Par Max Dorismond
Farida Nabourema |
Vous croyez
connaître toutes les horreurs de l’esclavage en référence à vos lectures
passées. Détrompez-vous. Le texte
ci-dessous, une réponse de Farida Nabourema, 24 ans, à la
jeune députée du Front national, Marion
Maréchal-Le Pen, aussi, 24 ans, ne vous laissera pas indifférent.
Lors d’une
interview télévisée en décembre 2013, la députée française, nièce de Marine Le
Pen, a eu à déclarer que : « Dans
nos colonies, nous n'avons jamais appliqué l'Apartheid. On peut en faire une
fierté ». Il n’en fallait pas plus pour piquer au vif, la jeune
togolaise, Farida Nabourema. Elle a extrait de ses souvenirs un texte époustouflant
de vérité pour apporter une leçon d’histoire à la belle Maréchal qui doit sans
doute la remercier de tout son cœur.
Après sa
lecture, une lancinante question viendra troubler votre quiétude, à
savoir : « avions-nous été
colonisés par des chiens enragés ? ». En effet, vous aurez la
certitude qu’on vous avait caché toute la réalité de la souffrance de vos
ancêtres, tant les faits révélés sidèrent. Et pourtant, selon ce que nos
historiens nous avaient décrit, nous demeurons avec la nette impression que la
colonisation française en Haïti fut une excursion de santé dans les campagnes
de chez-nous au temps des mangues au mois de mai. Tandis que, en Afrique, c’est bien
écrit dans le texte, la férocité des cruautés qu’avait enduré les nègres aux
mains des Français, les poussèrent à prendre la fuite dans les colonies anglaises
pour prier ces derniers de les accepter comme leurs esclaves. L’option du choix
de la moindre des deux souffrances. Hélas ! Cette logique dépasse notre
entendement. C’est un très long texte. Il sera sectionné en deux parties pour
vous permettre de vaquer à vos occupations.
Bonne réflexion.
MD.
Droit
de Réponse à Marion Maréchal Le Pen
Par Farida Nabourema
Mlle Marion Le Pen, je souhaiterais avant tout vous informer que la
France ne possède plus de colonies à moins que vous ne désigniez par-là la
Corse ; ce dont je doute. Depuis de nombreuses années que je tombe à chaque
fois par hasard sur les déclarations des membres de votre parti le Front
National, et plus précisément de ceux de votre famille à savoir votre
grand-père Jean-Marie
Le Pen et votre tante Marine
Le Pen, je n’ai jamais jugé bon de répondre aux multiples inepties que vos
proches ont tendance à pondre. Mais cette fois, suite à votre déclaration
incongrue qui sans nul doute affiche votre ignorance béante de ce pays que vous
prétendez représenter à l’Assemblée Nationale, j’ai décidé de vous répondre car
je n’ose pas croire que vous êtes une imbécile pour vous répondre par mon
silence comme j’en ai pris l’habitude avec votre tante Marine. Mlle Marion Le
Pen, par cette déclaration "Dans nos
colonies, nous n'avons jamais appliqué l'Apartheid. On peut en faire une fierté
» que vous aviez faite sur BFM TV le 16 Décembre dernier lors d’une émission au
cours de laquelle vous sembliez rendre hommage à Nelson Mandela, ce monsieur que
votre « papy Jean Marie » traitait affectueusement de «terroriste » dans les années
80, vous ne m’avez point choqué car je sais que la France dans laquelle vous
aviez grandi ne vous a jamais apprise dans ses écoles, les horreurs qu’elle a
commises dans ses anciennes colonies. Vous êtes de cette génération à qui la
France ment et à qui la France cache son linge sale que vous avez pourtant le
devoir de laver afin de réduire le degré de haine et de dégoût que ressentent
ceux-là que votre pays dont vous êtes si fière, a humiliés, déshumanisés,
torturés, exploités, opprimés, réprimés et continue de martyriser.
Comment
pouvez-vous laver le linge sale de votre chère France si durant toute votre
vie, les gens comme votre grand-père qui avaient soutenu l’Apartheid ont passé
leur temps à vous faire croire que la France n’a fait qu’aider les « autres » à
se « civiliser ». Oui, la civilisation de la sauvagerie et de l’avilissement !
