Acculés, le président américain Donald Trump et sa garde rapprochée n'hésitent plus à avancer les idées les plus osées comme l'instauration de la loi martiale, selon plusieurs médias américains. Cette option aurait été évoquée lors d'une réunion vendredi 18 décembre et a suscité de nombreuses critiques dans la classe politique, malgré une dénégation laconique de Donald Trump sur Twitter.
L'idée de confier le pouvoir exécutif et judiciaire à l'armée circule depuis début décembre chez les plus fervents supporters de Donald Trump et permettrait, selon ses partisans, de confier aux militaires l'organisation d'un nouveau scrutin présidentiel.
La loi martiale n'a plus été utilisée par le gouvernement fédéral depuis la Seconde guerre mondiale. Selon une étude du centre de réflexion juridique Brennan Center for Justice, publiée en août, Donald Trump aurait besoin de l'accord du Congrès pour l'instaurer. «Cela n'arrivera pas», a anticipé dimanche, sur la chaîne CNN, le sénateur républicain Mitt Romney, pour qui «tout cela ne va nulle part».
Dimanche, Donald Trump a démenti l'information sur Twitter, écrivant: «Loi martiale = Fake News». Plusieurs élus républicains locaux l'ont encouragé ces dernières heures à choisir cette voie.
Malgré le vote lundi des grands électeurs, qui ont confirmé l'élection du démocrate Joe Biden, et l'échec des procédures judiciaires initiées par son camp pour dénoncer des irrégularités lors du scrutin, l'ancien promoteur immobilier refuse de lâcher prise.
Mardi sa porte-parole, Kayleigh McEnany, a minimisé le vote des grands électeurs, qui n'est, selon elle, qu'«une étape dans le processus constitutionnel», et rappelé que toutes les actions en justice n'étaient pas purgées.
«Embarrassant»
Après avoir attendu plus d'un mois, quelques grandes figures du parti républicain, le chef de file au Sénat Mitch McConnell en tête, ont acté cette semaine la défaite de Donald Trump, même si une extrême réserve domine. À part Mitt Romney, aucun élu conservateur d'importance n'a ainsi condamné l'idée de recourir à la loi martiale.
«Tout élu ou candidat républicain qui garde le silence sur ce sujet ne mérite pas de diriger», s'est indigné dimanche Pat Garofalo, élu républicain à la Chambre des représentants du Minnesota.
«Le président pourrait faire du dernier chapitre de son mandat une victoire avec l'arrivée du vaccin» contre le Covid-19 plutôt que de contester l'issue du scrutin, a déclaré dimanche Mitt Romney, une des rares voix critiques de son parti durant la présidence Trump. «C'est vraiment triste et embarrassant.»
Beaucoup se seraient aussi opposés à une autre suggestion du président, celle de nommer l'avocate controversée Sidney Powell procureure spéciale en charge d'enquêter sur d'éventuelles irrégularités électorales.
Cette ancienne procureure de 65 ans affirme, depuis des semaines, avoir mis au jour un complot international pour faire échec à Donald Trump, sans la moindre preuve. Après avoir collaboré avec l'équipe des avocats du président, elle en a été écartée.
Aurait aussi été évoquée vendredi la possibilité d'un décret présidentiel qui ordonnerait la saisie, pour examen, de machines de vote, instrument d'une fraude à grande échelle selon le camp Trump, qui n'a produit aucune preuve.
À mesure que la fenêtre, si elle existe encore, se rétrécit, le chef de l'État s'appuie sur un nombre de plus en plus restreint de fidèles et sur des médias ultra-conservateurs aux frontières de l'information.
Donald Trump puise ainsi dans les théories conspirationnistes de sites marginaux comme The Gateway Pundit, qu'il a retweeté dimanche, et continue de galvaniser sa base, dont le noyau croit encore en un retournement de situation, à en croire les réseaux sociaux.
Le clan Biden, lui, refuse de se laisser entraîner dans un débat qui n'a plus lieu d'être, selon lui. «Il se passe trop de choses dans ce pays (...) pour que nous nous inquiétions de ce qui se passe dans le Bureau ovale», a déclaré dimanche la future responsable presse du président Biden, Jen Psaki, sur Fox News.
Certains disent «que Trump empire à mesure qu'approche le 20 janvier», a commenté l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président sortant, John Bolton. «C'est faux. C'est le même comportement, qui se répète indéfiniment.»
Source: Le Figaro
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