Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Monday, October 31, 2016

Après le déluge Matthew : des eaux de surface au fond de l’abîme (1 de 2)

Par: Leslie Péan
L'eau de la mer est entrée jusque dans les maisons en
certains endroits de la basse-ville de Jérémie.               
Les dégâts causés par le cyclone Matthew sont connus. La désolation s’est installée dans le territoire de la Grand’Anse où l’on entend même plus le chant des oiseaux. Rares sont les gazouillis des tourterelles et des sèpantye (charpentiers) à tête rouge qui, nichant et faisant leur demeure dans les trous des bois, ont échappé au désastre. Les mauvaises nouvelles alimentent bien des rumeurs et enveniment une situation déjà apocalyptique. Dans l’économie anémiée d’un État en faillite, le passage de l’ouragan dévastateur aggrave encore la situation et accroit les craintes de la déliquescence finale. La moindre alternative sérieuse exige des idées nouvelles permettant de passer des eaux de surface au fond de l’abîme, de l’aide humanitaire à la reconstruction, et d’aller au cœur des tourments qui assaillent la société. Car le cyclone Matthew qui est passé à Cuba avec la même intensité n’a fait aucun mort, tandis qu’il en a fait plusieurs centaines sinon un millier en Haïti.

La basse-ville de Jérémie a été lessivée par l'ouragan.
La différence vient du fait que, malgré le tremblement de terre de 2010, la roue de l'ignorance continue de tourner en Haïti. Surtout au chapitre des questions environnementales. Une méga tendance qui ne produit aucun bien pour la grande majorité de la population. De ce fait, les résultats de la politique de l'ignorance comme modèle de contrôle social sont époustouflants. Les risques pour la société haïtienne ne font qu'augmenter tant que le niveau d'éducation de la population n'est pas relevé. L'État n’a rien fait pour imposer des dispositifs anticycloniques et des normes dans les zones à risque. Des bulletins météorologiques avaient alerté la population plusieurs jours à l’avance et le président Jocelerme Privert s’est adressé à la nation le 2 octobre en disant  : « Mes compatriotes, ne soyez pas têtus, ne dites pas "Dieu est bon" et prendra soin de vous : il faudra évacuer les zones qui représentent un danger. Nous n'avons aucun intérêt à risquer notre vie. »

Son message n’a pas été écouté par tous et nous payons cher, très cher, cette obstination de nos élites à maintenir notre peuple dans une mentalité archaïque qui refuse la modernité.Fondamentalement, la réflexion nécessaire pour prêter secours aux victimes exige un renversement de tendance dans nos comportements irrationnels, dans la manière dont notre société se pense et fonctionne,  dans les fondements de nos rapports avec nous-mêmes et avec la communauté internationale. En effet, l’expérience de la gabegie internationale lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010 est encore dans les esprits et on comprend aisément le refus du gouvernement haïtien de déclarer l’état d’urgence. 


Vue aérienne de Corail dans la Grand'Anse le 7 octobre
2016 après le passage de l'ouragan .                             
Pour remédier à cela, Haïti a besoin de mettre en place en toute transparence un réceptacle (une institution) pour recevoir les conseils permettant de distribuer efficacement l’aide humanitaire mais surtout pour guider les investissements afin qu’ils soient faits au bon endroit. Pour sauver Haïti de la débâcle totale, il importe d’avoir une vraie vision pour investir dans les facteurs de croissance en commençant par l’éducation.

Les vents violents ont causé des destructions dans les secteurs suivants : 1) les habitations non conformes aux normes sécuritaires de construction ; 2) les infrastructures publiques (eau, électricité, téléphone, ports) ; 3) la végétation (arbres déracinés, branches brisées) et 4) le bétail (bœufs, cabrits, porcs, poulets) qui a été tué et transporté par les eaux. La mer et la pluie ont endommagé par des inondations et détruit les biens mobiliers des habitations. Les crues des rivières Rouyonne à Léogane, La Guinaudée à Jérémie,  Ladigue à Petit-Goâve, Serpent et Despins à L’Asile, Voldrogue à Roseaux, Glace sur la route Cayes-Jérémie, etc. ont saccagé les plantations agricoles, pollué les eaux rendues impropres à la consommation et  provoqué des éboulements et glissements de terrain. Enfin, le réseau routier a été gravement  endommagé.

La réponse humanitaire
60.000 maisons ont été détruites en Haïti par l'ouragan.
selon la Croix-Rouge.                                                   
Le grand nombre de personnes qui ont perdu la vie est dû essentiellement au déficit d’État et à la faiblesse du système d’alerte mis en place. D’où le niveau de dévastation dans l’habitat (les maisons), l’agriculture et les infrastructures. L’aide d’urgence dont l’objectif est de faire la soudure entre le passage de Matthew les 3-4 octobre et les premières récoltes ne devrait pas dépasser six mois. Dans la hiérarchie des besoins, la nourriture est principale. Puis viennent l’eau, l’assainissement, l’habitat d’urgence et les soins de santé essentiels. Des distributions de nourriture organisées par le gouvernement et la société civile ont commencé dans certaines localités. La solidarité interhaïtienne s’est manifestée immédiatement. Puis les Américains ont effectué une première distribution de nourriture  le 9 octobre à la capitale et dans le Sud. La nourriture consiste en riz, pois et huile. Il importe d’y ajouter plus de protéines, des légumes, ainsi que des feuilles pour la vitamine C.

Vue partielle de quatre chemins à l'entrée des Cayes
le 5 octobre 2016                                                    
Le calendrier de distribution de nourriture mérite d’être établi par ville et zone affectée afin de rationaliser et de maximiser les effets. Dans le même temps, il s’agit de distribuer des semences à croissance rapide (maïs, choux, manioc, patates douces,  melons, etc.) La politique de l’aide alimentaire à ceux qui ont tout perdu devrait être couplée à une politique de production alimentaire. Une semaine après le passage du cyclone Matthew, dans beaucoup d’endroits, la population attend avec impatience le début de la distribution alimentaire. Haïti a reçu l'aide alimentaire de plusieurs pays. Des dizaines d’ONG dont Food for the Poor, Action contre la Faim, Care,  ont porté les premiers secours à ceux touchés par le  sinistre. Des denrées sont arrivées sur place, mais certains pointent la lenteur de la distribution. Par exemple, c’est le cas aux Cayes où selon un sinistré, « On est là depuis le dimanche 2 octobre. Jusqu’à présent on n’a vu aucune autorité de l’État. Seulement la Croix-Rouge comme institution non gouvernementale a visité, une fois, l’abri provisoire du Lycée Philippe Guerrier des Cayes ». Il importe donc d’augmenter la cadence des activités de distribution surtout dans les zones reculées.

La réponse humanitaire veut être à la hauteur des 10% de la population touchée, dont près d’un demi-million d'enfants dans les régions les plus affectées. Mais cela ne suffit pas étant donné l’ampleur des dégâts et la faiblesse des structures locales. Le moment ne serait-il pas venu, comme l’annonce l’éditorial du journal britannique The Guardian, de mettre en œuvre un vaste programme de réparations de la communauté internationale pour Haïti ? En effet, Haïti a payé à la France pendant un siècle 90 millions de francs-or, soit un montant estimé entre 17 milliards de dollars et 21 milliards de dollars aujourd’hui. La décapitalisation d’Haïti qui s’en est suivie fait paraitre comme une goutte d’eau les 120 millions de dollars sollicités par les Nations Unies pour Haïti pour les trois prochains mois.