Marion Le Pen |
Mlle Le Pen, à
24 ans, vous êtes la plus jeune député de la France et étant votre cadette de
quelques mois seulement, je peux donc conclure que vous et moi sommes de la
même génération et pourrai alors dire qu’à cet âge et avec le poste que vous
occupez, vous devriez connaître la vraie histoire de votre pays la France. Si
et seulement si vous eûtes fait preuve de moins de paresse intellectuelle en ne
vous contentant pas que des histoires que vous racontent « Papy Jean-Marie »
mais hélas ! Je vais donc vous rendre un très petit service en parcourant avec
vous quelques-unes des politiques de la France dans ses anciennes colonies qui
étaient pies que l’Apartheid en Afrique du Sud.
Avant tout,
laissez-moi vous rappeler que vos ancêtres font partie de cette espèce d’êtres
humains qui ont jugé noble d’acheter, de vendre d’opprimer et de massacrer
d’autres êtres humains. Le Code Noir qui désigne l’ensemble de textes
juridiques codifiant la vie des esclaves noires dans les anciennes colonies
françaises (Indes françaises) est ordonné par le roi Louis XIV en 1685. Dans ce
code, l’un des rois les plus adulés des « français de souches » comme vous
Mademoiselle, a tout simplement animalisé les Noirs (pratique que des membres
de votre partie telle qu’Anne-Sophie Leclerc continuent) et dénigré d’autres
peuples pour le simple fait que ceux-ci avait une couleur de peau ou
pratiquaient une religion différente de la vôtre . L’article 1er du Code Noir
nous dit : « Voulons que l'Édit du feu roi de glorieuse mémoire, notre très
honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles ; se
faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les
juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du
nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de
la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens. »
Le Code Noir
chère Mlle Le Pen est le fondement même des systèmes de ségrégation raciale et
raciste comme l’Apartheid et l’on peut dire que les Boers d’Afrique du Sud se
sont inspirés de la cruauté de vos ancêtres pour établir une version beaucoup
plus diluée du Code Noir en Afrique du Sud. De la même manière que les Noirs
étaient interdits de se regrouper durant l’Apartheid. Le Code Noir stipule dans
son article 16 : « Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différents
maîtres de s'attrouper le jour ou la nuit sous prétexte de noces ou autrement,
soit chez l'un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grands
chemins ou lieux écartés, à peine de punition corporelle qui ne pourra être moindre
que du fouet et de la fleur de lys. Et, en cas de fréquentes récidives et
autres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort ».
En Afrique du
Sud, bien que les Noirs fussent extrêmement sous-payés, ceux-ci recevaient
quand même une compensation aussi infime soit elle pour leur travail et avaient
le droit d’exercer certaines petites activités commerciales. Mais dans
l’article 18 du Code Noir Mlle Le Pen, il est dit ceci : « Défendons aux
esclaves de vendre des cannes de sucre pour quelque cause et occasion que ce
soit, même avec la permission de leurs maîtres, à peine du fouet contre les
esclave, de 10 livres tournois contre le maître qui l'aura permis et de
pareille amende contre l'acheteur ». Car vos ancêtres voulaient absolument
éviter que les Noirs ne disposent de ressources financières qui risqueraient de
leur permettre d’acheter leur liberté à leurs maîtres comme c’était le cas dans
certaines colonies britanniques et portugaises.
Dans les
anciennes colonies françaises, les esclaves ne pouvaient même pas rêver acheter
leur propre liberté. Durant la période de l’esclavage, de nombreux historiens
révèlent que plus d’un million de Noirs ont été massacré dans les colonies
françaises seules. Vous me répondrez peut être que la République Française et
plus précisément la 5ème République du héros Charles De Gaulle n’a rien à avoir
avec cette France esclavagiste. Et bien c’est vrai ! Votre 5ème République
Française est pire que la France de Louis XIV : elle est la France de la
barbarie pure et simple. Mlle Le Pen, serez-vous toujours fière de votre chère
France en apprenant que celle-ci a massacré froidement et sans remords 120
mille camerounais en trois ans, de 1959 à 1962 pour le simple fait que ceux-ci
ont réclamé leur droit le plus inaliénable qui est celui de l’auto
-détermination ?
