Le pape François est arrivé mercredi matin à la Maison-Blanche où il a été
accueilli, sous un ciel bleu éclatant, par le président américain Barack Obama
et sa femme Michelle à sa descente de voiture.
Plus de
10 000 personnes étaient rassemblées sur les pelouses de la Maison-Blanche pour
assister à la cérémonie d’accueil du souverain pontife qui devait, comme M.
Obama, prendre la parole après avoir écouté les hymnes du Vatican et des
États-Unis.
En accueillant le pape dans les
jardins de la Maison Blanche devant plusieurs milliers de personnes, le
président Obama a salué son rôle crucial dans le rapprochement engagé entre les
États-Unis et Cuba mais aussi dans la mobilisation internationale pour lutter contre
le réchauffement climatique.
M.
Obama, qui ne cache pas son admiration pour ce jésuite argentin, dont il a loué
la clairvoyance et l’humilité, compte sur son soutien pour ces deux
chantiers-clés — Cuba et le climat — à moins de 500 jours de la fin de son
second mandat à la présidence des États-Unis.
Dans un
discours prononcé sous un ciel bleu, sur les pelouses de la Maison Blanche, M.
Obama a rendu hommage au «message d’espoir» porté par le premier pape argentin
de l’histoire, «source d’inspiration pour tant de gens à travers le monde».
«Comme fils d’une famille
d’immigrés, je suis heureux d’être un hôte en ce pays, qui a été en grande
partie bâti par de semblables familles», lui a répondu le pape dans son
discours en anglais, en allusion à la controverse politique sur l’immigration
hispanique aux Etats-Unis.
Quant à
la lutte contre le réchauffement climatique, priorité de l’administration
Obama, François a également insisté sur l’urgence d’un combat «qui ne peut être
laissé à la génération future».
Sur la
scène internationale, «nous vous remercions pour (...) votre appel aux nations
à résister aux sirènes de la guerre et à résoudre les différends par la voie
diplomatique», a lancé M. Obama.
Evoquant
le «soutien précieux» du souverain pontife dans la rapprochement historique engagé depuis fin 2014 entre
Washington et La Havane, le président a souligné qu’il était porteur d’une
«meilleure vie pour le peuple cubain».
La capitale fédérale américaine
—happée depuis des mois déjà par les joutes de la présidentielle 2016— n’a plus
d’yeux ces jours-ci que pour ce pape, le premier venant des Amériques, au ton
singulier, qui entame une visite de six jours aux États-Unis.
C’est
la première fois de sa vie que Jorge Bergoglio est aux États-Unis.
Une
foule immense — quelque 11 000 invités — était présente sur les pelouses de la
Maison Blanche pour accueillir, en grande pompe, «l’homme le plus populaire
dans le monde aujourd’hui», selon les termes du vice-président Joe Biden.
Dès 5h00, le métro de
Washington était bondé.
«C’est
l’occasion d’une vie», s’est exclamée Katherine Gorman, 47 ans, qui s’est levée
à 2h00 avec sa fille et ses deux petites-filles dans l’espoir d’apercevoir le
pape.
M.
Obama et François doivent se retrouver ensuite dans le Bureau ovale pour leur
deuxième tête-à-tête, après celui du printemps 2014 au Vatican.
Il s’agit seulement de la
troisième visite d’un pape à la Maison Blanche: Jimmy Carter avait reçu
Jean-Paul II en 1979 et George W. Bush avait accueilli Benoît XVI en 2008.
Fait
rare, M. Obama, qui est de confession protestante, a accueilli lui-même mardi
sur une base militaire le pape argentin, qui se déplace à Washington dans une
Fiat 500 qui fait sensation.
La
Maison Blanche assure que cette visite n’a aucune visée politique: «l’objectif
de cette rencontre est de donner aux deux hommes l’occasion d’échanger sur
leurs valeurs communes», a affirmé le porte-parole de M. Obama, Josh Earnest.
Reste
que — politiquement — cette visite papale tombe à pic.
Lorsqu’il s’exprimera jeudi
devant le Congrès, une première dans l’histoire des États-Unis, François
devrait aussi plaider pour le rapprochement américano-cubain et pour le climat.
Deux
sujets sur lesquels nombre d’adversaires républicains de M. Obama ne décolèrent
pas.
Les prises de position du souverain pontife lui valent aussi de très vives inimitiés chez les conservateurs et dans les milieux économiques libéraux. Le fait qu’il arrive tout juste de Cuba, où il a évité de critiquer le président Raul Castro, ne fait qu’irriter un peu plus ceux qui jugent que ce pape est un marxiste déguisé ou un traître à la foi catholique, qui serait trop souple sur la doctrine.
Dans l’avion
qui l’emmenait à Washington mardi, le pape a promis de ne «pas mentionner»
devant le Congrès la sensible question de la levée de l’embargo économique des
États-Unis contre Cuba. «Le désir du Saint-Siège est qu’il y ait un accord
satisfaisant pour les deux parties», a-t-il expliqué.
Cette fin de l’embargo est
réclamée par la Maison Blanche mais la plupart des républicains s’y opposent.
Dans
les jours qui suivent, le pape doit aussi rencontrer des immigrés, des
sans-logis, des détenus.
Il doit
également présider à New York une cérémonie oecuménique sur le site du World
Trade Center, contre le terrorisme et pour le respect entre religions.
Une
autre cérémonie à Philadelphie avec la communauté hispanique exaltera les
valeurs fondatrices de l’Amérique comme la liberté religieuse.
À Philadelphie, il doit
présider ce week-end la fin d’une rencontre mondiale des familles catholiques,
en présence d’un million et demi de personnes.
Lors de
sa rencontre au Vatican avec le pape, Barack Obama avait raconté avoir été
touché par sa «compassion» à l’égard «des pauvres, des exclus, des oubliés».
Et lors
d’un discours sur la lutte contre la pauvreté prononcé en décembre 2013, le
président américain avait — fait rare — cité une «exhortation» publiée quelques
semaines plus tôt par le souverain pontife.
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