Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Friday, December 13, 2024

Quand un masque anti-âge révolutionnaire défie le temps et la douane

 

Son apparence spectaculairement rajeunie,attribuée à un anti-âge
révolutionnaire, a éveillé des doutes sur son identité auprès des douaniers

Un incident singulier survenu à l'aéroport international de Dallas a récemment dévoilé au grand public une avancée scientifique exceptionnelle dans le domaine du rajeunissement facial, fruit des efforts d'une jeune Américaine issue d'un milieu modeste, désireuse d'améliorer la qualité de vie de sa mère vieillissante.

L'article, initialement rédigé en anglais par Jess Palmer et traduit par HCC, relate un événement des plus inattendus : une femme de cinquante ans, sur le point d'embarquer pour Paris, est retenue par les douaniers en raison d'une apparence si spectaculairement rajeunie qu'elle a suscité des doutes quant à son identité. Ce phénomène, attribué à un masque anti-âge révolutionnaire conçu par sa fille, étudiante en pharmacie, illustre les prouesses de ce produit novateur nommé Idrotherapy. Composé d'ingrédients naturels, ce masque offre des résultats d'une efficacité si saisissante qu'il semble redéfinir les standards des soins anti-âge. Accessible et prometteur, il pourrait bien transformer en profondeur le secteur de la cosmétique.hg


Récemment, une situation inattendue s’est produite à l’aéroport international de Dallas. Alors qu’une femme de 50 ans se préparait à embarquer pour un vol Dallas-Paris, les agents de la police aux frontières l’ont arrêtée, constatant un écart notable entre la photographie de son passeport et son apparence physique actuelle.

« Nous avons strictement suivi les instructions. La photo dans le passeport montrait une personne complètement différente, environ 20 ans plus âgée que la personne réelle. Ce qui était le plus déroutant, c’est que le passeport avait été délivré récemment, il y a environ une semaine. À ma connaissance, même la chirurgie esthétique n'est pas capable de donner des résultats aussi rapides. C’était très suspect. »– Gabriela Casey (Agent de la police aux frontières, Aéroport international de Dallas)

La photo dans le passeport montrait une personne
complètement différente soit  20 ans de différence 
Malgré les protestations de la femme, qui a essayé de prouver que le passeport lui appartient et que les changements dans son apparence sont survenus quelques jours plus tôt lorsqu’elle a commencé à utiliser le produit anti-âge mis au point par sa fille, étudiante en médecine, le personnel n’a pas cru à son histoire et l’a retenue pour des vérifications supplémentaires.

Cependant, il semblerait qu'il existe un produit qui offre des résultats rapides, même sans chirurgie ! Et il a été inventé par une simple étudiante américaine qui voulait aider sa mère à retrouver sa beauté et sa jeunesse


Bonjour, Marie ! Pourriez-vous nous dire comment vous avez réussi à créer une marque anti-âge si efficace que les agents de l’aéroport n’ont pas cru que votre mère était la même personne que sur la photo de son passeport ?


Marie Williams Étudiante du département de
pharmacologie et de pharmaceutique, masters

— Tout ce que je voulais, c’était remercier ma mère pour m’avoir élevée et avoir consacré toute son énergie à mon éducation... Mon père nous a quittées il y a quelques années. Ce furent des moments très tristes. Ma mère m’a élevée seule... Cela a été difficile pour elle, elle a travaillé à deux emplois pour payer mes études. Pendant de nombreuses années, elle a été la seule à subvenir aux besoins de notre famille. Pouvez-vous imaginer combien cela a dû être dur ? Le stress et la pression constants lui ont coûté cher. Elle n’avait que 45 ans, mais elle paraissait beaucoup plus âgée que son âge. Naturellement, les hommes ne la remarquaient pas, et elle se sentait seule. À cet âge, il est déjà difficile d’arranger sa vie personnelle.


Avez-vous essayé de l’aider ?

