Président Jovenel Moïse signe un décret légalisant totalement l’avortement,qui réduit la majorité sexuelle à 15 ans en ses articles 275, 277, et 305, dénonce l'ancien sénateur Jean Renel Sénatus . |
Par Me Maurice CELESTIN-NOEL
LECHAPEAUTEUR
Haïti, un pays foncièrement religieux,
fortement guidé par d'inflexibles traditions et "véhiculé" par
d'innombrables tabous, se trouve depuis quelques jours en proie à des
polémiques très enflammées suscitées par des ajouts apportés à notre code
pénal. À la va-vite, le Président de la République, pour des raisons inavouées
a cru bon, par décret, dans un flot de décrets tombant comme dans une tempête
de neige, d'apporter des nouveautés dans ledit code pénal. Sans prêter
attention à la mentalité haïtienne, sans faire cas des us et coutumes du
peuple, sans le consulter, comme par un coup de massue, il a fait naître une
situation qui obtient l'unanimité contre son gouvernement déjà fortement
impopulaire, profondément décrié.
On se demande pourquoi il a mis le
doigt dans cette plaie malodorante? Un sujet tabou. Un plat indigeste. En effet
l'homosexualité est considérée comme un châtiment, une honte pour les familles
possédant des enfants frappés de ce mal. Avec le temps et l'accès aux
informations, grâce à la magie de la technologie moderne, une certaine
tolérance de la question commence à s'installer dans le corps social.
Pianissimo, les lectures, le visionnement des vidéos, les interactions sociales
sont pour beaucoup dans l'acceptation des cas qui se font de plus en plus
connaître. Timidement. Mine de rien, les pédés et les lesbiennes prennent de
l'espace. Ils se font sinon accepter du moins tolérer. Ils se trouvent
une petite place sous le soleil d'Haïti pour se réchauffer et survivre. La
mondialisation aidant, ils s'affranchissent même. Certains, à la limite,
arrivent jusqu'à déranger par leur excentricité. De tout temps, il était
dit qu'ils et elles occupaient les grands couloirs de l'administration
publique, des studios de beauté, même des églises et des établissements
scolaires. Mais cela restait au niveau des "on dit". Cependant,
toujours est-il que leur mode de vie, que leur fonctionnement n'étaient pas à
l'image de ceux et de celles qui vivaient au temps de nos grands parents. De
nos jours, comme je l'ai dit, ils ne sont plus marginalisés, ils ne font plus
l'objet de profilage. Ils mènent leur vie sans être inquiétés au point que
toute la population et même certains d'entre eux se demandent pourquoi monsieur
Jovenel MOÏSE croit devoir presser sur l'accélérateur et accorder le droit de
mariage entre personnes de même sexe? A-t-il reçu un ordre? Est-ce une
stratégie électoraliste? Ce monde-là serait-il assez puissant pour jouer un
rôle important dans la prochaine lutte électorale? En tout cas, on est à se
poser toutes sortes de questions. Serait-ce, enfin, pour jouer à la
vedette ou créer la diversion? Nul ne sait. L'essentiel, le coup est parti. La
cible est où? On attend pour savoir.
Dans l'intervalle, il y a lieu de se
poser une dernière question de savoir si le Président aurait reçu une sévère
injonction, une incontournable mise en demeure, s'il aurait subi une pression
de la part de l'association internationale des homosexuels, une association qui
couvre le monde entier. Une puissante association dont la solidarité entre les
membres est étonnamment inébranlable.
Mais quoiqu'il en soit, le pouvoir
doit s'attendre à faire face à une autre branche d'opposition très solide qui
réunira même un nombre imposant de ses partisans. L'acte n'était pas bien
pensé. Le coup n'était pas bien calculé. La concertation n'était pas au
rendez-vous. Pour cela, on doit s'attendre à des conséquences regrettables.
Improviser et aller trop vite en besogne ne vont jamais sans contrecoups.
Monsieur MOÏSE, à bien considérer, commet trop souvent les mêmes fautes. Il est
trop primesautier et déploie trop rapidement ses ailes de néophyte. François
Duvalier disait que "l'on ne doit pas précipiter les événements car en le
faisant, on risque de se casser la cheville." Souvent on doit laisser
aller les choses sur les pas du temps. Laisser au temps le temps de trouver des
solutions aux problèmes qui paraissent insolubles. Les homosexuels, pourquoi
sont-ils si pressés. En somme, cet empressement est-il de leur côté ou de celui
de monsieur MOÏSE? De toutes façons, il y aura toujours lieu de trouver un
terrain d'entente et de conciliation. Les québécois disent "qu'il y a
toujours moyen de moyenner." S'ils vivent en communauté, il y a possibilité
pour eux de protéger leurs biens acquis durant leur vie à deux. Ce n'est pas
nécessairement par le mariage. Ils peuvent prendre des dispositions légales
autres. Ils ont le droit de se présenter chez un notaire et opter pour la
création d'une société légalement constituée à même de protéger, de garantir
leurs intérêts. En cas de séparation, ce qui s'apparente à un divorce, le
partage des biens se fera avec aisance suivant les clauses du contrat. Ainsi
donc, à part le bonheur que procurent les apparences du mariage entre
hommes et femmes, la société légale dûment enregistrée chez le notaire offre
autant de garanties aux partenaires de même sexe ayant des intérêts
communs et vivant en communauté. Et, s'agit-il de l'aspect cérémonial:
qu'est-ce qui empêche donc les nouveaux associés de réunir leurs amis pour une
soirée festive au cours de laquelle sera sablé le champagne alors que de beaux
discours seront prononcés.
Lesbiennes et pédés, n'allez pas sur
le chemin tortueux et dangereux tracé par Jovenel MOÏSE qui aime jouer à la
vedette. Vous risquez de vous briser l'astragale.
"Il y a toujours moyen de
moyenner"
Me Maurice CELESTIN-NOEL rmaurice.celestin@gmail.com
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