Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Sunday, December 30, 2018

Jean-Luc Melanchon et Haiti: La seule limite dans l’oppression est la résistance à l’oppression


Vous pensez que les Français ne connaissaient pas l'histoire d'Haïti. Détrompez-vous.  Par hypocrisie, oui. Mais quand vient le temps de mijoter la sauce, Haïti devient l'ingrédient indispensable, "le dumbrey nan pwa". Écoutez le candidat Mélenchon parler de notre lutte avec véhémence et grandiloquence. C'est surprenant ! Max Dorismond

Quand Jean-Luc MELENCHON et la France nous rappellent notre humanité pour avoir été des esclaves insoumis : Souhaitons que les Haïtiens d’aujourd’hui s'indignent et se rappellent que l’avenir dépend de leur conscience agissante face à l’oppression d’ici et d’ailleurs…… Ghemps Desauguste

Nous vous proposons un transcript complet des propos tenus par le candidat aux présidentielles françaises,  Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting de campagne.Le candidat de la France insoumise…

].....« Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. Pensez  à votre plus grande chose criminelle que vous avez sous les yeux. Alors, d’où tout cela est-il venu ?  Jamais de rien d’autre que  deux de nos plus grandes révolutions. Et jamais de rien d’autres sans que les intéressés se soient insoumis. Car, si la convention doit connaitre de la question de l’esclavage c’est parce que les esclaves se sont eux-mêmes libérés à Haïti et Saint-Domingue, c’est parce qu’ils ont fait la pression qu’il fallait pour qu’alors la question soit posée parce qu’ils s’étaient emparés de leur liberté de vivre force.

Eh bien, qu’on en tire la leçon pour nous-mêmes. Rien n’est jamais acquis contre les privilèges que par la lutte.  La seule limite dans l’oppression est la résistance à l’oppression. Les esclaves n’ont jamais accepté leur condition abominable. A chaque occasion, ils se sont révoltés. Et la brutalité, le sadisme, des châtiments  qu’ils subissaient étaient destinés  à inspirer une terreur constante dans la servitude. Et malgré cela, sans cesse ils reprenaient leur insoumission, leur insurrection. Village de noir dit Marron parce qu’ils échappaient  à la servitude dans combien d’endroits en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à la Réunion, partout où l’on pensait que les esclaves pourraient finir par accepter leur sort. Jamais, ils ne l’acceptèrent. Et nous tous, quand nous y pensons, nous ne le devons jamais l’oublier. Ce qui se faisait alors, mesdames et messieurs, et même si nous savons tous que comparaison n’est pas raison, c’était une mondialisation. Le pétrole de l’époque c’était le sucre et un commerce était organisé sur trois continents où l’on distribua à un  bout de l’indigoterie pour récupérer  à l’autre, dehors. Et entre les deux, il y avait cette masse de souffrance et de servitude. C’était la mondialisation esclavagiste. Et ces principes, même s’ils ne peuvent être assimilés à ce que nous avons sous les yeux, néanmoins comportent autant de points communs qu’ils valent la peine d’être mentionnés. 

Je ne peux passer à  ma conclusion sans évoquer le visage du vainqueur de la lutte contre l’esclavage en Haïti, Toussaint Louverture. Toussaint Louverture, capturé et vaincu, est mort au Fort de Joux. Le hasard de la vie. Enfin, étant adjoint de la culture de la commune de Massy, il y a déjà quelques années, j’ai eu à choisir de l’installation d’une œuvre d’art et j’ai participé à l’érection d’un statut en bronze sur la place du marché à même le sol représentant Toussaint Louverture. Et nous Français, peu importe dans cette affaire  la nationalité, nous sommes autant de Toussaint Louverture  que nous sommes peut-être ici. Cet homme périt mais ne céda jamais. Sur place, quand on va leur faire la guerre et chaque fois qu’ils se sentirent à deux doigts d’être vaincus, les Haïtiens d’alors, résistèrent de toutes les façons possibles. Et on se souvient de cette scène extraordinaire "de Dessalines": préférant faire sauter le fort, lui et ses hommes, il était noir et officier français plutôt que de se rendre. 


Vous voyez ! Evidemment c’est une histoire résumée, mais j’ai voulu puisque me voici le candidat des insoumis, célébrer les insoumis les plus courageux qu’ils soient. C'est-à-dire ceux qui avaient le moins les moyens de leur insoumission. J’ai voulu célébrer avec vous, l’amour de l’esprit humain et de la liberté qui nous mènent tout droit à l’amour de l’égalité. Fanon dit quelque chose qui renvoie au mot le plus magnifique du texte que je vous ai lu tout à l’heure que vous pouvez voir dans le musée. Ce mot c’est  semblable. Car voyez-vous y compris dans la religion dominante de l’époque, on parle souvent d’autrui vis-à-vis desquels on a du devoir. Mais le mot semblable est beaucoup plus fort.  Il établit que nous ne sommes pas identiques,  cela va de soi. De toutes les façons possibles, nous ne le sommes pas ni physiquement, ni intellectuellement. Mais nous sommes tous unis par le fait que nous sommes semblables et mêmes identiques quant à nos besoins. C’est cette identité des besoins qui nous rend semblables dans la condition humaine. Et, si nous sommes semblables et que nous avons des besoins identiques, alors nous avons des droits en commun et en particulier, celui d’accéder librement aux moyens de notre subsistance et de la reproduction de notre existence et de celle de nos enfants. La similitude des êtres humains, l’identité de leurs besoins établit la nature de biens communs, de biens essentiels à leur survie tels que l’énergie, l’eau, la lumière, le logement et toutes ces choses sans lesquelles il n’y a pas de vie humaine possible. C’est la similitude qui nous appelle au combat pour la liberté. C’est la similitude qui fonde le devoir du combat pour l’égalité. Et Frantz Fanon, Peaux noires et masques blancs, dit : « Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme ». Il veut dire l’être humain. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve, le nègre n’est pas, le blanc n’est pas. Nous sommes juste tous des êtres humains ».

La vidéo viendra sous peu...

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