Les béquilles dominicaines
Béquilles est un livre à lire pour com
prendre l'univers caché des sortilèges
soutenant les relations entre les élites
des deux pays.                                  
Dans tous les cas, sur le plan multilatéral, selon le bureau des Nations Unies pour l'aide humanitaire (OCHA en anglais), 2.1 millions de personnes sont affectées et 750.000 personnes, dont 315 000 enfants, ont besoin d'une assistance immédiate. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a constitué des réserves pour nourrir 300.000 personnes pendant un mois, dont 25 tonnes sont allouées à Jérémie pour nourrir 9.000 personnes pendant une semaine. D’autres activités sont menées par ACTED (santé),  PNUD (eau, assainissement et hygiène), Catholic Relief Service (sécurité alimentaire), etc. Sur le plan bilatéral, l’aide humanitaire provient de Washington à Cuba en passant par la France, l’Union européenne, la Suisse, l’Allemagne, le Canada, le Venezuela, la Colombie, la République Dominicaine. Washington a envoyé un navire avec 400 Marines. Ces derniers assistent la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour sécuriser les convois d’aide alimentaire contre les attaques des pilleurs. La France envoie 60 soldats et 32 tonnes (aide humanitaire, dispositifs de purification d'eau). Cuba a envoyé des médecins et du personnel sanitaire. Le Venezuela et la Colombie ont envoyé des bateaux remplis de provisions alimentaires, de matériels techniques ainsi que d’un hélicoptère pour le transport des équipements.

Hispaniola 
La solidarité de la République Dominicaine avec Haïti est particulièrement appréciable dans cette conjoncture. Des supports, comme je l’ai signalé en 2014 dans l’ouvrage Béquilles — Continuité et des ruptures dans les relations entre la République Dominicaine et Haïti. Des béquilles similaires à celles utilisées jusqu’ici pour monter et descendre des escaliers aux marches inégales pouvant provoquer des chutes, comme l’atteste l’arrêt TC168-13 sur les milliers de Dominicains d’origine haïtienne. Le président Danilo Medina a envoyé un convoi humanitaire de 500 camions et véhicules avec un matériel lourd diversifié, de la nourriture et des techniciens pour aider à la reconstruction. L’aide alimentaire constituée de 25 mille tonnes d’aliments crus est destinée aux populations de Jérémie, Grand’Anse, Roche-à-Bateaux, Ile-à-Vaches, Cayes, Port-à-Piment, etc. 

Cinq unités de cuisine mobile ont été envoyées à Pedernales pour cuire les aliments. D’un autre côté, le Ministère de l’Agriculture dominicain a  expédié des camions contenant 600 mille bananes, 36 mille kilos de patates, 25 mille livres de fromage, 55 mille livres de poulet et  95 mille livres de riz. D’autres produits envoyés sont des saucisses, des sardines, des biscuits, du zinc, et du bois pour la construction des maisons. Cette coopération Sud-Sud inclut également 40 équipements lourds tels que des grues et des camions et plus de 250 experts dominicains. Enfin, l’aide dominicaine comporte aussi le carburant pour les équipements et toute la logistique en matière d’ambulances, d’hélicoptères, d’ateliers mobiles, de centrales électriques mobiles et des équipements pour fournir l'eau potable. (à suivre)

Citation du Président Jocelerme Privert cité dans « Un ouragan se rapproche de Cuba, Haïti et la Jamaïque », Le Figaro, France, 2 octobre 2016.
Edver Serisier, « Les sinistrés s’impatientent », Le National, 11 octobre 2016.
« The Guardian view on Haiti: time to repay our debts », The Guardian, 11 October 2016.
OCHA, Haïti Situation report, No. 8, October 12, 2016.
Leslie Péan, Béquilles –Continuité et ruptures dans les relations entre la République Dominicaine et Haïti, Pétionville, C3 Éditions, 2014.
Presidencia de la República Dominicana, « Toneladas de alimentos camino a Jimaní para entregar mañana a Haití », 11 de Octubre de 2016.

Par: Leslie Péan

Sunday, October 30, 2016

La France n’entend pas lâcher l’Afrique (suite de 1)

Par Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca


La métamorphose :
La Chine et l'Afrique se retrouvent à Johannesburg lors
du 6ème FOCAC ou sommet Chine-Afrique.               
Mais, un matin, un petit chinois, deux petits chinois, et en définitive, la Chine au complet débarquent avec leurs capitaux. Voilà l’Afrique qui respire autrement. Le besoin des matières premières, tels que les  minerais, les hydrocarbures, le bois, les denrées alimentaires etc …, oblige l’empire du milieu à exécuter ce plongeon sous les baobabs, sans s’immiscer dans les affaires politiques de ses associés et en pratiquant un commerce bilatéral. Les Africains viennent de découvrir un autre modèle économique où ils sont considérés comme des partenaires à part entière. Ce rapprochement inédit est symbolisé depuis 2009  par les désormais très médiatisés et commentés « Forum on China Africa Cooperation (FOCAC) ». En 2015, ce fut le 6ème FOCAC ou Sommet Chine-Afrique, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Xi Jinping, le président chinois a  frappé les esprits en octroyant 60 milliards de dollars d’aide au continent pour aider les PME africains, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards à taux préférentiels. Il s’est aussi engagé à « effacer les dettes gouvernementales sans intérêts, échues fin 2015 » pour les pays les moins avancés. 35 chefs d’État étaient présents. Des projets avec la Chine, il y en a à profusion : « Trois réseaux d’infrastructures et industrialisation. Un gigantesque projet qui mêle réseau ferroviaire à grande vitesse, réseau autoroutier et réseau régional d’aviations ». Avec ces centres de formation, 200 000 techniciens africains seront formés et 40 000 iront faire des stages au pays de Mao. 30 000 bourses seront offertes à des étudiants et 200 chercheurs seront invités chaque année à poursuivre leurs travaux là-bas.  Entre temps, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. Et ce n’est pas tout. D’autres acteurs asiatiques (Malaisie, Singapour) et moyens orientaux (Israël, Arabie Saoudite, Koweït) grouillent dans le décor. La France est vraiment supplantée. Le scénario du futur présage d’une compétition accrue. Or, bien longtemps avant, plusieurs spécialistes et analystes avaient averti l’Europe de cette intrusion. Mais, en se cloîtrant avec délice dans la certitude de leur ignominie, leur rapacité et leur confiance leur ont enlevé toute velléité de perspicacité pour y prêter attention. En effet, John Colley en 1965, dans son ouvrage, «East Wind over Africa : Red China’s African offensive », avait écrit : « La Chine s’est installée en Afrique et compte bien y rester… Du Caire à Capetown, des îles de l’Océan indien au Golfe de Guinée, traversant les savanes et les montagnes, un vent nouveau venu d’Orient souffle sur l’Afrique ». Les exploiteurs avaient oublié que le destin n’est pas immuable.

