Josaphat-Robert Large, peinture en exposition permanente au KEPKAA à Montréal, un don du poète à cet Institut de promotion du créole au Québec. |
Par: Mérès Weche
Josaphat-Robert Large, dit Bobisson, fut poète, essayiste et photographe. Cependant, en me voyant peindre Émile Roumer et Frankétienne d’une manière peu photographique, il m’avait demandé de lui en faire une qui irait sinon jusqu’à la caricature, du moins sans trop grande fonction de représentation figurative. Cette requête m’a été faite à Jérémie au cours d’un bref séjour littéraire chez le Père Jomanas Eustache à Numéro-Deux. En ce lieu, il ne pouvait ne pas évoquer avec moi les sentiments de révolte qui l’ont fait quitter Jérémie trop tôt. On regardait à l’horizon se lever le soleil dans une rougeur qu’il captait tout de suite de sa caméra, pour être plus tard objet de poésie. La voix de Guy-Marie Louis le sortait brusquement de son double extase, car il fallait descendre tout de suite en ville pour l’ouverture du Festival.
C’était à l’occasion des préparatifs, à Port-au-Prince, de cet événement annuel en Grand-Anse, que Jean-Pierre Alcindor et moi parlions de cet ami commun qui chérissait d’un même front la poésie et la photographie. Voici que dix ans plus tard un texte très évocateur de Nadine Magloire vient réveiller de vifs souvenirs partagés dans des révélations les unes plus inédites que les autres. Ainsi me vient à l’idée de rendre publique ce portrait de lui qu’il voulait davantage artistique, allant même jusqu’à la déformation, mais assez allusive pour le faire reconnaitre. Je l’ai peint dans un nuage de New-York où il a passé le plus clair de sa vie d’exilé. Poète révolutionnaire, il fut pourtant très sensitif face aux beautés de la nature qu’il captait sur le vif, de son œil de poète et à l’aide de sa caméra de photographe.
Mérès Weche
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