Je n’invente
pas les chiffres car c’est le journaliste du Monde André Blanchet qui le dit
suite à ses enquêtes alors que les camerounais quant à eux parlent de plus de
200 milles morts. En Algérie, il fut question de 700 mille morts durant cette
guerre coloniale que la France niait jusqu’en 1999 et qu’elle désignait
affectueusement par « événements d’Algérie ».
Au cours de la
guerre d’Algérie, la France de De Gaulle avait créé des camps de concentration
qu’elle avait rebaptisé « camp d’internement » dans lesquels elle torturait et
abattait sauvagement les arabes qu’elle y emprisonnait. Des milliers de jeunes
filles pour la plus part des adolescentes ont été arrachées à leurs parents qui
furent exécutés et réduites en esclaves sexuelles que les soldats français que
votre 5ème République a fièrement décoré plus tard, violaient passionnément et
collectivement. Certaines des survivantes raconteront plus tard qu’elles
étaient violées par au moins 100 soldats en une seule journée. De nombreuses
tombèrent enceinte et eurent des «enfants sans père » qu’aujourd’hui vos
camarades appellent amicalement « la racaille ».
Mlle Le Pen,
comparer l’Apartheid aux bestialités de la France dans ses anciennes colonies
est comme comparer une gifle à une décapitation. Loin de moi l’intention de
minimiser les exactions du régime de l’Apartheid contre les Noirs d’Afrique du
Sud ou encore moins de justifier l’Apartheid mais il est important que je vous
apprenne que votre France dont vous êtes si fière fut et continue d’être l’une
des puissances impérialistes les plus cruelles de l’histoire de l’humanité.
Dans mon pays le Togo, durant la conquête coloniale, les soldats français ont
coupé les deux pouces à l’aide d’une hache, aux guerriers de l’ethnie Konkomba
qui résistaient à l’occupation française munis leurs arcs et flèches. Mlle Le
Pen, s’il vous est difficile d’imaginer la douleur que ces milliers d’hommes
ont ressentie, je me propose de vous faire cette expérimentation mais
malheureusement j’ai peur d’abîmer vos maigres doigts qui n’ont sûrement jamais
tenu une houe et un coupe-coupe de leur existence.
C’est avec ces
outils rudimentaires que des millions d’Africains ont cultivé des centaines de
milliers d’hectares de force pour épargner la famine à votre peuple avant,
pendant et après les deux guerres mondiales et la crise économique de 1929 qui
ont rendu la France plus pauvre et plus féroce et qu’elle ne l’était déjà
.Votre pays la France a établi après l’abolition de l’esclavage et bien entendu
du Code Noir, un autre code cordialement appelé « Le Code de L’Indigénat ». Ce
code qui fut adopté en Juin 1881 et imposé aux peuples des colonies françaises
en 1887, « distinguait deux catégories de citoyens : les citoyens français (de
souche métropolitaine) et les sujets français (les indigènes). »
Ce complexe de
supériorité qui régente votre peuple et que votre parti ne cesse de témoigner à
travers ses discours provocateurs vous donne le droit d’appeler les autochtones
des pays que vous êtes partis piller, des « indigènes ». Ce code de l’indigénat
réduisait de nouveau les Noirs à l’esclavage ; rebaptisé en « travaux forcés ».
Dans les anciennes colonies françaises, les Noirs devaient travailler de force
pour la France sans compensation aucune. Certains avaient le devoir de cultiver
le café, le cacao, le coton et autres produits agricoles qui ne peuvent jamais
germer sur votre pauvre sol français. D’autres devraient quant à eux construire
les chemins de fer et les wharfs qui devraient permettre à la France d’exporter
les produits qu’elle volait aux colonies et d’autres enfin, devraient servir
les administrateurs de colonies comme hommes de chambres, cuisiniers,
vaguemestres, coursiers etc. La punition était les coups de fouet,
l’amputation, ou la mort pour ceux qui voulait résister à la bestialité
française.