Surprise sur prise
En plus de ce revirement commercial, l’Europe dans son ensemble s’est réveillé en 2014 avec une larme déferlante sur son territoire. Devenue exsangue, asphyxiée économiquement, l’Afrique n’avait rien à offrir à sa jeunesse. Une vague migratoire de gens de toutes les races, de toutes les conditions et religions, venant de ces coins déshérités prennent d’assaut les remparts du vieux continent. Dans leur dessin, cette palette était insoupçonnée. Les identités meurtries par les flétrissures de la colonisation, appâtées par les images de L’eldorado européen, les nouveaux refugiés foncent par grappe sur l’occident pour aller voir ailleurs malgré les dangers inhérents. Ils se sont forgés une philosophie : « Avancer, c’est mourir ; reculer, c’est mourir. Alors mieux vaut avancer et mourir ». Telle est  leur devise. 
Sommet européen de Malte sur l'immigration en 2015
Face à ce surprenant revirement, face au réveil des résignés, face aux brûlants appétits des pays émergeants, Chine, Brésil et Inde, sentant la soupe chaude, la France se lance à son tour dans des sommets de charme en 2015 ; le Sommet de Malte sur l’immigration,  le Sommet des chefs d’État africains tenu  à Paris et « Africa 2016 » toujours à Paris. Au cours de ses instances, les Africains, se croyant au paradis, entendent pour la première fois des sons mélodieux glisser tendrement au fond de leur tympan : « Rapport économique d’égal à égal », « partenariat gagnant-gagnant », et « new-deal », quelques 1,8 milliards d’euros pour confiner leurs citoyens chez-eux, etc... Cette volte-face résulte de la conjoncture et encore de l’arrivée de nouveaux partenaires, au point que Christophe Sirurge, secrétaire d’État français à l’industrie soutient que «  la concurrence est rude avec Pékin mais aussi avec les États-Unis et la Turquie ». Dans les statistiques, le commerce avec la France ne représente plus que 5,8% des échanges internationaux de l’Afrique en 2014 contre 10,1% en 2000. Les Africains en profitent pour réclamer la formation des cadres nationaux pour prendre le relais du personnel étranger et assumer eux-mêmes leur développement économique…etc. Pour François Hollande, «la relation avec l’Afrique ne doit pas être à sens unique », et il continue : « La France avait besoin que les entreprises africaines investissent chez nous ». OH ! Que de considérations. Quelle symphonie ! Il s’est fixé le cap de doubler les échanges économiques entre la France et l’Afrique.  Un peu plus loin, le chef d’État français souligne que « les visas accordés aux entrepreneurs, étudiants ou encore artistes africains ont déjà augmenté de 13% depuis le début de l’année ».

Le bonheur presque parfait 
E les Africains semblent heureux de n’être plus le dindon de la farce car, selon Alain Kouadio, vice-président du patronat de Côte-d’Ivoire, « Ça montre que le regard change à l’égard de l’Afrique ». Toutefois, ils ne sont pas dupes. Ces bons sentiments ne traduisent pas nécessairement leur entière libération. Les réserves monétaires sont encore sous clé en France. Conservateur et prudent, Kouadio s’en souvient et ajoute en définitive que « pour lui, avant d’aller investir en France ou ailleurs, les entreprises africaines doivent déjà consolider leur avantage chez eux et participer à densifier le tissu des PME pour répondre à la demande intérieure ». C’est ainsi, qu’au Sommet de Malte, les 1,8 milliards offerts laissent les Africains indifférents car, c’est trop peu pour la reconstruction du continent. Ils réclament mieux que cela et c’est très fort : qu’on rende à l’Afrique sa totale liberté économique pour qu’elle soit un partenaire intéressant à même de valoriser à son profit son immense potentiel de ressources naturelles et humaines. En un mot, libérer sa réserve et les conditions drastiques supposément liées aux avantages de la colonisation. La France fait la sourde oreille.

A la conclusion de ce texte, j’ai eu une petite pensée pour Haïti, à savoir : Aura-t-elle une semblable chance un jour venu ? Sur ce point, je suis pessimiste. Haïti n’a rien à offrir en terme de matières premières désirables ! « Les pays n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts », dixit Charles De Gaule. L’Afrique s’en souvient toutefois.

Max Dorismond
Mx20005@yahoo.ca


Wednesday, October 26, 2016

La France n’entend pas lâcher l’Afrique (Part-1)

Par Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca



Dates d'indépendance des pays africains
Pour saisir la portée de ce mariage imposé, il vous faut un résumé de la relation France-Afrique. Après la seconde guerre mondiale, les colonies ne veulent plus rester sous les crocs de leurs carnassiers. Profitant d’un programme de L’ONU prônant la paix dans le monde, bien des pays d’Afrique ont pu découvrir à partir des années 60 les bienfaits de l’indépendance. En 1960 précisément, 18 pays l’ont obtenue d’un coup1. Pour d’autres ce fut plus tard. Toutefois, pour certains, ce ne fut pas des lendemains heureux, surtout sous la férule des maîtres français et belges, la coupure ne s’est pas opérée en criant « ciseaux ». Quelques exemples des exactions et malversations méritent d’être commentés. 

Au départ, certaines conditions drastiques ont été dictées aux cessionnaires. Plusieurs évènements malheureux ont été enregistrés. La frilosité avait enveloppé l’Hexagone à l’idée de perdre ses poules aux œufs d’or. 

Ahmed Sekou Touré
premier président de la
république de la Guinée 
Sekou Touré de la Guinée opta en 1958 pour l’indépendance. L’administration française ne l’entendit pas de cette oreille, décida de tout saccager, de tout détruire dans le pays, ce qui « représentait à ses yeux les avantages de la colonisation ». Dans un semblant de dégoût, 3000 Français laissèrent la Guinée et emportèrent « tout ce qui pouvait être déplacé », avec l’intention d’effrayer la population. Mais le président, fort de sa décision, maintenait que «  nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence de l’esclavage », le fameux et cher « pito nou lèd nou la » dans le créole haïtien.

Quatre ans plus tard, pour se libérer à son tour, le prudent Sylvanus Olympio président de la République du Togo, trouva une solution moins honorable en acceptant de conserver le système monétaire, le FCFA2, décidé par la France, de  payer une dette annuelle pour les « soi-disant avantages obtenus lors de la colonisation ». Le Togo ne sera pas détruit, mais, en 1963, la dette coloniale grevait son budget de près de 40%. Étranglé, Condamné à la pauvreté, le pauvre Togo se récusa et décida en dernier lieu de créer sa propre monnaie pour sa survie. Le 13 janvier 1963, à la sortie des premiers billets, Sylvanus fut assassiné. Il fut exécuté par Étienne Gnassingbé, un sergent de l’armée, ex-légionnaire français qui reçut au passage 612,00$ de l’ambassade française locale.

