Léopold Sedar Senghor pose avec son épouse Colette le 11 mai 1989 dans leur jardin à Verson. |
L'ancienne première dame du Sénégal
est morte le 18 novembre à l 'âge de 93 ans, « dans sa demeure familiale », à
Verson, dans le Calvados, deux jours avant son 94e anniversaire. Son époux,
le président-poète sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001), est mort en 2001.
Admirée et respectée dans son pays
d’adoption, Colette Senghor fut l'ancienne première dame du Sénégal pendant
vingt ans. Elle avait épousé Léopold Sédar Senghor, le premier président de la
République du Sénégal .
Leopold, pourtant peu disert sur sa
vie sentimentale, confia un jour : « Une Africaine me
présenta sa jeune amie, une Normande, et j’eus soudain un coup au cœur. » Elle
s’appelait Colette Hubert et deviendra la seconde épouse de Senghor.
Colette a été première dame du Sénégal pendant 20 ans |
« Élégante et discrète »,
Colette Senghor était devenue première dame du Sénégal et « a toujours
veillé et épaulé son mari dans sa vie politique et a été la source de son
inspiration dans sa vie artistique », souligne la commune. Décédé
en 2001 à Verson, Léopold Sédar Senghor avait consacré à sa
« muse » et « tendre compagne », le recueil de poèmes Lettres
d'hivernage, rappelle la ville de Verson. « C'est également elle qui lia à
jamais le poète président à la Normandie, et plus spécifiquement à Verson, où
le couple prit l'habitude de venir en villégiature dans la maison familiale de
Colette Senghor, au 150, rue du Général-Leclerc, puis d'y résider à partir des
années 1980 », rappelle la commune.
La première dame du Sénégal naît le
20 novembre 1925 à Mouzay (Meuse), dans une famille de vieille
noblesse normande dont les origines, aimera rappeler Senghor, remontent à
l’époque de Guillaume le Conquérant. Lorsqu’elle rencontre Senghor, il est
député du Sénégal et a, derrière lui, une première vie conjugale. En 1946,
il a convolé avec une Guyanaise, Ginette Eboué, fille du célèbre Félix Eboué,
gouverneur du Tchad rallié à de Gaulle dès l’appel du 18 juin et seul Noir
reposant aujourd’hui au Panthéon. Le prisonnier de guerre Senghor avait connu
les frères de Ginette en captivité. Le couple aura deux fils, Francis et Guy,
mais leur union, plutôt malheureuse, s’achèvera par un divorce en 1955.
Avec Ginette, dira Senghor, c’était
un « mariage par devoir ». Avec Colette, de dix-neuf ans sa
cadette, qu’il épouse le 18 octobre 1957, c’est clairement une
« affaire de cœur ». Dans les années 1930, le jeune Senghor et ses
camarades, futurs militants de la négritude, proscrivaient les mariages mixtes.
A la fin des années 1950, Senghor a renié de longue date cette «
négritude-ghetto ». Il exalte les vertus du métissage biologique et
culturel. En 1958, un fils naît chez les Senghor, Philippe, qui
cristallisera l’amour et la fierté du couple.
Pas dupe des joutes de pouvoir
En 1960, Senghor devient le père
de l’indépendance du Sénégal. Celle qu’il appelle tendrement en privé « Ma
petite Colette », commence à ses côtés, et dans son ombre, une nouvelle
vie qui lui vaudra l’admiration et le respect des Sénégalais. Elégante et discrète,
elle n’occupe aucune fonction officielle, n’émet aucun commentaire politique et
ne se mêle en rien des affaires de l’Etat. Mais cette républicaine dans l’âme
n’est pas dupe des jeux et des joutes du pouvoir. Elle n’aimerait pas que son
mari fasse le « mandat de trop », comme tant de dirigeants africains
cramponnés à leur trône. Elle voit d’abord en lui un intellectuel, un poète
« tombé » en politique par accident. Elle est donc la première à se
réjouir lorsque Senghor, en décembre 1980, quitte le pouvoir de son plein
gré.
Poète et écrivain, Léopold Sédar Senghor a été un chantre de la
négritude, un mouvement pour la défense des valeurs culturelles du monde noir
qu'il a fondé dans les années 1930 avec le Martiniquais Aimé Césaire et le
Guyanais Léon Gontran Damas. Agrégé en grammaire française, il a été le premier
Africain membre de l'Académie française
Sources combinées
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