Par
Jacques Saint-Surin
Notre
monde est patriarcal. C'est une évidence. Tout se concentre autour des hommes
et se définit par leur bon vouloir et leur diktat.
Portrait d'une femme haïtienne |
Alors
il est, tout à fait normal, que les hommes prennent , toujours, des décisions
qui les avantagent d'abord avant de penser à celles des femmes.
Les
trois religions monothéistes --le Catholicisme, l'Islam et le Judaïsme imposent
l’autorité et la supériorité de l'homme sur la femme qui est mise, constamment
au second plan de l’échelle sociale.
La
bible commande : "Femmes, soyez de même soumises à vos maris, afin que, si
quelques-uns n'obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par
la conduite de leurs femmes" (1 Pierre 3:1). Ou encore dans Éphésiens
5:22-24 : "22 Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au
Seigneur ; 23 car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de
l'Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. 24 Or, de même que
l'Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leur mari en
toutes choses".
Le
Coran : « Les hommes ont autorité sur les femmes » [Sourate An-Nisa : 34]
« Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui
doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah
» [sourate An-Nisa : 34]
« Si une femme prie ses cinq prières (quotidiennes) et préserve ses parties
intimes chastes et obéit à son mari, elle entrera au paradis, par la porte
qu'elle souhaite. » [Rapporté par Ibn Hibban dans son Sahih].
« Quand un homme appelle sa femme au lit et qu’elle ne lui vient pas et qu’il
passe la nuit fâché contre elle, les anges la maudissent jusqu’au matin. »
[Rapporté par Al-Bukhari et Muslim]
Femme mère |
Qui
ont formulé ces exigences ? Les Arabes
et les Juifs, selon leur us et coutumes. Et surtout ce qui avantage leurs appareils génitaux. Le roi Salomon
n'avait-il pas un harem de 365 épouses ? Ne couperait-il pas la tête d'une de
ces femmes si elle oserait un flirt d’infidélité avec un autre homme. Un
musulman peut avoir plusieurs épouses. Mais la femme musulmane subirait la
Charia si elle était infidèle.
La
Charia est une Loi canonique islamique régissant la vie religieuse, politique,
sociale et individuelle, appliquée de manière stricte dans certains États
musulmans. (Larousse).
David et Bethsabée |
On
peut lire dans 2 Samuel 11.1-12.25 ceci : "2 Un soir, David se leva de son
lit. Comme il se promenait sur le toit du palais royal, il aperçut de là une
femme qui se baignait et qui était très belle.
3 David fit demander qui était cette femme et on lui dit: «N'est-ce pas
Bath-Shéba, fille d'Eliam et femme d'Urie le Hittite?»
4 David envoya alors des messagers la chercher. Elle vint vers lui et il coucha
avec elle, alors qu'elle venait de se purifier après ses règles. Puis elle
retourna chez elle."
Allons
maintenant en Europe et ouvrons le livre de la grammaire française. N'est-il
pas clairement exprimé que "le masculin remporte sur le féminin" ?
Machisme et misogynie ! Qui a formulé ces règles chauvinistes, parmi tant
d'autres, régissant la vie sociale des Européennes ? Les hommes, bien sur ! Les
rois pouvaient, à leur guise, faire guillotiner leurs femmes et concubines pour
cause d’infidélité. Les reines n'en pouvaient autant, à ce que je sache.
Pour
les Hispaniques des Antilles et de l’Amérique Latine, le terme
"macho" stipule bien la liberté des "hombres" de subjuguer
les femmes, à leur gré.
Mes
cousins de l'Afrique et des continents américains répriment, sévèrement,
l'attitude indépendante des femmes affranchies. Car la soumission de la femme
est un devoir et les contrevenantes en subissent de cruelles sévices. Le
traitement abusif des femmes est un fait
courant de la vie quotidienne. Quoique les mesures drastiques contre la
violence féminine soient légiférées et en vigueur, pour palier ce mal, ces cas
d'abus abondent, chaque jour et de plus en plus, dans les tribunaux.