Patrice Lumumba: un héros pour
l'Afrique.                                     
Ce fut le même scénario pour Modibo Kéïta du Mali en 1962. L’Élysé trouva en la personne de Moussa Traoré, un autre ancien légionnaire de l’Académie de Fréjus au sud de la France, l’exécuteur du coup d’état fatal, le 19 novembre 68. De coups d’état en assassinats le continent n’a jamais bénéficié d’une interruption. Souvenons-nous de Patrice Lumumba du Congo-Belge, de Laurent Bagbo de la Côte-d’Ivoire, de David Dacko de la République Centre-Africaine, Thomas Sankara du Burkina-Faso..., s’il ne faut citer que ceux-là. Depuis 1958 l’Afrique a connu 89 coups d’état et 22 présidents assassinés. Faut ajouter un 90ème, en 2004, celui de Jean Bertrand Aristide, pour avoir osé réclamer à la France les 21 milliards (Valeur actuelle) qu’elle nous avait volés après notre indépendance. Ainsi se termina la vie ou la carrière de tous ceux qui s’avisèrent de gouverner indépendamment du plan dessiné par les « vrais »  propriétaires de l’Afrique.

Une indépendance sur papier:
Thomas Sankara
Les conditions d’acceptation de l’indépendance par la France ne se font pas dans les dentelles. Désespérée, après le déluge d’indépendances de la décennie 60, cette dernière a enclenché un dernier frein. C’est ainsi que, jusqu’à aujourd’hui, 14 pays africains sont obligés de mettre 85% de leurs réserves à la banque centrale de France, sous le contrôle du ministère des finances. La langue et le système éducatif français doivent être maintenus. Les ententes militaires et les préférences commerciales ne peuvent être annulées. À propos de la langue française, il a été démontré qu’elle est « un vecteur de pauvreté » assuré. Sur le continent africain, toutes les anciennes colonies francophones ont la misère en héritage. A travers le monde, plusieurs en ont fait le constat et s’arrangent pour se dédouaner de ce maudit véhicule. Tel est présentement le cas du Rwanda, du Vietnam et de plusieurs autres pays qui ont opté pour la langue de Shakespeare.

Le président Sassou Nguesso dépense un million de Fcfa
sur les vêtements qu'il ne porte qu'une fois.                    
Le colon francophone suit naturellement son instinct  et n’applique qu’un seul postulat : exploiter, piller et transporter le magot chez lui pour transformation. Aucun retour sur exploitation. Aucune retombée ne sera prise en compte pour les locaux. L’avenir de l’autre n’ébranle jamais leur conscience. La France conserve un droit de priorité ou droit de premier refus  sur toute ressource brute ou naturelle découverte dans un pays. Les réserves monétaires nationales des pays africains ont été maintenues par la France depuis 1961, sans droit de regard sur le contrôle. « Les pays eux-mêmes ne savent pas, ne sont pas informés, à hauteur de combien la réserve de change détenue par le Trésor français leur appartient en tant que groupe ou individuellement ».


Les réserves de l'Afrique en France
L’Union Européenne, malgré leur muette complicité, ne cesse de crier au scandale. Les Africains peuvent emprunter seulement 20% de cette réserve. S’ils en veulent plus, la France a un droit de véto. Ils doivent emprunter de leur propre réserve à des taux commerciaux. Les entreprises françaises avaient la priorité dans la construction des marchés publics et des infrastructures. Les officiers supérieurs des armées des ex-colonies devaient être formés en France. D’où l’épidémie des coups d’état. Selon une autre annotation, « Accords de défense attachés », la France a le droit d’intervenir militairement dans le pays.  L’on estime que cette dernière détient 500 milliards de dollars de l’argent des pays africains dans sa trésorerie au point que Jacques Chirac3 aurait déclaré en 2008 : « Une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément depuis des siècles de l’exploitation de l’Afrique». Et son prédécesseur, François Mitterrand avait déjà prophétisé : « Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au 21ème siècle ». 

Le FCA: Franc des colonies françaises d’Afrique
En réalité, avec arrogance et sans vergogne, les Européens se conduisent en Afrique comme dans leur fief et les Africains s’étaient résignés à subir ce revers du destin. Le choix était très mince, car les dirigeants qui ne s’y conformaient pas étaient déstabilisés ou assassinés. Les anciens maîtres se montraient complaisants pour les plus coopératifs. Ces handicapés visuels sont soutenus et récompensés, grâce à un style de vie somptueux, tandis que leur population endurait la misère et le désespoir, au point où certains lucides  se posent cette outrageuse question : « La fin du colonialisme français a-t-elle réellement eu lieu ? »

Pour votre édification, voir ci-dessous, à la note 4, un lien relatif à une vidéo à propos d’un discours, en 1883, du Roi Belge, Léopold II, s’adressant à ses évangélistes et missionnaires avant leur départ pour l’Afrique. (A suivre).

Par Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca

Chronologie de la décolonisation de l'Afrique — Wikipédia
FCFA : franc des colonies françaises d’Afrique
Jacques Chirac - l'argent de l’Afrique 
4- Le fameux : Discours ignoble du Roi LEOPOLD II au Congo Belge en 1883 - Durée : 7:23. AfriQue-Afro 59 064 vues

Friday, October 14, 2016

Plaidoyer pour que Jérémie ne demeure un dépotoir

Par:Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca

Mausolée des 3 Grands de Jérémie:
 Jean Brierre, Emile Roumer et Etzer
  Vilaire.                                          
Le matin du 8 octobre 2016, je lisais un texte de Lemarec Destin sur L’électrification de la ville de Saint-Marc. J’étais surpris par la splendeur des photos de certaines institutions de cette ville qui enrichissent sa chronique : La place Philippe Guerrier, l’Hôtel de Ville, l’Hôtel La Colline, le Centre Cardinal Keeler, des merveilles architecturales, conçues par des ingénieurs visionnaires et amoureux de leur patelin. Connaissant l’état lamentable de certaines villes de mon pays, j’ai appelé l’auteur pour en avoir l’heure juste. En pensant à ma région natale, la positivité de sa réponse m’a chiffonné. Ces œuvres existent bel et bien à St-Marc et en plus, elles sont neuves, moins de trente ans.

L'ouragan Matthew laisse une image sombre après son
passage...                                                                
Immédiatement, une question occupe toute ma pensée. Quelqu’un s’est-il occupé de Jérémie ? Qu’avons-nous hérité entre temps ? Ne réfléchissons pas trop. Nous n’avons rien que du vent ! En définitif, le seul monument propre à la Cité, témoin de toutes les générations confondues, la mienne et celle de mes arrières grands-parents, demeure l’Église St-Louis aux briques rougeâtres. La Place aux multiples noms, tantôt Place d’armes, tantôt Place Alexandre Dumas, tantôt Place Goman, une insulte à l’intelligence, est à l’image de la division séculaire et ancestrale de la ville entre clans ennemis. L’électricité fut un très lointain souvenir d’enfance. La nuit venue, le « Black-out » élisait résidence dans le secteur.  

Le foyer culturel de Jérémie
La seule construction, digne de l’ère moderne, demeure le « Foyer Culturel », un complexe polyfonctionnel à 3 niveaux, œuvre privée de Mgr. Romulus, érigée par l’ingénieur Harry Dorismond. C’est là que s’étaient réfugiés plusieurs sinistrés, le jour du passage de Matthew. Il sert actuellement de sanctuaire pour les messes dominicales en raison des dommages subis par la Cathédrale. De l’Hôpital St-Antoine, ne serait-ce les efforts incommensurables de Jean-Marie Florestal et de  la diaspora jérémienne de Miami qui le portent à bout de bras depuis belle lurette, il ne subsisterait même pas que le nom. Matthew ne l’a pas épargné. Il n’en reste que les murs. J’ai encore en mémoire l’anecdote du Tribunal Civil de la ville. En 1972, la moitié du toit était tombée. Lorsqu’il pleut, le juge officiant, pour ne pas se noyer, était obligé de monter sur son bureau pour rendre justice debout.

