Guy Philippe veut plaider coupable devant un tribunal de Miami |
Vu que
l’affaire Guy Philippe avait suscité beaucoup de passion en Haïti et ailleurs, nous
avons jugé bon de traduire cet article de Miami Herald
qui
donnera peut- être une nouvelle perspective au sujet de ce personnage.- (HCN)
Après
s’être dérobé à la poursuite des feds [américains] tout au cours d’une
décennie en Haïti, Guy Philippe veut plaider coupable devant un tribunal de
Miami…
Guy Philippe a apparemment épuisé
toutes ses manoeuvres dans sa guerre d’usure qu’il livrait au gouvernement
américain.
Guy Philippe (2004) |
L'ancien commandant de la police nationale haïtienne qui
avait mené une révolte contre le président de son pays en 2004 et qui a été élu
au Sénat l'année dernière a accepté ce lundi de plaider coupable suite à
une accusation liée à la drogue, selon une note déposée vendredi dernier
devant la Cour fédérale de Miami.
Il ne ressort pas clairement de cette note si Philippe,
agé de 49 ans, plaiderait coupable de l’accusation principale de
contrebande de cocaïne en provenance de Colombie via Haïti-États-Unis ou bien
de l’infraction secondaire de blanchiment d'argent. Ces deux actes
d’accusation peuvent être lus dans le dossier d'inculpation pris contre lui
en 2005.
L’accusation de trafic de drogue est passible
d’une peine de prison à perpétuité tandis que le crime de blanchiment d’argent
peut entraîner une sentence de 20 ans de réclusion criminelle.
Dans le but d’éviter le risque d'un procès au début de mai
et d’une éventuelle condamnation en rapport avec la principale accusation
de contrebande de drogue, il se pourrait que Guy Philippe ait
accepté les offres des procureurs fédéraux en plaidant coupable. Vu qu’en
échange il recevrait une sentence de plusieurs années au lieu de la prison à
vie.
Zeljka Bozanic, l'avocate de
défense de Philippe, a confirmé samedi qu’ « un arrangement favorable est en
place» lui permettant d'éviter une condamnation à perpétuité. Elle a refusé
cependant de fournir des détails y relatifs. Le bureau des procureurs
fédéraux des États-Unis n'a pas pu être contacté pour des commentaires.
Philippe a toutefois insisté qu’en tant que sénateur
élu , il ne pouvait être poursuivi par les autorités américaines et que
son arrestation le 5 janvier par les agents de l'administration des stupéfiants
des États-Unis était un enlèvement. Mais un juge fédéral à Miami a statué contre
lui le mois dernier, affirmant qu'il n'était pas encore protégé par l'immunité
souveraine du fait qu’il n’avait pas encore été assermenté lors de
son arrestation à l'extérieur d'une station de radio de Port-au-Prince.
Après ce revers majeur, Philippe, qui avait au
préalable plaidé non coupable, s’est vu apparemment contraint de
trouver un arrangement avec le bureau des procureurs des États-Unis.
La décision de Philippe de plaider
coupable va sûrement décevoir certains législateurs haïtiens, ainsi que
des partisans qui voulaient faire passer son arrestation et son
extradition pour une “cause célèbre”. Des partisans avaient protesté contre son
arrestation dans sa ville natale de Pestel, dans la Grand’Anse, devant
l'ambassade américaine à Port-au-Prince et devant le palais de justice fédéral
de Miami lors de sa comparution en janvier devant le tribunal .
Jovenel Moïse (à gauche) en compa gnie de Guy Philippe à Jérémie.lors de sa campagne présidentielle. |
Même le président haïtien Jovenel Moïse avait donné du poids à cette affaire . Bien qu'il n' eût rien dit publiquement
au sujet de l'arrestation de Philippe, Moïse, qui avait ouvertement fait sa
campagne présidentielle avec ce dernier à ses côtés malgré son statut de fugitif, a récemment nommé un certain nombre de partisans proches de
Philippe à des postes clés du gouvernement. Parmi eux: le chef du parti
politique de Philippe, Jeantel Joseph, qui avait instigué les
manifestations devant l'ambassade des États-Unis et a reçu
par la suite un poste important de sécurité au sein du gouvernement haïtien.
Le mois dernier, le Sénat d'Haïti a
passé deux jours à débattre l'affaire de Philippe avant d'approuver avec une majorité écrasante une résolution "condamnant
énergiquement" l’arrestation et la déportation de celui-ci aux États-Unis. Des membres du sénat ont même avancé que son arrestation était une attaque contre la démocratie
et la souveraineté d'Haïti, et ont réclamé des excuses publiques du chef de la
police Michel-Ange Gédéon et du chef de son unité de police judiciaire, Normil
Rameau, que certains partisans de Philippe ont tenté de faire révoquer ce
mois-ci en représailles contre l'arrestation.
"Le Sénat a été
discrédité", a déclaré le sénateur Joseph Lambert,
ancien président de la chambre, le seul à voter contre la résolution de
Philippe alors que quatre autres s’étaient abstenus.
Au sujet du changement de plaidoyer de Philippe, Lambert a
déclaré que le [grand] corps a commis une erreur en venant à la défense
"d'une personne sur qui il n'avait pas toutes les informations
[et] ... il est allé jusqu'à diminuer l'image de la seule force de
sécurité que nous avons dans le pays en demandant au chef de la police de faire
des excuses publiques ".
Guy Philippe ( photo archive 2004) |
Philippe est le dernier accusé d’importance
dans la lutte des États-Unis contre la contrebande de cocaïne en Haïti.
Une lutte qui a conduit à l'inculpation de plus d'une douzaine de
trafiquants de drogue dont des hauts gradés de la police et un ancien sénateur haïtien. Parmi eux: on peut citer Beaudouin "Jacques "
Ketant, un narco-trafiquant
haïtien qui avait accusé l'ancien président Jean-Bertrand Aristide
d'avoir fermé les yeux sur le commerce de la cocaïne. Ketant initialement
avait été condamné à 27 ans de prison aux États-Unis. Il
a été expulsé vers Haïti en 2015, lorsque sa sentence a été réduite de
moitié pour avoir aidé les enquêteurs fédéraux.
Depuis
plus d'une décennie, des agents fédéraux, en collaboration avec la Police
nationale d'Haïti, avaient fait au moins 10 tentatives d'arrestation de
Philippe: la mise en place de points de contrôle, l’usage des informateurs
payants, le lancement d'une opération militaire américaine et une
poursuite à pied au milieu d’une végétation dense pour le perdre par la
suite et rentrer bredouille (...)
Une traduction de HCN
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