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Par Max Dorismond
En cette période cruciale pour cette île des Caraïbes, on se perd en conjectures, ne sachant quoi penser, ignorant quelle prière réciter pour rectifier la fatale et funeste trajectoire qui conduit Haïti vers un triste sort.
La semaine écoulée, j’ai eu l’occasion de lire quelques intéressantes lettres adressées au CPT (Conseil Présidentiel de Transition), communément appelé « Ti Transit » par les loustics. Ces documents, qui ne tournent pas autour du pot, ne réclament ni plus ni moins que la démission de ce club tentaculaire après une année d’existence sans l’ombre d’une résolution de paix pour le peuple.
Demande irréaliste, s’il faut en tout et pour tout reconsidérer la tradition. Connaissez-vous, tout en jetant un regard rétrospectif sur l’histoire de ce coin de terre, un chef d’État qui avait déjà remis volontairement l’écharpe présidentielle pour incapacité ou incompétence ? Continuez de rêver, frérot ! Dans le passé, aucun d’entre eux n’avait jamais exaucé les ambitions du diable. Allez voir pour les neuf mongols d’aujourd’hui qui caressent en catimini et mutuellement le fantasme d’un CPT à vie.
Les observateurs critiquent ces privilégiés pour leur inaction, leur impuissance à désamorcer le drame appréhendé dans un pays, ankylosé par l’insécurité. Quant à leur train de vie royal, on rentre en plein dans la démesure : voyages internationaux farfelus, salaires mirobolants, plans budgétaires fantasmagoriques, alors que toutes les institutions étatiques sont en proie à la déconfiture.
Juste à titre d’exemple, le
Parlement est dysfonctionnel. Ne siège nul député, ni sénateur, mais un budget
faramineux1 a été alloué à ce
corps fantomatique. Trouvez l’erreur ! Ce ne sont que des Ali
Baba en puissance. Même les singes refusent de croire que ces gens-là
descendent d’eux.
Dans la première semaine d’avril, le Canada est entré en élection. Les candidats de l’opposition reprochent à l’ancien gouvernement Trudeau ses dons somptuaires en aides internationales. En un clin d’œil, sur la télévision, aux nouvelles de 18h, j’ai vu défiler sur l’écran le nom d’Haïti qui aurait bénéficié de 172 000 000,00 $. C’est à tomber des nues !
Et de là, à comprendre l’incompréhensible, il n’y a qu’un pas. La vanne de Petro Caribe est bel et bien fermée, c’est au tour des 9 larrons de ne laisser passer aucun penny. Ils n’en ont cure de la détresse du peuple. Pourvu que leur besace soit remplie, le temps du transit. S’il faut se fier aux documents mis en ligne par le RNDDH, chacun des membres du CPT dispose2 mensuellement d’un montant de 10 millions de gourdes ou 76 923,08$ US. Une rémunération plus élevée que celle des présidents américains. Tandis qu’en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, le jeune Ibrahim Traoré, « avek Ti kòb kapitèn li ya », avec son petit salaire de capitaine, a réalisé des merveilles pour son coin de terre en moins de deux ans de gouvernance. Chez nous, tout le monde veut aller au ciel en passant par la politique.
Nos 9 privilégiés ont été à la bonne école, ce qui les porte à s’empiffrer davantage. On ne les entend presque pas, en raison de leur bonne éducation (hic). On leur avait appris à ne jamais parler la bouche pleine. En conséquence, la demande de démission en poésie, titrée : « Lettre au CPT », résonne comme de la musique classique à leurs oreilles. Ces radoteurs sourient dans leur barbe, face à cette réclamation, à leurs yeux, impromptue et archaïque, qui « fait vraiment rire les oiseaux d’Haïti ». Je ne serais nullement étonné, après la lecture de ces missives, de les entendre fredonner en chœur la sécurisante ritournelle martiniquaise : Ça fait rire les oiseaux/ ça fait danser les écureuils…
En un mot, il n’y a pas dix solutions. Depuis plus de 200 ans, la corruption demeure un sport national, et une minorité y a décroché le gros lot. Dans 99% des cas, des politiciens désargentés s’accaparent du pouvoir, avec leurs amis et complices, font main-basse sur la caisse et s’enfuient après leur mandat, vers un pays d’outre-mer, où ils vont se la couler douce pour le restant de leurs jours. La Jamaïque, toute proche, était autrefois leur terre de prédilection.
Nous ne sommes plus au stade de la littérature. La situation réclame notre intervention pour nous débarrasser de ce système rétrograde maintenu par nos voisins hyper puissants depuis plus de deux siècles. Il faut passer en quatrième vitesse, transcender l’émotion, s’extraire du conformisme. Trop de larmes versées, trop de victimes innocentes. La comédie a trop duré. Quand nos droits sont bafoués, le recours aux armes s’impose dans toute sa force et dans toute sa laideur. Agissez pendant qu’il est encore temps, avant que la Dominicanie n’occupe Haïti !
Max
Dorismond.
-NOTE-
1 – Voir la page 7 du Budget d’Haïti 2024-2025 : https://budget.gouv.ht/storage/app/uploads/public/670/d14/0b2/670d140b2e651371766509.pdf
2
- Le RNDDH accuse le CPT de détournement de fonds: https://youtu.be/uSis26HQp68?t=316
Bonjour Max
ReplyDeleteJe viens à peine de lire ton article pour lequel je te félicite. Pour moi, il s'agit ici du partage d'une prise de conscience personnelle et un appel à une nécessaire "prise de conscience collective " devant le naufrage et surtout<> et peut-être<< programmée >> de notre chère nation, pourtant enfantée dans <> à l'époque où sa naissance s'était concrétisée.
Cela étant dit, (c'est personnel ce qui suit) ce qui a attiré mon attention au-delà de la pertinence du texte mon cher Max, c'est la survivance, après plus d'un demi siècle, de ce même " petit côté moqueur", sans malice, des gars de la Pension " que je retrouve dans le deuxième paragraphe de l'article en lisant ceci: <>... Cette pointe d'humour résolument persifleur que <> charrie dans l'appréciation de ta réflexion me fait penser à nos amis, le Dr Kanut Borgard et l'inoubliable Théogène Morin qui n'auraient certainement pas manqué de le relever. J'en suis certain. Ah l'époque de <>
Félicitations pour l'article mon cher!
L. Destin