 Centre  administratif de Jérémie à Bordes
En tout dernier lieu, un gouvernement miséricordieux, face à la vétusté des immeubles institutionnels, a doté la ville d’un Centre Administratif qui réunit tous les bureaux gouvernementaux en une seule place, comme des bestiaux dans un parc. Immeuble sans fard et sans âme, Jérémie ne méritait pas mieux. La Mairie, autrefois, une haute bâtisse de La rue St-Augustin a été remplacée par une « maison ratatouille », une « maison borlette » sans envergure, affublée du nom de Mairie de Jérémie. Avons-nous une ville ou un village ? Quelle tristesse !  
Le nouveau batiment de la commune de Jérémie a été   
construit par le maire Ronald Etienne.                           
La Grand-Anse a-t-elle signé un contrat avec la déveine ? Les cyclones Hazel, Flora, Cléo, Allan, Gordon etc…, qui se succèdent à un rythme effarant nous apportent sans nul doute la réponse. Dans le livre d’Eddy Cavé, « De Mémoire de Jérémien  », page 196, l’auteur rapporte un macabre événement qui était survenu lors du terrible ouragan d’octobre 1935, qui laissa dans son sillage un cortège de morts chiffrés à plusieurs milliers. Suite à ce déchaînement de la nature, toute  communication était coupée avec l’extérieur. Jérémie était rayée de la carte. Un bateau marchand croisant par hasard dans le canal, peut-être deux ou trois jours après, « tomba sur le spectacle atroce d’un troupeau de requins dévorant des milliers de cadavres. Son commandant alerta Guantanamo qui ordonna immédiatement une visite des lieux et informa le gouvernement haïtien du désastre ». Hélas ! Ce fut une sorte de festin pour les squales avec, au menu, des congénères morts noyés et emportés vers la mer par le fleuve Grand-Anse.
Vue partielle de la basse ville de Jérémie - Un champ de
ruines en photos.                                                           
Quelle leçon a été tirée de ce morbide souvenir ? Aucune ! C’est une région dédiée aux intempéries. Ce n’est un secret pour personne. Les autorités avaient-elles concocté un plan de sécurité publique, un quelconque projet d’urgence, après ce funeste constat? Rien ! À coté de nous, Cuba a traversé Matthew sans une égratignure, sans aucune perte de vie. Vive la différence entre crétinisme et civisme. Aujourd’hui encore, en octobre 2016, c’est le même refrain. Jean-Luc Poncelet, représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Haïti, explique à l’Agence France Presse (AFP) : « Quand vous n’avez aucun moyen de communication, pas de radio, ni de téléphone, pas de routes ni même un endroit où faire atterrir un hélicoptère, cela explique les retards de l’aide humanitaire ». À cela s’ajoutent les barricades dressées  par des individus mal intentionnés et affamés de surcroît. C’est la même situation que rencontre le Programme Alimentaire Mondial, (PAM), selon son porte-parole, Alexis Masciareli.
La ville de Jeremie (Haïti), vue du ciel, le 5 octobre.
Sous les gouvernements des Duvalier, ont régné sur la Cité de Jérémie des « Tontons macoutes », très puissants, des analphabètes fonctionnels pour la plupart, sans culture. Ils avaient l’oreille du maître de céans. Ces « cerveaux lents » avaient-ils envisagé ou même pensé à un plan d’urgence pour cette zone à haut risque? Non ! Qu’ont-ils laissé en héritage à Jérémie ?  Seulement un amoncellement de cadavres, de tristes tombes et des souvenirs macabres à nous faire dresser les cheveux sur la tête en y pensant encore aujourd’hui. Et quelle récompense l’Ogre du Palais leur a-t-il léguée en reconnaissance de leurs forfaits ? Nada, rien ! Ils ont hérité de la misère institutionnalisée, un endroit moribond, qui se désagrégeait année après année, si bien que plusieurs de ces anciens potentats ont laissé le dernier train de la vie, dans le désespoir et dans le dénuement le plus total. Des malveillants aux « gran dan » qui avaient un plan pour leurs basses œuvres : la destruction de leur propre patrimoine, riche en histoires politiques et littéraires ; l’effacement du berceau du père de l’un des plus célèbres écrivains de la France du XIXèm siècle, Alexandre Dumas ; la décadence d’une localité qui s’avère être le plus grand grenier alimentaire de Port-au-Prince, la seule région du pays où la verdure de ses paysages est encore en complète symbiose avec la nature etc… Ah ! Quand l’ignorance est la nuit de l’esprit.
L'une des anciennes constructions au  carrefour Jubilé
reflétant l'état de délabrement de la plupart des maisons
de la ville de Jérémie.                                                 
À regarder à la télé les images qui tournent en boucle sur la catastrophe du cyclone Matthew dans le Grand-Sud, connaissant l’insatiable avidité de mes concitoyens corrompus pour ces types de calamités, en quête d’un enrichissement, illicite et rapide, sur le dos des victimes, je ne cesse de penser au pire pour ce coin de terre malchanceux. J’appréhende au plus haut point la reconstruction de la ville des Cayes et l’abandon de Jérémie, sous prétexte d’éloignement et d’inaccessibilité pour mieux empocher l’argent de l’aide. Nos prédateurs n’ont aucune conscience. Si tel est le cas, les Jérémiens, cette fois, devraient montrer leurs griffes, sinon ils sont cuits. 
Un endroit littéralement ravagé par l'ouragan Matthew
Avant le cyclone, rien n’a été fait pour cette partie oubliée du pays, ce bout du monde, cet avant-poste de l’enfer sur terre. Si en 2015, les 90% du montant alloué (11 millions de $) au projet de réhabilitation du terrain de football de la ville n’ont pas été détournés, la municipalité aurait peut-être bénéficié d’un mieux être, d’un certain rafraîchissement. Malheureusement, les « grands mangeurs patentés » de la capitale avaient leur propre plan pour se mettre plein les poches. Maintenant, si les aides venues de l’extérieur pour l’après Matthew sont mal canalisées, si aucun projet de nettoyage, de reconstruction, ne figure dans le plan gouvernemental,  à quoi devrions-nous nous attendre ? À des amoncellements de déchets,  vecteurs de maladies destinées à contaminer en fin de compte la parcelle de vie de la région.
Adressons nos grâces au ciel pour que cette hypothétique situation appréhendée ne se matérialise et que la ville ne soit pas convertie en un véritable dépotoir à ciel ouvert !
Vue aérienne de la ville de Jérémie 
Une si belle agglomération, Jérémie, c’est la cité construite en amphithéâtre avec, pour scène, sa baie d’un bleu azur. Chantée par ses poètes, elle est, à elle seule, un spectacle matinal au lever du soleil. Il n’existe que deux sites en Haïti où on peut partager cet enchantement : au Cap et à Jérémie. Ses rivières aux eaux cristallines serpentent allègrement ses vallons paradisiaques et verdoyants tout en offrant à ses citadins un coin de rêverie que le monde entier leur envierait; une zone auto-suffisante au point de vue alimentaire que tout gouvernement aurait intérêt à valoriser. Mais, malheureusement, ils sont tous dénués d’esprit créatif pour avoir trop appris par mémorisation. 

