Par Emmanuelle Gilles
Emmanuelle Gilles |
Lorsqu’Opont avait déclaré que le président qui a
été proclamé gagnant en 2010 n’était pas
celui qui a été élu. Je suis tombée des nues. C’était grave car la confiance de
toute une population a été violée. Comme vous l’aurez remarqué, par principe,
j’avais supporté le président élu et lui donner le bénéfice du doute car à mon
avis, on ne vote pas pour un président pour le renverser deux ans après parce
qu’on n’est pas satisfait. En votant pour un chef d’Etat, on vote son
programme, sa vision et ses intentions. Nous autres haïtiens, nous avons une
autre culture qui sous-entend aimer un président comme un icone, le tolérer
dans toutes ses dérives sans discernement ou le détester à le renverser. Il n’y
a pas de commune mesure ou d’analyse objective, c’est-à-dire savoir reconnaitre
ce qu’il y a de positif ou de négatif et même de diabolique chez certains.
Comme l’avait dit Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà
». Pour beaucoup, Il est tout simplement question de profiter du pactole.
L’absence de structures laisse entrevoir que le gouvernement en Haïti est un
moyen sûr de faire fortune dans un très bref délai. Ceci dit, en revenant sur
les manifestations sans cesse pour le pouvoir, il était normal qu’on privilégie
la stabilité politique dans la mesure ou on comprend que le développement d’un
pays à long terme y dépende et le « kraze brize dans les rues n’ont jamais
avancé notre pays ou notre cause, au contraire ces pratiques découragent le
développement de bons partenariats cruciaux pour une bonne coopération au
niveau bilatéral et international. Bref !!
Lorsqu’un gouvernement est
« élu », on se doit de souhaiter sa réussite dans l’intérêt du pays et jusqu’à
nouvel ordre sans pour autant supporter la personnalité. Je suis stupéfaite de
voir des gens soi-disant éduqués, qui n’arrivent pas à faire une distinction
entre la personnalité et la fonction. En fait, le problème qui caractérise les
fanatiques invétérées par rapport aux analystes éclairés c’est leur
opportunisme, leur attente personnelle d’un gouvernement. Je ne serai jamais
dans la logique de déstabilisation et des manifestations dans le vide sans une
alternative viable. Je suis pour la destitution d’un gouvernement qui commet
des délits graves à travers un processus légal et non des manifestations de rue
ou par la voie du dechoukage. Si les structures n’existent pas pour contrôler
les excès d’un gouvernement et prendre des sanctions appropriées, il faut voir
que le problème est grave et le demeurera aussi longtemps qu’il n’est pas
abordé! Le pays est incapable de se doter d’un conseil constitutionnel ou d’un
conseil Electoral permanent, deux obstacles majeurs à la stabilisation du pays.
Chaque gouvernement élu est bonnet blanc et blanc bonnet a tour de rôle et je
me demande pourquoi continuer à organiser de mascarades d’élection-leurres
quand on connait les résultats à l’avance et l’entité qui tire les ficelles. Au
niveau institutionnel, quels résultats avons-nous remarqué? aucune réforme
constitutionnelle, aucune réforme institutionnelle, aucune politique de
décentralisation, de l’administration publique et aucune politique
multisectorielle susceptible de susciter même une lueur d’espoir dans un pays
condamné à la pauvreté par ses propres leaders.
Lorsque l’on sait que les mêmes causes produisent les mêmes
effets et on persiste à œuvrer dans la même direction depuis des décennies,
même lorsque les statistiques nous classent parmi les derniers en tout, on
n’est pas seulement de mauvaise foi, on est méchant! On peut bien me demander
pourquoi « ON » ? C’est parce que c’est nous qui votons, c’est nous qui
revendiquons ! C’est ce qui nous rend tout aussi complice !
Si Martelly a réalisé
certains projets et mis en branle quelques programmes, il faut le reconnaitre,
Malheureusement, j’ai été particulièrement écœurée par la désinvolture avec
laquelle le Président avait géré le dossier des Haïtiens en République Dominicaine
aussi bien que la mise en liberté de certains bandits notoires.
Comme tous ses prédécesseurs, ils ont tout fait pour influencer le système
judiciaire, un signe qu’ils n’ont pas le souci de renforcer les institutions.
Rien de nouveau ! En outre, le vol, la corruption l’abus de pouvoir par la
famille se confirmaient a vu d’œil. Je serais peut-être inconsciente de ne pas
faire preuve d’objectivité, de donner au gouvernement ses mérites là où elles
sont dues et de condamner de façon virulente les nombreuses violations et abus
de pouvoir. Il me semblerait que le Chef d’Etat chanteur n’a pas suffisamment
frisé le ridicule. A cela s’ajoute son intention d’imposer son candidat en nous
faisant le coup du père François tout comme en 2010 avec Préval et en 2000 avec
Aristide. S’agissant du « Nègre bananne », dont jusqu’ici le seul péché c’est
de se faire passer pour une marionnette du pouvoir, Il n’est pas surprenant que
des mains externes y soient trempées mais en même temps la sortie d’Aristide
peut avoir été le déclencheur du vote en faveur de Jovenel Moise dans certains
secteurs dans le but de contrecarrer une autre ère lavalassienne. Haïti est un
pays condamné par ses propres leaders et des hommes influents du secteur privé
en complicité avec le nord. L’on doit se demander où sont les penseurs d’Haïti
lorsqu’on est réduit à ce stade d’asthénie et d’alanguissement où on ne peut
que crier « AU SECOURS » et Haro sur le baudet ! La patrie est en grand danger
de mort ! Il faut des opérations chirurgicales ponctuelles pour la sauver.