La paysanne haïtienne |
Haiti
n'en est pas exclu. Avant la Constitution de 1987, (peut-être avant), "la
femme mariée fut considérée mineure". Elle devait même avoir la permission
de son époux pour obtenir un passeport et un visa pour voyager. La plupart des
femmes se soumettent à cette mentalité dégradante jusqu’à ce jour. Un fait
criant, la majorité de l’électorat
féminin ont voté le candidat Michel Martelly à la présidence d'Haiti, en 2011,
versus Mirlande Manigat. Et cela malgré le manque de respect du musicien pour
la femme ; ce qui est flagrant et une
constance, avant, durant et après sa présidence. On est en droit de dire que
ces votantes ont préféré l'ignominie et la bêtise du "bandi legal" (sic dixit) à la décence et l'intellectualisme
d'un érudit.
Un
mouvement féministe s'impose, en Haiti. Avec des exigences adaptées aux
réalités et à la culture haïtiennes. Couramment, plusieurs personnalités de la
Diaspora haïtienne et en Haiti travaillent assidûment et d'arrache-pied, pour
démarrer ce mouvement féministe, dans le pays. Très prochainement ! Il y aura
bien de détracteurs. Comme à l’accoutumée, l'ostracisme et l’insécurité des
obscurantistes, des négligeables, des déplorables, des brutes et des durs à
cuire seront à la table de l'opposition pour contrecarrer ce mouvement.
La
feuille de route de cette organisation sera centrée sur trois actions
spécifiques:
1- l'autonomisation des femmes qui impliquera une dynamique devant assurer leur
indépendance financière. Ce faisant, les mères de familles seront
économiquement habilitées à assurer l’écolage de leurs enfants, les jeunes
filles, en particulier. Ainsi, on peut espérer un frein dans l'exploitation
sexuelle de ces jeunes filles en difficultés économiques, obligées à se lier
d'affaires de concubinage avec des "sugar daddies" qui paient leur
écolage et autres nécessites de survivance.
2-
Assurer une éducation solide et appropriée en créant, à
travers le pays, des institutions scolaires bien équipées avec du matériel
pédagogique adéquat et des professeurs chevronnés pour renforcer les capacites
intellectuelles des jeunes femmes ;
3-
Encourager les femmes à une plus grande participation dans les grandes
décisions et actions de la vie nationale ;
a) Inciter les femmes à prendre une part plus active dans la politique. Bien
que le mouvement féministe se voudra apolitique, il épaulera toutes les femmes
vaillantes et conséquentes qui viseront les postes politiques les plus
importantes telles que Maires, députées, sénatrices, magistrate suprême, etc.
b) Mener une campagne sur le plan judiciaire devant accroître la présence de beaucoup
plus de femmes dans le système des ordres de la justice et de l'administration.
c) Organiser, partout dans le pays, des brigades de vigilance qui œuvreront aux
cotés des autorités, comme des auxiliaires volontaires de la justice, pour
faire respecter les droits de la femme et appliquer les lois contre les abus et
la violence perpétrés sur elles.
Les
femmes haïtiennes doivent comprendre que l'effectif majoritaire des hommes dans
les instances de grandes décisions de la nation n'arrangera, au prime abord,
que l’intérêt patriarcal. Il s'impose une balance de l’équation pour que la
femme haïtienne ait une voix sonore dans les décisions relatives à ses intérêts
et son avancement.
D'autres
considérations seront faites pour que le mouvement féministe trouve une
atmosphère plus agréable aux femmes dans la société haïtienne. La promotion du
respect des droits égalitaires du citoyen haïtien en général et leur promotion
doivent être la pierre angulaire pour le progrès, la paix, l'harmonie, en
Haiti.
Espérons
que la femme haïtienne --ou du moins, la plupart-- se libère, avant tout, de
cette mentalité rétrograde que son existence, sa survie et son bonheur
dépendent, uniquement, d'un homme !Chicago le dimanche 23 juillet 2017.
Auteur
Jacques St-Surin |
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