— Bien sûr. Comment aurais-je pu regarder ma mère si malheureuse sans rien faire ! Après tout, 45 ans, ce n'est pas du tout vieux ! C’est l’âge où l’on commence à vivre pour soi-même et à organiser sa vie personnelle ! Je voulais vraiment aider ma mère, alors j’ai décidé de chercher un produit rajeunissant pour lui redonner sa beauté et sa confiance en elle. Cependant, ni les pharmacies ni les salons de beauté ne proposaient un masque anti-âge vraiment efficace.


Donc, vous avez décidé de créer le vôtre ?

— Absolument, je suis étudiante en pharmacie. Bientôt, je serai diplômée de l’université et deviendrai une spécialiste certifiée. J’ai toutes les compétences et connaissances nécessaires. Je n’ai utilisé que des ingrédients naturels.


Les premiers résultats étaient tout simplement stupéfiants ! Le meilleur exemple est l’histoire de ma mère. Ce voyage à Singapour était mon cadeau d’anniversaire pour elle. J’ai économisé de l’argent et décidé de l’emmener en voyage pour qu’elle puisse se reposer et se détendre, et peut-être rencontrer quelqu’un. C’était son premier vol à l’étranger, et son passeport a été délivré seulement une semaine et demie avant le départ. Pouvez-vous imaginer combien elle a rajeuni en si peu de temps, au point que même le personnel de l’aéroport ne la reconnaissait pas ? L’effet du masque anti-âge était choquant, mais dans le bon sens du terme. Grâce à mon masque, ma mère a maintenant une apparence jeune et attrayante, ce qui est très important pour une femme.

Mon produit peut lisser rapidement les rides, même les rides profondes dues à l’âge. Il raffermit également le contour du visage, élimine les poches sous les yeux – c’est une formule vraiment rajeunissante. En voyant les premiers résultats, j’ai décidé de déposer un brevet pour ma formule, et je suis ravie de l’avoir fait à temps ! Après la publication du brevet, certains représentants de sociétés pharmaceutiques occidentales n’ont cessé d’appeler pour me demander de leur vendre la formule, y compris les droits.


Vous avez accepté ?

— Vous plaisantez ? J’ai développé ce produit rajeunissant pour ma mère, pas pour faire du profit. Je veux que d’autres femmes ordinaires, qui n’ont pas des centaines de milliers de dollars pour des opérations et des traitements anti-âge, puissent restaurer leur beauté et leur jeunesse chez elles. C’est l’idée derrière tout cela, et je ne renoncerai pas à mes principes.


Comment avez-vous réussi à organiser une production à grande échelle ? 

Cela a dû nécessiter d’énormes investissements.

— J’ai été aidée par la direction de l’université. Avec notre laboratoire et notre institut de recherche, nous avons pu établir la production d’agents anti-âge dans les mêmes locaux. Et nous avons même trouvé un excellent nom pour cela – Idrotherapy.


« Le produit développé par Marie est véritablement unique. Une telle formulation et de tels ingrédients permettent d’obtenir des résultats de rajeunissement époustouflants. Les résultats des premiers essais cliniques ont stupéfié le monde scientifique tout entier !Idrotherapy

est dépourvu des inconvénients des marques coûteuses, tels que les effets secondaires et les contre-indications, sans parler de l’effet temporaire seulement. Idrotherapy montre d’excellents résultats à tout âge et peut être utilisé sans restriction. Les essais cliniques ont révélé que même chez les femmes de plus de 65 ans, les rides profondes s’estompaient rapidement, et la sécheresse ainsi que le relâchement de la peau disparaissaient. Idrotherapy fonctionne aussi bien pour la prévention des changements liés à l’âge chez les femmes dès 20 ans. Le masque procure une parfaite nutrition pour la peau et la protège contre le vieillissement prématuré pendant de nombreuses années.

