Voilà l'exemple criant de la haine de l'esclave arraché de sa terre
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Par Max Dorismond
La France, la
Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne, en fait l’Europe entière saute sous les
férules d’intégristes de tout poil. Un meurtre restera toujours un meurtre de
trop. Personne ne peut cautionner la barbarie, quelle que soit l’époque, quel
que soit son horizon. Mais, il faut bien parfois transcender notre angoisse,
notre peur, aller au-delà de la crise émotionnelle, pour découvrir les raisons
de cette haine persistante qui a contribué à cette déplorable boucherie, quand la brûlante question vient frapper
à la porte de notre subconscient.
Pourquoi toute cette acrimonie? Éberlué par l’horreur, on se voit tantôt dans la peau des victimes, tantôt dans la tête du criminel pour essayer de comprendre le mobile de cette bestialité. Des réponses instantanées, selon la culture de chacun, le laissent avec l’illusion du réconfort d’un lendemain sans conséquence. Toutefois, ce n’est qu’une utopie. On est encore loin de la vérité. Il faut parfois aller au delà de l’histoire. La fin n’est pas pour demain. Les faits semblent plaider en faveur de la tornade à répétition.
L’insouciance
collective
Le train de la vie roule si vite que nous
omettons de nous attarder sur l’origine de l’événement macabre qui se dessine
sous nos yeux. Tel un fait divers, certains désastres nous passent par-dessus
la tête sans trop nous effleurer, surtout si des kilomètres nous séparent du
théâtre de la tragédie. Pire encore, parfois un livre parcouru ou une nouvelle
à la télé ne nous interpelle outre mesure. C’est l’histoire de l’autre. Or,
voilà, c’est bien ce fatal égoïsme qu’il faut extirper de notre inconscient et
nous convertir en psychologue de l’histoire passée pour mieux appréhender la
réalité qui n’est nullement évidente, tant elle est si bien maquillée. La
désinformation est une règle fondamentale dans le politico-social. Il nous
revient de bien ouvrir les yeux pour mieux capter le sens et le contresens des
non-dits.
Attentat sur les Champs-Elysées à Paris le 20 avril 2017 |
Indépendance
illusoire et source des recruteurs
Des milliers de vies piégées à la dérive en mer |
En effet, nul besoin
de chercher très loin la relation de cause à effet. Les sévices, les
humiliations, les exactions subies sous la férule du spoliateur ne s’oublient
pas du jour au lendemain. Un exemple entre mille : dans plusieurs pays libérés
de l’Afrique ou du Moyen-Orient, l’ex-colon garde encore un pied à l’étrier et
contrôle le pays par mercenaires interposés en portant des coups d’état à répétition si ses désirs
ne sont pas respectés à la lettre. Cette fourberie entraîne la mort, la misère,
la disette…etc. Dans les replis du subconscient d’un colonisé, ou ex-colonisé,
cette atteinte à sa dignité revient souvent, dans ses cauchemars, hanter son
existence et celle de ses descendants,
pendant longtemps. Quand ces derniers se sentent ostracisés, incompris,
marginalisés, ils deviennent des proies rêvées, à la merci des recruteurs des
redresseurs de torts, des intégristes de tout poil etc…
Désinformations et
mensonges
Pour l’usurpateur, le
colonisateur ou le prédateur, c’est une toute autre histoire. Après sa
forfaiture, la nature va reprendre ses droits. Quand remords et doute
s’installent dans son esprit, il est déterminé à faire table rase de toute
logique en falsifiant les faits en sa faveur pour se donner bonne conscience et
protéger sa mémoire et sa postérité contre les déferlements du tribunal de
l’histoire. En guise d’exemple de falsifications, voyons plus près de nous, la
rétrospective de l’histoire des Amériques ; les Indiens étaient définis
comme des «mangeurs d’hommes» qu’il fallait exterminer ; l’expression, « la
soupe au missionnaire » imputée au menu gastronomique des autochtones, n’a pas
été colportée autour du monde pour le plaisir de la littérature culinaire, mais
pour atténuer l’inhumanité des génocidaires. Les malheureux Nègres importés
d’Afrique, ont été taxés de bêtes de somme, d’incapables, de biens meubles,
pour mieux les déshumaniser et annihiler toutes entraves au profit d’un
commerce honteux ; l’épithète de barbares accolée à toute la peuplade
arabe, avant et après la croisade, à titre de justification pour s’emparer de
leur terre, piller les biens et artefacts de leur culture millénaire en vue de
meubler les salons et les musées de l’Europe. Il y a tant à dire…
Falsification de la
mémoire
Bref, l’imposteur écrit toujours son
« roman » à la porte de la légende au son « des sanglots longs/Des violons/ De
l’automne1 » (Verlaine), avec, au frontispice, son «abnégation», sa «grandeur
d’âme», sa «mission civilisatrice», sa «modestie» et tout le refrain connu…etc.
Des expressions creuses, des qualificatifs fallacieux enrobés de miel,
dont l’écho prétentieux imprime encore
un rictus amer à la face des survivants. Hollywood prend la relève pour nous en
extraire un dernier filet de larmes. Puis, la bible sur
mesure, laissée en héritage, contribue à boucler la boucle, en invitant les
malheureux rescapés ou leurs descendants à pardonner, à oublier le génocide
pour le « bonheur de l’humanité ». Ces froides mystifications,
relayées par le temps, ont occulté la réalité, puis l’oubli contribue à compléter
le tableau. Ainsi gavés de compassion, lisant les bons petits ouvrages
innocents qu’on nous refile le temps d’une sieste, visionnant les films en bleu
et rose dont le petit écran nous bombarde à longueur de journée, on va au lit
sans interrogation, sans remettre en question le maquillage de l’histoire ou
l’histoire elle-même tissée de fil torsadé
avec lequel les cyniques nous entortillent comme un vulgaire saucisson
en se payant de notre intelligence.
Invitation à la
réflexion
Attaque meurtrière à Londres près du Palais Westminster qui a fait 4 morts le 22 mars 2017. |
En dépit de tout le
réveil s’avère brutal
Ce n’est pas sorcier.
Tout, autour de nous, est marketing, informations et désinformations. En dépit
de toutes ces circonvolutions intellectuelles, le trou du mensonge n’est jamais
tout à fait imperméable. Les relents de l’histoire ont la fâcheuse tendance à
refaire surface au moment le plus inattendu.
Au moins 800 morts au large des côtes lybiennes lors du naufrage des centaines réfugiés le 19 avril 2016. |
Solutions pour le
futur
Voilà, à mon avis,
l’une des quelques raisons de ces explosions multiples qui déferlent sur
l’occident, via l’Afrique, le Moyen-Orient…etc. Nous devrons revoir nos
priorités si nous voulons connaître la paix. Selon la formule consacrée, le
monde actuel est un village global. Rien ne peut être caché comme autrefois.
Tout se sait, quoiqu’on fasse. À travers les multiples fenêtres sans rideau des
réseaux sociaux, l’espace d’un clic : nouvelles, commentaires et images se
trouvent à la une de nos ordis, tablettes ou téléphones. Nul ne peut plus
tordre le coup à l’information. Chaque citoyen est un photo-reporter. La
transparence a une planète. Trouvons d’autres façons de combler nos envies de
richesse spontanée, sinon la paix ne sera pour tous qu’un lointain souvenir.
Max Dorismond
Note :
1- Paul Verlaine : « Chanson
d’automne ».
2 - Source : Labor’s Untold Story, of
Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)
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