Nous sommes condamnés à détruire
le pont d’or des privilégiés
Par
Max Dorismond
Optimiste de nature, j’avais misé sur un certain espoir. Car, je croyais encore en la destinée de l’homme originel, né sans péché, sans vices et sans tares, pour voguer dans l’expectative d’une rédemption, en vue de se reprendre en mains, pour sauver ce qui pourrait l’être, tout en essayant de renverser le dé du destin, quand la cohésion sociale laissait à désirer.
En attendant ce dieu tombé des cieux, je prends la liberté de laisser dans son sillage, quelques propositions, à une époque où les prémices d’une nouvelle Constitution anime un discours polarisant, pour lequel de brillants esprits ont connu une fin atroce, pour avoir tenté de braver cette hydre à sept têtes, qui hypothèque encore le pays : une rose pour Me. Monférrier Dorval.
En attendant, je souhaite le recadrage et la promulgation de cette loi-mère qui serait concoctée et rédigée un jour par des « hommes honnêtes », ayant pour boussole la notion de l’égalité et le culte du bien commun saupoudré d’un zeste de bonne foi. Je rêve aussi de voir figurer dans les règlements qui la sous-tendent, les notes concordantes ci-dessous, destinées à freiner les ardeurs de certains doigts trop prestes, qui suintent la forfaiture, si on désire créer une sorte d’équilibre entre les mandants et les mandataires. Car, si certains prétendent à des privilèges, ils se seraient trompés d’histoire. Il reviendrait à toute la nation d’en bénéficier et non à une clique. Ce serait, une fois pour toutes, la fin de la corruption débridée, le terminus de l’étalage ostentatoire de la soudaine richesse des parvenus.
Tout en spéculant, pour la beauté du geste, sur l’émergence ou sur l’implantation d’un État de droit, pour encadrer cet acte de haute réflexion, veuillez, mesdames, messieurs, les décideurs, intégrer ces quelques ajouts ci-dessous, à titre de garde-fou, que je souhaite voir conforter les structures réglementaires de cette loi.
Pour le renforcement des règlements au bénéfice
d’un certain équilibre.
1 - Tous ceux qui siègent au timon des affaires, les membres du gouvernement, tous les parlementaires indistinctement, en fait, les gestionnaires de toutes les institutions, ceux de l’opposition officielle et tous les politiciens de la rue qui aspirent à recevoir un mandat du peuple, ont l’obligation légale de garder leur épouse et leurs descendants sous leur toit, dans leur résidence au pays.
2 – Au cas où ces derniers ne résideraient pas sur le territoire national, le délégataire nommé ou élu serait tenu de les rapatrier, dans un délai de trente jours, après l’amorce de son mandat.
3 – Tous les enfants d’un mandataire présent ou futur devrait étudier au pays, de l’école primaire à l’université jusqu’à l’obtention du diplôme de premier cycle, sauf pour une maîtrise ou un doctorat.
4 – Aucun gestionnaire de la Nation et ses proches, en cas de maladie, ne doivent se faire soigner à l’étranger, sous aucun prétexte, sauf si leur cas est incurable et qu’aucun spécialiste ou hôpital du pays ne soient en mesure de les traiter. Dans cette optique, la pays se chargera d’inviter à ses frais, de l’étranger, un spécialiste pour leur prodiguer ces soins.
5 – Sous aucun prétexte, nul manager et aucun candidat-manager ne doivent posséder de biens meubles et immeubles sur un territoire étranger. Tout doit être vendu et rapatrié au pays. Sauf en cas de force majeure, pour abriter un fils ou une fille aux études de maîtrise ou de doctorat. Dans ce cas précis, le bien doit être placé en fidéicommis.
6 – À part le président de la République qui est appelé à vivre au Palais, la maison de la Nation, selon le vœu du peuple, aucun dirigeant ne doit changer de résidence pendant son mandat. S’il vit, par exemple, à Cité-Soleil ou à Pellerin, il est obligé, par la loi, de résider au même endroit, et ce, pour la durée du service à rendre.
7 – Aucun véhicule de fonction n’est attribuable à aucun serviteur de la nation, à part le président de la République. Dans des cas spécifiques non abusifs, la location d’une limousine avec chauffeur, pour la durée d’un service, sera attribuée à un Ministre pour une durée ne dépassant pas une journée.
Nous ne payons rien pour espérer. Faut
croire en la bonté humaine.
Toute cette réflexion constitue mon humble apport à la restructuration éventuelle de cette Constitution. Nous avons l’obligation de tracer les contours de notre destin. Il n’est nullement utopique de tenter le diable. Par ces inhumanités, par ces dérives, on commet des injustices qui réclament une réparation morale. Il est venu le temps de nous en rendre compte de tout le mal engendré par ignorance, par aveuglément et par égoïsme.
Les changements préconisés auront pour effet de conserver notre argent au pays au lieu d’aller enrichir les institutions étrangères qui nous discriminent sans égard. À l’inverse, ce type de contraintes viendra tôt ou tard améliorer notre propre bien-être, etc.