Je peux affirmer avec confiance qu’à ce jour, il s’agit d’un produit anti-âge unique. »


– Jameson Bonner (Spécialiste senior, Laboratoire de l’Université Médicale)


Auteure : Jess Palmer

Traduction :Haiti Connexion Culture


Monday, December 9, 2024

Exil d’Assad : Une ère s’achève, l’incertitude demeure

Bachar el-Assad


Par Herve Gilbert

Le départ inattendu de Bachar el-Assad, président de la Syrie depuis 2000, marque un tournant décisif dans l’histoire contemporaine du pays. Ayant hérité du pouvoir après le décès de son père, Hafez el-Assad, qui avait dirigé la Syrie pendant trois décennies, Bachar a été contraint de quitter le pays après la capture de Damas et de son palais présidentiel par les forces rebelles. Hier, il a trouvé asile en Russie, son principal allié international. Cet événement, fruit d’années de guerre civile et de pressions diplomatiques, soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir politique de la Syrie, à la stabilité régionale et aux implications stratégiques de son exil.


La chute de Damas et la prise du palais présidentiel par les rebelles représentent une rupture symbolique et matérielle du régime Assad, qui s’était maintenu au prix d’un soutien inconditionnel de la Russie et de l’Iran. L’exil de Bachar el-Assad en Russie confirme le rôle prépondérant de Moscou dans la crise syrienne, non seulement en tant que protecteur du régime, mais également comme acteur garantissant la sécurité personnelle de l’ancien président.


Cependant, cette transition brutale laisse la Syrie confrontée à des défis considérables. Le vide politique créé par la chute du régime risque de provoquer des luttes de pouvoir internes, exacerbées par les ambitions géopolitiques d’acteurs régionaux comme la Turquie et l’Iran. En outre, l’absence de consensus, tant au sein des factions syriennes qu’au niveau international, compromet toute perspective de transition ordonnée. Ces dynamiques fragilisent davantage un pays déjà ravagé par des années de conflit et d’instabilité.


La déposition de Bachar el-Assad, suite à la capture de la capitale, marque la fin d'une dynastie autocratique qui a dominé la Syrie pendant plus de cinquante ans. En tant que deuxième représentant de cette lignée, Assad a exercé un pouvoir autoritaire sur le pays. Sa chute, intervenue à la suite de l’avancée rapide des rebelles, représente un renversement spectaculaire de l'ordre établi dans une nation du Moyen-Orient d'une importance géostratégique majeure.


 Si ce départ offre une opportunité historique de réformes politiques et de reconstruction nationale, il ouvre également la voie à une fragmentation accrue et à un risque d’instabilité prolongée. Le succès de cette transition repose sur une coordination étroite entre les acteurs internationaux et régionaux, ainsi que sur la mise en place d’un cadre inclusif susceptible de prévenir une escalade des tensions et de poser les bases d’un avenir pacifié pour la Syrie.


Hervé Gilbert


Thursday, December 5, 2024

Jacques St-Surin : L'Adieu à un Monument de la Culture Haïtienne

Jacques St-Surin
 

Par Herve Gilbert 

C’est avec une profonde tristesse que je salue la mémoire de Jacques St-Surin, figure emblématique de l’art et de la culture haïtienne. Poète, écrivain, peintre et visionnaire, il incarnait bien plus qu’un artiste : il était un guide, un porteur d’espoir pour Jérémie, sa ville natale, et bien au-delà. 

Dès son plus jeune âge à Jérémie, Jacques se démarquait par son talent précoce et sa créativité foisonnante. Je me souviens de lui, adolescent, légèrement mon aîné de deux à trois ans, exposant fièrement ses cartes de vœux lors des fêtes de Noël sur la place Dumas. Ces créations, admirées pour leur originalité, révélaient déjà son talent. À cette époque, tout projet artistique ou artisanal de la communauté—qu’il s’agisse d’une banderole ou de maillots pour les festivités—passait inévitablement entre ses mains expertes. Jacques était déjà une référence incontournable, le cœur battant de la créativité locale. 

