Voici un article qui me tient particulièrement à coeur dans la mesure il me touche personnellement à travers ce que j’ai de plus cher au monde : mes enfants.
Depuis qu’elles sont au monde, il nous a paru très important, à leur père et moi, de leur parler de leur double culture, française et sénégalaise et par là-même de leur identité de métisses que nous voyons comme une richesse, une force.
Cependant, en arrivant au Québec, outre le fait que je suis tout à coup, aux yeux d’une majorité de Québécois, devenue la digne représentante de la Nation Française (avec tous ses stéréotypes) et que mon mari s’est transformé en Haïtien (la communauté noire la plus représentée à Montréal), mes enfants sont devenues des Mulâtresses…
Petit rappel historique : le terme « Mulâtre » date du temps de l’esclavage et désignait les enfants issus de l’union d’un maître blanc avec une esclave noire. « Mulâtre », « quarteron » ou « octavon », le statut social de ces « métis » était conditionné par le degré de parenté avec leur ancêtre noir, une classification basée sur le sang et la notion de pureté/impureté.
Les esclavagistes considéraient les « mulâtres »
comme les mulets… Des êtres
issus de l’union de
deux « races » voisines.
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Pire encore, « mulâtre » vient du portugais et de l’espagnol (« mulato » et « mulo ») et signifiait « mulet ». En effet, les esclavagistes comparaient les enfants nés de leurs ébats avec des femmes noires, à ces animaux hybrides et stériles, croisement d’un âne et d’une jument :
Dans l’esprit des Maîtres, les enfants « mulâtres » étaient un peu comme les mulets, des êtres issus de l’union de deux « races » voisines.
J’espère ne pas vous avoir ennuyé avec ce petit retour en arrière, que je juge indispensable à la bonne compréhension de mon indignation.
Mes enfants ne sont pas des « Mulâtresses » et leur seul point commun avec l’animal ci-dessus est leur entêtement (Têtues comme des mules!).
« Mulâtre » est un mot qui me hérisse le poil et j’apprends à mes enfants à corriger les personnes ignorantes qui l’utilisent encore (C’est un peu plus difficile lorsque ce sont des enseignants).
Encore un mot : l’esclavage a été aboli en 1834 au Canada, en 1848 en France et en 1865 aux États-Unis. Voilà 182 ans que le pays où j’ai choisi de vivre a décidé qu’aucun homme n’était le Maître d’un autre. Et pourtant, on continue d’utiliser ce terme d’une époque indigne où les noms des personnes noires ne s’inscrivaient que sur la liste d’inventaire patrimonial, au même titre que les animaux et les meubles.
Il y a quelques temps, nous nous sommes amusés à réaliser ce petit film : « Métisse ». minute et trente-deux secondes d’explication (attention, la fin est inattendue!)
Voilà, je vais encore passer pour une râleuse (ce qui va conforter mes compatriotes québécois dans l’idée qu’ils se font des Français en général), mais comme disait quelqu’un de très sensé (je crois que c’est Talleyrand) :
« Ça va mieux en le disant! »
Source : Themetis
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