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Wednesday, December 4, 2024

Haïti – Offre d’emploi : Dictateur demandé

Le dictateur est un film satirique américain joué par Charlie Chaplain
(Film sorti en 1940)

Par Max Dorismond

Mes frangins ont la mémoire courte ou, de préférence, traînent leur esprit à ras le sol pour ne pas effaroucher les fantômes des despotes de la nation. Quand un camarade, au coin de la confidence, vient m’annoncer, en rapport à la crise récurrente, qu’on était mieux jusqu’en 1986, je brûle d’un vif désir de m’enfoncer, sur le champ, 100 pieds sous terre pour ne pas pousser un cri d’effroi. Souffrant d’aveuglement volontaire, ou du syndrome de Stockholm, il aurait, sans rechigner, déposé une gerbe de fleurs sur la tombe des anciens bourreaux.

 Quand, dictateur, ce mot, synonyme de damnation, revient dans la psyché collective de la génération d’hier, un flux sanguin doit s’activer violemment en elle à titre de répulsion. En réfléchissant sans cérémonie sur le sombre tableau qui se dessine sous nos yeux tous les jours, ayons le mal courage de découvrir le résultat ou les conséquences de ce système rétrograde et innommable enduré de 1957 à 1986. 

Ne coupez pas trop vite la corde qui relie nos malheurs à ce nombril. Tout ce qui se concrétise malgré tout, à l’heure actuelle, a pour origine cette époque de disgrâce qui voyait la patrie voguer en somnambule tout droit vers la catastrophe. Tout ce que nous visualisons présentement se révèle être la consécration directe de la barbarie de ce caporalisme révolu. Quelle que soit l’illustration désignée : concussion, vol, assassinat, tueries de masse, défiguration de nos cités, on y dénichera la racine de cette Fleur du mal qui éclot en couleur de sang sur le macadam. Je le répète, quel que soit le sujet épinglé, l’effet néfaste de cette autocratie passée y trouvera une place prééminente dans le déséquilibre ou la déstabilisation de l’édifice national.

Prenons simplement deux exemples :

1 — Pour consolider son pouvoir à vie, voyant se profiler à l’horizon, l’ombre des contestataires, surnommés Kamokins, le roi du sérail, effrayé, décida d’isoler toutes les villes de province en fermant tous les ports au commerce extérieur. Résultat : le taux de chômage ne se fit pas prier pour crever le plafond de la détresse. L’arrière-pays étranglé en paiera le prix fort. Les citoyens sidérés choisissent le chemin de la métropole, pour les plus démunis, ou de l’exil vers des cieux plus cléments, pour les plus fortunés. 

Chaque 22 septembre, le chef suprême se défoule. Pour rabattre le caquet des récalcitrants non pressés d’applaudir, il extraira de la campagne les paysans appauvris qui ne demandaient pas mieux, pour déplacer leur oisiveté, qu’à venir remplir la capitale et de s’y installer pour toujours. Quelles en furent les conséquences? : crise de logement, population incontrôlable, prostitution, vols, la multiplication des naissances, des enfants abandonnés et laissés pour compte. Ces derniers, rescapés des hasards de la vie, se convertissent en une source de bras à armer, disponibles pour les despotes en herbe qui les utilisent sans vergogne aujourd’hui pour leurs basses œuvres. 

2 — L’autre tranche de ce roman de cimetière nous ramène sur le chemin des écoles, des autres institutions de l’État. Le dictateur suspicieux devient allergique aux esprits éclairés. Par milliers, les gens les plus éduqués, les professeurs, les professionnels de tout poil sont forcés de prendre l’exil à tout prix sous peine de laisser leur peau. Le pays se dépeuple à vue d’œil de ses fils les plus expérimentés, les plus instruits. Ils seront remplacés par des ignares, par les plus bêtes des analphabètes qui, à leur tour, vont préparer des cargaisons d’autres crétins, une manière de boucler la boucle, d’où la compilation d’incompétents qui nous dirigent depuis un certain temps. 