Jacques Saint-Surin
devant l'hôtel de Paris (2010)
Une courtoisie de Maggy de Coster
C’est au sein du journal Assotor à Jérémie, où il exerçait en tant que typographe et compositeur, que Jacques s’est affirmé comme un passeur de mémoire et un porte-voix incontournable de la culture haïtienne. Son recueil de poèmes, Entre le Ciel et l’Abîme, qu’il a publié en France dix ans de cela s’impose comme une ode poignante à l’histoire et aux traditions d’Haïti, tout en offrant une vision résolument tournée vers un avenir de justice et de reconnaissance identitaire.

À travers sa plume et ses pinceaux, Jacques tissait un pont entre les traditions haïtiennes et une vision universelle de l’art et de l’humanité.Dans l’un de ses articles publiés sur HCC, il partagea une anecdote émouvante tirée de son vécu, dans laquelle il évoquait avec gratitude mon feu père, Barnave Gilbert, qu’il considérait comme son mentor. Ce récit témoignait non seulement de l’influence durable de mon père sur sa trajectoire, mais également de la profonde interconnexion des familles de notre époque, où tout le monde se connaissait et partageait des liens étroits. 

La dernière fois que je l’ai vu remonte à mai 2010, lors d’une commémoration de la fête des Mères haïtiennes organisée par Radio Méga à Miami. Ce jour-là, nous étions assis à la même table, en compagnie de sa mère, Adrienne Marcelin St Surin, alors encore parmi nous. L’atmosphère était chargée d’émotion, amplifiée par les souvenirs que Mommy Adrienne partageait avec tendresse, notamment son amitié et son parcours scolaire commun avec ma propre mère. Ces échanges, empreints de chaleur humaine, m’avaient profondément marqué. 

Photo prise par HG en 2011

Lors de cette soirée dédiée aux mamans haïtiennes, Jacques saisit l’occasion  pour exprimer, avec la simplicité et la profondeur qui lui étaient propres, tout l’amour qu’il portait à sa mère. Je revois encore avec une vive clarté cet instant où, dans un geste empreint de tendresse, il déposa un baiser sur la joue de Mommy Adrienne, un moment précieux que j’ai eu le privilège d’immortaliser avec ma caméra. 

Ce souvenir intime et universel illustre parfaitement la manière dont Jacques incarnait, à travers les gestes les plus simples, les valeurs essentielles de respect, d’amour et de transmission. Au-delà de ses talents artistiques, il portait en lui une humanité profonde, une capacité unique à rapprocher les cœurs et à célébrer les liens qui nous unissent. 

Jacques s’inscrivait au sein d’une fratrie remarquable. Feu Ronald, l’aîné, était un éducateur de renom ; Éric, un passionné du ballon rond, brillait dans le sport ; et Alex, mon camarade de classe et actuel PDG de Radio Méga, s’est illustré dans la radiodiffusion. Ensemble, les frères Saint-Surin partageaient un profond engagement dans le scoutisme, un cadre où se forgeaient leur altruisme et leur esprit de solidarité. Jacques, par son leadership naturel, renforçait ce lien familial et collectif. 

Par ses écrits diffusés sur sa page Facebook Cité des Poètes, Jacques exprimait son rêve d’une Jérémie érigée en haut lieu de l’intellectualité et de l’art. La création d’une Cité des Poètes représentait pour lui bien plus qu’un simple projet : c’était un manifeste, un hommage aux poètes oubliés et aux artistes méconnus des régions marginalisées, une affirmation de l’importance de préserver et de promouvoir la richesse créative haïtienne. 

Jacques ne se limitait pas à la poésie. Son œuvre picturale, en parfaite symbiose avec son écriture, ouvrait des perspectives nouvelles, où les formes et les couleurs dialoguaient avec les mots. Ses toiles, empreintes de profondeur et d’émotion, reflétaient l’âme vibrante d’Haïti et témoignaient de son engagement indéfectible envers son pays. À travers elles, il a légué un patrimoine artistique  d’une richesse incomparable. 