Si nos dirigeants ne se réveillent pas plus aujourd’hui pour établir un plan d’urgence permanent pour la région, je ne leur tiendrai aucun grief car la bonne gouvernance ou le sens de la bonne gestion est leur faiblesse, l’enrichissement illicite est leur force. On comprend mieux pourquoi Haïti est la seule île de la Caraïbe où la plupart des politiciens et fonctionnaires sont plus riches que les hommes d’affaires de leur pays.

Max Dorismond
Mx20005@yahoo.ca



L’électrification de la ville de Saint-Marc (Par Lemarec Destin) 

J. F. Kennedy
Cavé a extrait ce macabre anecdote du Livre de Jean Desquiron « Je me souviens» édité en 1995.















Max Dorismond
Mx20005@yahoo.ca


L’électrification de la ville de Saint-Marc (Par Lemarec Destin)
J. F. Kennedy
Cavé a extrait ce macabre anecdote du Livre de Jean Desquiron « Je me souviens» édité en 1995.

Saturday, October 8, 2016

L’ouragan Mathieu a balayé le Grand Sud, l’Etat haïtien est-il impuissant ?

Vue aérienne de la cathédrale
Saint-Louis de Jérémie après le
passage de Mathieu.               
« On a raté la conscience patriotique que le tremblement de terre de Janvier 2010 nous a appelé à cultiver. Le cyclone Mathieu nous offre la deuxième si non, la dernière chance de nous unir dans l'intérêt commun: Haïti, notre pays. La réussite personnelle ne change en rien comment le monde vous conçoit. A titre d'exemple: Quelle est votre conception du candidat multi millionnaire républicain des Etats-Unis? La réussite personnelle ne fait qu'agrandir la liste de vos faux amis. Vos œuvres cependant qui tendent à valoriser les âmes de votre entourage, votre communauté, peuvent vous grandir et vous hisser à un niveau tel que votre nom s'inscrive désormais parmi les grands que ce monde ait jamais connu. » (Pierre Monplaisir)

L’ouragan Mathieu a balayé le Grand Sud en l’espace d’un jour. Les dégâts, les pertes en vies humaines et en bien meubles et immeubles sont énormes. Jusqu’à présent, un bilan exhaustif des pertes n’est pas encore présenté. La zone de la Grande-Anse est quasiment coupée du reste du monde. L’on vient juste d’apprendre de la part du porte-parole de la présidence, Mr. Eddy Jackson Alexis que la compagnie Estrella a déblayé la route qui mène a Jérémie et qu’il est maintenant possible d’atteindre Jérémie en voiture. Un des dirigeants qui a fait le voyage en compagnie du président Privert à Jérémie m’a fait une description de la situation dans la ville des poètes, je me suis bien dit que c’est l’Armageddon. Certains des responsables qui ont été sur place n’ont pas pu cacher leurs émotions et ont bel et bien pleuré. Nous sommes à 840 morts (source: Reuters; i Télé) selon le décompte officiel et il y a encore des gens qui sont portés disparus et des cadavres qui n’ont pas été comptabilisés. Les habitants du Grand Sud sont aux abois. Certaines villes et/ou communes sont quasiment coupées du reste du monde. Pour les venir en aide, il faut bien utiliser des hélicoptères, ce dont nous ne disposons pas en quantité suffisante. Avec l’aide de l’armée américaine, on peut bien atteindre certains lieux, mais est-ce que le Ministère de l’Intérieur est à même de planifier à présent pour venir en aide à ces sinistrés désespérés ?

Le gouvernement vient de  donner des garanties qu’il va déployer des moyens dans le cadre d’un plan d’urgence pour assister les victimes et rebâtir les villes. Nous connaissons l’état précaire des finances publiques, nous nous demandons si le gouvernement aura les moyens de sa politique. Devant la gravité des faits, nous devons prendre un sursis sur la politique pour aider les victimes. L’Etat haïtien est impuissant face à un tel désastre. Nous allons devoir combiner nos efforts pour aider le gouvernement à faire face à cette tragédie. Je commence à voir que de nombreux candidats dans un esprit de campagne commencent à courtiser les victimes. Mais, au nom de la décence, nous les demandons de cesser leurs actions et de converger leurs efforts dans un esprit de solidarité pour aider effectivement les sinistrés sans tambour ni trompette. Les candidats à la présidence doivent donner le ton et faire la solidarité pour soulager la peine des victimes. Le moment n’est pas opportun pour parler de légitimité du gouvernement ou non comme le font certains directeurs d’opinion. Nous devons nous unir, serrer les coudes pour donner une réponse appropriée et voler au secours des gens affectés. Nous demandons aux politiciens grands affamés de donner une chance au peuple haïtien. Nous savons qu’à chaque catastrophe la liste des millionnaires en Haïti s’agrandit. Nous souhaitons que cette fois-ci, ceux qui sont détenteurs de grands moyens feront le nécessaire pour venir en aide à ceux qui sont affligés, dépossédés et victimisés.

Le tableau est sombre
Nous faisons appel à nos frères et sœurs de la diaspora. Nous les demandons de faire des efforts pour aider la patrie à genoux. Les associations régionales doivent se revitaliser pour accompagner les communes et les zones les plus touchées. Nous saluons le courage de certains compatriotes qui, depuis le début de la semaine commencent à bouger pour dynamiser la diaspora afin qu’elle puisse jouer son rôle adéquatement dans l’effort de reconstruction post-désastre. Nous souhaitons que les églises haïtiennes de la diaspora puissent jouer un rôle prépondérant à côté des missions diplomatiques et des organisations de bienfaisance pour apporter de l’aide à nos compatriotes affectés par le passage de l’ouragan Mathieu. Nous tenons à saluer l’effort du gouvernement haïtien qui veut donner le ton en jouant un rôle proactif dans l’organisation et la gestion de l’aide accordée aux victimes. Cette fois-ci, nous n’allons pas permettre aux grandes institutions internationales versées dans l’humanitaire de faire leur beurre sur le dos des sinistrés. Nous avons assez d’experts en gestion post-désastre capables de monter des plans adéquats et de les exécuter avec brio. « Les ONGs ne doivent plus être (sèl kot chante) dans le pays.....L'Etat doit diagnostiquer et faire le suivi des dégâts pour apporter de vraies réponses. »

Le gouvernement ne doit pas négliger de faire appel aux instances internationales pour demander de l’aide. Même quand des pays amis sont disposés à nous supporter, le gros du travail doit être effectué par les Haïtiens eux-mêmes dans un esprit solidaire, surtout ceux qui vivent en dehors d’Haïti. Nous devons montrer au monde entier que nous sommes un peuple solidaire et que l’union fait la force réellement. Cessons de critiquer le gouvernement en place de façon négative, mais venons avec des critiques constructives pour les porter à agir dans le but ultime de faciliter le bien-être de nos compatriotes. Nous sommes un peuple résilient, nous arriverons à sortir de ce marasme avec notre agilité, savoir-faire et détermination. Avec Dieu, nous pouvons faire des miracles. Unissons-nous dans l’intérêt commun d’Haïti, notre chère patrie.