Entre 1908 et
1909, plus de 1500 « infractions » au Code de l’Indigénat ont été réprimées au
Congo-Brazzaville seul et « en 1928, Albert Londres journaliste au Petit
Parisien » découvre que la construction des voies ferrées ou les exploitations
forestières provoquent un nombre effroyable de morts parmi les travailleurs
africains du Sénégal au Congo et dans son article il écrira ceci : « Ce sont
les nègres des nègres. Les maîtres n'ont plus le droit de les vendre. Ils les
échangent. Surtout ils leur font faire des fils. L'esclave ne s'achète plus, il
se reproduit. C'est la couveuse à domicile. »
La répression
dans les colonies françaises était si aiguë que des millions de personnes ont
fui leurs villages pour s’installer dans les colonies britanniques. Robert
Delavignette haut fonctionnaire, directeur de l’Ecole de la France d’outre-mer
et spécialiste des questions coloniales a rapporté la migration de plus de
100,000 Mossis de la Haute Volta (actuelle Burkina Faso) à la Gold Coast
britannique (actuel Ghana). Le journaliste Albert Londres quant à lui, révéla
aussi que plus de 600,000 personnes ont fui les colonies françaises d’Afrique
de l’ouest vers la Gold Coast et plus de 2 millions ont fui les colonies
d’Afrique centrale et une partie de l’Ouest vers le Nigeria qui était aussi une
colonie britannique. La barbarie inouïe des colonisateurs français était
insupportable aux « indigènes » qui ont préféré la domination britannique à la
domination française. Ne dit-on d’ailleurs pas « qu’entre deux maux il faut
choisir le moindre ? »
Cependant,
notez-bien Mademoiselle que la cruauté de cette France dont vous êtes si fière
ne s’est pas arrêtée là. Afin de combler le vide dans ses colonies que les
populations désertaient du faite de sa répression intense, la France «
exportait » de force, comme des troupeaux, les Africains d’un pays à un autre
pour les faire travailler dans ses plantations. Des milliers de personnes ont
été parachutées de la Cote d’Ivoire à la Centre Afrique, du Sénégal au Congo et
j’en passe. Et quand ces dernières se sont décidées à obtenir leurs liberté de
la France et à mettre fin à leurs exploitation, domination, oppression et
répression, la France les a massacré comme au Cameroun, en Algérie ou encore au
Madagascar ou plus de 100,000 Malgaches ont été massacrés par les soldats
français suite à leur soulèvement en 1947.
Mlle Le Pen, je
peux écrire 1000 tomes d’un livre d’1 million de pages chacun pour vous relater
la politique nauséabonde de votre chère France dans ses anciennes colonies. Je
peux également passer des années à réciter les exactions commises par votre
adorable France dans ses anciennes colonies qui surpassent de très loin ce que
les Noirs d’Afrique du Sud ont connu avec les Boers. Je peux peindre du sang
des dizaines de millions personnes que la France a bombardées, fusillées
pendues, trempées dans le l’acide, brûlées vif, décapitées, enterrées vivant,
chacun des millions de murs en France et toujours manquer de place pour y peindre
les larmes qu’ont fait coulé et continue à faire couler votre France dans ses
anciennes colonies.
Et pour finir,
notez pour votre gouverne que les Mandela de ces anciennes colonies à savoir Toussaint Louverture, Sylvanus Olympio, Ruben Um Nyobé, Barthélémy Boganda,
Félix Moumié, Outel Bono, Modibo Kéita, Marien N’Gouabi, Ali Soilih, Mahamoud
Harbi Farah, Germain Mba, Aline Sitoé Diatta, Thomas Sankara pour ne citer que
ceux-là ont été exécuté par cette France dont vous êtes si fière. Ne venez surtout
pas Mademoiselle remuer le couteau dans notre plaie qui refuse de guérir parce
que des ignares se permettent à chaque fois de débiter des sordidités comme
vous le faites.
Source : Farida Nabourema
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