Jacques St-Surin

La disparition de Jacques St-Surin laisse un vide immense. À travers ses œuvres, il continue de célébrer Haïti, d’élever les âmes et d’inspirer le monde. Parmi ces œuvres, je tiens à mentionner avec une profonde gratitude cette splendide peinture de la tour Eiffel et du panorama envoûtant de Paris, qui embellit désormais mon salon. Chaque détail, exécuté avec une finesse remarquable, donne l’illusion d’une photographie prise par un maître de l’objectif. Pourtant, c’est bien de tes mains qu’est née cette œuvre magistrale, déposée sur la toile avec une virtuosité rare. Jacques, ton génie artistique transcende le temps et les mots, et ton œuvre est une véritable ode à la beauté.


Que sa mémoire soit célébrée comme celle d’un bâtisseur de rêves, d’un chantre de l’identité haïtienne, et d’un homme dont l’art a touché les cœurs et marqué l’histoire. Sa lumière, loin de s’éteindre, brille dans l’éternité.

Au nom du staff d'Haïti Connexion Network, nous adressons nos plus sincères condoléances à son épouse Géralde, à ses enfants; à ses frères Éric, Alex, Adrien et leur famille, à la famille Saint-Surin ainsi qu’à tous les proches et alliés éprouvés par cette perte. 

Herve Gilbert


Wednesday, December 4, 2024

Haïti – Offre d’emploi : Dictateur demandé

Le dictateur est un film satirique américain joué par Charlie Chaplain
(Film sorti en 1940)

Par Max Dorismond

Mes frangins ont la mémoire courte ou, de préférence, traînent leur esprit à ras le sol pour ne pas effaroucher les fantômes des despotes de la nation. Quand un camarade, au coin de la confidence, vient m’annoncer, en rapport à la crise récurrente, qu’on était mieux jusqu’en 1986, je brûle d’un vif désir de m’enfoncer, sur le champ, 100 pieds sous terre pour ne pas pousser un cri d’effroi. Souffrant d’aveuglement volontaire, ou du syndrome de Stockholm, il aurait, sans rechigner, déposé une gerbe de fleurs sur la tombe des anciens bourreaux.

 Quand, dictateur, ce mot, synonyme de damnation, revient dans la psyché collective de la génération d’hier, un flux sanguin doit s’activer violemment en elle à titre de répulsion. En réfléchissant sans cérémonie sur le sombre tableau qui se dessine sous nos yeux tous les jours, ayons le mal courage de découvrir le résultat ou les conséquences de ce système rétrograde et innommable enduré de 1957 à 1986. 

Ne coupez pas trop vite la corde qui relie nos malheurs à ce nombril. Tout ce qui se concrétise malgré tout, à l’heure actuelle, a pour origine cette époque de disgrâce qui voyait la patrie voguer en somnambule tout droit vers la catastrophe. Tout ce que nous visualisons présentement se révèle être la consécration directe de la barbarie de ce caporalisme révolu. Quelle que soit l’illustration désignée : concussion, vol, assassinat, tueries de masse, défiguration de nos cités, on y dénichera la racine de cette Fleur du mal qui éclot en couleur de sang sur le macadam. Je le répète, quel que soit le sujet épinglé, l’effet néfaste de cette autocratie passée y trouvera une place prééminente dans le déséquilibre ou la déstabilisation de l’édifice national.

Prenons simplement deux exemples :

1 — Pour consolider son pouvoir à vie, voyant se profiler à l’horizon, l’ombre des contestataires, surnommés Kamokins, le roi du sérail, effrayé, décida d’isoler toutes les villes de province en fermant tous les ports au commerce extérieur. Résultat : le taux de chômage ne se fit pas prier pour crever le plafond de la détresse. L’arrière-pays étranglé en paiera le prix fort. Les citoyens sidérés choisissent le chemin de la métropole, pour les plus démunis, ou de l’exil vers des cieux plus cléments, pour les plus fortunés. 