Kerlens Tilus  10/07/2016

L’électrification de la ville de Saint-Marc

                                       Son histoire et sa petite histoire
Par L emarec Destin


Ce 8 octobre 2016 marque le soixantième anniversaire de l’électrification de la ville de Saint-Marc (8 octobre 1956- 8 octobre 2016). Pour les Saint-Marcois qui avaient vécu cette inoubliable journée de bonheur indicible, cette inauguration revêtait le caractère d’une véritable apothéose, une sorte d’assouvissement sublime, indéfinissable, qu’aucun autre événement, avant celui-ci, ne leur avait jamais communiqué.

Place Philippe Guerrier de saint-Marc
Ce qui se passait ce jour-là et durant les dernières semaines précédant l’inauguration dépassait largement la seule électrification de la ville. Ce n’était pas, pour la population, une simple question d’électricité qui se réglait. Pardon… Électrification, oui! Mais il s’agissait surtout et avant tout d’une affaire d’équité, de statut, ou mieux encore d’une question de «symbole de statut» d’une cité dont les habitants s’estimaient depuis trop longtemps victimes de décision inique de la part de Port-au-Prince, dans la distribution au pays de certaines commodités comme l’électricité par exemple. Pourquoi toujours les autres et jamais nous, se demandait-on? En tout cas, c’était le genre de discours qu’on entendait partout et continuellement au cours des années 50 à propos de l’électricité pour laquelle on  faisait toujours à la ville «Filalang». Suppositions, réalité, ego collectif blessé ou paranoïa? Quoi qu’il en soit, ce lourd sentiment d’injustice porté par la population se transformait, au fil du temps, en une sorte d’obsession quasi maladive ne pouvant trouver remède que dans l’atteinte de l’objectif : l’électrification de la ville.

Ainsi, l’histoire qui se dégage de cette marche passionnée vers «la lumière» mérite d’être racontée, à l’occasion du soixantième anniversaire de son aboutissement. Tout compte fait, le 8 octobre 1956 symbolisait à la fois la fin d’un long cauchemar et la concrétisation d’un rêve obsessionnellement entretenu. Il représentait également la fin d’une inlassable quête collective d’une «reconnaissance de statut» jonchée de déceptions, de découragement, de «rendez-vous manqués», imaginaires ou réels et de reprises de souffle difficiles.

En effet, la saga de l’électricité à Saint-Marc remonte au moins à la fin du 19e siècle au moment où certaines villes du pays commençaient à être électrifiées. Une information tirée du livre de Daniel Supplice sur les personnalités politiques d’Haïti nous apprend que l’industriel saint-marcois, Jean-Baptiste Estime dit Estime Jeune, qui fut respectivement député de Saint-Marc et sénateur de l’Artibonite aux 20e, 21e et 22e législatures, obtint par contrat avec l’État haïtien, en date du 10 septembre 1894, l’exclusivité de l’exploitation de l’éclairage électrique de la ville de Saint-Marc. (1)  La mort subite du président Florvil Hyppolite, survenue le 24 mars 1896, mit sans doute fin au projet, dans une Haïti où rares sont les chefs d’État qui reconduisent les programmes de leurs prédécesseurs. Amèrement déçue, la ville a repris son bâton de pèlerin en espérant, dans un avenir rapproché, d’autres considérations du genre.
Hôte de Ville de Saint-Marc
Plus tard, le gouvernement du président Sudre Dartiguenave (1915-1922) fera naître à nouveau de grands espoirs par la mise en œuvre à Saint-Marc de grands travaux d’infrastructure : la construction du marché public(Place Dartiguenave) comprenant les Halles, les deux boucheries, l’abattoir, des caniveaux avec système d’évacuation des eaux usées ainsi que le percement d’une nouvelle route, l’Avenue Fleurenceau, communément appelée «Chemin neuf»(2), sans compter l’instauration du Service d’Hygiène sur des bases modernes. Tout au cours des travaux, de fortes rumeurs laissaient accroire que l’électrification de la ville faisait partie d’un plan d’ensemble. Malheureusement, le gouvernement de Dartiguenave n’avait jamais eu pareil projet dans son programme(3). Déception une nouvelle fois! Mais le découragement n’allait pas jusqu’à l’abattement. La population et les notables parmi les plus entreprenants se ressaisirent.

Hôtel La Colline (Saint-Marc)
Par la suite, le Conseil d’État qui élit, le 10 avril 1922, le citoyen Louis Borno, fit voter le 26 juin 1922«une loi autorisant un emprunt de quarante millions de dollars». Le but de cet emprunt était, entre autres, «…de financer les efforts qui allaient être entrepris pour orienter la République d’Haïti dans la voie des progrès matériels»(4). C’est donc dans ce contexte que furent exécutés à Saint-Marc un grand nombre de travaux d’utilité publique comme : la construction de la Place publique Philippe Guerrier, celle du dispensaire de la ville, ancêtre de l’hôpital Saint-Nicolas, des bâtiments du Service des Douanes et de son unité administrative, etc. À nouveau, la machine à rumeurs s’emballait à propos d’un projet d’électrification de la ville inscrit au programme d’infrastructures du président Borno, racontaient des contemporains. Était-ce l’œuvre de fumistes qui se targuaient d’être des gens bien informés des réalités politiques du pays? Au bout du compte, la loi de 1922 avait ainsi créé des attentes excessives au pays et dans la foulée, la population saint-marcoise supputait ses chances, en se convainquant, d’obtenir l’objet convoité. Or, il n’en fut rien.

La déception fut alors grande et ressentie comme une injustice, d’autant que plusieurs autres villes comme Port-au-Prince, Jacmel, Petit-Goâve, Cayes, Jérémie, Gonaïves, Cap-Haïtien, etc., avaient longtemps déjà été électrifiées. De plus, certaines localités plus petites, et en superficie et en population, le furent aussi avant Saint-Marc. De plus en plus de gens, préoccupés par la question, étaient convaincus du fait qu’au centre du dispositif d’État de la prise de décision à Port-au-Prince, Saint-Marc n’avait pas de «poids lourds, nou absan, nou pa gen mou’n pou plede kòz nou»(5)