Un gestionnaire y songera à deux fois avant de dilapider les fonds qui lui sont confiés, avec un visa pour Tatie, un chèque pour Titite. L’imputabilité, dans les services publics, trouvera son port d’attache. Le pays en a marre de ces entourloupettes de cirque qui ont transformé nos gouvernants en des sauvages pétaradants à nul autre pareil.
Nous croyons donc en la régénération de l’homme. Quand la vanne du gaspillage sera enrayée, les profiteurs n’auront d’autres choix que de piaffer, de gronder. Mais, au tréfonds de leur subconscient, ils appréhendaient déjà le côté éphémère du jeu. Un changement légal s’impose si on veut voir poindre le jour J. Mettons bas les masques. La couardise n’est jamais éternelle.
Nos mandataires, qui adorent mimer les riches citoyens du monde en se prenant pour les Nababs du Grand Orient, auront, pour une fois, l’occasion d’évoluer à l’envers de leurs défauts, sous la coercition de ces règles minimales. L’exemple qui suit leur apporte la preuve que plusieurs, avant eux, avaient résisté à l’appel du vice. Citons pour mémoire : cet ancien président de l’Uruguay de 2010 à 2015, José Muijica1, mieux connu sous le nom de PePe Mujica. Il fut surnommé « le président le plus pauvre du monde ».
Nous pourrions en citer une pléthore, mais…
Je vous laisse seulement un dernier exemple, avec la femme la plus puissante du
Monde, Angela Merkel. Chancelière, et chef du gouvernement allemand, elle dirige
la 4ème puissance économique mondiale, et ne reçoit aucun service
gratuit de l’État, ni logement, ni électricité, ni gaz, ni eau, ni téléphone. Elle
paie tout à partir de ses émoluments personnels. Habituellement, elle porte les
mêmes tenues, au point de répondre, selon la légende, à une journaliste qui lui
en avait fait la remarque : « qu’elle a été choisie pour diriger
l’Allemagne et non pour jouer au mannequin ».
Avec ce dernier exemple, ne pensez point que nous débordons d’enthousiasme devant l’Européen. Au contraire! Nous ne pourrons jamais oublier qu’il fut le premier cupide qui a inventé de toutes pièces la traite négrière au nom de la spoliation, de la déprédation et de la richesse gratuite. Si la transmutation positive se manifeste chez certains d’entre-eux, tant mieux pour le monde. Mais loin de nous l’intention de nous endormir. Notre mémoire à fleur de peau nous impose la prudence.
Chers compatriotes, l’homme est vraiment né immaculé. S’il continue à voler son voisin comme au temps des cavernes, ce ne serait que par carence morale. À bien réfléchir, il pourrait par choix se délester de cette imperfection. Espérons-le!
En définitive, nous devrons cibler des citoyens dédiés et sincères, capables de remodeler cette Constitution et gérer le pays en toute bonne foi. Appellez-les. Ils sont là! Ils vivotent çà et là, dans le silence et se confondent avec l’oubli. Au moins, dans la démocratie naissante, nous courrons la chance de créer une nation viable en dirigeant le vent de l’histoire dans la bonne direction, suite à notre expérience malheureuse avec ces chapîtres délétères, dont nous sculptons chaque jour les cicatrices.
Max Dorismond mx20005@yahoo.ca
NOTE:
1
– Jose Mojica : Cliquez sur ce lien pour lire sa passionnante histoire :
https://www.lejournalinternational.fr/Uruguay%c2%a0-Jose-Mujica-le-%c2%a0President-le-plus-pauvre-du-monde%c2%a0_a1076.html
janine renaud-murat
ReplyDeleteSouvenez-vous Max, que Jean-Bertrand Aristide avait retourné les premiers chèques reçus lors de son accession au pouvoir.
Harcelé et critiqué par tous, il a lassé tomber cette chape d'honnêteté qui le protégeait jusqu'alors de ses adversaires, pour devenir dans la suite dur et coriace. Nous connaissons la suite.
Les Haïtiens ont le don de transformer les anges en démons.
Vos idées sont bonnes et très idéologiques, et j'espère de tout mon cœur qu'elles puissent servir de modèle aux gens vertueux
qui occuperont peut-être un jour, le fauteuil que dis-je, le poste présidentiel, en restant dans leur modeste demeure entourés de leur famille. Car pour être vertueux et désintéressés, ce chef d'État devra être un homme vivant modestement et coriace dans ses décisions.
Max, pardonnez-moi, j'ai cessé de rêver !
Amitiés,
Janine
TRIBUNE DE LIBRE OPINION
ReplyDeleteFAUT COUPER LE PONT D'OR
C'est un article sérieux, écrit avec élégance que j'ai lu en plus d'une fois. Un document avec une pelletée de recommandations émaillées de composantes frisant la coercivité, certes, mais indispensables au redressement ordonné du pays. Un document enfin qui pourrait servir comme une source de référence
à la promulgation d'une nouvelle Constitution.JM
Thannks for writing this
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