Chaque 22 septembre, le chef suprême se défoule. Pour rabattre le caquet des récalcitrants non pressés d’applaudir, il extraira de la campagne les paysans appauvris qui ne demandaient pas mieux, pour déplacer leur oisiveté, qu’à venir remplir la capitale et de s’y installer pour toujours. Quelles en furent les conséquences? : crise de logement, population incontrôlable, prostitution, vols, la multiplication des naissances, des enfants abandonnés et laissés pour compte. Ces derniers, rescapés des hasards de la vie, se convertissent en une source de bras à armer, disponibles pour les despotes en herbe qui les utilisent sans vergogne aujourd’hui pour leurs basses œuvres. 

2 — L’autre tranche de ce roman de cimetière nous ramène sur le chemin des écoles, des autres institutions de l’État. Le dictateur suspicieux devient allergique aux esprits éclairés. Par milliers, les gens les plus éduqués, les professeurs, les professionnels de tout poil sont forcés de prendre l’exil à tout prix sous peine de laisser leur peau. Le pays se dépeuple à vue d’œil de ses fils les plus expérimentés, les plus instruits. Ils seront remplacés par des ignares, par les plus bêtes des analphabètes qui, à leur tour, vont préparer des cargaisons d’autres crétins, une manière de boucler la boucle, d’où la compilation d’incompétents qui nous dirigent depuis un certain temps. 

À preuve, ça va tellement mal, à l’heure actuelle, que l’OMS (L’Organisation mondiale de la santé) qui ne reconnaît plus les diplômes d’Haïti, a retenu les services de ISTEAH (Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti), basé à Montréal, pour accroître le niveau de la formation médicale en Haïti, par «l’élaboration des normes nationales d’accréditation des programmes d’études en science de la santé: Médecine, Médecine dentaire, Pharmacie, Biologie médicale, Sciences Infirmières, Sage-femme, etc…», tant les professionnels gradués de nos jours sont loin d’être à la hauteur de leurs confrères de jadis. 

En étant confrontés aux ambitions de ces satrapes mal embouchés d’hier, nous voilà coincés à présent dans une souricière. Faute de solutions, nous réclamons le support des mêmes larrons qui nous avaient propulsés dans les entrailles de l’enfer. Regardons bien autour de nous, encore une fois. Tous les renégats qui hantent le plancher aujourd’hui ne sont que les rejetons de cette époque incontrôlable, les descendants, les héritiers du système. 

Et pourtant, à en croire certains intellos, il existe des dictateurs éclairés, qui se soucient d’abord du bien-être de leur pays. En prenant l’exemple de la Chine, du Rwanda, de la Turquie, de la Hongrie, nous pourrons citer Xi Jinping, Paul Kagame, Recep Tayyip Erdogan, Viktor Orbán, etc. Or, chez nous, nos diablotins ne font que piller, voler, assassiner tous ceux qui pensent leur barrer la route. Leur devise : c’est le pouvoir, la caisse et rien d’autre! 

Hier, il y avait un despote et son armée de macoutes. Aujourd’hui, les multiples héritiers, étant de la bonne école, jouent leur partition, chacun avec ses gangs de tueurs personnels. Au lieu de nous débarrasser des dictateurs, comme de la peste, on rêve de les revoir aux commandes. Ne les cherchez point, ils sont omniprésents et pratiquent déjà une répression dissimulée! Au contraire, nous avons tous un intérêt commun à empêcher la réédition de cette élite de type héréditaire ou technocratique, sinon Haïti est perdue définitivement. 

Du simple député au simple sénateur, sans oublier les présidents, les ministres, les directeurs, les oligarques, tous indistinctement possèdent leur propre escadron de la mort, se font la guerre par procuration, et la victime finale s’avère être le petit peuple. Le quotidien de ce dernier est un exercice de survie. Ces bandits de l’ombre personnifient un passé rétrograde et contribuent au siège sectoriel de la capitale éreintée.

 Max Dorismond