L’heure de vérité approche                                        
De longues années d’attente se sont écoulées. Entre-temps d’autres villes comme Port-de-Paix par exemple, s’affichèrent au tableau des gagnants de la loterie de l’éclairage électrique. Et… le 6 décembre 1950, Paul Eugène Magloire accéda au pouvoir. Dès son envol, son gouvernement conçut un Plan quinquennal (1er octobre 1951 au 30 septembre 1956)(6). Celui-ci «prévoyait, entre autres, dans le train de travaux d’urbanisme projetés, l’électrification de certaines villes«(7). Il était donc permis d’espérer. Dans cette conjoncture particulière, les astres semblent avoir été alignés pour que cette fois-ci soit la bonne. Des autorités de la ville, certains notables et des personnalités en vue à Saint-Marc proches du pouvoir, des représentants du peuple à Port-au-Prince, mirent tout leur poids dans la balance en se mobilisant pour« la cause». Ils décidèrent de jouer à fond l’instrument politique pour que Saint-Marc reçoive sa juste part des «Grands travaux» édictés par le Plan quinquennal dont le président Magloire dévoila quelques grandes lignes dans son discours-programme livré au Cap-Haïtien le 11 mars 1951(8). Les gens étaient confiants et optimistes. On répète souvent, c’est très vraisemblable, que les frères Jumelle (Ducasse et Clément) surtout, alors ministres, poussaient très fort en ce sens compte tenu de «ce qui se dessinait dans un horizon rapproché». Pour faire une histoire courte, peu de temps après, le ministère des Travaux publics était saisi du projet. En plus de l’électricité, la ville bénéficia de deux autres grands projets : un nouvel édifice du Service des télégraphes et l’École Antoinette Dessalines, reconnue pour dispenser une éducation de qualité aux jeunes filles.                                        
L’Affaire est dans l’sac
D’entrée, disons tout de go que c’est M. Raoul Saint-Lô qui était l’ingénieur en charge du projet d’électrification. Un projet qu’il réalisa, disait-on, avec la compétence d’un professionnel accompli. La construction de la future usine électrique se déroula rondement et simultanément avec  celles des autres. Ensuite, l’arrivée en ville de plusieurs centaines de poteaux, le creusage des trous, les travaux de fixation de ces poteaux au sol, de tension des fils électriques et de pose de réverbères et d’ampoules se déroulèrent très bien et même en mode accéléré. Il fallait faire vite, car le régime Magloire n’avait plus que quelques mois à courir encore. Tout le monde connaît le sort réservé aux projets non complétés à temps avant la fin d’un mandat présidentiel dans notre pays. Entre-temps, l’usine et ses dépendances étaient complètement achevées. Et finalement en semaine et en plein jour arrivèrent, au siège de l’usine, les quatre génératrices géantes de marque FAIRBANK MORS, dans une opération de visibilité exceptionnelle. Les autorités de Port-au-Prince et de Saint-Marc le voulurent ainsi. Politique oblige!

Coup de théâtre                                               
Tout était fin prêt pour l’inauguration. Mais on devait procéder à des essais pour vérifier l’efficacité et la fiabilité du produit fini. Alors en pleine nuit, sans avertissement aucun, la belle lumière blanche jaillit dans tout son éclat sous les réverbères. Ce fut le délire partout en ville! Les portes s’ouvraient, les gens envahissaient les rues dans un vacarme indescriptible. On entendait : Leve, leve, parete  nan kaban’n, Yo bay li, Yo bay li, Anmwe-e, Anmwe-e. Nou fout pran yo ! Nou fout pran yo fwa sa-a! Quelques personnes folles de joie disaient même;«Mwen mèt mouri kounie-a». L’excitation était au paroxysme. C’était indescriptible, inimaginable. On s’attardait longtemps dans les rues, même après que les lumières eurent été éteintes devisant sur la portée et l’importance de cette réalisation pour l’ego des Saint-Marcois, car on nous le lançait souvent en pleine face:« Senmak pa gen limiè» et tout ce qui vient avec. Ce ne fut jamais un compliment.

La journée du 8 octobre 1956                                            
Quelques semaines plus tard, après la rentrée scolaire d’octobre, suivie de la traditionnelle messe du Saint-Esprit, soit le 8 octobre 1956, tout était fermé pour la circonstance : écoles, services publics, magasins, etc. Toutes les rues étaient décorées aux couleurs nationales pour la circonstance. C’était le grand jour tant attendu, celui de l’inauguration. Ce matin-là, très tôt, le président Paul Eugène Magloire, accompagné de son cabinet ministériel au complet et de tout le gratin politique de Port-au-Prince, se présenta à l’entrée Nord de la ville sous un Arc de triomphe commandé par l’inoubliable Magistrat Phèn( Stéphen Léonard). Le président vint inaugurer ce jour-là, non pas une seule réalisation mais bien trois. Il est à noter à ce propos que, mis à part les grands travaux d’utilité publique réalisés dans la ville par les gouvernements Dartiguenave et Borno, il faudrait remonter loin dans l’histoire de la ville avant d’y trouver en simultanéité une triple action gouvernementale d’envergure, en termes de travaux d’infrastructure. En effet, le chef de l’État inaugura le même jour le Service des télégraphes qui n’a jamais pris son envol, même si tous les équipements (modernes pour l’époque) étaient déjà sur place, ensuite l’École Antoinette Dessalines et tard dans l’après-midi, au crépuscule, ce fut le tour de l’usine électrique. Il est utile de rappeler, pour l’histoire, que l’électrification de la ville survint exactement deux mois avant la chute de Magloire et seulement huit jours après la date officielle d’expiration du Plan quinquennal, prévue au 30 septembre 1956. Situation qui fait dire que c’est à l’arraché et in extremis que la ville obtint son électricité.

Conclusion                                                   
Le 8 octobre 2016 devrait en principe représenter l’une des dates importantes dans l’histoire de la ville, en raison de la charge émotive qu’elle charriait pour des dizaines de milliers de Saint-Marcois (population de la ville à l’époque). Ce fut, à n’en pas douter, la concrétisation d’un grand rêve qui n’avait pas de prix pour tous ceux qui l’avaient vécu. Il est malheureux, très malheureux que cette «belle réalisation», pour tout ce qu’elle symbolisait, soit ternie par les longues années ponctuées de coupures sauvages de courant, de noirceur imposée à la population, souvent pour de très longues périodes. Ceux et celles qui s’étaient battus pendant des années avec acharnement et détermination pour l’obtenir pour la ville doivent se retourner plusieurs fois dans leur tombe. Je désire simplement par ce texte faire un rappel de cette date significative, un grand moment dans l’histoire de la ville, non pas pour fêter . . . l’électricité. Ce n’est pas possible dans ces conditions. Au demeurant, je ne suis même pas sûr que les Saint-Marcois ne connaîtront pas le «Black out» le 8 octobre prochain, jour du soixantième anniversaire de l’éclairage électrique de la ville. Aussi, nous n’allons pas conclure ce texte sans mentionner les noms suivants : Messieurs Roland Éluma et Lewis D’Méza, respectivement chef des opérations électriques et Directeur général qui, en dépit des contextes difficiles et contraintes de toutes sortes, avaient fait de leur mieux pour fournir à la population le service auquel elle avait droit au cours de leur passage dans la compagnie.

Notes et références :                                          
1 Supplice, Daniel, Dictionnaire biographique des personnalités politiques de la République d’Haïti, Imprimerie         Lanno, 2001, p.337.
2 Destin, Lemarec, La ville de Saint-Marc, histoire, économie, politique et société : des origines à 1971,Les éditions    DAMI, Montréal, 2011,pp.297-298.
3 Ibid., p. 298.
4 Dorsainvil, J. C., Histoire d’Haïti, Cours supérieur, éd. Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1934, p. 294.
5 «Nous n’avons pas de représentants de premier plan pour porter nos revendications et faire valoir nos droits, là où les grandes décisions se prennent.»
6 Dorsainvil, J. C., op. cit., p. 301.
7 Destin, Lemarec, op., p. 298.
8 Bernadin, Raymond, Général Paul Eugène Magloire. Une biographie politique, Éd. Du CIDHICA, 
   Montréal, 2000, p. 117.


Par Lemarec Destin