À preuve, ça va tellement mal, à l’heure actuelle, que l’OMS (L’Organisation mondiale de la santé) qui ne reconnaît plus les diplômes d’Haïti, a retenu les services de ISTEAH (Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti), basé à Montréal, pour accroître le niveau de la formation médicale en Haïti, par «l’élaboration des normes nationales d’accréditation des programmes d’études en science de la santé: Médecine, Médecine dentaire, Pharmacie, Biologie médicale, Sciences Infirmières, Sage-femme, etc…», tant les professionnels gradués de nos jours sont loin d’être à la hauteur de leurs confrères de jadis. 

En étant confrontés aux ambitions de ces satrapes mal embouchés d’hier, nous voilà coincés à présent dans une souricière. Faute de solutions, nous réclamons le support des mêmes larrons qui nous avaient propulsés dans les entrailles de l’enfer. Regardons bien autour de nous, encore une fois. Tous les renégats qui hantent le plancher aujourd’hui ne sont que les rejetons de cette époque incontrôlable, les descendants, les héritiers du système. 

Et pourtant, à en croire certains intellos, il existe des dictateurs éclairés, qui se soucient d’abord du bien-être de leur pays. En prenant l’exemple de la Chine, du Rwanda, de la Turquie, de la Hongrie, nous pourrons citer Xi Jinping, Paul Kagame, Recep Tayyip Erdogan, Viktor Orbán, etc. Or, chez nous, nos diablotins ne font que piller, voler, assassiner tous ceux qui pensent leur barrer la route. Leur devise : c’est le pouvoir, la caisse et rien d’autre! 

Hier, il y avait un despote et son armée de macoutes. Aujourd’hui, les multiples héritiers, étant de la bonne école, jouent leur partition, chacun avec ses gangs de tueurs personnels. Au lieu de nous débarrasser des dictateurs, comme de la peste, on rêve de les revoir aux commandes. Ne les cherchez point, ils sont omniprésents et pratiquent déjà une répression dissimulée! Au contraire, nous avons tous un intérêt commun à empêcher la réédition de cette élite de type héréditaire ou technocratique, sinon Haïti est perdue définitivement. 

Du simple député au simple sénateur, sans oublier les présidents, les ministres, les directeurs, les oligarques, tous indistinctement possèdent leur propre escadron de la mort, se font la guerre par procuration, et la victime finale s’avère être le petit peuple. Le quotidien de ce dernier est un exercice de survie. Ces bandits de l’ombre personnifient un passé rétrograde et contribuent au siège sectoriel de la capitale éreintée.

 Max Dorismond


3 comments:

  1. Comme d habitude et encore plus souvent ces jours -ci , Notre GRAND MAX revient a la charge , plus frustre de colere que jamais

    Je comprends sa colere et son indignation , mais mon "' Grand Max ""comme je t appelle souvent , avant de completement rendre ces derniers venus sur la scene politique haitienne , je t aurais vivement s conseille de lire le Dernier ouvrage de Daniel Rouzier avec pour titre
    "" LES MEMOIRES D un FOU et tu verras comment nos problems actuels ont des racines plus , mais beaucoup plus profondes que
    l ont veut nous faire croire , Ce ne sont que les ecumes d un passe
    tourmente de Trahisons et de crimes que finalement nous arrive sur une plage pleinement infestee

    Jean A Dit JEAN LE CAPITAINE

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  2. Par Erreur de Frappe lire .... avant de rendre ... responsables ces derniers .... etc

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  3. Cela fait des années que je le dis et le répète: l’origine de tous nos maux est le Duvalierisme Criminel,Corrompu et Impénitent vue qu’ils s’acharnent à continuer leur œuvres destructrices sur ce pauvre pays dont il ne reste que l’immonde carcasse, dénudée de tout ce qu”il y avait de viable. J’ai,en effet rencontré des pauvres d’esprit protestant que tout était bien meilleur à l’époque de l’immonde dictature de ce prétendu médecin. A ceux la,l’attitude la plus logique serait d’essayer de leur faire voir la cruelle vérité que toute la situation actuelle est la résultante de cette période Noire de notre histoire: de 57 à 86! L’Histoire ne sera pas tendre pour les Duvalier et leurs complices.Requiem pour notre pays,ou du moins ce qu’il en reste..

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