Notre constitution est la
règle la plus élevée de l’ordre juridique de notre pays. Elle est le mode de
fonctionnement d'un pays, Elle doit être efficace à garantir les droits et
libertés des individus et la séparation des pouvoirs. Dans la mesure où notre système
politique a échoué, et tout le monde le constate, un amendement constitutionnel
s’impose pour débloquer une situation récurrente défavorable à notre pays. Mes
recommandations sont les suivantes :
D’un point de vue constitutionnel :
1) En aucun cas les Elections ne peuvent être financées par des fonds
étrangers, c’est déjà un moyen d’éviter l’ingérence des étrangers dans le
processus, moyennant que les acteurs nationaux prennent leurs responsabilités;
2) En aucun cas un Diplomate étranger ou un représentant ne peut influencer le
vote du peuple ou imposer un candidat ;
3) Vu les circonstances de conflits constants, les couts élevés et l’ingérence
extérieure, les élections ne se feront plus par suffrage universel directe, une
possibilité serait que le choix du président se fasse par vote au niveau des
parlementaires de haut niveau mandatés par leur région respective; Pour réduire
les couts des élections, un système parlementaire aurait été plus approprié.
4) Le Conseil Electoral Permanent doit être constitué dans l’immédiat selon la
lettre de la constitution autrement les élections ne pourront être validées
sans un Conseil Electoral Permanent ;
5) Un Conseil Constitutionnel doit être établi dont le rôle est de veiller au
respect des lois constitutionnelles, servir d’arbitrage entre l’exécutif et le
législatif en cas de conflits et serait responsable de prendre des décisions
pour sanctionner un chef d’Etat ou un parlementaire accusé de violations (vols,
crimes, corruption etc….) à partir d’un audit par ce conseil ;
6) Les délibérations du Conseil Constitutionnel doivent être télévisées pour le
grand public ;
7) Les élections doivent être organisées par le Conseil Electoral permanent
seulement après le départ du gouvernement ; Un gouvernement provisoire est formé
durant la période électorale en attendant la proclamation des résultats. Le
gouvernement provisoire n’aura aucun rôle dans l’organisation des élections.
8) Les parlementaires doivent être âgés de 45 ans minimum, licenciés en droit
et diplômés de l’université, ou ayant une expérience approfondie dans le
domaine du droit en lieu et place d’un diplôme universitaire, une condition
pour être candidat au Senat. A noter que les parlementaires sont appelés à
voter des lois, des conventions et des traités, à les analyser et à les
ratifier. Il est important qu’ils soient bien formés afin de remplir les tâches
qui leur incombent avec efficacité.
9) Eliminer la chambre des députés. Ce système bicaméral ne fait que grossir le
budget de l’Etat. Le pays peut bien gouverner avec un système monocaméral.
10) En remplacement de la chambre des députés, je propose que chaque
département ait un gouverneur pour administrer leur région respective ;
11) Pour être élu chef d’Etat, il faut être âgé de 45 ans ou plus, avoir une formation
universitaire et un certificat de bonne vie et mœurs;
12) Un audit doit être opéré à la fin du mandat de chaque président et du
Premier Ministre ;
13) Déclaration des biens du Chef de l’Etat avant et après leur mandat ne doit
pas être une option mais une loi à observer.
14) Un gouverneur par département géographique responsable du développement de
leur département respectif ; Leur rôle serait de mettre en valeur les
ressources de leur région, créer des activités économiques, mobiliser des
ressources et réduire la pauvreté ;
Loi Electorale :
1. Pour être candidat à la présidence, et recevoir des fonds de campagne, il
faut avoir été militant dans un parti pendant une période de 5 ans, et les
membres du parti doivent évaluer la capacité du candidat à remplir la fonction
de Chef d’Etat ; C’est la responsabilité d’un parti de s’assurer qu’un candidat
à la présidence remplisse les conditions requises !
2. Les candidats indépendants et non issus d’un parti politique doivent payer
une somme d’argent à l’Etat et ne seront guère éligibles à recevoir des primes
pour leur campagne ; Ainsi aucun candidat ne puisse se déclarer candidat a
quelques mois des élections sans préparation au préalable.
3. Aucun candidat ne pourra poser sa candidature à un poste politique si le
parti n’a pas été créé et reconnu par l’Etat cinq ans auparavant. C’est ainsi
qu’on évitera qu’un quidam vienne briguer la présidence quelques mois avant les
élections ou qu’un chef d’Etat créé un parti dans le but de se présenter aux
élections.
4. Une fois que la constitution interdit noir sur blanc l’ingérence étrangère
et les politiques imposées à la nation, le Chef d’Etat qui se voit contraint
doit pouvoir se servir de la constitution en guise de réponse formelle.
Il reste à savoir s’ils vont continuer sur cette même lancée
sans tenir compte que les mêmes causes produisent les mêmes effets! Comme
disait Albert Einstein, « c’est de la folie de penser qu’en faisant tout le
temps la même chose, vous pouvez obtenir des résultats différents! »
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