accord sur le nucléaire est finalement signé le 14 juillet 2015. C'est
l'une des principales victoires de la politique étrangère de Barack Obama. Le
texte doit garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien et ouvre
la voie à une normalisation des relations économiques et diplomatiques de
Téhéran avec la communauté internationale. Barack Obama a pesé de tout son
poids pour faire aboutir l'accord. Dans un discours retransmis dans le monde
entier, même en Iran, il le qualifie «d'occasion à saisir» pour normaliser les
relations avec Téhéran. L'accord provoque l'ire des pays du Golfe, mais surtout
d'Israël. Alors que les républicains du Congrès se sont promis de le faire
capoter, Barack Obama parvient à réunir 42 sénateurs démocrates derrière lui,
ce qui lui donne la possibilité d'empêcher la majorité sénatoriale républicaine
de bloquer le texte.
Le 17
décembre 2015, les Etats-Unis renouent avec Cuba
L'une des
grandes victoires diplomatiques de Barack Obama reste la normalisation des
relations diplomatiques avec Cuba. En 1961, l'opération calamiteuse de la baie
des Cochons provoquait l'une des plus graves crises de la guerre froide qui mènera
à la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba,
accompagnée d'un embargo américain contre le l'île castriste. Cinquante-quatre
ans plus tard, Barack Obama s'adresse
aux Cubains en disant: «Somos todos americanos», «Nous sommes tous Américains».
Ce coup diplomatique spectaculaire est la conséquence de la libération réussie
d'Alan Gross, un ancien contractuel américain de l'agence de développement
USAID qui était retenu sur l'île depuis 2009. D'autres échanges de prisonniers
sont négociés, dont un officier de renseignement américain détenu depuis vingt
ans, contre trois agents cubains.
Obama rencontre Raùl Castro à Cuba le 22 mars 2016 |
Le 6 janvier
2016, Obama restreint la vente d'armes à feu
Ce pourrait
être le dernier grand combat de son second mandat. Lors de ses vœux en janvier,
Barack Obama fait du contrôle des armes à feu une urgence nationale. Une
quinzaine de tueries ont émaillé ses deux mandats. En octobre 2015, la folie
meurtrière d'un adolescent dans un campus universitaire de Roseburg dans
l'Oregon fait dix morts et sept blessés. Le jour même, le président Obama
déclare vouloir «en finir avec cette routine». Pour
passer outre l'hostilité du Congrès, il opte pour la promulgation de décrets,
tout en assurant préserver le sacro-saint second amendement qui protège la
possession d'armes. Dans le détail, les décrets prévoient la généralisation des
contrôles des antécédents judiciaires et psychiatriques d'un futur possesseur
d'arme. Jusqu'ici, les ventes lors de foires itinérantes et les achats en ligne
échappaient à ces contrôles. Par ailleurs, tout vendeur sera tenu de détenir
une licence. Les textes prévoient aussi un renforcement des aides aux malades
mentaux, ainsi qu'un meilleur recensement des armes volées. Pour appuyer son
propos, le président rappelle que chaque année, quelque 30.000 personnes
trouvent la mort par armes à feu aux États-Unis.
Peut-être
que l'on se souviendra surtout du style Obama. De l'élégance de ce couple
glamour et sexy, comme on n'en avait pas vu à la Maison Blanche depuis Kennedy.
La gracieuse Michelle Obama a su, elle aussi, jouer sa partition de «first
lady» à merveille. Une bouffée d'oxygène, après les années Bush, étriquées et
austères, à l'odeur de renfermé.
Le couple Obama: l'excellence de la prestance |
Obama a
apporté de la fraîcheur, de l'humour, de la décontraction au sommet de l'État,
sans pour autant y perdre son autorité ou son prestige. On devine qu'il y a
derrière tout cela un grand talent de communication, mais on peut préférer ce
style-là à celui d'un bateleur de téléréalité par ailleurs milliardaire.
Barack Obama
aura été un symbole. L'accession à la présidence des États-Unis d'un
Afro-Américain, quarante ans après l'assassinat du pasteur Martin Luther King,
a pu sonner comme la revanche des noirs, dans ce pays toujours hanté par ses
démons racistes.
Après huit années passées à la Maison blanche, Barack Obama laisse les clés d'une Amérique qui a surmonté la crise, mais qui n'a toujours pas chassé ses vieux démons, comme le racisme ou le port d'armes.
Le couple Obama a apporté de l'élégance à la M. B |
Après huit années passées à la Maison blanche, Barack Obama laisse les clés d'une Amérique qui a surmonté la crise, mais qui n'a toujours pas chassé ses vieux démons, comme le racisme ou le port d'armes.
En tout cas, voilà une trajectoire originale, pour un garçon qui était un parfait inconnu quelques années avant son élection : impensable dans notre Hexagone où les candidats à la magistrature suprême sont toujours des vieux briscards de la politique.
Sources de référence : lefigaro.fr, LADEPECHE.fr
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